Page images
PDF
EPUB

avec force contre la destruction des Jésuites, enfin il résista aux innovations de l'assemblée constituante sur les matières ecclésiastiques, et vit ses efforts récompensés par la perte de tous ses biens, par la proscription et par l'exil. Ce sera un honneur éternel pour l'épiscopat français d'avoir ainsi cou→ ronné son existence sociale par une preuve éclatante de son attachement aux règles de l'Eglise et de son courage dans la persécution.

Cette digression ne nous a pas éloigné autant qu'on le croiroit du livre que nous examinons s; nous avons encore quelques observations à soumettre à l'auteur; ce sera l'objet d'un 3e et dernier article.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le Constitutionnel, toujours occupé des affaires d'Italie, a inséré dans son numéro du 22 août une notice qu'on lui envoyoit de Rome, dit-il, sur M. le cardinal Bernetti; notice également méchante et menteuse. On y dit que le cardinal est d'une famille très-obscure. Un tel reproche a droit d'étonner dans un journal populaire; il est connu d'ailleurs que le cardinal est d'une des familles les plus distinguées de la province. On dit qu'il est d'un petit village des Marches de Fermo, tandis qu'il est né à Fermo même, ville importante et siége d'un archevêché et d'une délégation. On l'accuse d'être porté à l'intrigue, tandis qu'au contraire ce qui domine dans son caractère c'est la franchise et la loyauté. Voudroit-on faire passer pour de l'intrigue les services qu'il a rendus à son souverain? Exilé en France, il se chargeoit d'une correspondance secrète entre le Pape et les cardinaux, alors dispersés. Nous doutons beaucoup que sa conduite alors lui ait valu les éloges de Napoléon; ce n'étoit pas de ce côté que M. Bernetti avoit à attendre des témoignages de satisfaction; il s'exposa miême à quelques dangers de la part d'une police ombrageuse. Il n'est point vrai qu'il ait jeté alors le froc aux orties; tous ceux qui ont connu à cette époque M. Bernetti savent qu'à Paris il étoit encore laïc; il n'étoit même pas dans les ordres lorsqu'il fut nommé cardinal. Le correspondant du Constitutionnel en veut beaucoup à M. Bernetti comme gouverneur de Rome; cela doit être, le prélat, dans cette place, déjoua peut-être plus d'une intrigue et plus d'un complot. C'est à lui, dit-on, que fut due l'exécution des deux patriotes Montanari et Targhini; mais ces deux carbonari furent condamnés suivant les lois existantes et par les tribunaux ordinaires, et leur mort acheva de révéler toute leur impiété. Ce que l'on dit que Léon XII ôta au gouverneur le droit d'avoir une garde, tint à des réformes que le Pape fit alors dans le militaire, et non à la personne du prélat, pour qui ce pontife témoigna toujours une grande confiance. Il est

ridicule de penser que sa mission en Russie fut une disgrâce. Beaucoup de prélats à Rome eussent souhaité que le saint Père se fût ainsi débarrassé d'eux. Il est probable que Léon XII, qui desinoit M. Bernetti à un emploi très-important, voulut à la fois donner à un homme qu'il affectionnoit un témoignage de sa satisfaction, et lui ménager l'occasion de voir les cours et de faire connoissance avec des personnages influens dans la diplomatie. Ce u'est pas au retour de sa mission et sur la demande de l'autocrate que le Pape le fit cardinal. L'empereur de Russie n'avoit pas besoin de s'en mêler, puisque M. Bernetti, comme gouverneur de Rome, parvenoit de droit au cardinalat. Le Pape n'attendit même pas son retour en Italie pour le nommer, et son mécontentement fut tel, qu'il lui envoya la barrette à Paris, où le cardinal devoit s'arréter. Ce qu'on ajoute, que Léon XII fut forcé de prendre M. Bernetti pour secrétaire d'Etat, prouve que le correspondant n'a pas connu le caractère du pontife, qui n'étoit pas homine à se laisser imposer un tel choix; tout le monde savoit, au contraire, que le cardinal étoit destiné à cette place. S'il se fit beaucoup d'ennemis pendant sa courte administration, ce ne peut être que parmi les factieux, les révolutionnaires et les carbonari. Pie VIII, dit le Constitutionnel, l'envoya pro-légat à Bologne; la méprise est grossière; jamais les cardinaux ne sont pro-légats. Quant aux prétendues dilapidations, c'est un conte comme tout le reste. Nous ne connoissons pas le budget de la province de Bologne, mais nous savons que M. le cardinal Bernetti a une juste réputation d'inté grité, de désintéressement et même de générosité; le calomnier à cet égard, c'est s'ôter à soi-même tout crédit.

M. L. C. C. nous invite à insérer sa lettre publiée dans la Quotidienne du 26, relativement à un projet de souscription pour le rétablissement de l'archevêché de Paris. Comme, ainsi qu'il le remarque lui-même, il y a une ressemblauce frappante entre les considérations développées dans sa lettre et celles que nous avons exposées dans notre n° 1831 sur la démolition de l'archevêché, nous le prions de nous dispenser de reproduire sa lettre. Nous remarquous seulement qu'il atteste que sa démarche est complètement ignorée de M. l'archevêque et de tous ceux qui ont l'honneur de l'approcher. Presque en même temps nous avons reçu une lettre de MM. les rédacteurs de l'Avenir, qui nous prient d'annoncer la souscription ouverte dans leur bureau. Nous partageons tous les sentimens d'intérêt, de dévouement et de respect qu'inspirent au clergé et aux fidèles la position, les vertus et le courage d'un prélat en butte à tant de haines et de traverses. Il n'y a pas de dissentiment d'opinions qui nous empêchât de nous associer à une œuvre honorable et généreuse; mais nous savons que M. l'archevêque a fait des réclamations auprès de l'autorité contre l'ordonnance du 13 août. Ces réclamations, fortes et pressantes, pourroient-elles

n'être pas entendues? De plus, on assure que, dans plusieurs paroisses, on rédige des pétitions contre le projet de démolition. Nous ne voulons point perdre l'espoir que le ministère aura égard aux plaintes et aux voeux unanimes des catholiques, et qu'il reviendra sur une mesure prise sous les prétextes les plus frivoles, et combattue par les plus puissans motifs. Enfin ne seroit-il pas convenable d'attendre que M. l'archevêque ait fait connoître ses intentions? Par toutes ces raisons, nous nous abstenons d'insister en ce moment sur la souscription proposée; nous recevrons néanmoins les engagemens ou les sommes qu'on jugeroit à propos de nous

adresser.

Une annonce du Journal général d'Affiches portoit que, le lundi 29 août, la direction des domaines feroit vendre les fers, plombs, bois et boiseries provenant de l'Archevêché, de NotreDame, de Saint-Paul et de Saint-Germain-l'Auxerrois. Parmi les objets mis en vente étoient cinq croix. Les fidèles furent indignés de voir mettre ainsi en vente les fruits du pillage et de la profanation des églises. Ne pouvoit-on leur rendre ces objets, et les placer du moins dans l'intérieur des églises auxquelles ils appartenoient? M. l'archevêque, justement affligé de cette profanation nouvelle, donna des ordres pour que ces croix fussent achetées à ses frais. Mais quand ceux qu'il avoit chargés de cette commission se présentèrent pour voir les croix, ils trouvèrent qu'on les avoit dénaturées, et qu'on les avoit mises en morceaux de manière à être méconnoissables. Il est impossible d'imaginer que l'autorité soit complice de cet outrage, et nous ne voulons l'attribuer qu'à d'impies subalternes ou à d'avides entrepreneurs qui n'ont pas honte de consommer ainsi les dévastations sacriléges d'une multitude aveugle et furieuse.

- Une lettre de M. Jean Hamilton, prêtre irlandais, datée de Dublin le 20 août, et insérée dans l'Avenir de vendredi dernier, annonce que les dous pour l'Irlande avoient tellement diminué là détresse, qu'il n'étoit plus nécessaire de recevoir des souscriptions. En conséquence, l'Avenir a déclaré le lendemain que la souscription étoit close. Elle se montoit, d'après le dernier état, à 65,926 fr. 67 cent.

[ocr errors]

- Un journal ministériel nous avoit induit en erreur en annoncant que le conseil-général de la Seine avoit voté 150,000 fr. pour les réparations de St-Germain-l'Auxerrois. Nous avions accueilli avec joie cette nouvelle, et nous nous en félicitions comme d'un acte de sagesse, de haute convenance et d'équité; mais nous nous étions trop hâté : voilà le Moniteur vient démentir le fait. Il nous apprend que « le préfet de la Seine, sentant la nécessité de procurer promptement une église paroissiale au 4° arrondissement, avoit proposé au conseil d'établir le siége de cette paroisse à l'Oratoire, et de transférer les protestans dans l'édifice de la rue Chauchat,

que

en attendant qu'il ait été statué sur la rue du Louvre, qui entrafneroit la démolition de Saint-Germain ; mais que le conseil, arrêté d'un côté par l'idée du déplacement des protestans, et de l'autre par la crainte de faire pour cet arrangement provisoire une dépense plus forte que celle que demanderoient les réparations à faire à St-Germain pour un service temporaire, a ajourné sa décision sur la proposition principale, jusqu'à ce qu'on lui ait présenté un devis de ces réparations. » Ainsi s'explique le Moniteur, qui assure d'ailleurs que l'administration n'a cessé de s'occuper des moyens de procurer une autre église à la paroisse de Saint-Germain. Cette assurance doit-elle nous laisser beaucoup d'espoir, quand nous voyons que, d'un côté, on a peur de déplacer les protestans, quoique donner l'Oratoire aux catholiques ne fût que leur restituer ce qui leur avoit appartenu, cette église ayant été bâtie avec les dons des fidèles, et ayant été encore assignée aux catholiques à l'époque du concordat, comme une succursale de Saint-Germainl'Auxerrois, et quand nous voyons, d'un autre côté, que l'on craint tant de faire des dépenses pour Saint-Germain, qu'il n'est question que de le rendre provisoirement, et qu'on se réserve de l'abattre, dans le cas où on feroit la nouvelle rue du Louvre? Tout cela n'est pas bien consolant pour les paroissiens de St-Germain.

-Les autorités de Marseille se sont plaintes, dit-on, au ministère, que le service du 27 juillet eût été célébré dans cette ville avec une répugnance assez visible. M. l'évêque avoit eu soin de le prescrire pour ceux qui sont morts dans la communion catholique dans les journées de la fin de juillet. Les libéraux, dont la charité n'est pas tout-à-fait celle de l'Evangile, et qui ne suivent même pas l'impulsion de la loi naturelle, laquelle défend de garder rancune aux morts; les libéraux, dis-je, ont trouvé mauvais que des Français, leurs frères, morts pour remplir leurs sermens et pour obéir à la discipline militaire, ne fussent pas exclus des prières de l'Eglise. L'ordonnance épiscopale portoit que, les autorités civiles et militaires ayant refusé de se rendre à l'invitation pour la procession de la Fête-Dieu, on s'abstenoit de les inviter de nouveau. Cette observation paroissoit toute simple et toute naturelle; cependant elle a déplu. Les libéraux ont leurs lunes, il faudroit deviner leurs bons et leurs mauvais momens. Les autorités se sont donc rendues d'elles-mêmes à la cérémonie; il s'agissoit de toute autre chose que d'un hommage à rendre à Dieu. M. le maire de Marseille, qui devroit mieux connoître l'article 48 de la loi organique, s'étoit permis de régler tout seul la sonnerie des cloches pour la cérémonie du 29; il communiqua ses ordres à M. l'évêque, qui le pria fort poliment de ne rien prescrire à cet égard à ses curés. Ceux-ci refusèrent de faire sonner, et cédèrent seulement à la force, en abandonnant les clefs de leurs clochers. La procession du 15 août a fourni de nouveaux prétextes d'accuser M. l'évêque; on a dit que c'étoit lui qui étoit

cause que

le

sang avoit coulé dans les rues. En vérité, nous ne nous serious pas douté qu'un prélat, dont la douceur est connue, pût être exposé au reproche d'avoir fait couler le sang. Si le sang a coulé, la faute n'en seroit-elle pas plutôt à cette jeunesse fouqueuse qui est venue deux fois attaquer une procession paisible et noffensive? Mais, dit-on, M. l'évêque a eu tort de permettre de faire la procession. Les libéraux en parlent fort à leur aise; ils ne connoissent pas le peuple de Marseille, ils ne savent pas à quel point il est attaché aux cérémonies extérieures de la religion. Les processions de la Fête-Dieu sont de toute antiquité dans le Midi une fête populaire; mais à Marseille surtout, les processions de l'Assomption sont nou-seulement une cérémonie religieuse, mais un spectacle qui réjouit la multitude. Les marins, qui y abondent, auroient été fort choqués qu'on les eût privés d'une pompe à laquelle ils attachent un grand prix. Pour ces hommes accoutumés à traverser les mers, la sainte Vierge est l'objet d'un culte spécial; c'est leur protectrice et leur patronne; ils l'invoquent au moment du danger; arrivés dans le port, ils visitent les chapelles qui lui sont consacrées, et s'y acquittent des vœux qu'ils ont faits. Leur interdire des cérémonies en son houneur, ce seroit les blesser par l'endroit le plus sensible. Aussi les autorités de Marseille avoient compris elles-mêmes la nécessité de ne pas mettre d'obstacle à la procession, et les jeunes insensés qui l'ont insultée ont vu à quel point leurs provocations avoient irrité la multitude. Nous ne doutons point que les gens sages, eu pesant ces considérations, ne soient beaucoup moins empressés à condamner M. l'évêque de Marseille et les principaux fonctionnaires de la même ville, pour la conduite qu'ils ont tenue relativement à la procession du 15 août.

· La procession de l'Assomption a eu lieu à Vannes avec plus de pompe qu'on ne pouvoit l'espérer; les autorités n'ont pas dédaigné d'y assister. M. le préfet étoit en tête des autorités civiles. Le tribunal s'y trouvoit en corps et en costume. Ainsi la circulaire de M. de Montalivet étoit comme non-avenue pour le Morbihan, et on avoit bien voulu comprendre qu'il ne falloit pas heurter les sentimens religieux de la population. Mais n'auroit-on pu étendre cette exception et accorder la même faveur à des villes où les processions étoient souhaitées? Qu'est-ce que des mesures qu'on reconnoît être inapplicables à beaucoup de pays?

-Le 31 juillet, on a planté à Forcalquier un arbre de la liberté, on a choisi précisément pour cela un terrain vis-à-vis la croix de mission. Le maire et le sous-préfet avoient pris un arrêté pour défendre la plantation de l'arbre; mais l'autorité est bien foible aujourd'hui contre un parti qu'on a laissé grossir impunément. Les quinze, c'est ainsi qu'on appelle des individus qui paroissent exercer une grande influence à Forcalquier, ont décidé que la plantation se feroit. Comme l'arbre étoit précisément en

« PreviousContinue »