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A son retour d'une campagne où il avoit laissé bien des funérailles, Buonaparte demandoit à ses courtisans ce qu'on pensoit de lui dans la capitale, et si l'on étoit bien aise de le revoir. L'un d'eux, plus empressé ou plus malin que les autres, se hâta de le satisfaire, en lui disant: Ah! Sire, les Parisiens ne se sentent pas de joie! Si le gouvernement actuel avoit la même curiosité, une infinité de gens pourroient lui faire le même compliment. Supposez, par exemple, que M. de Montalivet demande à quelqu'un ce qu'on pense de sa manière d'administrer les affaires de l'Eglise, de veiller à la conservation du dépôt confié. à sa garde, et de maintenir la liberté des cultes; la réponse ne vous semble-t-elle pas toute prète, et couler de source comme celle du courtisan de Buonaparte?... Ah! monsieur le ministre, les Parisiens ne se sentent pas de joie! Que M. d'Argout demande ensuite ce qu'on pense de sa manière de faire revivre le commerce et de ranimer les fabriques....: Ah! monsieur le ministre, les Parisiens ne se sentent pas de joie! Que M. le maréchal Soult vienne à faire les mêmes questions sur notre intervention armée en Belgique, encore semblable réponse....: Ah! monsieur le ministre, les Parisiens ne se sentent pas de joie! Enfin, que M. Casimir Périer veuille savoir ce qu'on pense de sa guerre aux conscrits réfractaires, des opérations de M. Vidoc en Bretagne, de ses arrestations de suspects et de ses visites domiciliaires, de sa stricte justice pour les vaincus, et en général de tout son système de pacification intérieure; toujours la même réponse qu'à Buonaparte : Ah! Sire, les Parisiens ne se sentent pas de joie!

- M. le maréchal comte de Lobau a été réélu par l'arrondissement de Lunéville, à la majorité de 137 sur 150.

-M. d'Herembault a été élu député à Montreuil (Pas-de-Calais). -MM. Lucien Méchin fils et Chalret- Durrieu, auditeurs de seconde classe au conseil d'Etat, sont nommés auditeurs de première classe; MM. Hochet, Poret-Demorvan et Devaux sont nommés auditeurs de seconde classe.

- Le Moniteur du 5 publie la liste générale des individus qui ont reçu des pensions et des secours en exécution de la loi des récompenses nationales; savoir, les blessés des trois jours, les veuves, ascendans et orphelins de combattans.

-M. Cabanon a déposé un amendement sur le projet de loi relatif à l'article 25 de la Charte, portant que les pairs seroient nommés par le Roi, sur une liste de candidats élus par les colléges électoraux d'arrondissement, en nombre égal à celui des députés; que cette liste seroit toujours tenne au complet, et que le nombre des pairs ne pourroit être moindre du tiers, ni exceder le nombre des députés. L'éligibilité seroit à 35 ans, et l'hérédité toujours abolie.

La commission nominée pour l'examen du projet de loi sur la pairie a cessé ses réunions d'examen. Elle attend la fin du travail de M. Bérenger, son rapporteur.

-Lundi 5, vers deux heures, un grand nombre d'ouvrières en schalls se sont portées, avec quelques hommes, rue du Cadran, pour y briser une mécanique à schalls. L'arrivée de la garde nationale et de la troupe de ligne les a empêchées d'exécuter leur dessein; plusieurs d'entr'elles ont été arrêtées. Cette tentative a troublé la tranquillité da quartier; les boutiques ont été fermées, et, jusqu'à dix heures du soir,

la garde nationale et la garde municipale ont été occupées à dissiper les rassemblemens.

Des altroupemens se sont encore formés le lendemain, dans les rues du Cadran, Montmartre et Montorgueil. Il s'y est trouvé des individus qui se plaignoient hautement de la cherté du pain. On a appelé de la cavalerie dans le quartier pour maintenir l'ordre.

-Le procès des sieurs Bascans et Thouret, gérans de la Tribune et de la Révolution, et Marrast, auteur de l'article incriminé, prévenus de diffamation envers MM. les ministres Soult et Périer, a été appelé, le 5, à la cour d'assises. Le sicur Marrast à demandé la remise de la cause, en prétextant l'absence de l'avocat dont il a fait choix. La cour a refusé cette remise, et ordonné, malgré toutes les réclamations, qu'il seroit passé outre aux débats. Les prévenus ont voulu alors se retirer pour faire défaut; mais le président, M. Jacquinot-Godard, a ordonné qu'on les arrêtât. Ils se sont aussitôt plaints amèrement de cette mesure, et M. Dupin jeune, avocat de M. le président du conseil, ayant déclaré qu'il consentoit à la remise, la cour, sur les conclusions de M. Persil, qui portoit lui-même la parole, a prononcé le renvoi à une

autre session.

La garde nationale de Paris doit être passée en revue par LouisPhilippe, à partir du 11, en quatre dimanches, savoir, d'abord le premier bataillon de chaque légion, et ainsi de suite.

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- Le délai accordé pour la perception des droits réunis expiroit le septembre. Les agens de l'administration s'étoient mis en devoir d'exécuter la loi; mais ils trouvèrent une vive résistance parmi les marchands et entrepositaires de Bercy, près Paris. Le 2, un rassemblement de propriétaires de vins et d'ouvriers, dont plusieurs étoient armés, se forma sur le pont de Bercy, dans le but de s'opposer à l'exercice, La force armée se rendit sur les lieux, et il paroît qu'il y a eu quelques voies de fait, et que l'ordre ne s'est pas rétabli facilement.

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Des scènes fâcheuses ont eu lieu à Saint-Germain-en-Laye, l'occasion de la nomination de deux adjudans sous-officiers de la garde nationale, nomination qui appartient à l'autorité seule. Au moment où ces deux adjudans se présentèrent dans les rangs pour être reconnus, les cris: Nous n'en voulons pas! se sont fait entendre de toules parts. Une grande partie des gardes nationaux vouloient quitter leurs rangs, et on eut beaucoup de peine à leur faire entendre qu'il ne convenoit pas de quitter son drapeau. On s'est empressé de donner connoissance de cette affaire au préfet de Seine-et-Oise.

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Les habitans de Montferrand (Puy-de-Dôme) ont suivi l'exemple de ceux de Beaumont et d'Aubière : ils se sont atiroupės avec quelques gardes nationaux armés, se sont portés au bureau de la régie, où ils ont enfoncé les portes, et se sont emparés des registres, qu'ils out mis en pièces. Les exhortations du capitaine de la garde nationale, commissaire de police et du juge de paix ont été méconnues. Le lendemain, le maire rassembla la garde nationale pour lui faire des représentations; mais on ne l'accueillit que par les cris: A bas les rats! Un bataillon de ligne et la gendarmerie se sont portés sur cette commune, où quelques arrestations ont été faites.

Des rixes s'élèvent souvent, dans le département du Lot, entre les habitans des communes voisines, pour des motifs puérils. Depuis

deux mois, ces sortes de guerres communales ont pris l'aspect le plus affligeant. Le 15 août, les jeunes gens de Saint-Alauzie et ceux de Ĉastelnau, réunis à la fête de Boisse, se sont pris de querelle; ils ont chargé leurs fusils de part et d'autre : quelques-uns ont été tués, et plusieurs autres blessés grièvement. Le procureur du Roi et le juge d'instruction se sont rendus sur les lieux.

- M. Merson, gérant de l'Ami de l'ordre, de Nantes, avoit été condamné à 300 francs d'amende, pour diffamation envers M. Colombel, président du tribunal correctionnel de cette ville. Ce magistrat et le procureur du Roi ont appelé du jugement à minima, et la condamnation a été portée à quinze jours d'emprisonnement, 600 fr. d'amende et 1,000 fr. de dommages-intérêts.

-L'affaire des individus de Tarascon qui avoient planté l'arbre de la liberté en refusant d'obéir aux ordres de l'autorité, el qui se sont livrés à des excès, a été appelée, le 29, à la cour d'assises d'Aix. Tous les prévenus ont été acquittés..

On forme un cordon sanitaire du côté de Sarre-Louis. Des troupes ont été dirigées à cet effet sur les frontières.

Le vice-amiral Roussin est arrivé le 4 à Brest, avec l'escadre portugaise, qu'il a emmenée avec lui.

-Sir Rob. Vivyan a interpellé encore, le 2, le ministère anglais à la chambre des communes, sur le séjour des troupes françaises en Belgique. Le lord chancelier a déclaré qu'il ne pouvoit répondre sans courir la chance d'entraîner la nation dans une guerre, et la motion n'a pas eu de suite.

Un Français, juif de religion, a été maltraité dernièrement en se retirant de Bâle, et a cu, dit-on, le bras cassé. Ces sévices sont attribués à l'opinion dans laquelle sont les Bâlois, que les Français sont cause de l'insurrection de la campagne contre la ville.

- La diète de la Suisse a arrêté que, si l'insurrection continuoit dans le canton de Bâle, quatre mille hommes de troupes fédérales seroient envoyées dans ce pays pour le soumettre.

Le roi de Sardaigne vient d'instituer un conseil d'état.

La Gazette d'Etat de Berlin continue à garder le silence sur les affaires de la Pologne. D'après une lettre de Lemberg, en date du 25 août, publiée dans la Gazette d'Augsbourg, l'armée russe doit atta

quer Varsovie à force ouverte, aussitôt que les troupes du général

Kreutz auront atteint les hauteurs de la capitale sur la rive gauche de la Vistule. Cette ville a été mise en état de défense et approvisionnée autant que possible.

Le bruit s'est répandu qu'une insurrection asssez grave a éclaté à Novogorod-Welicki, par suite des mesures prises contre le choléra. On dit que les résultats ont été plus graves qu'à Pétersbourg, que les officiers et les médecins ont été massacrés. L'empereur Nicolas s'est rendu dans cette ville, mais la tranquillité y étoit rétablie.

- Des troubles ont lieu depuis quelques mois dans l'empire de Maroc; on cherche à proclamer un nouveau sultan. Il s'est formé dans les provinces des bandes qui interceptent les routes et pillent les cara

vannes.

- Les lettres qui arrivent des colonies inspirent de vives alarmes sur le sort des Français qui sont restés à Saint-Domingue. L'autorité a eu

beaucoup de peine à les protéger jusqu'à présent des insultes; mais l'exaspération des noirs, augmentée par la misère et la suspension du commerce, fait craindre des excès.

Des nouvelles de Buenos-Ayres, en date du 12 juin, portent que la guerre continuoit dans l'intérieur, sans succès pour l'un des deux partis. Le général Paez a été surpris et fait prisonnier. Il a été bien traité par le général Lopez. Le président du Chili, Ovella, est mort à San-Yago le 1er février."

CHAMBRE Des députés.

Le 5, MM. les députés se sont réunis dans leurs bureaux; ils se sont occupés de l'examen de différentes propositions.

Ils ont pris connoissance de la proposition déposée sur le bureau par M. Caminade, qui a pour objet l'établissement d'une taxe somptuaire sur les objets de luxe, tels que les domestiques, les voitures et les chevaux de luxe, les chiens de chasse et autres, à l'exception des chiens de garde et de logis.

Le 6, M. de Tracy lit une proposition concernant l'état des personnes dans les colonies. Cette loi, qui renfermeroit 27 articles, auroit pour but de multiplier et de faciliter les affranchissemens des esclaves, et de déterminer les formalités à suivre pour ces affranchissemens.

M. Jouffroy développe sa proposition relative aux pétitions. Il seroit d'avis qu'il ne fût fait de rapport que lorsque la commission auroit jugé l'objet digne de l'intérêt de la chambre. MM. Poulle et Faure combattent vivement cette proposition, par respect pour le droit sacré de péti tion. M. Renouard représente que le meilleur moyen de rendre ce droit respectable, c'est d'écarter toutes les pétitions oiseuses, et qu'il est urgent d'ailleurs d'économiser les momens de la chambre. La prise en considération est rejetée.

L'ordre du jour appelle encore le développement d'une proposition: c'est celle de M. Roger pour restreindre les cas d'arrestation des prévenus de délits, le temps de la mise au secret, faciliter les mises en liberté provisoire et le moyen de poursuivre les arrestations illégales. M. Dozon croit que ces dispositions devroient être placées dans le projet de loi modificatif des peines criminelles. M. Odilon-Barrot repousse cette fin de non-recevoir, et appuie fortement la proposition. Il montre qu'il est urgent de mettre la liberté des citoyens à couvert contre l'abus de la puissance administrative ou gouvernementale, et de faire cesser le supplice moral du secret, qu'on prolonge indéfiniment. Il est du devoir de la chambre de mettre à cet égard notre législation monie avec le temps actuel. La France est sous ce rapport en arrière de l'Angleterre.

que

en har

M. le garde-des-sceaux soutient donne la pules garanties que blicité est suffisante, que le projet de loi sur les peines contient toutes les modifications possibles, que les magistrats n'usent qu'avec réserve du pouvoir dont ils sont investis, et que c'est avec beaucoup de prudence qu'on doit diminuer ce pouvoir, qui leur est indispensable. M. Salverte défend la proposition, qui lui semble dictée par des sentimens de justice, d'humanité et d'égalité, et montre toute la rigueur de la mise au secret. M. Robineau demande l'ajournement, l'état d'agitation des départemens de l'Ouest et du Midi.

attendu

La prise en considération est mise aux voix, et adoptée à une foible majorité, après deux épreuves douteuses.

La chambre s'ajourne au samedi 10. Elle continuera jusqu'à ce jour, dans les bureaux, l'examen des projets de loi et des propositions.

Commission chargée d'examiner la proposition de M. Blondeau, pour une retenue sur le traitement des députés fonctionnaires: MM. Bugeauld, Dariste, Dozon, Caumartin, Bellaigue, Genin, Laurence, Gavaret, Auguis.

Commission chargée d'examiner le projet de loi, portant la demande d'un million pour les mesures sanitaires MM. Saglio, Villemain, Duprat, Coulman, Garcias, Larabit, Jaubert, Gallabert, Eschasseriaux.

:

Sur la situation du Midi.

Une feuille estimable appelle toute l'attention du gouvernement sur l'état des choses dans le Midi de la France. Les événemens funestes qui se succèdent sans interruption, dit-elle, dans cette partie du royaume, les inassacres. de Nîmes et de Tarascon, les plantations d'arbres de liberté faites par quelques furieux, même dans les plus petites communes, malgré le vœu bien prononcé des populations et malgré la défense du gouvernement, l'élection de M. Berryer anéantie à Marseille par une force brutale, et en dernier lieu les violences des 15 et 16 août, sont autant de faits éclatans qui révèlent, dans nos provinces, une situation critique, dont tout nous fait un devoir de rechercher les causes. Ces causes, la Gazette du Midi les assigne, en s'appuyant sur des faits manifestes.

1° On a refusé d'organiser, dans le Midi, les gardes nationales telles qu'elles le sout à Paris et dans le Nord. Quel motif alléguer de bonne foi, dit la Gazette, pour ces éternelles prorogations qui ajournent indéfiniment, parmi nous, l'organisation de ce corps tutélaire? Sommesnous hors la loi? A Montpellier, le préfet casse, de sa propre autorité, les élections faites par la garde nationale, et cet exemple est imité dans plusieurs communes. A Nîmes, à Toulouse, dans tout le Languedoc, il suffit d'être catholique pour en être exclus. Dans presque toutes les autres villes du Midi les homines les plus notables n'y sont point admis, sous prétexte de carlisme, tandis que des prolétaires en font partie, et que leur habillement devient une nouvelle charge pour la commune. A Marseille, une seconde prorogation renvoie au mois d'octobre l'organisation définitive de la garde nationale. Cependant, ce scroit le seul moyen de mettre fin à tant d'agitations. Les rassemblemens, les cris sanguinaires, les émeutes armées ne cesseront que lorsque la force publique se composera de la véritable population..

2° Une seconde cause est la composition des jurys. Les listes formées par les préfets le sont de telle manière, qu'il est dérisoire que le sort intervienne ensuite. La loi est violée dans son esprit par la partialité avec laquelle on repousse tous les noms qui représentent l'opinion du pays. Ce que l'on recherche par cette composition partiale, c'est moius encore l'indulgence pour les émeutes patriotiques et pour les violences révolutionnaires, que des condamnations rigoureuses contre tout ce qui est suspect de royalisme. Les procès intentés à la presse royaliste, dans le Midi, et les arrêts rendus en conséquence,

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