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renforcée par des troupes considérables et commandée par le maréchal Paskewitz, auroit défait complètement le reste de l'armée polonaise. On a été jusqu'à dire que Varsovie avoit dû capituler.

-Le nombre des malades du choléra, à Pétersbourg, qui étoit, le 13 juillet, de 2,212, se montoit, le lendemain 14, à 5,522, dont 198 donnoient seulement de fortes espérances de guérison.

- Des troubles ont éclaté à Pest, en Hongrie, à l'occasion des dispositions prises contre le choléra. Des étudians ont ameuté le peuple, en criant: Pas de choléra, et, entre autres excès, ont enlevé la garde de deux maisons cernées. L'archiduc palatin a fait rétablir la communication entre Offen et la rive droite du Danube; cette mesure a satisfait la population. Les ouvriers malheureux ont été appelés à l'Hôtelde-Ville, pour avoir de l'ouvrage.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 1er août on remarque une assez grande agitation parmi les membres de la chambre, qui se trouve plus nombreuse qu'aux précédentes séances. Après l'admission de quelques députés, dont les pièces sont actuellement en règle, M. Duchâtel, président d'âge, tire au sort les noms de quatre scrutateurs par bureau. M. Charles Giraud (de Maineet-Loire), demande que l'opération importante dont on va s'occuper se fasse avec autant de calmne que d'ordre.

On procède au scrutin pour la nomination du président de la chambre; il y a 355 votans: la majorité absolue est de 178. On trouve 171 suffrages pour M. Girod (de l'Ain), 168 pour M. J. Laffitte, et quelques-uns pour divers membres. Aucun n'ayant la majorité, on recommence un autre scrutin.

Pendant le dépouillement du premier, un incident a causé quelquè mouvement dans la salle. Un bulletin n'a été lu qu'à voix basse, et a été aussitôt déclaré nul par les scrutateurs. L'indignation s'est répandue tout à coup en apprenant que ce bulletin étoit injurieux pour un candidat. On dit qu'il portoit-Jacques faillite. M. Laurence demandoit qu'il en fût donné lecture, afin de faire sentir à la chambre l'odieux de l'acte, mais on n'a pas voulu.

Au second scrutin, il y a 358 votans la majorité nécessaire seroit de 181; mais quelques membres prétendent qu'il faut la compter pour 180, attendu qu'on a trouvé une boule de moins que de bulletins. On convient que la défalcation n'aura lieu que si la majorité est douteuse. Le dépouillement donne 181 voix à M. Girod de l'Ain (vive sensation), 176 à M. Jacques Laffitte et à M. Dupont (de l'Eure).

M. Enouf demande qu'on défalque un suffrage; il reste encore 180 voix, ou la moitié plus une, à M. Girod (de l'Ain), que M. le doyen d'âge proclame aussitôt président de la chambre.

Tous les regards se portent vers la place de M. Laffitte, mais il a disparu. Les membres de la gauche semblent fort étonnés.

On passe à un autre scrutin pour la nomination des vice-présidens. Il n'y a plus que 344 vólans (majorité 175). Les suffrages sont ainsi répartis :

MM. Dupont (de l'Eure), 182; Bérenger, 179; Dupin aîné, 135;

Salverte, 158; Odilon Barrot, 119; B. Delessert, 105; de Tracy, 91; de Schonen, 75; de Rambuteau, 26; de Vatimesnil, 15.

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MM. Dupont (de l'Eure) et Bérenger sont proclamés 1o et 2° viceprésidens.

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Le 2, M. Duchâtel occupe encore le fauteuil. Il lit une lettre de M. Boixo, qui croit devoir donner sa démission, attendu qu'il fait partie de la députation que l'on a invalidée dans la personne de M. Gauthier.

M. Barthe preud seul place au banc des ministres. M. Sébastiani va s'asseoir sur un banc de la gauche. On remarque des conversations très-animées qui ont roulées sur le changement de ministère et la défaite des Polonais.

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M. Royer-Collard, qui paroît pour la première fois depuis l'ouverture de la session, est entouré, à son arrivée, d'un grand nombre de membres. Il est admis.

Sur le rapport de M. Vatout, l'élection de M. Allier, à Gap, est annullée, à raison de plusieurs graves irrégularités, telles que l'inscription illégale d'un électeur sur les listes, etc.

Une protestation avoit été faite contre l'élection de M. Tiburce Sébastiani, en Corse, qui paroît avoir été influencée par une circulaire du préfet et par des adjonctions d'électeurs. L'admission est cependant prononcée.

On admet également M. Horace Sébastiani comme député de la Corse, malgré une protestation signalant sept moyens de nullité. Une discussion s'élève à celle occasion sur l'interprétation de la loi électorale quant au nombre des électeurs et des adjonctions permises dans cer

lains cas.

On procède au scrutin pour la nomination de deux autres vice-présidens. Il y a 345 volans; majorité absolue, 172. Les suffrages sont ainsi répartis: MM. Dupiu, 175; Salverte, 149; B. Delessert, 138; OdilonBarrot, 128; de Schoneu, 40, etc.

M. Dupin aîné, qui a seul la majorité, est proclamé troisième viceprésident.

Un ballotage a lieu ensuite entre MM. Salverte et B. Delessert. Gelui-ci obtient 197 voix et M. Salverte 142. M. B. Delessert sera, en conséquence, le quatrième vice-président.

On passe à un autre scrutin pour la nomination des secrétaires. Le dépouillement donne ce résultat :

Volans, 338; majorité, 170. MM. Cunin-Gridaine, 155; Ganneron, 129; F. Réal, 105; Bernard (de Rennes), 104; Arago, 104; Bodin, 103; Marchal, 99; Boissy-d'Anglas, 97; d'Estourmel, 89; Jacqueminot, 78, et ainsi de suite pour douze autres membres.

Personne n'ayant la majorité absolue, le scrutin sera recommencé. Il ne reste plus qu'à élire les deux questeurs et nommer la commission de l'adresse.

M. Ad. Barthels, ancien rédacteur du Catholique de Gand, puis un des fondateurs de l'Avenir à Paris, vient d'être obligé de quitter de nouveau la Belgique. Il est accusé d'avoir voulu mettre en pratique le

droit d'insurrection, et d'avoir fait partie des associations patriotiques formées récemment en ce pays. Il est arrivé à Lille avec quelques autres membres de l'association patriotique, MM. Spilthooren, avocat; Hellebaut et Van Cleremputt, professeurs; Coster, négociant; Delwart, de Tournay; Augier et Keath, officiers, l'un français, l'autre écossais, mais naturalisés belges. La police de Bruxelles étoit à sa recherche depuis plusieurs jours. Il a dû sans doute revenir à Paris rejoindre ses collaborateurs dans l'Avenir, et son camarade de bannissement, M. de Potter, qui met dans ce journal des articles en faveur de la république. On ne sait si c'est le départ de M. Barthels qui en est cause; mais le Journal des Flandres, l'ancien Catholique de Gand, vient d'éprouver une petite révolution. Les rédacteurs sont changés. M. de Nève, le même qui commença l'entreprise, et qui fut banni avec MM. de Potter et Barthels, vient de rentrer dans le journal comme éditeur. Déjà ce journal, qui prêchoit la république, paroît vouloir revenir sur ses pas. Il contenoit la semaine dernière un article qui, d'après sa précédente couleur, a pu étonner plusieurs de ses lecteurs. On y disoit que la lecture des articles de l'Avenir n'étoit pas sans danger pour quelques personnes, et que de jeunes disciples de M. D. L. M. outroient sans doute les principes de leur maître avec leurs théories de liberté et de république.

M. l'abbé de Haerne, député au congrès de la Belgique, et qui y a parlé et voté en faveur de la république, a écrit de Bruges, le 13 juillet, au journaliste pour se plaindre de l'article où (qui le croiroit?) sa perspicacité découvre une tendance au gallicanisme. Il déclare même qu'il partage l'avis de M.Van Meenen, autre député du congrès, qui a prétendu que c'étoient les principes du gallicanisme qui s'opposoient à la réunion du Luxembourg et du Limbourg à la Belgique. En vérité, ces braves gens sont amusans avec cette idée fixe qui les poursuit. Le roi de Hollande gallican, parce qu'il ne veut pas céder le Luxembourg et le Limbourg! Autant vaudroit dire que c'est le gallicanisme qui nous attirera le choléra-morbus. M. l'abbé de Haerne reproche encore au Journal des Flandres de combattre les doctrines de l'Avenir, et de ne pas parler avec assez de respect de l'écrivain qui préside à ce dernier journal; quant à lui, il ne dissimule pas qu'il est pour le suffrage universel. Le Journal des Flandres a répondu en repoussant à la fois et le soupçon de gallicauisme, qui en effet ne domine guère en Belgique, et le système de la république et celui du suffrage universel. L'Avenir s'est plaint aussi, le 23 juillet, de cet article du Journal des Flandres, mais dans des termes très-modérés ; il s'étonne seulement qu'on puisse parler de la jeunesse de ses rédacteurs, comme s'ils avoient donné des preuves de la foiblesse de leur intelligence, et il proteste de son vif intérêt pour la cause des Belges. Il paroît qu'il veut vivre en paix avec le Journal des Flandres.

Le Gérant, Adrien Le Clerc.

COURS DES EFFETS PUBLICS.Bourse du 3 août 1831.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 53 fr. 50 c., et fermé à 52 fr. 20 c. Cinq pour 100, jouissance du 22 mars, ouvert à 84 fr. 40 c., et fermé à 83 fr. 50 e.

SAMEDI 6 AOUT 1831.

Etat de la religion dans le diocèse de Saint-Louis, aux Etats-Unis.

La partie de l'ancienne Louisiane qui forme à présent l'Etat du Missouri fut d'abord connue sous le nom de haut Canada, et aussi sous celui des Illinois. Les premiers habitans blancs de ce pays étoient français d'origine, et venoient directement du Canada. Ils choisirent en général les meilleures terres le long du Mississipi et des autres rivières, et entourèrent leurs champs d'une seule barrière. Non loin de ces champs qu'ils possédoient en commun, ils construisirent des maisons, qui aujourd'hui forment de très-beaux villages. Ils étoient tous catholiques, et eurent toujours grand soin de pourvoir à tout ce qui étoit nécessaire au culte divin. C'est ainsi que, dans chaque village, on réserva un terrein, donné par le gouvernement ou par les habitans eux-mêmes, pour y bâtir une église, un presbytère et un cimetière. Comme le plus grand nombre des colons venoient du Canada, les nouvelles paroisses, formées de la haute Louisiane, on les Illinois, furent placées sous la juridiction de l'évêque de Québec. Ce prélat envoyoit des missionnaires avec les pouvoirs nécessaires; il en nomma même plusieurs ses vicaires-généraux, pour gouverner immédiatement cette partie du diocèse.

En 1763, la haute et la basse Louisiane furent cédées à l'Espagne. Depuis cette époque, la juridiction spirituelle sur ces provinces fut exercée par des évêques espagnols, c'est-à-dire, par l'évêque de Cuba et par l'évêque siégeant alors à la NouvelleOrléans. Le diocèse comprenoit les deux Louisianes et les deux Florides. M. Pegualvere en fut le premier évêque; mais, quelque temps avant la cession de la Louisiane aux Etats-Unis, il fut transféré à un autre siége dans les possessions américaines de l'Espagne, et le diocèse fut gouverné par des vicaires apostoliques.

En 1802, après la cession de la Louisiane aux Etats-Unis, M. Caroll, premier évêque de Baltimore, fut nommé administrateur de la Nouvelle-Orléans. M. Dubourg lui succéda avec la même qualité, et fut sacré évêque de la Nouvelle-Orléans, à Rome, en 1815. Ce prélat vint, en 1817, à Saint-Louis avec un certain nombre de prêtres et de jeunes gens destinés au sacerdoce. Il avança beaucoup alors les affaires de la religion, pourvut d'une manière avantageuse à la vacance des cures, fonda un séminaire dans le Missouri, un collège à Saint-Louis, un couvent pour l'éducation des jeunes personnes à Florissant, etc. Sur la demande de M. Dubourg, en juillet 1823, M. Rosati, supérieur du sémi

Tome LXIX. L'Ami de la Religion.

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naire de Barrens, et qui avoit été nommé, le 13 août 1822, évêque de Ténagre in part. inf. fut choisi par le pape Pie VII pour coadjuteur de l'évêque de la Nouvelle-Orléans; il devoit résider dans l'Etat du Missouri, et administrer la partie supérieure du diocèse.

En 1826, M. Dubourg s'étant démis de son siége, l'ancien diocèse de la Nouvelle-Orléans fut partagé en deux, et un nouveau siége érigé à Saint-Louis par Léon XII, qui donna l'administration des deux diocèses à M. Rosati. Enfin ce prélat fut nommé par le même Pape, le 20 mars 1827, évêque de Saint Louis. Ce diocèse contient l'Etat du Missouri, le territoire des Arkansas, avec tous les territoires à l'ouest du Missouri, jusqu'à la mer Pacifique la partie des Illinois qui borde le Mississipi lui appartient également. Voici la liste de ses congrégations ou paroisses: Dans l'Etat du Missouri, Saint-Louis, résidence de l'évêque; Carondelet on Videpoche, Saint-Ferdinand ou Florissant, Saint-Charles sur le Missouri, Dardenne, Côte-sans-Dessein, Portage-des-Sioux, Vieillemine et Mine-à-Breton, Mine-à-la-Motte, Sainte-Geneviève, Sainte-Marie aux Barrens, Nouvelle-Madrid; en tout, treize paroisses. Dans l'Etat des Illinois, Mines de la Rivière-aux-Fièvres, établissemens de Sangamo, Cahokias, Prairie du Rocher, Kaskaskias, Chura, English, et autres établissemens voisins; en tout, sept paroisses. Dans le territoire des Arkansas, une seule paroisse, le Poste des Arkansas. Il y a donc vingt et une congrégations ou paroisses dans toute l'étendue du diocèse de Saint-Louis.

Saint-Louis, la ville la plus peuplée et la plus florissante de l'Etat du Missouri, renferme environ trois mille catholiques: aucune secte n'y compte, il s'en faut de beaucoup, autant de prosélytes; elle a été fondée, en 1754, par M. Pierre de La Clède; lui-même coupa les premiers arbres sur le terrein où se trouve maintenant la ville. Un terrein fut réservé pour y bâtir l'église. De temps en temps, un prêtre de la paroisse de Cahokias venoit dire la messe et administrer les sacremens sous une tente : l'église ne fut terminée qu'en 1770; c'étoit un bâtiment en bois, d'une construction lourde, mais solide: elle fut bénie le 24 juin de la même année, sous l'invocation de saint Louis, et elle eut un prêtre résident en 1774 (1). M. Flaget, évêque de Bardstown, est le premier qui ait visité

(1) Les prêtres qui ont desservi cette mission sont, de 1766 à 1769, le Père J. L. Meurin, Jésuite, pasteur de Cahokias; de 1770 à 1772, F. Gibast, pasteur de Kaskaskias et grand-vicaire de Québec; de 1772 à 1775, F. Valentin, premier pasteur de Saint-Louis; en 1776, le Père Hilaire, Capucin; de 1776 à 1789, le P. Bernard, religieux du même ordre; de 1789 à 1793, Le Dru; de 1793 à 1799, Didier; de 1800 à 1804, Janin; de 1806 à 1808, Thomas Flynn; de 1809 à 1811, quelques Trapistes, et de 1812 à 1817, F. Savine, qui étoit aussi pasteur de Cahokias.

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