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M. Barthe représente qu'on ne peut porter ainsi atteinte aux droits de la couronne, et faire descendre le gouvernement dans la Chambre. M. Mauguin réplique, au milieu de l'agitation, qui se termine enfin, sur l'observation de M. Dupin, qu'il convient de ne s'occuper que de

l'adresse.

M. Bignon entre dans de longues considérations sur la politique étrangère. Il trouve que notre expédition de Belgique n'est que l'agent d'exécution de la conférence de Londres, et il espère que les puissances n'iront pas Lous altaquer, au moment où les Belges vont être réunis à notre armée. L'orateur critique toutes les négociations qu'on a suivies pour les affaires de la Belgique, et montre quels fâcheux résultats elles pourroient avoir. Quant à la Pologne, il demande que l'on mette dans l'adresse cette phrase: Non, la nation polonaise ne périra

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La séance se termine par un discours de M. Salverte, qui s'attache principalement à repousser les soupçons de républicanisme qui planent sur certaines personnes, et entre autres, sur lui et ses amis.

Le 1, M. le président lit une lettre de M. Félix Réal, élu dans deux collèges de l'Isère, annonçant qu'il opte pour celui de Vienne. L'absence de MM. Sébastiani et Lamarque accrédite le bruit qui s'est répandu d'une rencontre entre eux, par suite de la discussion d'hier.

M. Demarcay renonvelle sa proposition de nommer dans chaque bureau, pour l'examen de la loi du budget des dépenses, autant de commissious qu'il y a de ministères.

M. de Schonen en présente une tendant à rapporter la loi du 8 mai 1816, qui a aboli le divorce.

On reprend la discussion de l'adresse. M. Tavernier voit avec peine Firritation qui s'est manifestée dans la délibération. M. Fiot votera pour le projet, s'il est convenablement modifié. M. Rémusal examine quel système le gouvernement doit suivre en ce moment, et trouve qu'il doit continuer à maintenir l'ordre à l'intérieur et assurer la paix à l'extérieur. La guerre que propose l'opposition est une guerre de principes, qu'on voudroit étendre de contrées en contrées, pour convertir les gouvernemens despotiques à coups de canons. Il nous seroit impossible de secourir la Pologne à main armée, sans soulever contre nous tout le continent. La guerre universelle a été tentée par la Convention et par Buonaparte; qu'on se rappelle ce qu'elle a coûté et ce qui en est résulté. La guerre sera toujours fatale à la liberté. Le meilleur moyen de conserver les fruits de la révolution de juillet, c'est la marche commencée.

M. Pagès prétend que, vis-à-vis de l'étranger, du Midi, des émeutes. de la capitale, etc., le ministère a tout sacrifié à la peur. Sa pusillauimité est plâtrée de déceptions et de mauvaise foi. Par suite de sa conduite diplomatique surtout, il est impossible que la France tombe plus bas. (Violens inurmures.) MM. Thiers et Vatout principalement interrompent l'orateur, qui termine en disant que le gouvernement n'a rien fait pour le peuple, et que, si celui-ci a fait des émeutes, c'est qu'il étoit poussé par la faim, qu'enfin il est indispensable que l'adresse signale convenablement les actes des ministres, qui sont au même de nature à motiver une mise en accusation. (Longue agitation.)

M. Thiers rétablit le sens de quelques passages de son discours, que le préopinant a faussement interprêtés, en ce qui concerne la Belgique. M. Barthe, garde-des-sceaux, regrette que l'on veuille faire entendre à cette tribune une éloquence de clubs, et qu'il ne devienne plus possible de répondre à une opposition qui va jusqu'à calomnier les intentions des dépositaires de la confiance du Roi. Pour que les libertés arrivent au pays, il faut qu'elles soient formulées par les lois. On ose dire que les émeutes sont provoquées par le ministère, et pourquoi ne pas convenir qu'elles sont les œuvres du parti républicain ? (M. Salverte demande la parole.) Lorsque la république n'a été qu'une opinion, on l'a respectée; mais aujourd'hui qu'elle agit, le gouvernement doit ia combattre. Arrivant aux troubles de l'Ouest, M. Barthe exposé tout ce qu'on fait pour les réprimer. Cinquante Suisses avoient été enrôlés pour ce pays, on est déjà parvenu à en arrêter 44, ainsi que l'embaucheur. M. le ministre prétend qu'une partie du clergé se trouve malheureusement hostile au gouvernement, dans la Bretagne, et qu'il entraîne la population à la révolte. Il termine en disant que, quel que soit l'état de l'Ouest, on ne proposera aucune loi d'exception.

M. Salverte, pour justifier le républicanisme, soutient qu'il a été l'objet de moins de procès que le parti royaliste, sur lequel il cherche à rejeter tout le mal. Il demande qu'on envoie une armée considérable dans l'Ouest.

MM. Bignon, Sébastiani et Lamarque montent successivement à la tribune, pour des faits personnels. M. Duvergier de Hauranne, fils, défend le ministère et l'adresse, et montre qu'il faut éviter la guerre, parce qu'elle deviendroit générale, et qu'elle seroit fatale à la civilisation. M. Subervic soutient que, quand elle est devenue nécessaire, il ne faut pas l'éluder, et que la meilleure diplomatie est celle qui se fait

avec des baïonnettes.

M. Guizot trouve que l'on s'occupe trop de l'extérieur, et pense que c'est de l'étal intérieur de la France que dépend aujourd'hui la paix ou la guerre. Si le calme se rétablit ici, le désarmement s'obtiendra facilement. L'orateur croit que la politique du ministère est bonne, puisqu'elle s'est trouvée en harmonie avec celle de tous les autres cabinets. Après des considérations sur les effets de la première et de la seconde révolution, M. Guizot s'élève contre la république, et montre le danger qu'il y auroit à abandonner brusquement le système suivi jusqu'à ce jour.

M. Odilon-Barrot se plaint de ce qu'on s'effraie sans cesse du réptblicanisme. Le malaise vient de l'état d'indécision sur notre position à l'extérieur et de ce que notre constitution politique n'est pas complète. Il critique les actes du ministère, et déclare qu'on ne se ralliera à lui que lorsqu'il aura adopté une politique immuable.

Le Gérant, Adrien Le Clerc.

-Bourse du 12 août 1831.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

C.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 55 fr. 20 c., et fermé à 56 fr. 40 Cinq pour 100, jouissance du 22 mars, onvert à 87 fr. 50 c., et fermé à 87 ir, 50 c.

D'un écrit intitulé: Profession de foi de l'église cat

française.

Pascal a dit quelque part que, comme il y a deux choses dans les vérités de la religion, une beauté divine qui les rend aimables, et une sainte majesté qui les reud vénérables, il y a aussi deux choses dans les erreurs, l'impiété qui les rend horribles, et l'impertinence qui les rend ridicules. Je ne sais lequel de ces deux caractères, l'impiété ou l'impertinence, se fait remarquer davantage dans l'écrit que nous citons en tête de cet article. Un prêtre apostat s'y joue à tel point de la religion, il la travestit si indignement et prêche avec tant d'audace l'hérésie et le schisme, qu'on ne peut assez gémir d'un pareil attentat; et toutefois on y trouve tant d'inepties, de fatuité, d'ignorance, qu'on ne peut s'empêcher de rire et de prendre en pitié un si grotesque réformateur.

Cette profession de foi de l'église catholique française est signée, au nom du concile souverain-apostolique-patriarcal, par trois individus que nous avons déjà fait connoître, l'abbé Châtel, qui se dit évêque, on ne sait pourquoi, et les sieurs Auzou et Blachère, se disant vicaires primatiaux, et dont l'un a depuis fait abjuration de ses erreurs. L'abbé Châtel, de son côté, prend le titre de primat coadjuteur des Gaules, délégué du concile et du patriarche, lequel juge à propos de s'envelopper dans le silence et l'obscurité. Voilà vraiment une plaisante association, et des gens qui ont bonne grâce à prendre le titre d'église catholique! Qu'ils se donnent entre eux les titres brillans de patriarche, de primat, et autres qu'il leur plaira, pour satisfaire leur petite vanité; c'est un arrangement de famille qui ne tire pas à conséquence, et qui est d'autant plus aisé qu'ils peuvent tous être compris dans cette distribution, et que personne ne sera tenté de venir en partage avec eux. Mais s'imaginer que deux prêtres interdits, eussent-ils même à leur suite quelques centaines de curieux ou de dupes, puissent passer aux yeux de personne, ou même se donner sans ridicule pour l'église catholique, c'est de leur part une prétention singulièrement niaise, et qui montre qu'ils nous supposent bien simples, ou plutôt qu'ils le sont eux-mêmes beaucoup trop. Prétendentils nous en imposer par cette qualification pompeuse de concile souverain-apostolique-patriarchal? Qu'ils nous disent d'abord ce que c'est que ce prétendu concile, et quel est ce patriarche qui n'ose se montrer? L'abbé Châtel auroit bien dû au moins l'imiter en ce point, et ne pas venir, avec l'étourderie de l'ignorance et de G

Tome LXIX. Ľ Ami de la Religion.

Ja présomptiou, afficher publiquement sa honte, et parodier l'Eglise catholique au nom d'une société secrète.

et

On assure que plusieurs adhérens de l'abbé Châtel l'ont abandonué comme incapable, et que lui-même, par ce motif, a longtemps cherché quelqu'un qui fût en état de rédiger les manifestes de la secte. On seroit tenté de le croire en lisant cet écrit signé de lui, tant il a l'air de ne jamais savoir ce qu'il fait ni ce qu'il dit, et de chercher presque toujours, à l'appui de ses opinions, des raisons qui les combattent. Ainsi, affligé, dit-il, des attaques sans cesse renaissantes auxquelles est en butte la religion romaine, désespérant de voir les chefs de l'Eglise prendre l'initiative d'une réforme devenue indispensable, ce brave homme conçoit le hardi dessein d'entreprendre cette œuvre à lui tout seul, et il ne s'aper çoit pas que ce qu'il veut commencer est déjà fait depuis trois cents ans, et que Luther s'est déjà chargé de ramener, comme lui, le christianisme à son institution primitive, en prenant les mêmes moyens et suivant la même route que Châtel veut prendre aujourd'hui pour atteindre ce but. Car on verra que cette nouvelle réforme, comme il l'appelle, n'est qu'une copie bien mauvaise, mais bien fidèle, du protestantisme, et si Châtel n'avoit rien de nouveau à nous offrir que son nom et son titre de primat, ce n'étoit pas la peine de se mettre en frais pour recommencer l'œuvre d'un autre, puisque, après tout, l'on ne voit pas ce que ce nom et ce titre peuvent faire dans la balance. Cet homme se croit-il donc si important, parce qu'un beau jour il lui a plu de se qualifier primat des Gaules, à peu près comme certains individus qui se disent rois ou empereurs, et qu'on met sur le trône dans une maison de santé? Sera-t-il plus vrai, plus croyable, que tout chrétien est seul juge de sa foi, et que le Pape est l'antechrist, parce que Châtel l'aura répété d'après Luther? En vérité, cela prouve un puissant génie, et il peut bien s'applaudir d'une réforme réellement si extraordinaire et si nouvelle.

Le premier article de cette singulière profession de foi concerne l'infaillibilité de l'Eglise, que l'abbé Châtel repousse de toutes ses forces comme une insulte faite à Dieu, et il s'autorise pour cela d'une raison assez bizarre; c'est que les opinions des hommes sont toujours variables et incertaines : ce qui est bien propre sans doute à nous faire espérer que sa profession de foi ne variera point, et ce qui surtout prouve très-bien que nous avons tort de vouloir fixer les dogmes du christianisme par l'autorité de l'Eglise, chargée par Jésus-Christ du dépôt de sa doctrine, au lieu de les abandonner à l'opinion de chaque individu. Auroit-il trouvé une meilleure raison, s'il avoit voulu prouver la nécessité d'un tribunal infaillible, et le droit qu'a l'Eglise de décider les questions de foi, afin, comme dit l'apôtre, que nous ne soyons pas entrainés par tout vent de doctrine?

Châtel attribue la croyance impie de l'infaillibilité du Pape et des évêques rassemblés en concile général au même orgueil qui porta les mauvais anges à s'assimiler au Très-Haut. C'est par les mêmes raisons et en l'accusant du même orgueil que Luther avoit qualifié le Pape d'antechrist. Châtel voudroit-il nous insinuer la même conclusion? Nous voudrions qu'il n'eût pas craint de le dire ouvertement. Ce dernier trait de ressemblance avec le protestan~ tisme ne pouvoit que lui faire honneur. Et vraiment tant de timidité ne va pas à un si grand homme. Luther, qui ne vouloit être ni évêque ni primat, montroit plus de franchise et ne laissoit rien à deviner.

Châtel reconnoît qu'il exista de tout temps une hiérarchie dans l'Eglise, parce qu'elle est marquée dans ces passages de l'Ecriture: L'Esprit saint a donné le gouvernement de l'Eglise aux évéques; paissez nos agneaux, paissez nos brebis; mais il ne veut pas qu'on puisse induire de ces passages que l'infaillibilité ait été donnée aux successeurs des apôtres. Voudroit-il nous dire ce que seroit une hiérarchie, et comment le gouvernement de l'Eglise seroit possible sans l'infaillibilité? Tout gouvernement, toute hiérarchie supposent, d'une part le droit de commander, et de l'autre le devoir d'obéir. Or, ce droit et ce devoir seroient illusoires, s'il n'y avoit pas dans l'Eglise une autorité contre laquelle il ne fût pas permis de protester et dont on ne pût décliner les jugemens; une autorité par conséquent qui puisse juger souverainement en matière de foi, de morale et de discipline. En effet, le gouvernement de l'Eglise ne peut avoir d'autre objet que de tracer aux fidèles ce qu'ils doivent croire et d'ordonner ce qu'ils doivent faire. Hors de là, ou ne conçoit plus de hiérarchie ui de société spirituelle, et s'il pouvoit être permis à chacun de croire et de faire, en dépit des évêques et des pasteurs, tout ce que bon lui semble, à quoi bon des évêques, et comment leur seroit-il possible de gouverner l'Eglise, et de paítre des brebis qui ne voudroient pas reconnoître leur autorité? Supposez cependant qu'il n'y ait point dans l'Eglise d'autorité infaillible, nul n'aura le droit de tracer aux fidèles une règle de foi ni des règles de conduite, et tout homme sera libre, et quelquefois même obligé, de ne point se soumettre aux décisions des pasteurs; car, en matière de foi ou de morale, la conscience ne permet pas d'obéir à une autorité qui se trompe. Le gouvernement de l'Eglise ne seroit donc plus alors qu'une chi

mère.

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On conçoit que Châtel tienne beaucoup à la hiérarchie; car il s'est mis au premier rang, et il vent sans doute que ses subordonnés lui obéissent Les évêques, dit-il, quoique faillibles, n'en sont pas moins les chefs de l'Eglise. On voit qu'il parle ici comme pour lui-même, et cela est tout simple. Mais il ne feroit pas mal d'expliquer avant tout pourquoi il s'est d'abord soustrait à l'obéissance

Ga

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