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et aux violences des factieux. Ils adressèrent, au nombre de 101, une protestation sur leur empêchement de voter; le président et un scrutateur refusèrent même de faire partie du bureau. L'avoué Clapier a cependant joint une contre-protestation pour atténuer les faits.

M. Coulmann prétend que c'est par une indignation louable que le scrutin a été renversé. (Murmures au centre et cris à l'ordre!) Le fait étoit inconstitutionnel en lui-même; mais il n'est pas répréhensible dans son principe. L'orateur demande d'ailleurs que M. Beaujour ne soit pas admis. M. Pelet de la Lozère croit que cette dernière élection est valide. M. Raynouard soutient que la principale condition c'est la liberté des suffrages; et quoique M. Beaujour ait été élu deux jours après les évènemens, l'effet de la violence morale étoit produit, puisqu'il n'y a plus eu que 175 votans.

M. Reynard cherche à établir que rien ne doit s'opposer à l'admission. L'indignation des patriotes s'explique, selon lui, par le bruit qui couroit de l'arrivée de la duchesse de Berri; par les efforts des vieillards et des prêtres pour presser les électeurs royalistes à se présenter, et à ne pas reculer devant le serment. L'orateur lit, malgré les réclamations, des passages de la Gazette du Midi pour prouver ces manoeuvres, puis il dit à haute voix que l'administration de Marseille est remplie de carlistes, et qu'il faut faire main-basse sur eux..... Ici M. le ministre Sébastiani l'interrompt, demandant s'il faut les mettre à mort. M. Reynard se plaint de cette observation, et prétend qu'il ne veut qu'éclairer le ministère.

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L'admission de M. Beaujour est mise aux voix et prononcée.

MM. de Saint-Cricq, Pourrat, et autres membres ajournés, sont également admis.

L'élection de M. Gauthier dans les Hautes-Pyrénées est l'objet de quelques difficultés, notamment à cause de l'adjonction d'électeurs supplémentaires pour former le nombre de 150. On entend à ce sujet MM. Odilon-Barrot, de Vatimesnil et Carpentier, et l'annullation est prononcée après deux épreuves douteuses.

L'élection de M. Leroy-Myon à Reims, où le bureau a été formé irrégulièrement, et celle de M. Jay, à La Réole, qui étoient contestées', sont déclarées valides.

Comme il n'y a plus de rapporteurs à entendre, on met à l'ordre du jour, pour le lundi 1er août, la nomination du président.

Un homme estimable et un administrateur intègre a été enlevé dernièrement à sa famille et à ses amis; M. Stanislas-Catherine-Alexis, baron de Wismes, ancien préfet, est mort à Paris le 20 mai. Il étoit né à Arras, le 4 juillet 1778, d'une famille honorable de la province. Sa mère, restée veuve.de bonne heure, dirigea son éducation avec une rare prudence. M. de Wismes se prépara, par des études solides, à se rendre utile à son pays. A l'époque de la restauration, il fut nommé à la préfecture d'Albi, qu'il occupa jusqu'aux cent jours. Il se retira aux cent jours, et fut nommé au second retour du Roi préfet à Angers, où il eut à lutter contre les exigences des troupes prussiennes. Enlevé de son poste, et envoyé prisonnier à la citadelle de Juliers, il fut rendu ensuite à ses fonctions, et revint à Angers, où il resta huit ans. Depuis

il fut envoyé en la même qualité à Limoges et à Troyes. Nommé préfet à Grenoble, il demanda a ne pas quitter Troyes et l'obtint; ce qui donna lieu à de grandes démonstrations de joie dans cette ville, où son mérite et ses qualités étoient appréciés. Transféré à Dijon peu avant lés évènemens de juillet, il eut l'honneur d'y recevoir Mme la Dauphine, et fut le dernier préfet qui put lui témoigner son dévoûment. Il donna sa démission le 3 août, et vécut dans la retraite. Il a laissé dans toutes ses préfectures des souvenirs qui honorent sa mémoire. Laborieux, tout entier à ses fonctions, il savoit en tempérer l'austérité par les formes les plus bienveillantes. Mais ce que nous devons louer surtout en lui, cè sont ses vertus privées, son caractère obligeant, son attachement à la religion, et son exactitude à en remplir les devoirs. Enlevé par une maladie prompte, il n'a pu recevoir les secours de l'Eglise; mais l'habitude qu'il avoit de s'occuper de pensées solides, et même de bonnes œuvres et d'actions pieuses, donne à sa famille et à ses amis l'espérance que la mort ne l'aura point trouvé sans préparation.

Château de Looze, prés Joigny, le 24 juillet 1831.

M. le rédacteur, dans votre numéro du 30 juin dernier, on lit, relativement à l'abbé Châtel, un article extrait de diverses publications. Le 29 mars 1824, dites-vous, d'après M. Grégoire, un convent de chevaliers templiers eut lieu pour l'élection d'un grand-maître; entre autres personnes faisant partie de cette réunion se trouvoit La Bourdonnaye, et vous demandez lequel?

:

Dans l'impossibilité où je suis de répondre directement à cette ques, tion, je crois du moins devoir restreindre le cercle des conjectures, en affirmant que ce ne fut ni moi, qui ai toujours eu en horreur toutes les sociétés secrètes, ui mon père, qui, nommé pair de France par Louis XVIII, après trente-quatre ans d'émigration, n'a pas balancé récemment à sacrifier ce titre à ses principes sociaux et religieux.

Je ne doute pas que, si votre article parvenoit à la connoissance de tous ceux qui s'honorent de porter le nom de La Bourdonnaye, chacun d'eux individuellement ne s'empressât de prouver, par un démenti formel, l'erreur, peut-être involontaire, de M. Grégoire.

J'attends de votre impartialité, M. le rédacteur, que vous veuillez bien insérer ma lettre dans un de vos plus prochains numéros. J'ai l'honneur d'être, avec une considération distinguée, M. le rẻdacteur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Le vicomte de LA BOURDONNAYE,

Anc. officier sup. de la garde royale, ex-lieut.-colon. au corps royal d'état-major.

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COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 1er août 1831.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 56 fr. 15 c., et fermé à 55 fr. 75 c. Cinq pour 100, jouissance du 22 mars, ouvert à 87 fr. 00 c., et fermé à 87 fr. 00.

Théophile, ou la Philosophie du Christianisme;

par M. Rosset (1).

Le christianisme est aujourd'hui si mal connu, dit l'auteur, la philosophie moderne a répandu tant de funestes préventions, qu'il est souvent besoin de venger la religion des sophismes, des mensonges et des railleries dirigés contre elle; il est surtout éminemment sage de prémunir la jeunesse contre les piéges que l'on tend de tous côtés à son inexpérience. Le christianisme étant l'abrégé de toutes les lois politiques, civiles et morales, c'est à lui qu'il faut s'adresser plus que jamais, si on veut rétablir les sociétés humaines dans leur état primitif de gloire, de paix et de bonheur; c'est en vain que l'on cherchera les moyens d'arrêter la corruption des mœurs publiques, c'est en vain qu'on rêvera le parfait équilibre des pouvoirs, et qu'on s'efforcera de prévenir, par lois, les abus de la puissance et les égaremens de la multitude, si l'on refuse de remonter aux premiers principes, si la religion ne redevient pas le premier fondement de la société.

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C'est dans le but de concourir à la régénération sociale que M. Rosset a entrepris une nouvelle apologie de la religion. It a tâché d'y embrasser toute l'économie de cette institution divine. Son livre n'est point un traité de théologie, il est destiné aux gens du monde, et surtout à la jeunesse; en conséquence, on n'y trouvera point de questions scolastiques, point de discussions abstraites, mais un enchainement de principes de raisonnemens et de considérations propres à dissiper les doutes de ceux qui cherchent la vérité de bonne foi. L'ouvrage est en cinq parties. Dans la première, l'auteur montre tout ce qu'il y a de sage, de salutaire et de consolant dans l'enseignement du christianisme. L'histoire nous montre quels ont été les égaremens des philosophes, ou du moins combien leurs préceptes ont été insuffisans. Mais la doctrine chrétienne est éminemment sociale, philosophique et raisonnable; elle a des

(1) In-8°. A Lyon, chez Rusand, et à Paris, an bureau de ce journal.

Tome LXIX. L'Ami de la Religion.

B

SELE

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préceptes pour toutes les conditions et pour tous les âges; elle tend sans cesse à réprimer l'orgueil de l'esprit et les viles passions du cœur pas de vice qu'elle n'ait flétri, pas de vertu qu'elle n'ait commandée, pas de sentiment généreux qu'elle n'inspire et n'encourage. Elle veille tout à la fois sur le bonheur de l'Etat, de la cité, de la famille ; et si le pauvre y puise d'ineffables consolations, les princes y trouvent des règles pour le gouvernement des peuples. Aussi voyez quelle énorme différence entre les princes chrétiens et ceux des nations idolâ– tres! L'influence du christianisme a fait disparoître ces monstres qui ne paroissoient nés que pour désoler l'humanité. Cette religion s'adapte à toutes les formes de gouvernement. Elle offre d'admirables exemples pour tous les rangs, elle est surtout la religion des pauvres et des malheureux, et l'auteur le prouve par des développemens qui ne sauroient être contestés.

Dans sa seconde partie, il expose la nécessité des pratiques de religion. La prière rapproche l'homme de Dieu, corrige les défauts, amortit les passions; la confession humilie l'orgueil, nous apprend à nous connoître mieux et à nous réformer nous-mêmes; la communion est un puissant moyen de perfection, un appui pour la vertu, une source de consolations et de bienfaits; la prédication éclaire l'esprit et forme le cœur ; les exercices publics de religion lient les hommes entre eux et les invitent à la concorde; enfin la piété chrétienne inspire des prodiges de zèle, de dévoûment et de charité.

Dans sa troisième partie, M. Rosset combat l'indifférence en fait de religion et les systèmes absurdes du scepticisme, du matérialisme et de l'athéisme; il montre qu'on ne sauroit révoquer en doute l'existence de Dieu et l'immortalité de l'ame. De là, il déduit la nécessité d'une religion; car, si Dieu existe, l'homme ne lui doit-il pas quelque chose? Sans une religion positive, la morale est bien vague, bien foible, bien incomplète. Mais s'il faut à l'homme une religion positive, cette religion peut-elle être l'ouvrage de l'homme? Ici nous laisserons l'auteur parler lui-même :

A

« La nécessité d'une révélation est si bien reconnue, que les hommes de tous les temps et de tous les pays en ont été profondément convaincus. Le déisme, tel que l'entendent nos modernes philosophes, ne fut jamais, pas plus que l'athéisme, la religion d'un seul peuple de la terre. Toujours, el partout, on a cru que l'homme, de sa propre autorité, ne pouvoit établir aucune doctrine`religieuse qui fût obligatoire dans le

for de la conscience; on a cru toujours et partout que la religion venoit du ciel, et que l'homme n'étoit que l'instrument de sa propagation. Avant l'établissement de l'idolâtrie, on croyoit à la révélation primitive, faite en personne par Dieu lui-même, et transmise de siècle en siècle par la tradition du genre humain. Quand cette tradition s'altéra, elle fut partout remplacée par des révélations particulières, qu'on supposoit avoir eu lieu postérieurement, et que d'habiles imposteurs eurent l'art d'accréditer parmi les hommes Qu'on me cite une seule peuplade, au milieu de toutes les nations de l'univers, qui n'ait pas cru sa doctrine religieuse descendue du ciel. Toutes les religions ont reposé ou reposent par conséquent sur l'autorité d'une révélation véritable ou prétendue; il s'agit donc seulement de reconnoître, au milieu de ces révélations diverses, la seule qui réunisse tous les caractères de la sagesse et toutes les preuves de la vérité. Je dis la seule; car il est évident que, si l'erreur peut se diviser à l'infini, la vérité n'est qu'une, et que tout ce qui s'écarte de l'unité n'est que l'œuvre des temps et de l'imposture. »

La quatrième partie est employée à exposer les principales preuves de la religion, et à répondre aux objections contre ces preuves. L'auteur discute successivement la question des mystères, celle du péché originel, celle des prophéties, celle des miracles en général et des miracles de l'Evangile en particulier, celle de l'authenticité de l'Ecriture, celle de la résurrection du Sauveur, celle de l'établissement de la religion, cellé de la conservation des Juifs, etc. Il compte même au nombre des preuves de la religion ce zèle qui a porté tant d'hommes courageux à renoncer au repos de leur patrie pour aller convertir des peuples infidèles, zèle que le paganisme n'a pas connu et que l'hérésie imite mal.

Enfin la cinquième partie a pour objet de prouver la nécessité de l'Eglise et d'un tribunal infaillible pour prévenir l'invasion des erreurs. Jésus-Christ n'a pu abandonner l'interprétation de sa doctrine à la raison particulière de chaque individu, sans quoi le christianisme se diviseroit en mille sectes contraires. L'Ecriture ne suffit pas, puisque chacun peut l'entendre à sa manière, et l'histoire du protestantisme en offre mille exemples. Il faut un centre d'unité, un interprète sûr, un juge infaillible. L'Eglise est donc infaillible en concile général, elle est infaillible même disperséc, et je trouve que l'auteur ne s'est pas expliqué ici d'une manière assez précise. Il n'avoit pas besoin de contester l'infaillibilité del Eglise dispersée pour prouver celle du Pape. Il examine ensuite quelques dogmes et points particuliers, et réfute les difficultés que l'on y op

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