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avec les ministres du comte de Lille, j'aurais traité avec ceux de Bonaparte.

Je n'ai jamais vu le maréchal, je n'ai jamais traité d'aucune fourniture; il y a confusion de

nom.

"

>> J'ai dit que les frères Thiébault avaient été chargés de la remonte de deux régimens, qu'ils s'étaient refusés à fournir après le départ du Roi. Que le maréchal, en passant la revue, avait fait des reproches au colonel du régiment, qui avait rejeté la faute sur les frères Thiébault; que le maréchal les avait fait venir, et leur avait dit, qu'ayant traité avec les agens du comte de Lille, ils ne devaient pas croire avoir traité pour d'autres que Bonaparte.

>> Au reste on peut les faire venir, ils sont à Paris. >> Le maréchal a dit qu'il ne connaissait ni le témoin ni les frères Thiébault.

M. Bellart a expliqué qu'on avait appliqué par erreur au témoin le fait qu'il avait attribué aux frères Thiébault.

Dix-huitième témoin, M. Charmoilles de Fresnoy, capitaine au Ier. régiment de la garde royale; il a déposé :

« A l'époque du débarquement de Bonaparte, j'étais à Besançon; j'offris mes services au maréchal, qui les accepta et m'attacha à l'état-major en qua

*

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lité de capitaine-adjoint. Le 13 il m'envoya en mission à Dôle; le 15, en revenant, je rencontrai le corps d'arinée qui portait la cocarde tricolore; en conséquence je n'ai point été témoin de ce qui s'est passé à Besançon.

Dix-neuvième témoin, M. Grison, capitaine “d'infanterie. « Il a déposé qu'étant à Landau dans le 37. régiment d'infanterie, le maréchal était venu inspecter les troupes. Il a rassemblé les officiers Sau Mouton-d'Or, et, ayant fermé la porte à clef, il a demandé au colonel s'il y avait parmi nous dés intrus. Le colonel ne répondit rien; le maréchal ayant interprété son silence d'une manière négative, répondit: A la bonne heure! Il se répandit de suite en invectives contre la famille royale. La majeure partie des troupes était pour le Roi, mais la défection du maréchal fit tout changer. »

Le maréchal. Le témoin se trompe. Quand un maréchal reçoit des officiers, il ne va pas fermer la porte à clef; cela ne serait pas convenable. J'ai vu dans ma tournée de 50 à 80 mille individus. Je ne sais pas si vous avez été envoyé en députation pour me dénoncer. Le fait est que j'ai dû agir d'après la lettre dont j'étais porteur; que je n'ai rien 'dit d'insultant contre le Roi; que la lettre même me le défendait, puisqu'elle ordonnait de respecter le malheur, et, dans le cas où un membre de la

famille tomberait entre mes mains, de lui donner toute facilité pour gagner les frontières.

Le témoin. Je le dis en homme d'honneur. C'est au baron Menu que vous avez parlé. Vous avez dit tant d'outrages de la famille royale, que les bonapartistes, eux-mêmes en ont été indignés. Vous avez dit que c'était une famille pourie. Ne nous avez-vous pas dit aussi que plusieurs maréchaux voulaient la république? L'avez-vous dit, oui ou non? Avant votre arrivée le drapeau blanc flottait encore à Landau, quoique toutes les communes des environs eussent arboré le drapeau tricolore. Aussitôt après votre arrivée, on le prit à Landau, et le général Girard, quand il vous a yu, a fait crier vive l'empereur!,...

Me. Berryer. Précisez l'époque.

Le témoin. C'est dans le courant d'avril. Vingtième témoin. M. de Balincourt, colonel du régiment de cuirassiers de Condé, a déposé,

« Je n'ai aucune connaissance des faits imputés au maréchal. J'ai été appelé le 20 novembre pour déposer d'un ouï-dire que j'ai répété.

» L'un de mes parens, capitaine au 75. régiment, m'a rapporté que le maréchal avait dit à Philippeville qu'en partant de Paris, il avait dans sa voiture une proclamation qu'il a lue à ses troupes, avant de passer à l'ennemi. >>

M. Bellart a interpellé le témoin Grison de déclarer s'il ne connaissait pas quelqu'un qui pût déposer dans le même sens que lui.

« Oui, a répondu M. Grison, un capitaine qui est ici.

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On l'a introduit. Il se nomme Casse, capitaine au 42°. régiment (vingt-unième témoin.)

Sa déposition n'étant qu'un simple renseignement, il n'a pas prêté serment.

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Il a déposé qu'après l'arrivée de Bonaparte à Paris, le maréchal a dit, à Condé, mille horreurs du Roi; que sa cause était perdue, que c'était une famille pourie; que le Roi n'était ni Français ni légitime, que c'était à Bonaparte qu'il fallait obéir.

M. le président. Avez-vous entendu ces paroles personnellement?

Le témoin. Oui, le 24 ou le 25 mårs, dans la maison du gouverneur, avec tous les officiers du régiment. Vous avez dit davantage, vous avez dit Nous faisions notre cour au Roi, mais il n'avait pas nos cœurs; ils étaient toujours à l'empereur; le Roi nous aurait donné vingt fois la valeur des Tuileries, que jamais nous ne l'aurions eu dans nos cœurs.

Vingt-deuxième témoin, M. Cailsoué, bijoutier, au Palais-Royal.

Il a déposé que M. le maréchal Ney, arrivant

à Paris avec Bonaparte, lui envoya, par son valetde-chambre, toutes ses décorations à changer. C'est le 25 mars que M. le maréchal a eu ces objets, et c'est le 25 mars que je les ai inscrits sur mon livre que voici.

Le témoin a ouvert alors le registre sommaire de sa maison.

:

11 y. J a lu le compte suivant le 25 mars, doit M. le maréchal Ney, médaillon de deux croix grand-cordon, n°. 75, 50 francs; une croix n°.1, 12 francs; médaillon de la croix no. 6, 6 francs; deux portraits or émaillé, 30 francs chacun 60 francs.

L'accusé. Vous voyez, Monseigneur, que, d'après ce compte, je ne pouvais pas avoir les décorations que les témoins prétendent m'avoir vues à Lons-le-Saulnier.

M. le président a demandé au témoin s'il n'avait point, à la même époque, arrangé pour l'accusé une plaque de la légion d'honneur.

Le témoin a répondu que non.

Il a répondu, sur les renseignemens qu'on lui demandait relativement à ces plaques, que le médaillon pouvait se changer à volonté, et que c'était dans ce médaillon qu'existait la seule différence qui distingue les plaques données par l'ancien gouvernement, de celles données par S. M,

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