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PARIS. On a remarqué que, quoique plusieurs conventionnels se fussent inis sur les rangs aux dernières élections, aucun n'a été nommé. M. Barrère, malgré tous ses beaux antécédens, a échoué à Tarbes. Ceux qui étoient rentrés l'année dernière n'ont pas eu plus de suc cès, soit à Paris, soit dans leurs départemens. Mais si nous n'avons pas les pères, nous avons les enfans ou les parens de ces illustres personnages. Nous aurons dans la chambre, non-seulement MM. Girod de l'Ain et Lecarlier, qui étoient déjà de la chambre précédente; mais MM. Bodin, Réal, Havin, etc., qui sont sans doute parens de ceux du même nom, que l'on a vu figurer dans la révolution. M. Baudet-Lafarge, nommé à Riom et à Thiers, n'est point conventionnel, mais sans doute le même qui étoit administrateur du Puy-de-Dôme, et qui fut élu, en 1798, au conseil des Cinq-Cents. It s'y montra opposé au Directoire, et il étoit absent par congé quand la révolution du 18 brumaire arriva. Il étoit juge-de-paix à Maringues en 1815, et fit partie d'une députation envoyée à Buonaparte pendant les cent jours. M. Gasparin, qui vient d'échouer à Orange, est probablement le fils du conventionnel qui avoit voté la mort de Louis XVI; celui-ci étoit député des Bouches-du-Rhône, et est mort depuis long-. temps. Puisque nous en sommes sur les dernières élections, nous avertirons que nous avions compté par erreur une élection double pour M. Pelet; M. Pelet, de la Lozère, n'a été élu qu'à Blois; c'est le géné→ ral Pelet qui a été élu à Toulouse. En revanche, le Constitutionnel compte une autre double élection pour M. Faure, nommé à Gap et à Castel-Sarrazin. Le même journal, dans le tableau qu'il a donné des dernières elections, et qui paroît plus exact que celui du Journal des Débats, copié par plusieurs autres journaux, le Constitutionnel, dis-je, ne compte que 123 réélus parmi les 221. Quelle étonnante ingratitude pour des hommes si fiers, il y a un an, de leur immense popularité!

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L'Ami de la Vérité a douné, dans son no 40, une notice sur le citoyen Decombis, vétéran de 1789, décoré de juillet, appelé à l'honneur de présider la réunion qui eut lieu, il y a quelque temps, au passage du Saumon, et où il se dit et il se fit de si belles choses. La Gazette du Nivernois, du 27 juillet, a répété cette notice, dont nous nous bornerons à donner un extrait. Le citoyen de la Bastille étoit devenu maréchal-des-logis de gendarmerie, en 1815, sous les Bourbons, et M. le chef d'escadron d'André lui rendoit ce témoignage, qu'à l'époque du 20 mars, il avoit été employé à plusieurs missions délicates, dont il s'étoit acquitté avec autant d'intelligence que de dévouement à la cause royale. Le maire de Vaugirard certifioit, le 9 mars 1820, que M. Decombis étoit le serviteur et le sujet le plus fidèle de S. 1. et de l'auguste famille des Bourbons; ces deux certificats sont copiés de la inain même de Decombis. Sa femme étoit institutrice à Vaugirard; il fut accusé d'attentat aux mœurs sur des jeunes filles. En vain produisit-il des certificats favorables du curé et du vicaire de la paroisse. Il fut impitoyablement condamné, le 16 mars 1824, par le tribunal correctionnel de la Seine, à un an de prison, et ar son appel et celui du procureur - général, la peine fut portée, 46

27 avril, par la cour royale de Paris, à dix-huit mois de prison. Le 30 juillet 1824, Decombis présenta au garde-des-sceaux une requête en grâce qui ne fut pas accueillie. Les détails de l'affaire rendent, disoit-on, le coupable indigne de toute indulgence. Voilà le dossier, disoit l'implacable journaliste. Nous nous empresserons d'insérer la réponse que le héros de la Bastille ne manquera pas de faire à ce relevé; il est impossible qu'il ne réclame pas contre une notice perfide, qui tend à compromettre l'honneur des deux révolutions.

Nous serions bien bons de chercher à faire des complimens aux héros de juillet; c'est une tâche dont ils se chargent volontiers euxmêmes, et que personne n'est en état de remplir avec plus de zèle. Tous les noms, titres et qualités qu'ils portent, ce sont eux qui les ont pris; les glorieuses journées, les fêtes et les récompenses nationales, les chants de victoire, paroles et musique, tout cela est de leur composition; il n'est pas jusqu'à l'idée de se mettre au Panthéon et de se donner des tables d'airain qui ne soit venue d'eux. Ce n'est pas certainement pour leur en faire un reproche; mais enfin, ils nous permettront de dire qu'ils ne sont pas modestes, et qu'en fait d'honneurs, de décorations, de récompenses et de complimens, ils ne s'épargnent rien. Seulement nous remarquerons qu'ils ne sont pas forts sur la poésie jusqu'à présent nous ne connoissons d'eux que la Parisienne, et les stances de M. Victor Hugo sur ceux qui sont morts pieusement pour la patrie, et en vérité tout cela ne vaut pas grand chose. On diroit que les muses veulent nous quitter, et que le soleil de juillet ne leur inspire rien qui vaille. Soit que les cerveaux parisiens se trouvent dérangés par l'émeute ou brûlés par la politique révolutionnaire, ils n'ont plus de poésies à nous offrir; et nous sommes obligés de retourner à la Marseillaise, qui ne vaut pourtant pas les 1,500 fr. de rentes dont le Roi-citoyen l'a dotée sur sa cassette. En résumé, nous serions bien trompés si le règne de Louis-Philippe faisoit revivre, pour les lettres, celui d'Auguste ou de Louis XIV; et tout bien considéré, nous croyons que héros de juillet ont mieux fait de mettre leur gloire sous la protection des tables d'airain que sous la garde de M. Victor Hugo.

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Selon le Journal des Débats, il n'y a d'avenir que pour l'opinion qui vient d'applaudir Louis-Philippe à la Bastille et sur les boulevards. Hélas! si l'on jugeoit de la durée des hommes et des choses par les plaudissemens, qui auroit plus duré que Robespierre et son comité de salut public, plus que Buonaparte et son roi de Rome, plus que Louis XVIII et son immortelle charte, plus que Charles X et la mémoire de sa rentrée en France comme lieutenant-général du royaume? Il n'est pas jusqu'à M. le duc d'Angoulême à qui vous n'en ayiez dit et promis autant à son retour de la guerre d'Espagne. Nous n'avons pas encore vu, sous le règne de Louis-Philippe, une scène d'enthousiasme qui approche de cent autres que nous pourrions citer pour en avoir été témoins, avant qu'il fût question de lui, et qui n'ont pas empêché ses prédécesseurs de faire une mauvaise fin. Nous ne lui conseillons donc pas de se trop fier à ces flatteries qui lui viennent du budget, qui ne sont qu'une vingtième édition de celles qu'on a vues avant lui dans la même feuille. Les bonnes prédictions du Journal des Débats n'ont jamais porté bonheur à personne; et nous craignons bien qu'il ne se trompe encore en annonçant que les trois journées de l'anniver

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zire dégouteront de l'émeute. Oui, elles en dégoûteroient peut-être, si Lous avions tous les jours 450,000 fr. à dépenser dans des fêtes, dans les distributions de vivres, d'argent et de drap d'Elbeuf; mais ces jourées-là sont trop chères pour qu'on puisse se promettre d'y tenir longemps et de les renouveler souvent. Ce n'est pas au moment où les chevaux mangent l'avoine qu'ils ont coutume de se battre ; c'est quand il n'y a plus de foin au ratelier.

Par suite de la victoire de l'opposition dans l'élection de M. Dupont de l'Eure, premier vice-président de la chambre, M. C. Périer, président du conseil des ministres, a donné sa démission; MM. Sébastiani, Louis et de Montalivet se retirent également. Le ministère va être changé ou réorganisé; on varie sur sa nouvelle composition. Suivant une des mille versions qui circulent, M. le maréchal Soult deviendroit, président du conseil, où seroient admis MM. Molė, Bignon et Humann.

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Les effets publics ont éprouvé, le mardi 2, une forte baisse à la Bourse. Ce résultat est attribué, tant à un changement de système dans le ministère qu'au bruit d'une défaite des Polonais.

- Une ordonnance du 28 organise dans chaque régiment du génie une compagnie hors-rang.

- Une autre ordonnance de ce jour porte de nouvelles dispositions relatives à l'école militaire de Saint-Cyr et au rang d'admission.

- Les compagnies de fusiliers sédentaires sont supprimées. Les officiers, sous-officiers et soldats qui en font partie sont incorporés dans les compagnies de vétérans créées par l'ordonnance du 26 novembre 1830, lesquelles prendront la dénomination de fusiliers vétérans.

Le préfet de la Haute-Loire a été appelé à Paris, pour rendre compte de sa conduite, à l'occasion de l'élection de M. Berryer à Issengeaux. On dit que le maire de cette ville, M. Bonnet, en donnant sa démission, a accusé l'administration d'avoir favorisé ou tolêré cette

nomination.

— M. Lacau, juge à Rambouillet, est réputé démissionnaire, par suite d'une absence sans congé, depuis le 14 septembre dernier. Il est remplacé par M. Tennesson.

-M. Brissot-Thivars, libraire, a été nommé, par le préfet de police, inspecteur-général de la salubrité, du nettoiement et de l'éclairage, à Paris, en remplacement de M. Parton, admis à la retraite.

-M. de Bellair est nommé colonel, et M. Dodun lieutenant-colonel de la quatrième légion de la garde nationale de la banlieue.

On assure que l'ambassadeur d'Autriche réclame les drapeaux d'Ulm, dont M. de Sémouville a tapissé la chambre des pairs, en vertu des traités de 1814 et 1815, qui ont stipulé que tous les drapeaux pris seroient restitués.

Le 28 juillet, un grand nombre de détenus ont tenté de s'évader de Sainte-Pélagie. Ils avoient déjà brisé un escalier et enlevé les barres de fer, lorsqu'un officier de paix, accompagné de la force armée, les fit rentrer dans l'ordre. Les plus mutins ont été mis au cachot.

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Les journaux avoient désigné M. Ollivier comme un des carlistes. embusqués en Suisse, et formant à Genève la société intime de M. de

Blacas. Me Ollivier, née Eustache, a réclamé contre cette assertion; elle a fait insérer dans les journaux une lettre datée de Saint-Germainen-Laye, le 25 juillet, où elle déclare que M. Ollivier, son mari, est depuis plus de six semaines aux eaux d'Aix en Savoie; que d'anciennes douleurs, suite d'une fracture au bras, l'y ont conduit, et qu'il se dispose à revenir dans sa famille aussitôt que la saison des eaux sera passée. M. Ollivier est celui qui avoit été fait pair par Charles X en 1827.

-Les employés du prétendu atelier national poursuivent aujourd'hui les sieurs Crebassol et Rozier, entrepreneurs, à fin de paiement de 359 fr. qui leur sont dus pour leurs appointemens pendant les douze jours qu'a duré l'entreprise.

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MM. de Montalembert, de Coux et Lacordaire ont adressé directement à la chambre des pairs une requête, pour la supplier de se saisir immédiatement du procès que la cour royale a renvoyé devant elle. Ils annoncent l'intention de porter plainte contre le juge d'instruction qui a ordonné l'apposition des scellés sur les portes de leur école libre. Le ministre du commerce et des travaux publics a accordé, sur les fonds du budget, 10,000 fr. de secours au département du Puy-deDôme, pour les habitans des communes ravagées par la grêle; 2,500 fr. à ceux de Chalantre-la-Grande et Echelle (Seine-et-Marne), victimes du même fléau, et 1,000 fr. aux communes de Saint-Pierre-de-Varenne et de Saint-Firmin, pour le même objet.

On compte dans la chambre des députés dix membres de l'Institut, savoir: MM. Arago, Bory de Saint-Vincent et Gay-Lussac, de l'Académie des sciences; Royer-Collard, Etienne et Viennet, de l'Académie française; Salverte, Dugas-Montbel, Daunou et de Laborde, de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il n'y a que trois membres de l'Université, MM. Gay-Lussac, de la Faculté des sciences, Guizot et Royer-Collard, de celle des lettres. Dans la première fornation des bureaux, trois académiciens ont été nommés présidens, MM. Etienne, Viennet et Daunou, et deux, secrétaires, MM. Arago et de Laborde.

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- Un mandat d'amener, décerné contre M. de Tristan fils, meurant à Orléans, avoit été envoyé dans cette ville par le juge d'instruction d'Angers. M. de Tristan s'est soustrait à l'exécution de ce mandat, et a pris à Cléry un passeport pour Nantes. Là dessus quelques journaux avoient bâti quelque projet d'embauchage. M. de Trisian père et M. de Morogues réclament dans les journaux d'Orléans contre cette accusation. M. de Tristan fils passe la plus grande partie de l'année à la campagne, et s'y occupe de travaux agricoles. Il paroît qu'il a été dénoncé par d'anciens militaires, qui affectoient avec lui des sentimens qu'ils n'avoient pas. Mais il ne seroit venu dans l'idée à personne, à Orléans, de supposer que M. de Tristan, d'une famille honorable, pût faire partie d'une bande de malfaiteurs. Quelles que soient ses opinions, dit M. de Morogues, son oncle, il les soutiendra toujours avec honneur et modération. Il n'est pas bien étonnant qu'il ait pris un passeport pour Nantes, où il a des parens et même des propriétés.

-Cinq cent quarante-un jeunes gens de la Moselle ont devancé l'appel pendant le premier trimestre de cette année, et, dans les trois

mois qui viennent de s'écouler, deux cent deux enrôlemens volontaires ont en lieu dans le même département,

-Beaucoup de volontaires de la légion parisienne, qui n'ont pas voulu prendre d'engagement pour un temps déterminé dans la nouvelle arinée de la Belgique, rentrent en France. Il en est passé un peloton à Valenciennes le 27 juillet.

Le nommé Duffaut, qui, dans une café de Fenouillet (HauteGaronne), avoit proféré des propos outrageans pour Louis-Philippe, a été condamné, par défaut, à 6 mois de prison et 300 fr. d'amende. Neuf individus arrêtés dans les rassemblemens qui eurent lieu en mars dernier, à Villemur, ont été traduits le même jour devant la cour d'assises de la Haute-Garonne. Ils étoient prévenus d'avoir dévasté des bois et attaqué avec violence des agens de l'autorité et de la force publique; grâces à la déclaration du jury, ils ont été acquittés.

-La cour royale de Douay a condamné à 2,000 fr. de doinmagesintérêts un individu qui avoit séduit une jeune personne en lui faisant une promesse écrite de mariage.

La Glaneuse, journal des salons et des théâtres, qui s'imprime à Lyon, est citée en police correctionnelle pour avoir parlé politique sans avoir fourni le cautionnement exigé par la loi.

-Les patriotes de Bourges ont voulu célébrer les glorieuses journées par la plantation d'un arbre de la liberté. Il a fallu un grand déploiement de forces pour empêcher la réalisation de ce projet. Deux des républicains ont été, dit-on, blessés dans leur résistance.

On a tenté d'établir un arbre de la liberté à Nevers. Le maire a publié une proclamation dans laquelle il annonce qu'il s'opposera à cet acte par tous les moyens que la loi met à sa disposition.

Une tentative d'émeute a eu lieu aux environs de la ville de Bazas. Sept individus, mélayers, et une f femme, avoient formé le projet de soulever quelques villages et de marcher sur cette ville, pour la piller. L'autorité, prévenue à temps, les a fait arrêter.

- Le Patriote de la Vienne se plaint beaucoup de ce que 12 membres de la cour royale de Poitiers aient refusé de se rendre au service funèbre des patriotes des trois journées. On sait que cette cour n'est pas en odeur de sainteté auprès des hommes d'aujourd'hui. Les magistrats de Riom out fait le même refus.

On annonce que les Bédouins, encouragés par les succès qu'ils ont obtenus dernièrement, se sont avancés en force jusqu'aux portes d'Alger, après avoir brûlé la ferme - modèle de Mitidjah. Le général Berthezène a été obligé d'ordonner une sortie pour débarrasser la ville, Le prince de Joinville, qui se présentoit en ce moment devant Alger, sur l'Arthémise, a été invité à ne pas débarquer.

-Le roi de Hollande, accompagné de ses fils, a passé en revue son armée. Le prince Frédéric a dit aux officiers que le moment étoit proche où l'on alloit recourir à leur dévouement, pour rétablir l'aucien royaume des Pays-Bas.

- M. Gustave de Montebello, qui est allé combattre pour les Polonais, a eu un cheval tué sous lui à la dernière affaire de Minsk.

On n'a point encore de nouvelle positive de l'engagement décisif qui a dû avoir lieu, entre les Russes et les Polonais, sous les murs de Varsovie. Si le bruit qui a couru ici le 2 se confirme, l'armée russe

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