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les plus tièdes et de quoi inspirer de la confiance aux gens les plus disposés à s'inquiéter de l'avenir.

— Nous disions, il y a quelque temps, que les fonctionnaires publics seroient fort embarrassés de savoir s'ils devoient assister au service funèbre célébré dans les églises le 27 juillet. Après avoir affiché leur mépris pour les cérémonies religieuses, après avoir refusé d'aller aux processions ou même de les protéger, pourroient-ils se montrer dans nos églises? Ne s'exposeroient-ils pas à la risée par des démonstrations hypocrites dont personne ne seroit dupes? Ils

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ont donc tenu une conduite fort diverse. Les uns ont bravé le ridicule et ont paru au service; les autres, plus fiers et plus tenaces, sont restés chez eux. Quelques autres ont pris un terme moyen : Dijon, par exemple, les autorités invitées par M. l'évêque à assister au service où le prélat a officié dans sa cathédrale, ont décidé qu'elles n'assisteroient pas officiellement et en corps à cette cérémonie, mais que chaque fonctionnaire pourroit s'y rendre individuellement, si cela fui plaisoit. On dit que ces MM. se sont félicités d'un mezzo termine qui leur permettoit de faire preuve de patriotisme, tout en constatant leur répugnance pour l'appareil d'une cérémonie religieuse officielle.

Depuis plus de six mois les curés et vicaires de Perpignan réclamoient sans succès le paiement de leur traitement jusqu'ici voté et payé régulièrement par le conseil municipal : sur les plaintes qui furent portées au ministère, le conseil municipal eut ordre d'examiner la réclamation. Le résultat de la délibération fut de refuser la demande du clergé. Les motifs allégués sont que les fabriques ne démontrent pas l'insuffisance de leurs revenus, que les budgets des fabriques ne sont pas uniformes, et que l'on peut deviner pourquoi; que les ressources de la ville sont épuisées, etc. Le Mémorial de Toulouse, du 7 août, renferme une lettre très-vive écrite de Perpignan sur cette délibération et sur ses motifs. L'examen rigoureux des registres des fabriques ne prouve que trop l'insuffisauce de leurs revenus, et cette insuffisance s'explique aisément dans les circonstances actuelles. On dit que les budgets des fabriques ne sont pas uniformes; mais peuvent-ils l'être? Cela ne déẻpend-il pas du plus ou moins d'aisance des habitans, de la différence de leurs offrandes, du plus ou moins de zèle et de charité qu'ils ont? est-il permis de soupçonner la loyauté et le désintéressement de marguilliers pris parmi des hommes intègres et religieux, qui offrent bien autant de garanties que les membres du conseil municipal? Les ressources de la ville sont épuisées; à qui la faute, dit la lettre, si ce n'est au conseil municipal, et à sa prodigalité pour des comédiens? Qu'il consulte les habitans, et il saura que Jeur vœu est de soutenir les églises plutôt que de favoriser les théâtres. Mais le nouveau conseil municipal est composé de jeunes gens qui ont envahi toutes les places au mois de juillet, et qui ne mct

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tent point le pied à l'église. Ils ne s'inquiètent point de la misère du pauvre, de la désolation des enfans des Ecoles chrétiennes et du Sacré-Cœur, qui ont perdu leurs maîtres, et de l'expulsion des séminaristes. La lettre finit en espérant que les prochaines élections municipales feront justice de ces administrateurs passionnés. NOUVELLES POLITIQUES.

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PARIS. On diroit que le Ciel s'obstine à ne point vouloir bénir les Jours que nos hommes forts entreprennent de lui voler. Ils avoient trouvé charmant de se donner une belle séance législative le jour de l'Assomption: c'étoit une révolte dans le genre de celle des ouvriers de la tour de Babel; et en vérité elle n'a pas eu un meilleur succès. Au milieu de la confusion et du désordre qui ont régné dans l'indévote assemblée, on se seroit cru dans le Pandemonium. Bon gré, mal grẻ, il a fallu fermer et renoncer à faire œuvre jamais rien de pareil ne s'étoit vu depuis les grandes batailles des girondins contre les montagnards. Non-seulement on n'a pu parvenir à rien faire ce jour-là, mais ou a défait; on a reculé au lieu d'avancer, et la besogne du jour de l'Assomption a été si mauvaise, qu'il a fallu employer tout le lendemain à la remettre dans l'état où on l'avoit prise la veille. Hélas! MM. les députés auroient bien mieux fait d'aller à la messe et à vêpres que de nous donner leur séance du 15! Ils ont voulu faire un acte d'esprits forts qui ne leur a point du tout réussi; et ils auroient beaucoup gagné, selon nous, à fêter tout bonnement le jour de l'Assomption. S'ils ont cru échapper à un ridicule en s'éloignant de l'église, on peut diré qu'ils l'ont bien retrouvé au palais Bourbon.

Nous sommes obligés de convenir que le temps s'est un peu adouci depuis un an: c'est à l'Ami de la Religion à s'en apercevoir un des premiers. S'étant avisé alors de mettre en doute la pureté de la glorieuse révolution, en ce qui concernoit du moins le pillage de l'Archevèché de Paris, il devint l'objet d'un affreux houra. Un bon et charitable confrère lui détacha deux ou trois cents de ses argousins pour lui donner un avant-goût de la liberté des barricades, et une descente de justice eut lieu chez nous dans toutes les formes, de la part du peuple souverain. Or, voilà que la tribune des députés nous en apprend cent fois plus que nous n'aurions jamais osé en dire sur les héros de l'Archevêché. Nous nous étions contentés d'observer qu'ils ne s'étoient pas moutrés délicats dans le maniement des deniers de la caisse du secrétariat, et qu'ils n'étoient pas sortis de là les mains aussi pures qu'on vouloit nous le faire accroire: maintenant ou leur en dit bien d'autres, vraiment! MM. Arago et de Schonen ne se gênent guère pour raconter leurs hauts faits. On révèle sur leur compte de tristes particularités; ou convient bien de ce qu'ils sont et de ce qui leur seroit dû en bonne justice: mais on ue va pas plus loin; on ne laisse entrevoir aucune pensée de réparation; les victimes de ces horribles exécutions et de cette terreur sont toujours là sous le coup des premières sentences, écoutant, cherchant s'il y a quelque chose pour elles dans tout cela, et me découvrant rien de réparateur, rien qui les mette à l'abri, rien qui Sente la protection des lois et la vigueur de l'autorité.

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Un député qui étoit procureur du Roi à Paris pendant les troubles

de février, M. Comte, a cru pouvoir se laver les mains, samedi dernier, à la tribune de la chambre, en disant que personne n'avoit recouru à son autorité, ni pour la requérir, ni pour lui faire part de rien dans ces graves circonstances. Mais en vérité, d'après ce qu'il raconte luimême, il ne s'y prenoit pas de manière à rendre les communications avec lui fort engageantes. Un particulier se rend daus son cabinet pour lui signaler un vaste complot tramé par sept ou huit mille républicains, dont une grande partie est désignée comme appartenant aux hautes écoles de la capitale. Qu'arrive-t-il à ce malencontreux donneur d'avis pour le récompenser de son zèle? On le met sur la sellette; d'accusateur il devient accusé, et au lieu de l'écouter comme bon citoyen, on l'interroge comme criminel, et on décerne contre lui un mandat d'amener, pour lui apprendre à dénoncer des choses qu'il ne peut pas prouver pièces en main, mais qui, du reste, sautoient aux yeux, taut elles paroissoient claires et flagrantes. Or, il faut avouer que cette façon de prendre les mouches n'est pas trop faite pour les attirer. Aussi de quoi cet homme-là s'avisoit-il? Au lieu de signaler les sept ou huit mille républicains qui se trouvoient alors à la tête de l'entreprise de dévastation des églises et de l'Archevêché, il n'avoit qu'à signaler des gendarmes déguisés, des prêtres et des carlistes; son affaire étoit bonne; la chose n'auroit pas cu besoin de preuves, et non-seulement il ne seroit pas allé coucher en prison comme un sot, mais il auroit eu le plaisir de diner comme un prince partout où il auroit voulu.

Louis-Philippe s'est rendu, le 16, au Louvre pour distribuer les décorations et les médailles décernées par le jury aux peintres et sculpteurs qui se sont distingués dans l'exposition.

A l'occasion de sa fête, la reine Marie-Amélie a reçu, lundi dernier, les hommages de l'état-major et des officiers de la garde nationale et des troupes de la garnison.

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Plusieurs ordonnances couvoquent seizè colléges électoraux pour 6 et 8 septembre, à l'effet de pourvoir au remplacement de députés nommés à des places, décédés, ou dont les élections ont été doubles ou annullées.

La distribution des prix du concours général à eu lieu le mardi 16 dans la grande salle de la Sorbonne. M. Bellaguet, professeur de rhétorique au collège Saint-Louis, a été chargé du discours latin. M. de Montalivet, ministre de l'instruction publique, a ensuite prononcé son discours. Il a parlé des mesures prises par l'autorité pour rapprocher l'enseignement universitaire du besoin du siècle, et sans contester le principe de la liberté de l'enseignement, il a exprimé la convenance de conserver l'Université, et la nécessité de faire germer parmi la jeunesse française les nobles conséquences de la révolution de juillet. Le prix d'honneur de philosophie a été remporté par l'élève Berthereau, du collège de Louis-le-Grand, et le prix d'honneur par l'élève GrosLambert, du collège Saint-Louis. Le collége Charlemague a eu le plus de prix celui de Stanislas a eu sept prix et seize accessits. Un de ses élèves a eu le premier prix d'histoire naturelle, un autre prix de vers latins et un accessit. Le jeune duc de Montpensier assistoit à la séance avec M. Cuvilier-Fleury, son précepteur.

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Le prix du pain, pour la seconde quinzaine d'août, est porté de 15 sous et demi à 16 sous et demi. Le conseil municipal fait distribuer,

aux indigens inscrits et aux personnes malaisées, des cartes au moyen desquelles le pain ne sera payé que 15 sous et demi.

Une sérénade a été donnée, le 15, sous les murs de Sainte-Pélagie, à l'officier Lennox, dont c'étoit la fète. Les airs patriotiques ont Long-temps retenti à la porte de la prison.

- Dans la soirée du 7 août, des patriotes entrèrent d'un ton provocateur au café Rouaix, à Toulouse, avec un drapeau tricolore, s'emparèrent du Mémorial qu'ils mirent en pièces, injurièrent les habitués de ce café et tous les royalistes, et menacèrent le propriétaire de l'établissement. Un commissaire de police, revêtu de son écharpe, arriva ; mais, au lieu d'arrêter les perturbateurs, il ne fit que les soutenir.

-Les nommés Bechet et Pehé, prévenus de rebellion et de provocation à la rebellion contre la garde nationale, dans les troubles qui éclatèrent à Nanci à la fin de mai, ont été acquittés.

- Un orage extraordinaire a causé, le 9 de ce mois, les plus grands désastres dans les arrondissemens de Vesoul et de Lure. Plusieurs personnes et beaucoup de bestiaux out été noyés dans les eaux qui se sont fort élevées en quelques endroits; des arbres ont été déracinės, et des maisons renversées ou dégradées.

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La majeure partie des bâtimens français qui étoient devant Lisbonne est revenue à Brest et à Toulon. On n'y a laissé provisoirement que six bâtimens.

- MM. Turle et Boudin, qui avoient ouvert une école libre à Lisle (Tarn), ont été cités, le 6, en police correctionnelle. Malgré les efforts de M. Crozes, leur avocat, le tribunal s'est déclaré compétent, et a renvoyé l'affaire à huitaine pour prononcer au fond.

Les autorités de Genève ne veulent plus délivrer de permis de séjour aux réfugiés italiens. Ceux qui s'y étoient retirés ont reçu l'ordre de partir.

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Les Hollandais continuent leur mouvement rétrograde. Les troupes françaises gardent leur position, et suivent même ceux-là, dans leur retraite. Le roi Léopold est revenu à Bruxelles il se propose réorganiser l'armée belge, qui a si peu répondu à son attente, et qui semble avoir montré généralement du désordre et de la lâcheté.

-Pendant qu'un détachement belge remportoit, le 11, un avantage à Bautersem, le duc de Saxe-Weymar s'avançoit sur Louvain et l'investissoit. Le général Belliard tui signifia de se retirer par suite de l'arinistice; le prince continua son mouvement, en déclarant qu'il n'avoit pas reçu d'ordre de son commandant en chef. Le maréchal Gérard se porta alors en avant, et envoya le général Lawoestiné auprès du prince d'Orange, dont le contre-ordre arriva assez tôt pour empêcher, avec nos troupes, des hostilités, qui devenoient inévitables.

- Dans la séance du 12 de la chambre des communes, M. Croker a interpellé avec chaleur lord Palmerston sur la conduite du gouvernement anglais envers la Hollande. Il a demandé la production de la lettre dans laquelle ce souverain annonce la reprise des hostilités contre la Belgique. Son discours étoit plein d'incrimination envers la France. Le ministre, en s'opposant au dépôt de ce document, a repoussé les reproches du député, et a insisté sur l'état critique des négociations, pour ne pas être amené à des explications qui pourroient en compromettre le succès. La motion a été rejetée.

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- La Gazette de Berlin annonce que l'armée polonaise, attaquée à l'improviste le 1 août, a éprouvé une défaite considérable, et s'est repliée sur Varsovie. Quelques jours auparavant, les Polonais avoient eu l'avantage dans une petite affaire qui eut lieu à Zamosc. Les Russes gardent les deux rives de la Vistule on dit cependant que le général Rudiger est revenu sur la rive droite, par suite d'une démonstration d'un corps polonais.

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L'empereur de Russie a ordonné l'émission de 10 millions de roubles en assignats sur la Banque, portant intérêt à 4 pour 100.

Quoique le cheik de Cabailes, Beuzamoun, ait été repoussé des environs d'Alger dans la bataille du 18 juillet, le fils du bey de Tilery, à la tête de plusieurs fortes bandes d'Arabes, s'avança auprès de cette ville, et coupa les communications de la ferme. Plusieurs détachemevs furent envoyés contre ces peuplades, et elles furent inises en fuite après une perte de plus de huit cents hommes, dans deux affaires qui eurent Jieu les 20 et 22 juillet. Les dernières nouvelles d'Alger, qui datent du 2 août, portent qu'il n'a plus reparu de bandes de Bédouins dans les campagnes de cette ville.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 16, M. le ministre des finances présente le projet de loi relatif à la perception de deux nouveaux douzièmes provisoires.

On nomme, pour l'examiner, une commission composée de MM. Roy, Fabre (de l'Aude), Clément de Ris, de Montesquiou et de Brissac. MM. de Latour-Maubourg et d'Herwyn sont admis membres de la

chambre.

M. de Massa fait un rapport favorable sur la requête de M. de Boisgelin, tendante à succéder également à son père.

La chambre s'ajourne au 18, pour la discussion de la loi qui vient d'être présentée.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 15, M. de Las-Cases fils fait une proposition tendant à ce que les ministres communiquent à la chambre toutes les pièces relatives à la situation de l'Europe, et notamment aux affaires de la Belgique, du Portugal et des Etats pontificaux. M. le ministre des affaires étrangères annonce que le gouvernement fera volontiers ces communications par la suite; mais qu'elles ne sauroient avoir lieu en ce moment sans compromettre les négociations. La discussion de la proposition est renvoyée après celles déjà présentées.

M. de Saint-Aignan, élu à Châteaubriant et à Paimbœuf, et M. Arago, élu à Paris et aux Pyrénées orientales, déclarent opter pour les seconds colleges.

La loi relative à la perception des nouveaux douzièmes provisoires est adoptée sans discussion à la majorité de 305 contre 10.

On reprend la délibération sur l'adresse. M. Beaudet-Dulaury propose d'y exprimer le vœu que l'organisation de la colonie d'Alger soit bientôt achevée : il craint qu'on ne perde cette conquête, le général Berthezène n'ayant pas la confiance de l'armée. L'amendement n'est pas appuyé.

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