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étoient échelonnés sur trois rangs de chaque côté, depuis la barrière du Trône jusqu'à la barrière de l'Etoile, par le faubourg Saint-Antoine, les boulevards, la rue Royale et l'avenue de Neuilly, aux Champs-Elysées. Le Roi, accompagné de ses fils, de don Pedro et de plusieurs ministres, s'est rendu à une heure, en calèche, à la barrière du Trône; il est monté à cheval, et est passé au pas, le long des files. A la place Vendôme, où les princesses étoient venues, il s'est arrêté avec son étatmajor, et toutes les troupes ont défilé devant lui. Il n'est rentré qu'à six heures et demie du soir. Le bruit d'une victoire remportée par les Polonais s'étant répandu, les cris de Vive la Pologne! se sont fait principalement entendre.

- Le même jour, à trois heures, deux ballons ont été enlevés. Le soir, deux feux d'artifice ont été tirés, sur le pont de la Concorde et à la barrière du Trône; le premier représentoit le passage du pont d'Arcole. Il y a eu illuminations comme la veille. Pendant les trois jours, on a fait des distributions de comestibles aux indigens, et les boutiques ont été tenues fermées. L'ordre n'a point été troublé durant ces

fêtes.

Le Temps avoit annoncé qu'à la revuc du 29 juillet, Louis-Philippe s'étoit présenté devant le front de la garde nationale, avoit annoncé que la Pologne venoit de triompher de la Russie, et s'étoit écrié lui-mênie : Vivent les Polonais! le Moniteur dément cette assertion.

La première pierre du pont de Bercy a été posée, le 27, par LouisPhilippe, à son retour de la Bastille.

-Un républicain incorrigible avoit mis le 28, sur son balcon, som portrait à côté de celui de Louis-Philippe. On lisoit dans le transparent ce distique :

Il n'est point de distance entre Philippe et moi :
Il est roi-citoyen; je suis citoyen-roi.

Les élèves de l'école normale se sont rendus, le 29, au Carrousel pour rendre hommage à la mémoire d'un de leurs camarades, Farcy, tué à pareil jour, l'année dernière, sur la place du Carrousel, et enterré au lieu même. Des discours ont été prononcés sur sa tombe, dont un par M. Cousin.

-

Dans la nuit du 26 au 27, des ouvriers occupés aux travaux de la place de la Bastille out livré à la garde municipale un individu qui tenoit des propos séditieux, et annonçoit hautement le prochain renversement du gouvernement Il a déclaré se nommer Parisot et être journalier.

Dans la nuit du 29 au 50 juillet, une troupe de jeunes gens, dont le noyau formé aux Champs-Elysées, à la suite des divertissemens publics, s'étoit grossi en route, est arrivée vers une heure du matin sur la place de la Bastille. Ces individus, au nombre d'environ 200, se sont arrêtés devant le monument en l'honneur des victimes de juillet, et l'ont entouré, en chantant en chœur la Parisienne, à laquelle ont succédé les cris de. Vive Lafayette! Un des meneurs se disposoit à prononcer un discours, lorsqu'un commissaire de police, suivi d'un détachement de gardes municipaux, parvint à les dissiper.

Les lieutenans-généraux Clausel et comte de Lobau sont nommés

maréchaux de France, en remplacement de MM. de Bourmont et Marmont (duc de Raguse).

- M. Cousin, membre du conseil royal de l'instruction publique, est nommé conseiller d'Etat en servive extraordinaire, avec autorisation de participer aux délibérations du conseil.

- M. Saulnier, préfet de la Mayenne, est nommé maître des requêtes en service extraordinaire.

M. Ch. Dupin, conseiller d'Etat, ingénieur de la marine, vient d'être appelé par M. de Rigny au conseil d'amirauté.

- Le général en chef de la garde nationale de Paris lui a adressé un ordre du jour, à la suite de la revue du 29 juillet, et a publié en même temps la lettre de félicitations qu'il avoit reçue de Louis-Philippe.

Le prix du pain étant réduit, pour la première quinzaine d'août, de seize sous à quinze sous et demi, on a cessé de distribuer aux indigens et familles nécessiteuses des bous de pain à quinze sous.

M. Horace Vernet, peintre, est reparti pour Rome.

Il paroît maintenant le soir, sous le titre de Sténographe des Chambres, un journal qui s'imprime à la chambre des députés à mesure que les discours se prononcent, et qui en donne le texte littéral. Don Pedro est parti, le 30, pour Cherbourg, où se trouvent Son épouse et sa fille.

Les blessés et décorés du douzième arrondissement se sont rendus en corps, dimanche dernier, dans les lieux où sont déposés les restes des patriotes tués dans les trois journées. Des discours ont été prononcés sur les tombes.

-M, Nibelle, ancien avocal-général à Angers, vient d'être inscrit sur le tableau des avocats de la cour royale de Paris.

- MM. Victor Maugin et Rateau, rédacteurs de l'Ami de la Charte de Nantes, ont tous deux refusé la croix de juillet, qui leur avoit été offerte.

- MM. Eug. Robertson et Dupuis-Delcour, qui se sont élevés en ballon le 29 juillet, sont descendus heureusement dans les environs d'Orleans.

-

Le nommé Allaiz, convaincu de rébellion dans les affaires de la place Vendôme, et qui avoit d'ailleurs des antécédens peu honorables, a été condamné à six mois d'emprisonnement.

La cour d'assises a jugé, le 30 juillet, le nommé Fourmeaux, décoré de juillet, arrêté dans les rassemblemens qui se formèrent le 9 mai, place de la Bourse, où l'on dansa la Carmagnole, et où les cris de: Vive la republique! à bas la garde nationale! furent proférés. Les jurés se sout bornés à répondre que l'accusé étoit coupable d'avoir crié : A bas la garde nationale! à bas les baïonnettes! La président a fait observer que cette réponse n'étoit pas complète; les jurés ont ajouté, dans leur déclaration, que des cris avoient eu lieu publiquement. Le défenseur a prétendu que cette réponse ne suffisoit pas encore pour élablir un délit; la cour, cependant, a condamné Fourmeaux à 10 jours de prison et 16 fr. d'amende.

D'après l'avis du conseil supérieur de santé, le gouvernement a donné l'ordre de faire purifier avec soin et exactitude, aux bureaux de postes des frontières du Nord et de l'Est, tous paquets, lettres ou dépêches arrivant en France des pays infectés par le cho

léra-morbus, ou communiquant avec les lieux qu'envahit cette maladie.

On a reçu, à La Fère, l'ordre de suspendre l'armement de la place. Déjà plusieurs pièces étoient en position.

Dans la soirée du 25 juillet, une querelle ayant eu lieu à Montpellier entre trois officiers qui chantaient la Parisienne et quelques royalistes, des patriotes et des militaires logés dans le voisinage vinrent seconder les trois officiers; leurs adversaires s'étant réfugiés dans une maison où étoient réunis plusieurs de leurs amis, les portes de cette maison furent enfoncées, et quatorze personnes qui s'y trouvoient furent arrêtées. L'une d'elles a été blessée.

-La tranquillité est rétablie à Montpellier. On a commencé les préparatifs nécessaires pour l'enlèvement de la statue de Louis XVI, dout l'aspect blesse la vue des révolutionnaires.

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Deux gendarmes venant d'Auray, d'où ils ramenoient un déserserteur, ont été entourés à une lieue et demie de Vannes par une quinzaine d'individus armés, qui se sont emparés de leurs armes, et ont délivré le déserteur.

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La tranquillité a été troublée dernièrement à Orthez, au marché de grains. Des individus, se plaignant de l'élévation du prix des céréales, avoient voulu établir de vive force un maximum. Les harangues du sous-préfet et du procureur du Roi ont suffi pour rétablir l'ordre. On a voulu, à Montpellier, rendre un hommage à la mémoire de cinq patriotes condamnés à mort, en 1815, par la cour prévôtale, les nommés Avinens, Pau, Lautaud, Combes et Aldebert. Les libéraux se sont rendus le soir, avec des torches ornées de crêpes, sur le lieu où ils furent exécutés : plusieurs discours ont été prononcés.

A l'occasion du prix des denrées, des habitans de la ville de Tartas ont voulu empêcher la libre circulation des grains: 2 voitures de blé ont été arrêtées et vendues illégalement par le peuple. Le préfet des Landes s'est rendu aussitôt sur les lieux.

Des désordres semblables ont eu lieu le 21 juillet à Tarbes. Comme ils étoient prévus, l'autorité avoit pris quelques mesures. Des individus entravèrent la vente des céréales et se révoltèrent contre les inspecteurs de la police. La garde nationałe arriva alors, et rétablit la tranquillité.

La fête de Sainte-Anne, donnée par les ouvriers menuisiers à Mâcon, a été troublée par un crime affreux. Le fils d'un riche marchand de bois de cette ville fut accosté par trois réfugiés italiens, qui le prièrent de les introduire dans la réunion. Le jeune homme répondit qu'il ne le pouvoit point, attendu qu'il n'en faisoit point partie; alors un des réfugiés tira un poignard, et en frappa cruellement ce jeune homme, qui expira presque aussitôt. Voilà comme se conduisent des hommes à qui on doune une si généreuse hospitalité.

Quelques désordres out eu lieu à Tours le 27 juillet, à la suite de la fête en l'honneur des héros de juillet. La garde nationale, réunie en peu d'instans, a rétabli l'ordre. Le maire a publié une proclamation.

Plusieurs individus se sont évadés des prisons de Grenoble, en pratiquant une ouverture au mur d'une pièce intérieure, qui est mitoyen avec la salle des séances de la cour d'assises. Il leur a été facile

d'en ouvrir une des portes, et de sortir par la cour du palais. Parmi ces individus, deux ont été condamnés pour délits politiques, à Nîmes.

La Gazette du Languedoc, un des deux journaux royalistes de Toulouse, a été saisie le 25, au départ de la poste.

Le tribunal correctionnel a condamné à six mois d'emprisonne ment un nommé Daloyau, qui avoit porté à sa boutonnière un ruban bleu, sans avoir obtenu la croix, ni la médaille de juillet.

- On a voulu établir, à l'Isle d'Albi, comme à Paris, une école libre; mais les autorités n'ont pas tardé à en exiger la fermeture et à poursuivre les cliefs de l'entreprise.

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- Un groupe d'individus a tenté de planter, sur une place de Lille, une perche surmontée d'un bonnet rouge. La police est intervenue assez tôt pour empêcher que cet acte ne fût consommé. Les patriotes de Lille cherchent à répandre le bruit que c'est une manoeuvre des carlistes.

- Des placards incendiaires ont été affichés, ces jours derniers, dans differens quartiers de la ville de Thouars. On y désignoit à la proscription des personnes dont les opinions ne plaisent pas aux patriotes, et les mols: Mort aux carlistes terminoient ces affiches.

Le marquis de Chandos a demandé le 25, à la chambre des communes d'Angleterre, s'il étoit vrai que les forteresses de la Belgique dussent être démolies, et si le gouvernement anglais y avoit consenti; Lord Althorp, a répondu que quelques-unes seulement devoient être démolies, parce que toutes ne pouvoient à la fois recevoir une garui son suffisante, et qu'en cas de guerre celles qui ne pourroient être bien diéfendues seroient prises par la France. M. Robinson a demandé alors ce que deviendroit l'argent qui avoit servi à les construire. Le ministre a dit que la destruction n'auroit lieu que lorsque le prince Léopold auroit été reconnu par toutes les puissances. Le lendemain, lord Aberdeen a fait à la chambre des pairs une semblable motion, à laquelle Jordd Grey a répondu dans le même sens. Le duc de Wellington a re présenté que les forteresses appartiennent aux quatre puissances, et que ce sont elles qui les ont fait construire. Passant ensuite à l'affaire de Portugal, le général a soutenu que l'Angleterre se trouvoit déshonorée par la présence d'une flotte française dans le Tage.

Il y a eu en effet, le 17 avril, une conférence entre les plénipotentiaires d'Autriche, d'Angleterre, de Prusse et de Russie, où il a été arrêté qu'aussitôt qu'il existeroit en Belgique un gouvernement reconnu par les cinq puissances, une négociation seroit ouverte avec le gouvernement belge, pour choisir celles des forteresses construites en 1815, qui devroient être démolies. Il a été donné connoissance de ce protocole, le 14 juillet, au plénipotentiaire français.

- Un journal a donné les noms des 38 patriotes de l'Etat romain exceptes de l'amnistie qu'a accordée le Pape. Dans le nombre, il y 2 prêtres, Archiluzzi, curé à Bologne, et Zaccherini, qui a quitté son état, et qui étoit avocat à Imola; les comtes Bianchetti, Borgia, Ferretti, Popoli; les marquis Patrucci et Zappi; les généraux ou coonels Armandi, Busi, Molinari, Nusche, Olivieri, Rogani et Sercognani; le docteur Fosconi, le professeur Oriole, et 9 avocats,

- Le roi des Belges a convoqué les colléges électoraux pour le 20 août prochain, à l'effet d'élire chacun le nombre de représentans et de séna

teurs fixé par le décret du 3 mars dernier. Le sénat,et la chambre des représentans se réuniront à Bruxelles, pour l'ouverture de la session, le 8 septembre.

Ce prince a envoyé sur ses fonds personnels, à la commission des récompenses nationales, une somme de 30,000 florins, pour être distribués aux blessés de septembre, à leurs veuves et orphelins.

Le roi Léopold est parti, le 28, pour aller visiter les différentes villes de la Belgique; il est arrivé, l'après-midi, à Anvers, où il a été fort bien reçu. Les blessés, qui s'étoient portés à sa rencontre, dételèrent les chevaux de sa voiture, et la traînèrent jusqu'au palais.

- Le bruit d'une victoire des Polonais, qui s'est répandu à la revue du 29 juillet, ne s'est pas confirmé. Leur dernier avantage connu date du 16 juillet, où le général Chranowski a repoussé des environs de Minsk le général russe Golowin, et lui a fait 600 prisonniers. L'armée polonaise est retirée maintenant auprès de Varsovie, et échelonnée sur les deux rives de la Vistule. La capitale, sous les murs de laquelle doit avoir lieu une affaire décisive, a été mise en état de défense.

- Le général en chef de l'armée polonaise a écrit au roi de Prusse pour se plaindre de ce que les Russes reçoivent des subsistances et des munitions de la Prusse, de ce que plusieurs de leurs régimens y ont été recomplétés, et de ce qu'un ingénieur prussien a construit pour eux un pont sur la Vistule, avec des matériaux venant de la Prusse.

Le choléra s'étant manifesté à Pest, l'archiduc Charles a fait enlever le pont qui communiqué avec Offen, afin de préserver cette ville. Le bruit s'est répandu que cette maladie a éclaté à Schweinfurt (en Bavière), à Francfort-sur-l'Oder et à Trieste.

L'empereur d'Autriche a fait séparer la Hongrie des autres Etats de l'Allemagne par un cordon sanitaire, pour empêcher la communication de la contagion.

D'après un rapport fait au roi de Suède, l'entreprise du canal de la Gothie, qui unit la mer du Nord à la mer Baltique, et qui dispensera les navires suédois de passer par le Sund, sera achevé l'année prochaine.

- MM. Sauvinet et Bonhomme, ces Français détenus à Lisbonne, dont nous avons raconté l'histoire, ont été rendus à la liberté le 15, et remis à la disposition du vice-amiral Roussin.

CHAMBRE DEs dérutés.

Le 30, on achève la vérification des pouvoirs. M. Cunin-Gridaine rend compte des élections de Marseille. Dans le premier collége, les opérations n'ont pu être terminées : une force brutale, apprenant le résultat qui alloit être proclamé, a envahi la salle au moment où l'on dépouilloit le scrutin, a renversé l'urne et déchiré les bulletins. M. Berryer avoit alors 82 voix, et M. Rostan 70. Le maire a fait en vain tous ses efforts pour empêcher cette violation de la loi, qui a indigné tous les bons citoyens. M. le rapporteur ne fait aucune proposition, puisqu'il n'y a pas eu d'élection.

Dans le troisième collége, où il devoit y avoir 468 électeurs, 276 seulement prirent part à l'élection, où M. de Beaujour a été nommé; les électeurs royalistes ont été forcés d'échapper par la fuite aux menaces

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