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DE L'ÉGLISE

DE FRANCE,

COMPOSEE

SUR LES DOCUMENTS ORIGINAUX ET AUTHENTIQUES,

Par l'abbé GUETTÉE.

TOME

PARIS,

CHEZ L'AUTEUR | CHEZ JULES RENOUARD ET C.

LECRIVAIN et TOUBON

ATQUÉRKERS
RUE DES GRANDS - AIGISTINS, 21

AVANT-PROPOS.

On a déjà fait d'immenses travaux sur L'EGLISE DE FRANCE.

Baronius, dans ses ANNALES ECCLÉSIASTIQUES, n'a pas oublié la plus belle province du royaume de J.-C.; Bollandus et ses continuateurs, Noël-Alexandre, Sirmond, Baluze, d'Achery, Martène, de Sainte-Marthe, Tillemont, Bouquet, Mabillon, Rivet, Pagi, Ruinart et tant d'autres érudits que nous pourrions nommer, ont reproduit ses monuments ou discuté les points les plus obscurs de son histoire; Lecointe a compilé ses annales. Le père Longueval enfin a entrepris son Histoire DE L'ÉGLISE GALLICANE que les pères Fontenay, Brumoy et Berthier continuèrent jusqu'au milieu du xvie siècle.

Je rends hommage à l'æuvre de ces savants Jésuites :

elle m'a été très-utile, c'est pour moi un devoir de le proclamer.

J'ai cru cependant que l'on pouvait faire mieux.

L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE GALLICANE a subi la destinée de la plupart des productions humaines; parfaite peut-être pour

le

temps où elle fut écrite, elle n'est plus en harmonie avec les goûts actuels ; les questions d'art chrétien, de liturgie et de philosophie, les législations ecclésiastique et monastique, les mæurs et les institutions de la société chrétienne, n'y sont pas traitées au point de vue d'où il faut, de nos jours, considérer l'histoire, et avec les développements devenus nécessaires.

L'histoire n'est plus aujourd'hui une série de faits alignés géométriquement à l'aide de la chronologie; elle est le tableau vivant et animé des siècles qui doivent s'y dessiner avec leur physionomie particulière et caractéristique.

Il faut rendre justice à qui de droit.

Une nouvelle école historique, peu amie de l'Eglise , a fortement contribué à donner à l'étude de l'histoire cette large et haute direction.

Je lui rends cet hommage d'autant plus volontiers que j'aurai trop souvent à contester son exactitude et ses conclusions; mais la voie qu'elle a ouverte est bonne; bien suivie, elle ne peut que conduire à la vérité.

Les écrivains catholiques y sont entrés; aussi, de nombreux préjugés ont-ils déjà disparu. On comprend maintenant qu'il faut se transporter aux siècles euxmêmes pour en retracer l'histoire, et qu'on ne doit pas juger les meurs et les institutions de tous les temps sur celles du temps où nous vivons. Ce principe aura des résultats prodigieux pour la vérité historique.

Déjà on ne voit plus sous le même aspect cette époque de transformation sociale où l'Église a sauvé la société qui périssait et s'engloutissait dans la barbarie; on admire cette autre époque qu'il était convenu, naguère encore, d'appeler ignorante. Les œuvres artistiques du moyen-âge sont complétement réhabilitées. Les euvres scientifiques et philosophiques auront leur tour. On commence à soupçonner qu'il doit y avoir quelque chose dans ces gros livres qui dorment depuis si longtemps au fond de nos bibliothèques, et dont l'aspect sévère glace encore d'effroi le menu peuple des érudits. Des investigateurs courageux étudieront bientôt ces pages immenses, et seront étonnés d'y trouver tant de choses que le génie orgueilleux des siècles modernes se croyait seul capable d'inventer.

La littérature du moyen-âge a aujourd'hui ses admirateurs, et il est désormais permis de trouver de la poésie et de l'éloquence dans les gracieux récits des lé

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