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pose; tels sont le purgatoire, les indulgences, la confession, le culte des saints, celui des images, la pompe des cérémonies, l'usage du latin dans les offices, les ordres monastiques, le célibat religieux, le jeune et l'abstinence. L'auteur termine ainsi :

« Le christianisme n'a pas un dogme qui ne soit la source des plus éclatantes vérités, pas un précepte de morale qui ne soit le fondement des plus admirables vertus, pas un point de discipline qui ne soit la preuve de la plus profonde sagesse, pas une institution que l'on puisse attaquer sans folie ou sans mauvaise foi. Sa divine autorité repose tout entière sur des faits qui sont à la portée de tous les esprits, dont le magnifique ensemble forme un faisceau de preuves qu'il est impossible à la raison d'anéantir ni mème d'ébranler, et qui doivent frapper l'ignorant, convaincre le sage et confondre l'orgueilleux. Nier les faits dont nous parlous, c'est dire que les apôtres sont morts pour attester la plus horrible imposture, que tout l'univers s'est converti sans miracles; et que les hommes, par un incroyable enchantement, ont embrassé la doctrine la plus étrange aux yeux de la philosophie, la plus contraire à toutes les inclinations perverses de la nature, la plus opposée, sous tous les rapports, aux mœurs, aux lois, aux préjugés de tous les peuples de la terre.

>> Nier les prodiges qui signalèrent la vie de Jésus-Christ, c'est nier en même temps le témoignage des juifs et des païens, des païens qui rioient de ses maximes, et des juifs. Nier les prodiges opérés par les apôtres, c'est prétendre qu'une foule de martyrs sont morts sans conviction, et qu'ils furent tous d'imbéciles fanatiques, de grossiers vision→ naires, quoique la plupart fussent nés dans le sein de l'idolâtrie, qu'ils eussent, avant leur conversion, les plus violens préjugés contre le christianisme, et que plusieurs se soient distingués par leurs écrits et par leur savoir. Avoit-on jamais vu, jusqu'à l'apparition du christia➡ nisme, des hommes, sans lettres et sans crédit, prêchant des mystères qui révoltent l'orgueil de la raison, une morale qui change toutes les idées reçues, qui flétrit toutes les passions humaines, qui commande tous les sacrifices, une croyance que saint Paul appelle une folie aux yeux du monde, se faire écouter néanmoins d'un bout de la terre à l'autre, et triompher, en courant, de toutes les erreurs, de toutes les passions, de toute la puissance des sophistes, des tribunaux et des princes? »

Telle est l'analyse du livre de M. Rosset. L'auteur s'y montre partout aussi solide dans ses jugemens que zélé pour le bien de la religion. On voit combien il auroit à cœur de faire revenir son siècle de ses injustes préventions. Il a cherché par d'autres ouvrages à atteindre ce but. C'est de lui que sont les Lettres au peuple français sur la véritable conspiration du moment, qui furent publiées, en 1827, sous le nom de Natalis, et dont nous avons rendu compte, no 1342,

tome LII. Nous avons parlé aussi, n° 1306,.d'une épitre en vers, du même auteur, sur la translation des reliques de saint François de Sales et de sainte Chantal, et, no 1415, de l'écrit intitulé Banquet de Versailles; enfin nous savons que M. Rosset a encore publié des Considérations sur l'Europe, que l'on dit être aussi un ouvrage fort recommandable pour la sagesse des principes.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Une lettre de M. de Montalivet aux évêques supprime les processions qui se faisoient, le 15 août, pour le vœu de Louis XIII: Le ministre dit dans sa lettre que les archevêques et évêques ne devoient ordonner cette procession que d'après une lettre close qui leur annonçoit à cet égard les intentions du Roi, et que, comme on ne recevra pas de lettre semblable cette année, on devra s'abstenir de la procession extérieure. Il ne manque à tout cela que la vérité. Depuis que la religion avoit recouvré le libre exercice du culte divin, on faisoit cette procession partout; elle est marquée dans tous les livres d'église, c'étoit une partie de l'office de la fête de l'Assomption. On n'attendoit point pour cette cérémonie de lettre close du Roi, et un de nos évêques nous fait l'honneur de nous écrire qu'il n'en a jamais reçu pour cet objet. C'est donc tout simplement une nouvelle atteinte à la liberté religieuse, et au droit qu'ont le clergé et les fidèles de faire toutes les cérémonies autorisées par les usages de leurs églises. C'est une concession faite aux gens des émeutes, qui en effet auroient pu se fâcher en voyant les bannières blanches de la sainte Vierge, qui sont de toute antiquité ainsi, mais où il leur auroit plu peut-être de découvrir des signes de carlisme.

-M. l'évêque de Coutances a adressé à ses curés une circulaire du 20 juillet, pour leur ordonner de célébrer, le 27, dans toutes les églises du diocèse, un service solennel pour tous ceux qui, dans les évènemens de juillet, sont morts dans le sein de l'Eglise catholique, en combattant pour la justice; ce sont les termes de la circulaire. Ils ont déplu, à ce qu'il paroît, aux patriotes du département de la Manche, qui ont fait passer bien vite la circulaire au Pilote du Calvados, et celui-ci a rédigé là-dessus un article ab irato, qu'un journal de là capitale a pris la peine de reproduire :

« Il résulte de cette lettre, dit-il, 1° que l'évêque de Coutances n'eût point prić, même pour les fidèles qui ont péri en juillet, si le Roi ne jui avoit rappelé le devoir qu'il avoit à accomplir en cette circonstance;

que les homines du peuple ou les soldats de la garde royale sont exclus de ses prières, car M. Pierre ne pense pas sans doute que la justree se trouvât des deux côtés des barricades; 3° que les membres dissidens de l'Eglise romaine, qui sont morts pour Charles X, ou pour la

cause nationale, n'ont pas droit à l'invocation adressée à l'Eternel, sur les autels catholiques du diocèse de Coutances.

>> Ou nous concevons mal la mission toute évangélique des ministres des autels, ou cette exclusion, sur quelque classe qu'elle porte, est contraire aux vrais préceptes, et la pensée seule d'une pareille distinction entre les victimes devroit être repoussée comme antichrétienne. Ah! M. l'évêque de Coutances, priez pour toutes les victimes, dans quelque rang qu'elles aient succombé, sans rechercher de quel côté étoit l'erreur; priez pour tous nos frères morts, car tous en répandant, armés les uns contre les autres, un sang qui ne devoit couler que pour la défense de la patrie, tous ont acquis un égal droit à nos regrets. Mais priez surtout pour le prince coupable qui a forcé des frères de s'entrégorger; priez pour les perfides conseillers qui, loin de le détourner de ce crime, lui en ont déguisé l'énormité. Priez pour eux tous. »

sang

Ne disons rien du ton de cette boutade, et discutons de froid, s'il est possible, les reproches du Pilote :,1° pourquoi eût-ce été un devoir pour les évêques d'ordonner des services pour les victimes de juillet, si on ne leur en avoit pas demandés? pouvoient-ils savoir même si les ordres qu'ils auroient donnés dans le cas auroient été vus de bon œil? On est si disposé à interpréter en mal tout ce que fait le clergé, qu'il ne doit pas être fort empressé de se mettre en avant, et nous en avons la preuve dans le cas même qui nous occupe. Parce que M. l'évêque de Coutances dit que le service se fera pour tous ceux qui sont morts en combattant pour la justice, le Pilote croit qu'il a voulu exclure un des deux partis. Il ignore que cette expression: Combattre pour la justice, est consacrée dans l'Ecriture. M. l'évêque n'a-t-il pas pu croire que, du côté même où la cause paroissoit moins juste, il pouvoit y avoir des gens de bonne foi, qu'on ne devoit pas exclure des prières de l'Eglise? D'ailleurs, comme le dit si bien M. l'évêque de Belley, l'Eglise ne connoît ni vainqueurs, ni vaincus, et elle embrasse, dans sa charité, tous ceux qui portent le signe de ses enfans; 2o le Pilote s'étonne que M. l'évêque de Coutances n'ordonne point des prières pour ceux d'une autre communion, et il va jusqu'à dire que cette distinction entre les victimes doit être repoussée comme antichrétienne. Il faut véritablement ignorer profondément les choses de la religion, pour hasarder de tels jugemens. Faudra-t-il dorénavant porter à l'église les corps des protestans, et célébrer la messe pour eux? La religion doit-elle indistinctement ses secours et ses prières, et à ceux qui les demandent et à ceux qui les rejettent et les méprisent? Un curé sera-t-il antichrétien, parce qu'il refusera d'apporter le viatique à un calviniste, ou de faire un service solennel pour un luthérien? En vérité, ces journalistes sont plaisans avec les leçons qu'ils donnent à un évêque; ils veulent bien lui apprendre ce qui convient à des chrétiens, ils lui font des sermons sur la charité, dont l'Eglise ne connoît peut-être pas les rè, gles aussi bien qu'eux. Ce soin qu'ils prennent ne fait-il pas beau

coup d'honneur à leur discernement? Le Pilote dit à la fin qu'il faut prier pour tous nos frères morts; or, c'est ce que font les catholiques; ils prient pour tous leurs frères morts, et en cela, ils montrent apparemment plus de charité que ceux qui se moquent et de la religion, et de la prière, et ne prient pour personne.

- Un bon Capucin, dont le nom de famille est Demel, et qui vit en ermite dans une chapelle champêtre au territoire de Lorgues, a demandé à M. le préfet du Var un passeport pour Nice, où il désiroit se rendre pour entrer dans un couvent de son ordre. Le préfet a refusé formellement le passeport, alléguant que le bon religieux lui étoit suspect, à cause de son habit et de sa profession religieuse. Ainsi, on avoue qu'il ne faut qu'être religieux pour être suspect aux yeux de l'autorité; est-ce là de l'impartialité, de l'ordre légal? car d'ailleurs il n'y a aucun sujet de plainte à articuler contre Demel, qui mène la vie la plus retirée, et qui ne s'occupe que de son salut. Ne pourroit-il pas réclamer contre un acte aussi arbitraire, et le ministère ou la chambre ne devroientils pas ordonner au préfet de mettre fin à une vexation que rien n'autorise, et que la lettre et l'esprit de la Charte condamnent également?

-L'affaire de M. Leroux, curé de Chazé-sur-Argos, dont nous avons parlé no 1803, a été portée par appel devant la cour royale d'Angers. Cet ecclésiastique avoit été déjà traduit en justice au mois de mars dernier, pour avoir lu en chaire des articles d'un journal sur l'enlèvement des croix de mission, mais la chambre du conseil déclara qu'il n'y avoit lieu à Il fut condamné,

comme on l'a vu, par le tribunal de Ségré, le 31 mai dernier, pour avoir insulté, disoit-on, le substitut du procureur du Roi dans ses fonctious. M. le curé de Chazé ayant appelé, a comparu devant la cour royale d'Angers. Son avocat a plaidé que le substitut n'étoit point-dans l'exercice de ses fonctions, et que le procès-verbal n'étoit pas rédigé dans les formes voulues par la loi. Après avoir entendu le substitut du procureur-général, la cour, adoptant ce double moyen, a infirmé le jugement de Ségré et renvoyé le prévenu de la plainte. Le président a cru pouvoir adresser quelques conseils au curé, sur le zèle qu'il devoit avoir pour maintenir le bon ordre et la paix dans sa paroisse. Plusieurs confrères de M. Leroux étoient présens, et lui ont témoigné la part qu'ils prenoient à la décision de la justice.

- Un journal nous apprend que M. Dubois, ancien rédacteur du Globe, et aujourd'hui inspecteur-général de l'Université, a prononcé, au collège de Rennes, un discours dans lequel, après avoir rendu justice aux bienfaits et à la profondeur de la religion catholique, il a dit ces paroles: Messieurs, nous marchons vers une grande époque, et peut-être assisterons-nous aux funérailles d'un

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grand culte. Le sens de cette prophétie est assez clair, quand on se rappelle ce qu'a dit souvent le Globe, que le christianisme étoit fini, que son règne étoit passé, que la religion étoit morte, que personne n'y croyoit plus, etc.; pensée qui a été souvent présentée dans le Globe sous diverses formes, et toujours avec le ton de l'insulte et du mépris. Cette pensée, M. Dubois n'a craint de la reproduire dans un discours prononcé dans un college, Il a cru devoir avertir les jeunes gens, à qui apparemment on fait suivre dans ce collége les exercices de la religion, il a cru devoir les avertir qu'ils assisteroient peut-être aux funérailles d'un grand culte. Mais ce qui ajoute à notre étonnement, ce sont les réflexions d'un journal sur ce discours :

« On a été étrangement surpris, dit-il, de cette phrase que nous de vons d'autant plus reproduire, que, venant d'un homme dont la tolérance et la loyauté sont connues, elles montrent davantage la fausse position de l'Université par rapport à l'enseignement religieux... Si un homme tel que M. Dubois donne de ces leçons aux colleges qu'il visite, en qualité d'inspecteur, et s'il est même incontestable que c'est son droit de les donner, qu'est-ce que l'Université pour les familles catholiques? Or, il faut le dire, les familles catholiques seroient encore heureuses, si on parloit ainsi de la religion à leurs enfans; ils la respecteroient au moins comme une chose préte à mourir. M. Dubois ne s'est point exprimé en ennemi de notre foi, mais en homme qui veut la liberté des cultes, et qui ne comprend pas comment un citoyen, mettant le pied dans un college, peut, sans hypocrisie, dire d'une religion autre chose que ce qu'il en pense.... Quel corps que celui qui prétend au monopole de l'éducation catholique, et qui, depuis vingt ans, n'a pas dit à ses élè– ves une parole aussi religieuse, aussi droite que celle-ci. »

On ne s'explique point un tel langage dans un journal religieux. Quoi! M. Dubois avoit incontestablement le droit de donner de telles leçons aux élèves du collége? Quoi! les familles catholiques seroient encore heureuses, si on parloit ainsi de la religion à leurs enfans, et on trouve que c'est une consolation pour elles d'entendre dire que c'est une grande chose préte à mourir! Quoi! c'est là une parole droite et religieuse? Y a-t-il de l'ironie dans ces éloges? elle seroit bien déguisée. Tout cela est pour nous une énigme inexplicable dans un journal dont les rédacteurs parlent de l'ardeur de leur foi, de leur dévouement à la religion, de leur catholicisme pur, de leur amour pour la vérité. Qu'amis de M. Dubois,' louent ses talens ou son caractère, on le conçoit; mais approuver qu'il ait dit à des jeunes gens que la religion étoit à la veille de ses funérailles, dire que c'étoit son droit incontestable de parler ainsi, que c'est là une parole religieuse et droite, etc., c'est ce qui auroit besoin d'un commentaire propre à tranquilliser les lecteurs du journal.

ils

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