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le nom de Jehouda, Siméon celui de Schimone, Rachel celui de Ra'hel, Ruben celui de Reoubene, Pharaon celui de Par'au; la terre de Gessé s'appelle la terre de Goschène, etc. Enfin, c'est un travestissement général. M. Cahen se trompe, s'il croit' se donner par là un air d'érudition; pas un seul de nos plus célèbres orientalistes n'approuve son mode de transcription.

Ce qu'on peut conclure de tout ceci, c'est que la Bible de M. Cahen ne peut avoir l'approbation ni des chrétiens, qui ne reconnoissent d'autres règles d'interprétation des livres saints que celles reçues par l'Eglise; ni des juifs, qui ont déjà fait entendre leurs réclamations; ni des littérateurs, quels que soient leurs principes et leurs opinions, parce que cette traduction est bizarre, affectée, quelquefois barbare et inintelligible, et que d'ailleurs tout le travail n'est nullement à la hauteur de l'état actuel de la science biblique.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le Moniteur de jeudi a pris la peine de répondre à ce que nous avions dit de la circulaire de M. de Montalivet sur les processions de la fête de l'Assomption. Le Moniteur dit qu'on a dénaturé l'objet de la circulaire; mais comment pourrions-nous l'avoir dénaturée, puisque nous en avons donné le texte littéral, saus en rien omettre? Le Moniteur ne peut nier qu'il n'y ait dans cette circulaire deux choses fausses, l'une que la procession ne se faisoit point sans lettres closes du Roi, l'autre qu'elle ne se faisoit plus avant la restauration. Aussi son embarras est visible; il se jette à côté de la question; il dit que le décret de Buonaparte, du 19 février 1806, concernoit principalement la fête de saint Napoléon. Mais, quand cela seroit, cela ne prouveroit point qu'il n'y cût pas de procession le jour de l'Assomption. De plus, le décret du 19 février porte que la fête sera célébrée aussi en mémoire du établissement de la religion catholique en France, et cet objet étoit en effet assez important pour mériter qu'on en rendît à Dieu des actions de grâces. Il pouroit très-bien se concilier avec l'exé-cution du vœu de Louis XIII. Le Moniteur a l'air de supposer qu'on ne faisoit plus mention de ce vou sous Buonaparte ; c'est une nouvelle erreur qu'il ajouté à celles du ministre. Toutes les prières qui se faisoient pendant la procession de ce jour parlent da vou ou le supposent. Dans les livres d'église imprimés sous Buonaparte, il étoit dit que la procession se faisoit pour le vœu de Louis XIII. Dans plusieurs paroisses mêmes, on lisoit en chaire l'édit de Louis XII en 1638. Il est donc constant que la procession se faisoit aussi pour cela, que Buonaparte le savoit, et qu'il

n'y mettoit point d'obstacle, plus tolérant en cela qu'un petit-fils de Louis XIII, qui interdit une procession ordonnée par son pieux aïeul. Partant, nos remarques sur la circulaire subsistent, et le Moniteur, par sa réponse embarrassée, n'a montré que l'impossibilité de contester les deux méprises que nous avions reprochées au ministre.

Le ministre des finances a fait démentir à la Bourse l'annonce faite par le Journal des Débats que de nouveaux désordres se seroient manifestés dans les légations romaines. Mais ce n'est pas seulement le Journal des Débats qui a dit cela; d'autres journaux ont même donné plus de détails sur les troubles de la Romagne. Le Constitutionnel du 1er et du 7 août a rapporté ce qui s'étoit passé à Bologne et à Forli, le refus de recevoir les troupes du Pape, la formation des gardes civiques, la résistance aux édits, la résolution de ne pas payer d'impôts, etc. Des lettres particulières d'Italie confirment ces tristes nouvelles. On craint donc que le ministre des finances ne se soit trop avancé dans son démenti; il seroit possible à toute force que M. l'abbé Louis ne fût pas bien au courant de ce qui concerne l'Etat de l'Eglise.

- Le mardi 9 août, on a fait au collège Saint-Louis la distribution des prix pour l'instruction religieuse des élèves. Elle a été présidée par M. l'abbé Mathieu, grand-vicaire du diocèse et curé de la Madeleine, qui a adressé aux élèves un petit discours plein à la fois de sagesse et d'à-propos.

<< Messieurs, leur a-t-il dit entre autres, la science de la religion a été de tout temps celle des grands esprits et des bons cœurs. Vous êtes heureux d'avoir saisi cette vérité, et de vous être livrés avec ardeur à l'acquisition de connoissances aussi précieuses pour l'homme qui sait s'estimer, et qui veut s'assurer une éternité de bonheur. Le soin avec lequel vous avez recueilli ces instructions fondamentales, qui nous montrent les bases de la religion semblables à ces rochers éternels contre lesquels vient se briser la fureur des vagues, la judicieuse mâturité des réflexions dont vous avez accompagné ces extraits, et bien plus encore les sentimens de foi qui y percent, tout nous donne la confiance de penser que vous avez pénétré l'utilité de cet exercice, et que vous en avez recueilli les fruits. Il élève l'esprit, il rectifie les idées, il enflamme le cœur. Les inspirations de la religion sont toujours les plus belles, parce qu'elles sont les plus nobles si ses instructions s'abaissent jusqu'aux élémens de la doctrine, elles s'élancent aussi jusqu'à des hauteurs sublimes, et dans celle progression variée, on trouve toujours de quoi admirer et de quoi

aimer. »

M. l'abbé Mathieu a fini en exhortant les élèves à persévérer dans leurs bons sentimens. Leur attention, pendant ce discours, a prouvé qu'ils sentoient l'importance et la sagesse des conseils qui leur étoient adressés. Les prix d'analyse des conférences sur la divinité du christianisme, que M. l'abbé Sanguinède, premier au

mônier, fait tous les dimanches aux élèves de philosophie et de rhétorique, ont été donnés aux élèves Canillac, Martineau et Desjardin; les autres prix d'instructions religieuses ont été répartis entre sept élèves. Il y a eu aussi des prix pour la récitation de l'Evangile pour les plus jeunes. Toute cette séance a été intéressante pour les élèves et pour leurs parens : elle a prouvé qu'on ne s'occupoit pas seulement dans l'établissement d'études classiques et de progrès littéraires, mais qu'on y travailloit aussi à faire connoître et aimer la religion et à en développer les preuves. Les chefs de la maison ont compris sans doute qu'ils ne pouvoient mieux justifier la confiance des familles qu'en secondant de tout leur pouvoir un enseignement si précieux pour la jeunesse, et devenu plus nécessaire que jamais au milieu de tant d'exemples contraires. - Quelques jours avant l'anniversaire de juillet, le sous-préfet et le maire d'Aix demandèrent aux grands-vicaires capitulaires, d'abord un service pour le 27, puis pour le 29 une messe solennelle d'actions de grâces en mémoire de la révolution. Une telle demande pouvoit être rejetée; car, d'après l'usage comme d'après l'esprit et la lettre des articles orgnaniques du concordat (art. 49), il n'appartient qu'au gouvernement de demander des prières, et les autorités locales n'ont, à cet égard, aucun droit. Cependant, les vicaires-généraux s'assemblèrent; le premier grand-vicaire, M. Boulard, refusa, dit-on, de prendre part à la délibération : on assure de plus que, pendant que les grands-vicaires délibéroient, le sous-préfet et le maire furent introduits et assistèrent à la délibération. Rien n'étoit sans doute plus irrégulier: cela rappeloit ces conciles des Ariens, où les commissaires de Constance entroient pour intimider les évêques et dicter leurs suffrages. Les grands-vicaires d'Aix prirent donc, en présence des deux fonctionnaires publics, une délibération dont le résultat fut qu'il seroit fait des prières pour les chrétiens morts dans le sein de l'Église les 27, 28 et 29 juillet, et de plus, qu'il seroit chanté une messe solennelle le 29, pour remercier Dieu des grâces reçues, et lui demander la continuation de ses bienfaits. L'ordonnance étoit signée de M. Gal, absent notoirement depuis plus d'un mois, de M. de Suffren, chanoine et grandchantre, qui protesta dès le lendemain contre sa signature, et de deux autres vicaires capitulaires. Cette ordonnance, qu'un journal de province appelle nettement l'Ordonnance de M. Rey, a fort étonné dans le diocèse. La messe a été célébrée à Aix; un prêtre s'est trouvé, dit le même journal, qui, au milieu de ce vaste bruit de croix renversées, au milieu de l'amertume du sanctuaire, a osé lever au ciel une voix triomphante, et célébrer un sacrifice d'actions de grâces..... Nous avions cru que des lèvres d'un ministre de paix ne devoient descendre que des paroles d'oubli pour les passions et de respect pour l'infortune. Mais ici des vœux solennels ont renouvelé la proscription d'un vieillard et d'un enfant. Ces chants de triomphe

pour les vainqueurs étoient comme le chant de mort des vaincus. Et c'est dans un temple qu'on a insulté à la vertu malheureuse! Ainsi parle la Gazette du Midi du 3 août. Ce qui est certain, c'est que l'exécution de l'ordonnance a rencontré beaucoup d'opposition dans le diocèse. Plusieurs curés se sont refusés, non à célébrer le service du 27, mais à chanter la messe d'actions de grâces du 29, Dans l'ancien diocèse d'Arles surtout, cette partie de l'ordonnance a été vue de mauvais oil. En plusieurs endroits, il n'y avoit personne, absolument personne à la cérémonie du 29. A Orgon, M. le curé a cru devoir obéir à l'invitation du grand-vicaire; le corps municipal et le capitaine de la 2o compagnie d'ouvriers d'adminis tration, en garnison dans cette ville, ont assisté à la messe; sans cela, l'église eût été déserte, pas un habitant d'Orgon n'y a paru. On prétend dans le diocèse que l'épiscopat doit être la récompense du dévoûment et de la complaisance de l'auteur de l'ordonnance. Nous nous refusons à croire à de tels bruits.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. De l'aveu de nos hommes d'Etat, la religion a toujours su micux faire ce qu'elle fait, que les gouvernemens qui ont eu la présomption de vouloir substituer leur sagesse à la sienne. C'est ainsi que M. Bignon a déclaré qu'il auroit fallu faire comme elle, pour préserver le midi de l'Europe de la contagion du choléra-morbus. A la place de M. Sébastiani, elle seroit intervenue, selon lui, dans la guerre de Pologne, pour imposer à la Russie ce qu'on appeloit dans le moyenage la trève de Dieu, la paix du Seigneur, et c'est au nom de l'humanité qu'elle se seroit interposée entre les parties belligérantes pour les empêcher de propager la peste. Tel est le modèle de conduite que M. Bignon auroit voulu voir adopter par les ministres du Roi Philippe. La trève de Dieu, la paix du Seigneur, voilà le droit d'intervention qu'il leur convenoit d'exercer, et les saintes conditions qu'ils auroient dû dicter pour faire suspendre les hostilités. Oui, mais M. Bignon a oublié une chose dans cette affaire; c'est que, pour exercer sur les autres ce genre d'autorité morale et religieuse, il faut commencer par être en meilleure odeur de sainteté que nos hommes de juillet et de février. Vous figurez-vous des ambassadeurs du Palais-Royal arrivant en Pologne et en Russie, en même temps que la nouvelle du pillage de l'Archevêché, des destructions de croix, et des profanations de toute espèce commises dans le lieu saint, en haine de la Divinité? Vous les représentez-vous arrivant au nom du ciel, et tant de leur poche des instructions évangéliques pour imposer la paix du Seigneur, la trève de Dieu, en vertu d'une pieuse mission signée Barthe ou Montalivet!... En vérité, on regrette presque que ce ne soient pas des choses dont on puisse rire; car on auroit du plaisir à se figurer les nouveaux missionnaires s'en allant dans les cours étrangères, parler de la part de Dieu, contre une peste mille fois moins redoutable que celles qu'ils auroient laissée dans leur propre pays.

Nous sommes fâchés de le dire aux ministres du roi Philippe, mais

ils ne réussissent ni dans la paix, ni dans la guerre. Ils formoient une des cinq grandes puissances qui s'étoient chargées de faire exécuter les décisions du congrès de Londres, à l'égard de la Hollande et de la Belgique; et voilà que tout le poids de cette intervention commence par tomber sur eux seuls. Eucore si ce dévouement et cette bonne volonté leur valoient quelques témoignages de satisfaction, quelques remercîmens de la part de ceux auxquels ils éparguent la peine de s'en mêler! Mais non, ils donnent tout pour rien, et jamais guerre n'a été faite plus clairement aux dépens de ceux qui l'entreprennent. Non-seulement on ne leur en sait pas de gré, mais on leur demande de quoi iis se mêlent, et en les traite presque en gens suspects; on exige même qu'ils nourrissent les malheureux ouvriers qu'ils envoient travailler pour les autres. Tout ce qu'on a pu faire a été de verser de la bière à nos troupes sur leur passage, avec promesse de les faire boire pendant quatre jours aux frais du roi Léopold; après quoi c'est notre budget qui doit faire le reste pendant toute la durée de l'expédition. Réellement on n'est pas meilleur que notre ministère, et plus mal récompensé : des soupçons, méfiances, et quelques quartauts de bière de Louvain, voilà tout. Cependant nous sommes bien modérés; nous ne demandons pour toute indemnité que l'honneur d'installer le prince anglais dans sa préfecare, pour nous retirer ensuite tranquillement avec quelques milliers 'hommes de moins et quelques millions de dettes de plus. Il est vrai que M. le duc d'Orléans et M. le duc de Nemours ont eu le plaisir, à ce que disent les journaux, de découvrir, des hauteurs de Mons, l'ancien champ de bataille de Jemmapes; mais s'ils avoient pu le voir à meilleur marché, cela nous auroit autant convenu.

des

Une ordonnance du 18 juillet accorde un secours extraordinaire de 200,000 fr. aux réfugiés espagnols, portugais, italiens, etc.

-On se rappelle que M. Maréchal, horloger-bijoutier, faubourg Saint-Denis, a été le prétexte et la victime des trois journées d'émeutes du mois de juin, pour avoir chassé de chez lui un colporteur qui s'y présenta à plusieurs reprises, en lui offrant des chansons en l'honneur de Buonaparte. M. Maréchal étoit prévenu d'avoir frappé ce colporteur: les débats ont établi mercredi dernier, devant le tribunal correctionnel, que ce marchand avoit été obligé de repousser par la force cet individu, qui s'introduisoit chez lui d'une manière suspecte, et il a été acquitté.

Des individus arrêtés, le 15 juin, dans les émeutes qui eurent lieu aux environs de la rue Saint-Denis, ont été condamnés, le 9, savoir: le nommé Pondoux à une année d'emprisonnement, le nommé Coeffet à six mois, et les autres à trois mois et quinze jours de la même peine. Il ont été convaincus d'avoir lancé des pierres, et adressé des injures et des menaces à la garde nationale.

Le dey d'Alger est arrivé, le 10, de Livourne à Paris, et est descendu dans un hôtel garni de la place Vendôme.

Des désordres graves ont eu lieu à Uzès le 31 juillet, à la suite de la plantation d'un arbre de la liberté. Plusieurs maisons ont été dévas– tées et pillées, et un jeune conscrit a été tué dans un café.

Une nouvelle discussion s'est engagée, le 9, à la chambre des communes, à Londres, au sujet de l'entrée des troupes françaises en Belgique. Le marquis de Chandos et lord Stormont avoient demandé si

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