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Saint-Louis; il fut envoyé par M. l'archevêque Caroll pour administrer le sacrement de confirmation dans cette partie du diocèse, et s'acquitta de sa mission avec le zèle et l'humilité dont il a donné tant de preuves, remplissant toutes les fonctions du ministère comme un simple prêtre. Il fit des fruits étonnans parmi les catholiques du pays.

Pendant le séjour de M. Dubourg à Saint-Louis, de pieuses instructions, en français et en anglais, furent établies. Le nombre des catholiques augmenta singulièrement, en 1818, par des émigrations de différentes parties des Etats-Unis. M. Andreis et M. Niel desservirent successivement la cure. L'administration du diocèse de la Louisiane et le soin du séminaire des Barrens empêchoient M. Rosati de fixer sa résidence à Saint-Louis; mais la nomination de M. de Neckere au siége de la Nouvelle-Orléans, et l'arrivée de Rome de M. de Torretorre, comme supérieur du séminaire de Sainte-Marie aux Barrens, levèrent tous les obstacles.

En 1819, la vieille église de bois étant trop petite pour la paroisse, ou éleva à grands frais un assez vaste bâtiment en briques. Mais le zèle de l'évêque et les généreux efforts des habitans ne furent pas couronnés de tout le succès qu'ils méritoient. Le bâtiment, quoiqu'il ne soit pas entièrement terminé, sert cependant aux cérémonies du culte. On fait aujourd'hui des arrangemens pour en construire un nouveau, et il y a lieu d'espérer que les nombreux et respectables catholiques de cette cité auront bientôt une église à la fois spacieuse et très-belle.

Comme la population catholique de Saint-Louis se compose de Français et d'Américains, les sermons et les instructions se font en français et en anglais. M. l'abbé Saulnier est maintenant fixé dans cette ville auprès de l'évêque, ainsi que deux jeunes ecclésiastiques. M. l'abbé A. Lutz est chargé de plusieurs paroisses éloignées, et visite de temps à autre quelques tribus indiennes.

Saint-Louis compte trois établissemens précieux qu'il doit à la religion le couvent des Dames du Sacré-Coeur, le collége des Jésuites et l'hôpital Mullamphy, dirigé par les Soeurs de la Charité.

Le couvent des Dames du Sacré-Coeur a été fondé par Jean Mullamphy, qui donna à ces Dames un vaste bâtiment en briques, avec vingt-cinq acres de terre situés dans l'enceinte de la ville de Saint-Louis. L'objet de cette institution est l'éducation d'un certain nombre de pauvres filles orphelines, qui y sont reçues et entretenues; le généreux fondateur donne à chacune d'elles 50 fr. en entrant dans l'établissement, et 25 fr. chaque année. Il y a douze Dames religieuses; Mme Duchêne est leur supérieure. Indépendamment des orphelines, les religieuses tiennent une école de charité, où plus de quatre-vingts pauvres filles sont journellement instruites elles ont en outre un pensionnat, où les jeunes demoiselles reçoivent l'éducation la plus soignée. Ce fut

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en 1 1818 que les Dames du Sacré-Cœur vinrent de France, sur la demande de M. Dubourg; elles n'étoient alors que cinq. Leur premier établissement cut lieu à Florissant. Ces religieuses, qui s'occupent surtout de l'éducation des jeunes personnes, furent jugées si utiles, qu'elles ont maintenant six maisons, dont trois dans le Missouri et trois dans la Louisiane. Soixante religieuses dirigent aujourd'hui ces six établissemens. On observera que, dans ce nombre, près de cinquante religieuses sont américaines, nées pour la plupart dans les Etats du Missouri et de la Louisiane; douze seulement, savoir les cinq qui formèrent le premier noyau, et sept autres ensuite, sont venues de France.

L'hôpital Mullamphy est aussi un établissement qui honore à la fois la religion et l'humanité. Il est dirigé par quatre Sœurs de la Charité, envoyées par la maison-mère qui habite la vallée de Saint-Joseph, en Maryland. Le bâtiment ne peut contenir que vingt malades. Ils sont reçus gratuitement, et la religion seule peut inspirer tous les soins dont ils sont l'objet. Cet établissement est dû à la piété généreuse de M. Mallamphy, qu'on trouve toujours disposé à aider de sa fortune à l'accomplissement des desseins où la religion est intéressée; c'est lui qui a donné le terrein, la maison, les meubles, un autre terrein dans la ville, etc. Aussi modeste que généreux, on cut de la peine à le faire consentir à donner son nom à cet hôpital.

Le college de Saint-Louis a été ouvert le 2 novembre 1829. M. Dubourg cut la première idée de cet établissement, et céda le terrein sur lequel il a été construit. M. Rosati, son successeur, sentit également de quel avantage ce college seroit pour le pays; il recueillit 15,000 fr. parmi les habitans les plus respectables de Saint-Louis, et construisit un bâtiment en brique, de cinquante pieds sur quaraute, et élevé de quatre étages. Cet établissement est placé dans l'endroit le plus agréable de la ville, et très-saint. Six professeurs y sont maintenant attachés, et plus de cent élèves le fréquentent. Le Père P. Verhaegen, Jésuite, en est le supérieur.

Saint-Charles est une ville très-agréablement située sur la rive occidentale du Mississipi, à quatre lieues environ de Saint-Louis; elle doit son origine à des Français venus du Canada, qui s'y établirent en 1782, sous le gouvernement espagnol. La plupart, peu aisés, se livrèrent, pendant plusieurs années, au commerce avec les Indiens. Ce ne fut qu'en 1792 qu'un bâtiment grossier, fait de grosses pièces de bois et de terre, fut construit sur un ter-— rein donné le par gouvernement, pour y célébrer les saints mystères. Jusqu'en 1828, des ecclésiastiques de Saint-Louis, de SainteGeneviève, de Florissant ou du Portage-des-Sioux, se chargèrent du soin de cette petite église, où ils venoient seulement de temps en temps; mais à cette époque deux Jésuites se fixèrent dans ce lieu, et la société y fit construire, en pierres, une vaste et belle

église. Les Dames du Sacré-Cœur ont un établissement à SaintCharles. En 1828, elles ouvrirent leur pensionnat et un externat; elles curent de suite plus de quarante élèves. Un Frère, M. Reyselman, ouvrit dans le même temps une école libre pour les garCons; trente-six enfans y reçoivent une bonne éducation. Il y a dans cette paroisse environ six cents catholiques, dont la plupart sont Français; on n'en connoît pas vingt sur ce nombre qui ne fréquentent pas les sacremens.

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Le Portage-des-Sioux est un village situé sur le bord méridional du Mississipi, à deux milles au-dessus de l'embouchure du Missouri, et vingt-quatre milles de Saint-Louis. A une ou deux exceptions près, il est habité par des Canadiens français, qui s'y établirent en 1798. Ce n'est qu'en 1803 qu'on éleva dans ce lieu un bâtiment grossier en bois, pour servir d'église, sur un terrein accordé par le gouvernement. Les prêtres de Saint-Charles prennent soin de cette paroisse, qui est très-édifiante, et qui compte à peu près quatre cents catholiques.

Darden, petit village, reçoit son nom d'une rivière peu considérable qui le traverse; il est à trois lieues de Saint-Charles. Cette petite réunion de catholiques (ils sont à peine cent) est très-fervente; les Jésuites de Saint-Charles desservent leur pauvre église, bâtie en bois et en terre.

Outre ces différentes paroisses, les Jésuites visitent trois fois l'année, sur le Mississipi, Eroye et son voisinage, Louisiane, New-London, Palmyra, en tout trois cent catholiques; sur le Missouri, Hancok - Prairie et ses environs, Maramec, Fulton, Côte-sans-Dessein, Jefferson, Columbia, Francklin, Boonville. II y a dans ces différens lieux deux cents et quelques catholiques.

Des Français venus du Canada ont fondé en 1794, à trois lieues de Saint-Louis, et dans une des situations les plus agréables de la contrée, la ville de Saint-Ferdinand de Florissant. Le gouvernement espagnol leur accorda également un terrein pour y construire une église, ce qui fut exécuté peu d'années après, mais modestement; le bâtiment étoit en bois. Ĉe licu fut d'abord desservi par des prêtres de Saint-Louis, et postérieurement par les Peres Urbain et Dunand, Trapistes. A ceux-ci succédèrent des Jésuites, et ce sont eux qui y font encore aujourd'hui l'office de missionnaires. En 1821, on construisit à Florissant une jolie église en briques, dont l'intérieur n'est cependant pas encore terminé. Deux ans après, les Jésuites y ouvrirent, avec la protection du gouvernement, une école pour les jeunes Indiens; ils en recurent une trentaine. Ils ont maintenant l'intention de transférer cet établissement dans un endroit plus convenable.

On pense que le nombre des catholiques de Florissant s'élève à 480. Il y a aussi dans cette ville un très-bel établissement des Dames du Sacré-Cœur; il est à présent consacré en partie au novi

ciat de cet ordre. Ces dames y ont ouvert récemment un pensionnat à un prix fort modéré, et qui les met à même de répandre les bienfaits de l'éducation dans un plus grand nombre de familles. Déjà, sous le rapport de la religion, cet établissement a produit beaucoup de bien.

que nous

La piété a fait des progrès sensibles dans tous les lieux venons de mentionner; car on a observé que les communions, à Pâques, dont le nombre ne s'étoit pas élevé, en 1824, à 200, avoient atteint 950 en 1830.

Les autres paroisses sont moins importantes cependant, nous essaierons de compléter, quelque jour, cette notice consolante et curieuse, que nous tirons des journaux américains.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. L'archiduc d'Autriche, Rodolphe-Jean-Joseph-Reinier, cardinal, archevêque d'Olmutz, est mort, le 23 juillet, à Baden. en Autriche, des suites d'une attaque d'apoplexie. Ce prince étoit né à Florence le 8 janvier 1788, et étoit le dernier fils du grandduc de Toscane, Léopold, depuis empereur. Il embrassa l'état ecclésiastique, et fut fait, le 4 juin 1819, cardinal du titre de SaintPierre in Montorio, et archevêque d'Olmutz, en Moravie. Sa mort soudaine et dans un âge aussi peu avancé (il n'avoit que quarantetrois ans) a consterné toute la famille impériale.

- M. l'archevêque de Toulouse a aussi adressé une circulaire à ses curés sur le service pour les victimes de juillet, avant d'avoir reçu aucun avis du gouvernement; mais cet avis pouvant, dit-il, lui parvenir chaque jour, et peut-être trop tard pour qu'il cût le temps de donner des ordres en conséquence, le prélat a voulu prévenir des délais et des refus qui seroient interprétés d'une manière contraire à l'esprit de la religion et aux sentimens de son clergé. Il termine ainsi sa circulaire, qui est du 18 juillet:

<< Notre intention est que vous célébriez, le 27 du présent mois, dans votre église paroissiale, si la demande vous en est faite par l'autorité civile, un service funèbre pour tous les Français morts l'année dernière aux affaires des 27, 28 et 29 juillet. Nous invitons les fidèles à assister à ce service, et à prier pour le repos de l'ame des défunts. Nous les exhortons en même temps à conjurer le Seigneur de jeter sur la France des regards de miséricorde, d'en éloigner le fléau de la guerre, surtout les dissentions intestines; d'envoyer du haut du ciel l'esprit de sagesse en ceux qui gouvernent, et dans tous les cœurs l'amour de la paix et la charité; afin que conservant, autant qu'il est possible, une heureuse union avec tous les hommes, nous vivions en toute piété, justice et sainteté. »

- M. l'évêque de Marseille, dans sa circulaire pour le service de la fin de juillet, dit que ce service se fera pour le repos de l'ame de tous les fidèles morts dans la communion de l'Eglise et dans la

paix du Seigneur, pendant les trois derniers jours de juillet. M. l'évêque de Châlons a annoncé que l'on prieroit sans distinction pour tous les morts, sous quelque bannière qu'ils aient servi.

-La province à aussi ses Châtels; quelques diocèses voient des prêtres téméraires braver l'interdit de leurs évêques et exercer leur ministère sous le poids des censures. Le diocèse de Langres présente, à cet égard, un spectacle affligeant; le schisme "désole depuis plus de six mois les paroisses de Roche et Bettaincourt, canton de Donjeux. L'auteur de ce schisme est M. Marche, ecclésiastique né à Doulaincourt, et âgé d'environ 40 ans. Il fut ordonné prêtre en 1816, après des études assez rapides et un court séjour au séminaire. Nommé desservant de Roche, paroisse voisine de son pays natal, il fuyoit ses confrères, et ne voyoit que des hommes qui probablement ne cherchoient pas à lui inspirer le respect pour les convenances de son état. Après bien des admonitions, il fut interdit le 20 février 1830, par M. l'évêque de Langres. D'abord il se soumit, mais ensuite de faux amis lui ont persuadé qu'il falloit six évêques pour l'interdire. Les désastres arrívés à Paris au mois de février dernier, et les insultes prodiguées à la religion, lui parurent une occasion favorable. Les maires de Roche et de Bettaincourt lui ouvrirent les églises et le presbytère. Un nouveau desservant, nommé par l'évêque, étant arrivé sur ces entrefaites, on ne voulut point le recevoir, on lui ferma les églises, on l'insulta grossièrement dans les rues; il fut même question de le jeter à l'eau. Toutefois bon nombre d'habitans s'aperçurent du piége qu'on leur tendoit, et adressèrent des réclamations à l'autorité. M. l'évêque renouvela l'interdit le 24 février dernier, et réclama le concours de l'administration civile. Ce concours n'a pas été heureux. M. le préfet, qui avoit d'abord écrit au ministère en faveur du curé intrus, consentit enfin, sur des ordres réitérés, à enjoindre le 12 mars, au maire de Roche, de fermer les églises et le presbytère au sieur Marche; mais, soit qu'on n'ait pas mis beaucoup de zèle à l'exécution de cette mesure, soit que l'autorité locale ait bravé les injonctions, le prêtre interdit a repris hardiment ses fonctions, et les continue, au grand scandale de tout le pays. M. l'évêque a adressé, le 10 juin dernier, des avis pleins charité aux fidèles de Roche et Bettaincourt. Il rappelle tout ce qu'il a fait pour ramener le sieur Marche dans de meilleures voies; il déclare aux habitans que ce prêtre interdit n'est qu'un intrus auquel ils ne peuvent s'adresser, sans sacrilege, et qui ne leur conféreroit que des sacremens frappés de nullité. Il les engage à recourir aux curés voisins, qui ont reçu des pouvoirs à cet effet, loue la fidélité de ceux qui se sont séparés du faux pasteur, et exhorte les autres à ne point prendre part au scandale et à ne point donner à l'Eglise de nouveaux sujets d'affliction. Cette lettre, également solide et touchante, n'a pas encore produit l'effet qu'on devoit en attendre. Le

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