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de France. Cette cérémonie religieuse ne devoit être ordonnée par MM. les archevêques et évêques qu'après avoir reçu des lettres closes, exprimant, à cet égard, la volonté royale.

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» J'ai l'honneur de vous prévenir que vous ne recevrez pas, cette année, de lettre de Sa Majesté, relativement à la cérémonie du 15 aoû! et qu'ainsi les processions extérieures, dont l'usage avoit été renouvelé en 1814, n'auront pas lieu dorénavant. >>

M. de Montalivet étoit encore mal informé, lorsqu'il dit que l'usage des processions extérieures, le jour de l'Assomption, fut renouvelé en 1814. Cet usage fut renouvelé en vertu d'un décret de Buonaparte du 19 février 1806; ce décret portoit qu'il y auroit le jour de l'Assomption une procession extérieure, et en effet les processions se faisoient depuis ce temps, du moins dans les villes où il n'y avoit pas de consistoires protestans. Ainsi le ministre a trouvé moyen de dire dans une circulaire fort courte deux choses qui ne sont pas, l'une qu'on ne faisoit pas de processions avant 1814, l'autre que ces processions ne se faisoient qu'après des lettres closes du Roi. M. de Montalivet n'est pas heureux dans ses circulaires. Il est toujours bon de chercher à diminuer l'influence et la considération des prêtres; c'est à quoi on vient de pourvoir par une ordonnance royale, concernant les aumôniers des colleges royaux. Les aumôniers étoient assimilés aux censeurs; ils ne le seront plus qu'aux professeurs du premier ordre, leur traitement sera réduit au traitement de ceux-ci, ils n'auront droit à aucun traitement éventuel, ils continueront d'être logés au college; mais, comme il est dit qu'ils seront assimilés aux autres professeurs logés dans l'établissement, il en résulte qu'ils ne seront plus nourris par le collége. Il est clair qu'il est plus dur de perdre ces avantages que si on n'en avoit pas joui, et on peut croire que cette espèce de disgrâce sera aisément sentie par les maîtres et par les élèves, et fera déchoir les aumôniers dans leur esprit. Est-ce là ce qu'on se seroit proposé?

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M. l'évêque de Châlons, qui déjà deux années de suite nous avoit fait passer 200 fr. pour les catholiques d'Ecosse, vient de nous envoyer encore pareille somme pour le même objet, en nous annonçant son intention de compléter la somme de 800 fr. qu'il avoit eu la bonté de promettre, sans préjudice, ajoute-t-il, de ce qu'il pourroit ajouter, si les besoins devenoient encore plus pressans. On reconnoîtra bien là le langage d'un si pieux et si charitable prélat.

M. l'évêque de Saint-Dié a adressé à ses curés une circulaire pour leur rappeler le culte spécial dû à la sainte Vierge:

« Jaloux, dit-il, de suppléer aux témoignages de vénération que les circonstances ne nous permettent pas de lui rendre au dehors, invouons-là avec plus de ferveur dans l'enceinte de nos temples. Environnons ses autels de nos pieux hommages. Elle a toujours accordé à la

France une protection toute spéciale dont nous sommes encore destinés à sentir les précieux effets. Elle nous couvrira de ses ailes maternelles, écartera les châtimens dûs à nos péchés, nous obtiendra de nouveaux bienfaits; la paix et la prospérité dont nous pourrons jouir seront l'ouvrage de l'auguste reine des cieux, qui est le canal de toutes les grâces et de toutes les miséricordes. Heureux le peuple qui l'honore avec une tendresse filiale, et qui, pour en être accueilli favorablement, s'approche avec un coeur pur de la plus pure des vierges! Elle est la mère de tous les chrétiens. Quel motif de confiance pour tous! mais pour nous surtout, M. le curé; car il semble qu'il ait été dit plus particulièrement aux Français : Voici votre mère. Les Français doivent donc s'empresser encore plus que les autres pour lui répéter, dans ce beau jour, avec l'accent de la plus vive piété : Voici vos enfans à qui vous n'avez cessé de donner des marques touchantes de prédilection, et dont vous écouterez toujours avec bonté les supplications et les vœux, toutes les fois qu'ils réclameront votre puissante intercession. Ainsi, M. le curé, vous engagerez les fidèles à ranimer leur dévotion envers Marie, et à se souvenir dans cette solennité que les prières qui monteront vers le trône où elle est assise auprès de son divin Fils, ne seront jamais perdues, ni pour le salut des particuliers, ni pour le bonheur de la France. >>

-M. Gailhard, curé de Séméac, près Tarbes, a adressé requête au conseil d'Etat, pour demander à poursuivre devant les tribunaux le maire de sa commune, le sieur Maumus, qui, le 26 mai dernier, présidant le conseil municipal, traita publiquement le curé de brigand et de scélérat, ajoutant que cet ecclésiastique avoit mérité, par sa mauvaise conduite au séminaire, que le supérieur lui donnât quatre coups de bâton. On sera peut-être étonné, dit M. Gailhard, qu'un prêtre ne se mette pas au-dessus de ces injures; mais cet étonnement cessera, quand on saura que, depuis six inois, il en a supporté bien d'autres, sans se plaindre. Il lui importe, pour le succès de son ministère, de mettre un terme aux continuelles tracasseries que lui suscitent le maire et un prêtre interdit. La requête présentée par le curé est du 27 mai dernier; il n'avoit pas encore reçu de réponse le 7 juillet. L'affaire auroitelle tant traîné en longueur, si ce fût le maire qui eût rendu plainte contre le curé? Le préfet des Hautes-Pyrénées n'ignore point ce qui s'est passé à Séméac. Pourquoi, lui, qui réprime si sévèrement les moindres imprudences d'un prêtre, se montre-t-il si indulgent pour les écarts et les caprices d'un maire? Dernièrement ce fonctionnaire n'a-t-il pas écrit à M. l'évêque de Tarbes, pour lui demander sérieusement la destitution du curé de Horgues, paroisse aussi des environs de Tarbes, parce que ce curé avcit trouvé mauvais que le maire eût, de son autorité privée, placé le buste de Louis-Philippe dans le sanctuaire? Le préfet est convenu que le maire avoit outre passé son droit, et il a même ajouté qu'il ne croyoit pas que le gouvernement souhaitât que le buste du Roi

fût placé dans les églises. Quel excès de condescendance! Cependant, au lieu de demander la destitution d'un maire qui sort ainsi du cercle de ses attributions, on demande la destitution du curé même qui s'oppose à une basse et ridicule flatterie. Rien ne fait plus de tort au gouvernement que de voir ses agens afficher ainsi la partialité la plus décidée.

L'Avenir a donné les explications que nous avions demandées sur son article relatif au discours de M. Dubois. Ces explications consistent à dire que l'impiété franche de M. Dubois vaut mieux que l'hypocrisie de l'Université. Mais cette explication est un sophisme, car il y a un milieu entre l'hypocrisie de l'Université et la prédiction impie de M. Dubois. Qui obligeoit cet homme hono→ rable, comme l'appelle l'Avenir, d'annoncer les funérailles prochaines d'un grand culte? Pourquoi parler de la religion dans son discours? Parce qu'il est inspecteur général, étoit-il tenu en conscience de présenter aux élèves la religion comme prête à mourir? Ne pouvoit-il garder pour lui cette espérance insultante? Quoi! vous ne concevez pas, nous dit l'Avenir, qu'un langage franc et loyal, tel que celui de M. Dubois, fasse moins de mal à la religion que les enseignemens chrétiens de l'hypocrisie ! Mais l'Avenir cherche à donner le change; car il n'avoit point dit que la franchise de M. Dubois feroit moins de mal à la religion que l'hypocrisie de l'Université. Sa phrase n'est point telle; elle portoit que, l'Université n'avoit point dit, depuis vingt ans, une parole aussi religieuse que la prédiction impie de M. Dubois. Or, l'Université seroit vingt fois plus coupable, que cela n'excuse pas une impiété déclarée. Il suffisoit, ajoute l'Avenir, d'un peu de sens et de droiture, pour comprendre qu'en parlant du droit incontestable de donner de telles leçons, nous ne parlions que du droit extérieur, du droit légal et constitutionnel, qui en effet est incontestable. La distinction est subtile, mais elle auroit eu besoin d'être énoncée d'abord; car bien des gens qui ont du sens et de la droiture ont été étonnés comme nous de la phrase du premier article. Il y auroit beaucoup de choses à dire sur ce droit extérieur, sur ce droit légal, constitu tionnel et pourtant incontestable d'insulter à la religion et d'annoncer à des écoliers qu'elle est près de mourir; mais nous nous contenterons de faire remarquer la différence du ton de l'Avenir, entre un homme qui professe nettement l'impiété et un écrivain catholique. Le premier n'éprouve que bienveillance et n'obtient que des éloges; quand au second, il n'a droit à aucun égard, et on réserve pour lui la sévérité et l'amertume des reproches. On l'accuse de perfidie pour avoir sollicité des explications sur un article fort déplacé. Il est assez singulier de voir ces rudes chrétiens se montrer si susceptibles et si châtouilleux pour ce qui les touche personnellement, et si indulgens pour un discours injurieux à la religion.

NOUVELLES POLITIQUES.

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PARIS.Jusqu'à présent nous savions mieux ce que les journées de juillet nous avoient coûté en argent qu'en hommes. Les chiffres du budget s'expliquoient clairement sur le premier point. Quant à l'autre, les trioles avoient tellement embrouillé les calculs, qu'on auroit pu prendre leurs barricades pour de vraies Thermopyles. Heureusement les tables d'airain ont paru pour nous consoler un peu. Elles font foi que l'héroïque population de Paris n'a pas perdu au-delà de 400 hommes, parmi lesquels il ne se trouve ni un député, ni un électeur, ni un journaliste, ni un fonctionnaire public, ni un avocat, ni enfin personne de ceux qui avoient le plus poussé à la roue pour l'insurrection. Vous direz à cela que, n'importe qui soit mort, il n'y a pas une vie d'homme qui ne vaille infiniment mieux que le résultat de la glorieuse révolution. Nous sommes fort de votre avis là-dessus. Mais enfin, nous cherchons à nous consoler, et nous prétendons que les tables d'airain sont faites pour adoucir notre mai. En effet, il demeure constaté par elles que les trois journées ne nous ont pas autant coûté d'hommes que les trois premiers coups de canon à mitraille que le général en chef de la garde nationale de Paris fit tirer sur le peuple au Champ de Mars, le 17 juillet 1791; saus compter l'horrible carnage qui s'en suivit à l'arme blanche, à la mousqueterie et à la bayonnette. Toujours dans la pensée de chercher des consolations, nous remarquons avec plaisir que Parisiens n'ont point gardé rancune à ce brave général, et que par conséquent ils sont capables d'oublier le moins, après avoir oublié le plus. Et tandis que nous en sommes sur les rapprochemens, ajoutons qu'il arriva tout juste à l'affaire du Champ de Mars ce qui arriva à celle des barricades: pas un député, pas un membre de club, pas un orateur de la place publique, pas un journaliste ne se trouve pris à la mitraille de M. de La Fayette. Ainsi vous voyez qu'il étoit reçu dès-lors que ces choses là n'étoient bonnes qu'à faire faire par le peuple, et pas à faire par soi-même.

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Les premiers rapports publiés à Paris sur la reprise des hostilités entre les Hollandais et les Belges nous paroissent se ressentir un peu de ce que l'on ne connoît pas bien en France les délimitations de territoire qui font l'objet de la dispute, et de ce que la première révolution française a introduit dans les possessions respectives une confusion à ne se plus reconnoître. Pour se faire une juste idée de la contestation principale, il ne faut pas perdre de vue, qu'avant la conquête de Dumourier les deux rives de l'Escaut appartenoient à la Hollande, à peu près jusqu'à la hauteur d'Anvers; possession importante et précieuse, hérissée de forts, de batteries et d'écluses à inondation, qui rendent formidable cette partie de la défense du pays. D'après les premières opérations de l'armée hollandaise, il est aisé de juger que l'objet de la guerre actuelle est là plutôt qu'ailleurs. En effet, toutes les petites places fortes de la rive gauche de l'Escaut ont des garnisons qui paroissent être sans proportion avec leur taille cette langue de terre est occupée par dix mille hommes, qui ne se bornent pas à la défensive, mais qui font des sorties vers Gand et Bruges. Ces troupes ont une retraite assurée dans leurs forts, leurs places de guerre, leurs puissantes batteries du fleuve, et surtout dans les inondations redoutables où elles

peuvent s'enfermer d'un moment à l'autre, parce qu'elles seules en ont les clés entre les mains. Ce Capitalen-dam, dont les journaux parlent sans en donner l'explication, est une écluse capitale, comme le mot le dit, et qui peut mettre sous l'eau, quand on veut, une grande étendue de pays autour du Sas-de-Gand. Ce qu'il y a de plus fâcheux pour les Belges, c'est que dans tout ce qui se fait pour la défense des possessions de la rive gauche de l'Escaut, ce sont les Hollandais qui ont droit et raison, non-seulement en vertu des protocoles de Londres, mais en vertu de tous les titres anciens de possession.

- Le Moniteur assure qu'au moment où la résolution de la guerre a fait rester le ministère à son poste, un grand nombre de propriétaires et de négocians de Paris alloient adresser à Louis-Philippe une pétition, pour le prier de ne pas accepter la démission de M. Casimir

Périer.

La commission de l'adresse s'est réunie, le 5, à l'hôtel de la présidence. On dit que les membres de l'opposition ont compris que, puisqu'ils n'avoient pas la majorité, ils devoient, dans les circonstances graves où nous sommes, se rallier à la majorité des ministres, sauf à examiner ultérieurement leurs actes dans les discussions parlementaires. Il paroît que cet avis a été émis, avant tout, par M. Dupont (de l'Eure). L'adresse seroit donc rédigée de manière à conserver le cabinet actuel.

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M. Etienne est nommé rapporteur de la commission de l'adresse de la chambre des députés. C'est aujourd'hui mardi que doit avoir lieu la discussion, en séance générale, du projet d'adresse. La commission de la chambre des pairs a nommé M. Siméon pour son rapporteur.

M. Berryer est de retour à Paris; il a assisté à la formation de la commission de l'adresse à la chambre des députés.

Sur un rapport de M. d'Argout au sujet du choléra-morbus, une ordonnance du 26 juillet a porté de 1 à 22 le nombre des membres du conseil supérieur de santé. Ce conseil se réunira au moins une fois par semaine. Le vice-président soumettra à l'approbation du ministre les avis et propositions, et pourra même correspondre pour l'instruction et l'expédition des affaires. Une commission de trois ou cinq membres s'assemblera, tous les jours, au ministère, pour s'occuper des affaires courantes et urgentes.

-Le conseil supérieur de santé étoit déjà composé de MM. Hélyd'Oissel, président; de Gerando, Domin. André, Odier, de Montfort, Moreau de Jonnès, Bailly, Keraudren, Pariset, David, Fleuriau de Bellevue : il leur sera adjoint MM. Halgan, Pouyer, Jacqueminot, J. Lefebvre, Pillet-Will, Vernes, Dubois, Marc, David, Gay-Lussac, Gallois-Mailly.

- La police a procédé à la saisie de deux écrits en forme de tableaux synoptiques, intitulés: Appel à tous les patriotes lassés du joug de l'absolutisme, ou Nécessité d'expulser les Jésuites de l'Europe constitutionnelle, et d'opposer un frein à l'intolérance du clergé catholique, tableau exact de toutes les menées et intrigues; par M. Feutré. L'auteur est prévenu du double délit d'outrage à la religion catholique, d'excitation à la haine et au mépris contre une classe de citoyens.

On a saisi le 5, dans les bureaux de la Société pour la publication des brochures, et chez le libraire Dentu, la vingt-huitième production

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