DES TRAITÉS, CONVENTIONS ET ACTES DIPLOMATIQUES CONCERNANT L'AUTRICHE ET L'ITALIE PARIS AMYOT, ÉDITEUR, 8, RUE DE LA PAIX M DCCC LIX PIÈCES SURVENUES PENDANT L'IMPRESSION. 1745. Mémoire adressé au roi par le marquis d'Argenson, ministre secrétaire d'État pour les affaires étrangères1. Ce n'est pas un équilibre parfait qui forme la république germanique, helvétique et batavique, ou pour mieux dire, ce n'est point l'égalité intérieure qui les maintient. L'égalité est impossible entre les puissances comme entre les hommes, par la grande raison qu'il y aura toujours dans le monde inégalité de talents et d'activité. Cependant l'égalité doit être le point où vise la sagesse commune en politique. Par un principe dont on se rapproche, autant qu'il est possible, on ne voit plus dans le monde de ces grandes révolutions qui changeaient autrefois la face de l'univers. Un reste de barbarie soutient encore, pour un temps, l'ardeur des conquêtes et des nouvelles acquisitions; mais, dans quelques siècles, les princes reviendront d'un goût si abusif pour eux-mêmes. Les conquérants sont les querelleurs de la société civile. Chacun les fuit et les chasse. Les puissances se liguent contre les princes ambitieux. On s'arme puissamment contre les voisins inquiets et dangereux, ou s'ils reculent leurs frontières de quelques cantons, ils les ruinent en dedans, et laissent leurs successeurs en proie à leur faiblesse et à l'envahissement des autres princes. 1. Flassan, Histoire de la Diplomatie, t. V, p. 315. N |