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s'emparer, s'étonne que ce député vienne s'appliquer à défendre le parti républicain. M. Odilon-Barrot cherche à se justifier. M. Thiers, au mihieu de l'agitation à laquelle ce débat doune lieu, soutient qu'il y a bien moins à craindre le parti de Henri V, que celui de la république; lout ce que la France et l'Europe redoute, c'est de voir recommencer les excès de 1792 et de 1795, que veulent nous ramener les républicains. M. Jouthroy croit que ceux-ci sont peu nombreux.

M. Casimir Périer demande que l'on s'en tienne à l'adresse, qui parle sans dictinction des deux partis cunemis. Il est inutile d'examiHer quel est le plus fort: qu'on ne vienne cependant pas dire que les émeutes ne méritent pas l'attention que le gouvernement feur donne, et c'est ici le cas de rendre hommage aux services de la garde nationale. Plus de 120 gardes nationaux ont été blessés dans ces émeutes, qui ne présentent aucun danger, et un chef d'état-major qui siége dans cette chambre a été renversé de son cheval, et a arrosé le pavé de son sang. M. Dubois défend l'amendement de M. Odilon-Barrot. M. Salvertė ne consentira pas à ce qu'on mette sur la même ligne le danger de la république et celui du carisme. Le parti carliste est bien plus redoutable et bien mieux organisé; et que signifient d'ailleurs ces excès de 1793 dont on nous effraie? M. de Moutalivet combat l'amendement, qui n'attribue au parti de ceux qui révent la république que de vaines lentatives. M. Cabet veut qu'on respecte l'opinion républicaine comme toute autre. Le gouvernement n'a-t-il pas, d'ailleurs, la garde nationale pour se défendre. Ce député prétend aussi que les royalistes sont plus dangereux, et se plaint qu'on les laisse en place, et jusque dans l'armée. Quant aux républicains, ce sont, en partie, de généreux jeunes geus qui ont combattu en juillet pour la liberté, et qui voleroient à la défense du pays, s'il le falloit. L'amendement de M. Odilon-Barrot, soutenu seulement par l'extrême gauche, est rejeté à une grande majorité.

MM. Séné et Leclerc-Lassalle demandent qu'on appelle fortement l'attention du gouvernement sur les tentatives des carlistes dans le Midi et l'Ouest. M. le ministre de la guerre répond à différens reproches qui lui ont été adressés. Il ne connoît pas de carlistes dans l'armée : beaucoups d'officiers ont servi sous le précédent gouvernement; mais ils sont toujours prêts à verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour la patrie. Il n'est pas vrai qu'on ait refusé des démissions, ni qu'on ait donné un sauf-conduit au chouan Diot. M. Leclerc-Lassalle insiste pour son amendement. Il est rejeté après quelques observations de M. le président du conseil sur le désordre qui aura lieu, si on continue à cenSurer jusqu'aux plus petits actes de l'administration.

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Les paragraphes suivans passent avec peu de discussions. Entre le 7° et le 8, MM. Vatout et Chasles proposent un amendement pour mander la présentation d'un projet de loi sur l'enseignement. Il n'est point admis; mais, après deux épreuves douteuses, on en adopte un de M. Cormenin, qui émet des vœux à ce sujet, ainsi que pour l'allègement des impôts, le soulagement du peuple, et le développement des droits municipaux et politiques. MM. de Schonen et de Montalivet font observer que ce nouveau paragraphe ira mal avec le reste de l'adresse. MM. Odilon-Barrot et Mauguin répliquent.

Le 13, M. le président lit des lettres de MM. Daunou, de Tracy et

Sébastiani, qui, élus dans deux arrondissemens, eptent pour Brest, Moulins et Vervins.

M. Lepelletier d'Aulnay, au nom d'une commission, propose l'adoption du projet de loi tendant à accorder les 9 et 10 douzièmes provisoires. La discussion est fixée au lundi 15, malgré la fète.

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On reprend la délibération sur l'adresse. M. Coulmann propose un amendement qui exprime le vœu que la crise qui a frappé le commerce et l'industrie, par suite de la révolution de juillet, disparoisse par l'affranchissement des entraves et des monopoles qui pèsent encore sur eux. M. le ministre du commerce combat cet amendement, altendu que le gouvernement est dans l'intention de satisfaire à ces vœux. M. Laffitte propose une autre rédaction, qui fasse entendre que cette crise est antérieure à la révolution, et qu'elle cessera, à mesure que la tranquillité publique sera garantie. Ce sous-amendement est adopté.

M. Barbet propose de mettre, à la fin du 9o paragraphe, que l'Etat de souffrance actuel est dû bien plus aux émeutes qu'à l'incertitude dont on parie. Il rappelle qu'au commencement de février les ateliers avoient repris de l'activité, lorsque le pillage de St-Germain-l'Auxerrois et de l'Archevêché, que la police laissa faire, apprirent, surtout dạns les provinces, que le gouvernement manquoit de nerf pour faire assurer la tranquillité. Dernièrement encore, des marchandises n'ont pu parvenir à la foire de Beaucaire, à causé des émeutes.

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M. Arago, qui étoit alors chef d'un bataillon de la 12o légion de la garde nationale, croit devoir révéler quelques faits sur le pillage de l'Archevêché. Il ne conçoit pas comment aucune mesure n'avoit été prise le matin. Lorsqu'il apprit le désastre, il se rendit sur les lieux avec le peu de gardes nationaux qui s'étoient offerts pour le réprimer. Il ne rencontra en route aucun autre secours. Tout ce que put faire son détachement fut d'écarter la foule et d'empêcher qu'on ne sonnât Je tocsin. Il alloit tenter d'arrêter la dévastation, lorsqu'un député qui occupoit un poste élevé (M. Thiers), et qui sembloit l'organe de l'autorité supérieure, vint dire que la garde nationale ne devoit pas se commettre avec le peuple. Ensuite des ouvriers le forcèrent à un acte qui a révolté M. Arago, parce que c'est la plus affreuse atteinte à la liberté religieuse on abattit, et par un travail de plusieurs heures, la croix de fer doré qui s'élevoit sur le comble de la cathédrale. Il fut encore impossible d'arrêter ce désordre; les ouvriers dirent qu'ils agissoient d'après l'ordre de l'autorité, et le prouvèrent par un écrit signé de M. Crosnier, maire de l'arrondissement (le 9).

M. Thiers dit qu'il s'est rendu effectivement à Saint-Germain-l'Auxerrois et à l'Archevêché avec M. Madié de Montjau; mais qu'alors tout étoit saccagé, et qu'ils se bornèrent à faire l'observation à la garde nationale et au maire qu'une charge contre tant de dévastateurs ameneroit une effusion de sang. M. de Schonen, chef de la 4 légion, croit bien que ces dévastations étoient organisées à l'avance, d'après la manière dont elles ont été conduites, et remarque avec peine que l'autorité a tout laissé faire. A leur arrivée à Saint-Germain-l'Auxerrois, des gardes nationaux préservèrent le curé des excès de la populace et les vases sacrés du pillage. Aussitôt les Vandales, comme si la chose eût été convenue, s'écrièrent : Allons à l'Archevêché. En vain ces gardes nationaux les suivirent; d'autres dévastateurs, venus de différens points, avoient

déjà commencé le feu, et des gardes nationaux eux-mêmes y concoururent. Le bataillon de M. de Schonen empêcha qu'on ne mît le feu, et reprit les vases sacrés. Il étoit trop foible, puisqu'on lui arracha des prisonniers. M. Odilon-Barrot déclare que, n'étant pas chargé de la police de la capitale, il n'avoit rien à prescrire, et qu'il n'a donné aucun ordre de destruction. M. Ch. Comte, alors procureur du Roi, dit aussi qu'il n'avoit rien à faire dans ces circonstances.

M. de Montalivet rappelle ses deux lettres écrites au préfet Baude avant l'évènement, et qui ont été lues à cette tribune. Ce fonctionnaire n'est plus député, et n'est pas là pour se défendre. M. Arago dit qu'il n'a pas voulu accuser le ministre. M. le maréchal Loban fait observer au préopinant, qui se plaint de n'avoir trouvé aucun chef, qu'il auroit dû se mettre sous les ordres de M. le colonel de Schonen. M. Barthe declare qu'il n'a pas eu l'intention d'attaquer la garde nationale, en disant que les troubles de la Vendée étoient la suite de ceux de février à Paris. Il parle, les pièces en main, de l'existence d'un bureau organisateur, qui a dirigé les différentes émeutes, entre autres un complot que M. Odilon-Barrot avoit révélé. M. Comte prétend prouver alors qu'il n'avoit rien à faire; car, dans ces circonstances, il est du devoir de l'autorité judiciaire de se concerter, en pareil cas, avec la police administrative. M. le ministre termine par quelques observations sur les torts de l'ex-préfet de police. M. Comte cherche à se justifier.

L'amendement de M. Barbet est adopté, malgré les réclamations de la gauche.

Une longue et vive discussion s'engage ensuite sur le maintien du paragraphe introduit la veille, à la demande de M. de Cormenin', pour manifester différens vœux, et on décide qu'il sera retranché.

On admet un paragraphe proposé par M. Gilles, sur les moyens de rétablir la prospérité.

A l'occasion de celui qui concerne la guerre, M. le maréchal Soult répond à M. Larabit qu'il n'y a aucune crainte à concevoir des puissances étrangères, ni de leurs intentions actuelles, et annonce que l'armée hollandaise va évacuer la Belgique; mais que nos troupes y resteront cependant jusqu'à l'évacuation entière. M. le président du conseil déclare qu'il y a en France 3,575,000 gardes nationaux organisés, dont 900,000 dans les villes au-dessus de 1500 habitans. Le gouvernement a déjà acheté et distribué 860,000 fusils, et il lui faudra 60 millions pour terminer l'armement. Quant à la mobilisation, ne peut s'effectuer que par une loi, et tout est prêt pour sa prompte exécution si elle est prescrite. MM. Salverte et Demarçay prétendent que ces chiffres sont exagérés. M. G. Périer offre la preuve.

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La discussion des derniers paragraphes est renvoyée à un autre jour.

Le Gérant, Adrien Le Clerc,

COURS DES EFFETS PUBLICS.- -Bourse du 13 août 1831.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 58 fr. 00 c., et fermé à 58 fr. 20 c. Cing pour 100, jouissance du 22 mars, ouvert à 88 fr. 50 c., et fermé à 89 fr. 50 c.

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La chambre actuelle représente-t-elle l'opinion de la maited rité des habitans du royaume?

N'est-il pas permis de concevoir quelques doutes à cet égard, quand on voit la composition de la nouvelle Cham bre? Plusieurs de ses membres sont connus par des discours ou des écrits contre la religion catholique. Il y en a parmi eux qui sont protestans, beaucoup plus encore qui ne professent aucune religion; il y en a qui n'ont pas dissimulé leur antipathie pour le christianisme, leur aversion pour les prêtres, leur désir de les humilier. Déjà un député a demandé le rétablissement du divorce, un autre a fait un vilain portrait des prêtres de la Vendée. On s'accoutume à la tribune à présenter le clergé comme une classe hostile contre laquelle on ne sauroit trop se tenir en garde, et qu'il faut comprimer par des mesures sévères. L'administration paroit avoir adopté le même système; elle accueille les dénonciations contre les prêtres, et, sur la première plainte qui arrive, sans informations, sans examen, sans preuves, on expulse un curé, on le prive de son traitement, on le diffame, on excite contre lui les passions ou le ressentiment de la multitude. Trop d'exemples prouvent à quel point ce système de partialité et d'arbitraire a prévalu depuis un an.

Un journal de province, l'Union de Nantes, faisoit dernièrement des réflexions sur le discours où M. l'inspecteurgénéral Dubois a annoncé les funérailles d'un grand culte. Il paroit que l'Union, quoiqu'elle soit assez dans les couleurs d'un journal de Paris, qui a trouvé ce discours non-seulement légal, mais encore religieux, il paroit, dis-je, que l'Union a été fort scandalisée de la prophétie impie de M. Dubois; elle y a répondu dans un article assez, long dont nous ne citerons que le commencement, parce qu'il nous a semblé répondre très-bien à la question que nous avons posée, et qu'il montre un contraste affligeant entre l'opinion de la chambre et celle de la majorité de la population dans les départemens.

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Qui oseroit nier que la France est religieuse et catholique? et qui le croiroit cependant, en sondant les sentimens de sa repré

Tome LXIX. L'Ami de la Religion.

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sentation nationale? Oseroit-on mettre en doute, par exemple, que la Bretagne, la Normandie, l'Anjou, la Vendée, ne soient toutes sincèrement et publiquement attachées au culte de nos pères, à la foi de cette ancienne religion? La ville de Nantes surtout n'en fournit-elle pas tous les jours, sous nos yeux, une preuve incontestable? Nos églises pleines de gens pieux, de tous âges et de toutes conditions, nos habitudes de famille, nos réunions dans les campagnes, nos monumens, tout redit au voyageur ce que nous avons été, ce que nous sommes, et ce que nous voulons être. Ici l'homme instruit et éclairé confond ses voeux avec celui du laboureur qui sait à peine lire, avec ceux de l'ouvrier de ville qui peut à peine écrire. C'est un même sentiment provincial, source des plus douces émotions et des épanchemens les plus sublimes. L'homme de nos contrées, ce père de famille qui peuple et nourrit l'Etat, s'irriteroit à la pensée de rompre l'alliance que ses ancêtres ont faite avec Dieu; car il sait mieux que nos prétendus philosophes du jour combien ce commerce divin enrichit l'homme des plus grandes vertus, et assure son bonheur ici-bas, en allégeant le fardeau de ses peines.

» Eh bien à une population toute religieuse, toute catholique, correspond aujourd'hui une représentation antireligieuse, anticatholique dans l'assemblée nationale. Nommez tous les députés qui parlent à la chambre au nom de nos contrées, et montrez-nous un seul homme, un seul dont on puisse dire : Voilà un véritable représentant des opinions religieuses de son pays! Il n'est que trop vrai que, dans ce grand nombre de citoyens qui se vantent d'être les hommes du choix de la majorité de nos contrées, il n'en est pas un qui en partage les opinions, qui en produise les sentimens: singulière déception à ajouter à tant d'autres. On eût voulu réuuir cent hommes pour faire condamner par eux les sentimens religieux des provinces de l'Ouest, qu'on n'eût pas mieux réussi. On eût voulu connoître les votes de toutes les minorités, pour les opposer à la majorité et pour l'opprimer, qu'on n'auroit pas mieux été servi à souhait; car l'Ouest catholique n'a pas un seul, oui, un seul député catholique qui puisse prendre la défense de son culte catholique. Il y a donc dans la loi électorale un grand vice, une grande erreur; elle manque son but, elle trompe les vœux de la nation; elle renferme les germes du plus grand crime qu'on puisse commettre contre la liberté de tous, contre le vœu d'une nation toute entière: elle ment à la vérité............

Les députés actuels ne sont pas les représentans véritables et sincères de toutes les opinions qui se partagent les citoyens. Ils seront donc, malgré eux, obligés de lutter contre toutes les opinions qu'ils ne représentent pas, de les opprimer par la violence, par des menaces odieuses, pour faire prédominer leurs propres sentimens. Comme ils sont anticatholiques, et que la majorité de

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