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>> sins et effets inutiles; je dirige le 6o. de hussards » sur cette place, où il serait également à désirer >> que vous pussiez paraître un instant, afin de ras» surer les esprits, et de vous convaincre, d'accord » avec le général Pellegrin, si tous les moyens de » défense sont sagement combinés. Faites-moi » connaître ce que je puis tirer d'artillerie et de >> munitions de cette place, afin que rien ne puisse » me manquer lorsque je serai en mesure de » prendre l'offensive. Surveillez bien le cours de la » Saône jusqu'à Villefranche. Ecrivez à M. Ger>> main, préfet, pour l'inviter à me tenir exacte»ment informé de tout ce qui peut intéresser le >> bien du service du Roi.

>> Informez-vous près du maréchal de camp » Boudin, à Auxerre, si le régiment de lanciers >> qui est à Joigny n'a point reçu d'ordre de mar» che, et prévenez-le qu'il doit se tenir prêt à partir » pour se porter probablement sur Dijon.

» Recevez, etc. »>

«< Reste à observer à présent le maréchal dans ce qu'il exécute par lui-même à Lons-le-Saulnier; dans ce qu'il proclame à tous les instans du jour, devant ses officiers, sous-officiers et soldats, devant tous ceux qui se présentent à lui.

» Il donne au maire de Dôle (M. Garnier) qui en dépose, l'ordre de faire entrer dans Auxonne,

pour la défense de cette place importante, les volontaires de la garde nationale de sa ville.

»Ne voulant pas se reposer sur la ponctualité du préfet de Saône-et-Loire du soin d'être informé à toute heure des pas que fait l'ennemi, il charge M. Vaulchier de dépêcher sur Châlons deux hommes sûrs qui reviendraient l'éclairer.

» Il insinue le même ordre au chef d'escadron de la gendarmerie Beauregard, en lui recommandant d'envoyer à la découverte précisément deux de ces gendarmes; de veiller à ce qu'ils voyagent déguisés, à ce que chacun d'eux se porte sur deux lignes différentes aboutissant à Lyon, pour y observer surtout l'esprit public.

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Et, comme des subalternes peu instruits pouvaient mal observer, ou lui faire des rapports du moins peu exacts, le maréchal Ney demande au préfet de lui procurer un homme bien élevé, connu surtout par sa fidélité envers le Roi, qu'il puisse charger d'aller aux informations comme d'une mission secrète. M. de Rochemont, ancien gentilhomme émigré sans fortune, lui est présenté. Le maréchal l'accepte, l'encourage par les promesses les plus déterminantes de solliciter pour lui les bontés du Roi: le maréchal lui donne de l'ar-> gent de sa poche pour ses frais de route; lui fait ouvrir un crédit sur les villes qu'il doit traverser

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et le fait partir sans délai. La déposition de M. de Rochemont précise toutes ces nuances, et quoique signalée d'abord comme défavorable, elle est précieuse encore sur d'autres faits.

» Dans cette journée du 13 mars, plusieurs gentilshommes demandent à être incorporés dans les deux divisions; ils le sont sur parole.

» Au dire de M. de Vaulchier, préfet, le maréchal, le 13, se montre accessible à tout le monde: il a déclaré l'être à toute heure de jour et de nuit.

>> Ceux qui entrent dans son appartement, le surprennent entouré, comme c'est son usage, de ses cartes géographiques, et les consultant.

» Il fait arrêter publiquement un officier qui a paru disposé à l'insurrection, et ordonne au comte de Bourmont de le faire conduire dans la citadelle de Besançon.

>> Il notifie hautement qu'il fera fusiller la première vedette qui osera se mettre en communication avec celles de Bonaparte."

» Dans la soirée du 13 mars, est prêté le serment de rester fidèles au Roi, par tous les sous-officiers, que l'on sait être en général l'âme de la troupe.

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>> Dans cette même soirée, il dicte au marquis

de Saurans, qui va rejoindre Monsieur, dont on est fort inquiet, une note instructive sur ce que lui, maréchal, estime devoir être combiné et exé

cuté à Paris, ou sur la route qui y conduit, afin d'empêcher Bonaparte d'y pénétrer, à la cour de s'en éloigner.

» Enfin, Messieurs; qu'a-t-on recueilli des discours du maréchal Ney jusqu'aux derniers instans? En voici le sommaire, d'après les dépositions de témoins, que je citerai avec rapidité.

» M. de Scey croyait à la fidélité du maréchal d'après la violence de ses discours contre Buonaparte.

:

» M. de la Genetière « Le maréchal lui » avait manifesté l'intention bien positive de mar» cher contre Bonaparte. >>

:

>> M. Cayrol « Le maréchal lui avait dit que » le débarquement était le cinquième et dernier » acte de la Napoléonade. Les 12 et 13 mars » il l'avait vu persister dans les mêmes sentimens

pour le Roi. Le maréchal ne trouvant pas mau>> vaises les sorties que lui Cayrol faisait contre >> Bonaparte. >>

» M. le baron de Mongenet; « Le maréchal >> s'était annoncé dansles meilleures dispositions. >> >> M. de Ségur: « Dès le 7 mars au matin, » le maréchal lui avait n otifié de bonnes résolutions. >>

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» M. le maréchal de camp Gaye: « Le maré- : chal montrait beaucoup de fureur et d'indi

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»gnation contre Bonaparte, en présence des » généraux Lecourbe, Mermet, de Bourmont et » autres; il parlait de la cause du Roi avec zèle, » même avec chaleur. >>

1

» M. Durand : « Il a qualifié le retour de » l'île d'Elbe du cinquième et dernier acte de la » tragédie. Lui, maréchal, faisait de Bonaparte »sa propre affaire. »

» M. le maréchal de camp Bessières :

« Le » maréchal lui a recommandé, ainsi qu'aux autres

» officiers, de garder fidélité au Roi. »

» M. de Borcia: « Le maréchal s'écriait contre Bonaparte, qu'il avait fait beaucoup de mal à » la France, qu'il fallait courir droit dessus. » » M. de Grivel: « Il lui a paru que le maré» chal brûlait de se mesurer contre Bonaparte. »

M. Boulonge (de Paris) Le maréchal, » sur ce que lui, témoin, faisait part de ses inquié»tudes au sujet de Bonaparte, lui avait répondu : » Nous en viendrons à bout. Je ferai mon › devoir. »I»;

« Je n'ai pas cru, Messieurs, pouvoir vous faire grâce de ces citations; je ne puis pas même vous laisser perdre le souvenir de ce qu'ont rapporté, dans le même sens, des paroles si énergiques du maréchal, MM. de Saint-Amour, de Saurans et de Bruges Bourcier. Vous pardonnerez à mes scru

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