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› Place de la Concorde, Champs-Elysées, Avenue Marigny,

brigade de Cotte;

1er et 7° lanciers, général Reybell; Div. grosse cavalerie, général Korte; brigade Canrobert.

Les brigades Sauboul, Marulaz, Courtigis, Bourgon, etc., sont restées dans leurs casernes et occupent Paris.

M. le Président de la république monte à cheval à midi, accompagné des maréchaux Jérôme Bonaparte et Excelmans, du ministre de la guerre, du général en chef, du général commandant les gardes nationales, du général comte de Flahaut, du général Schramm et d'une foule d'autres généraux, d'officiers et de représentants. Il passe devant le front des troupes, suivi par une population immense qui l'accueille par les acclamations les plus vives et les plus enthousiastes. Les troupes ont une attitude admirable, et elles témoignent, par des cris unanimes, leur dévouement à la grande cause qu'elles sont chargées de défendre. Le Président rentre à l'Elysée, au milieu des acclamations de l'armée entière et de la foule.

L'armée est bien décidée! Elle accomplira sa tâche avec l'énergie la plus dévouée.

Le soir, à 4 heures, la division de réserve cavalerie du général Korte, est passée en revue dans les Champs-Elysées par le prince, qui est accueilli avec le plus vif enthousiasme.

Les troupes rentrent dans leurs casernes à la nuit, et la tranquillité de Paris n'est pas troublée. La ville témoigne au contraire par sa physionomie qu'elle adhère complétement au grand acte du chef de l'Etat.

XXXIV.

JOURNÉE DU 3.

Le ministre de la guerre, informé que les représentants de la Montagne préparent un mouvement insurrectionnel, com biné avec les efforts des sections socialistes de Paris, a donné la veille, dans cette prévision, des ordres pour que l'armée soit approvisionnée et prête, en cas de combat, à résister avec tous les avantages possibles. Pour ne pas fatiguer inutilement leurs soldats, les généraux ne doivent prendre leur position de combat que lorsque l'insurrection sera dessinée.

Quelques barricades construites dans le faubourg SaintAntoine, rues de Cotte et de Sainte-Marguerite, ainsi que

Aumaire et rue du Lion-Saint-Sauveur, sont enlevées dans la matinée par un bataillon du 44° de ligne, un bataillon du 19 léger et par des détachements. Des coups de feu très-nombreux ont été tirés sur la troupe par les émeutiers; le sang coule, la lutte commence. Les insurgés se sont réunis d'abord au faubourg Saint-Antoine, où ils ont engagé le feu les premiers, avec quelques détachements de la brigade Marulaz. Repoussés dans leurs tentatives, ils sont allés agiter le quartier Saint-Martin: traqués sur ce point par le général Herbillon et par le colonel Chapuis, ils se sont dirigés sur la rive gauche de la Seine, pour remuer les faubourgs SaintJacques et Saint-Marceau. Des sommes d'argent sont distribuées : l'émeute s'organise.

Le représentant Baudin est tué par les soldats de la brigade Marulaz, sur la barricade du faubourg Saint-Antoine, et le représentant Madier de Montjeau y est blessé.

Vers 4 heures, des attroupements considérables se forment à la porte Saint-Denis et dans les environs. Une barricade élevée rue Rambuteau est enlevée sans.coup férir par un détachement de chasseurs à pied; deux barricades, rue SaintMartin, sont facilement détruites par un détachement de la garde républicaine. D'autres barricades, en voie d'exécution, sont détruites par des colonnes du général Levasseur.

Pendant cette journée, la majeure partie des brigades est restée dans les casernes, et de très-petits détachements ont seuls agi. Toutefois, les émeutiers ne peuvent parvenir à soulever les faubourgs, qui restent calmes, et qui repoussent dignement toutes les excitations et toutes les tentatives insensées d'embauchage à prix d'argent. Leur adhésion au gouvernement est complète.

Dans la prévision de nouveaux efforts du parti socialiste, la brigade Bourgon reçoit l'ordre de prendre ses positions de combat le 4 au matin, et les autres brigades de se tenir prêtes.

On saisit des placards et des affiches lithographiées, qui font un appel à la guerre civile, et qui portent les signatures de Michel (de Bourges), Schoelcher, Leydet, Mathieu (de la Drôme), Jules Favre, E. Arago, Madier de Montjeau, E. Sue, Esquiros, de Flotte, Chauffour, Brives, etc.

Il est 7 heures du soir, des agents provocateurs parcourent des groupes hostiles, et leur donnent rendez-vous, à 8 heures, boulevard Saint-Martin. - De nombreux attroupements se forment sur le boulevard des Italiens, mais ils sont dispersés, vers 10 heures, par une patrouille de cavalerie.-A onze heu-

res, les boulevards sont déserts, et Paris paraît plus calme.Les troupes sont rentrées : les insurgés se concertent pour le lendemain.

Le ministre de la guerre fait afficher uue proclamation qui rappelle en termes énergiques que, d'après les lois de l'état de siége, tout individu pris les armes à la main, défendant ou construisant une barricade, sera fusillé. Il rend aussi complices des insurgés les porteurs de fausses nouvelles. - On -sent que son énergie ne pliera devant aucune considération.

Pendant la nuit, le ministre profite du calme momentané de la ville pour faire conduire, sous escorte, de la prison de Mazas au chemin de fer du Nord, huit représentants, chefs de la résistance et du complot, pour les diriger sur la forteresse de Ham. Dans le cours de ce voyage, ces représentants ont eu plusieurs fois l'occasion de voir combien l'opinion des villes et des campagnes qu'ils ont traversées leur était peu favorable. Ils étaient reçus au passage par les cris de : Vive Napoléon!

Les 150 représentants arrêtés le 2 à la mairie du 10° arrondissement ont été transférés, en grande parlie, au fort du mont Valérien. On offre à beaucoup d'entre eux la liberté immédiate, qu'ils refusent, par un motif que tout le monde appréciera, et qui prouve combien ils redoutaient d'être forcés de prendre part à une lutte entre la société et l'anarchie. Presque tous sont mis en liberté quatre jours après.

L'opinion, si favorable au Président la veille, dans les quartiers de la Chaussée-d'Antin et des boulevards, prend une couleur hostile, sous l'influence des représentants, qui cherchent par tous les moyens possibles à exciter la population à la révolte.

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La nuit est assez calme. «< A demain les affaires sérieuses, »dit le ministre de la guerre, qui prit seulement alors un peu de repos. Il avait dirigé jusqu'alors la partie active de cet immense mouvement, avec une énergie inflexible et une activité qui assuraient le succès. L'armée avait confiance dans son général, qu'elle voyait le front ceint des lauriers si récents de la Kabylie elle ne demandait qu'à se mesurer avec les anarchistes, ces Kabyles parisiens. Elle avait confiance aussi dans son général en chef, brillant soldat de l'Empire, qui avait déjà comprimé à Lyon les tentatives insensées des ennemis de l'ordre et de la société.

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XXXV.

JOURNÉE DU 4.

La matinée se passe en préparatifs de la part des insurgés. Des groupes nombreux et hostiles se forment sur les boule(vards Vers midi, de fortes barricades s'élèvent à la PorteSaint-Denis, et dans es rues Saint-Martin, Saint-Denis, du Petit-Carreau, Rambuteau, Faubourg-Saint-Martin, et le long du canal. Une lutte terrible paraît imminente; ch Les émeutiers, qui ne sont pas soutenus par les faubourgs, sentent que le jour de la grande bataille est arrivé pour eux et ils font tous leurs efforts et toutes les tentatives possibles pour entraîner la population avec eux dadly

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Le général en chef Magnan donne des ordres pour qu'un mouvement d'ensemble soit exécuté, par plusieurs brigades à la fois, dans les quartiers Saint-Denis, Saint-Martin et du Temple, où les insurgés se sont établis Les heureuses dispositions qu'il a commandées réussissent parfaitement.

« Soyez tranquille, avait-il dit au ministre de la guerre, » auquel il expliquait ses plans: confiez-moi la direction de » cette journée, dont je réponds. A deux heures, vous enten>>>drez gronder mon canon, et je vous promets qu'avec de » pareilles troupes, Paris sera ce soir débarrassé de ses en>>nemis. >>

J'y compte et je vous laisse faire, parce que je vous connais!» répondit le ministre.

La brigade Bourgon, qui occupait la première ses positions de combat, ouvre son feu, et balaie le boulevard jusqu'à la porte Saint-Denis.

Au moment où elle commence son attaque, le reste de la division Carrelet débouche par la rue de la Paix et les boulevarils, et pousse devant elle la brigade Bourgon jusqu'à la rue du Temple, dans laquelle elle s'engage, pour gagner ensuite la rue Rambuteau, en tournant à droite. up to.

La brigade de Cotte entre résolument dans la rue Saint-Denis un bataillon du 15 léger était lancé dans la rue du PetitCarreau, déjà barricadée. fad 255 an

Au moment où les brigades Bourgon et de Cotte pénétraient au centre de la ville, la tête de colonne du général Levasseur, commandant la 3° division, entrait dans la rue Saint-Martin, et prenait ses positions pour appuyer la division Carrelet. Le général Levasseur désigne dans ce but le général Dulac, qui

renverse les barricades de la rue Rambuteau, avec les braves 51%, 19° et 43 de ligne, et le général Marulaz, qui opère par Ja rue Saint-Denis et les rues transversales. Tous ces quartiers étaient enveloppés dans un réseau de troupes.

Ces trois colonnes, qui se donnent la main par les rues adjacentes, sont conduités avec une grande énergie, et le succès ne se fait pas attendre. Les barricades, attaquées d'abord à coup de canon, ont été enlevées à la baïonnette. Toute la partie de la ville qui s'étend entre la porte Saint-Martin et la pointe Saint-Eustache a été fouillée, les barricades enlevées, détruites et brûlées, les insurgés dispersés et tués. L'engagement commençait à 2 heures et demie, et à 5 heures les troupes étaient revenues à leurs positions sur le boulevard.

Pendant que ceci se passait, le général Canrobert, qui avait pris position à la porte Saint-Martin, enlevait avec son élan habituel les barricades du faubourg Saint-Martin et celles des rues adjacentes, et poussait jusqu'au canal, culbutant partout les insurgés. Là, comme à Zaatcha, il donnait l'exemple du courage.

-

La brigade Reybell nettoyait en même temps les boulevards, depuis la Madeleine jusqu'au boulevard Poissonnière. Arrivée sans coup férir à la hauteur du boulevard Montmartre, elle est accueillie à coups de fusil par des insurgés placés dans une foule de maisons. Elle s'arrête alors, et aidée de tirailleurs d'infanterie et des troupes de la brigade Canrobert, elle fait un feu terrible sur les fenêtres, se fait ouvrir les portes à coups de canon, et débusque promptement les insurgés, après en avoir tué bon nombre.

La brigade Courtigis enlevait aussi avec vigueur les barricades qui avaient été élevées au faubourg Saint-Antoine, et restait maîtresse de ce point.

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Ce grand mouvement simultané avait écrasé l'ennemi, qui laissait les barricades couvertes de ses cadavres, et désormais la résistance était impossible. De notre côté, nous avions à déplorer la mort du lieutenant-colonel Loubeau du 72°, et la blessure du colonel Quilico du même régiment. Nos per*tes s'élevaient environ à 25 tués, dont un officier, et 184 blessés, dont 17 officiers.

L'armée était admirable d'élan et d'énergie; elle avait bien fait son devoir, et elle était déterminée à vaincre, à tout prix, la criminelle résistance qui tenait le pays en échec.

Les brigades prennent position, à 6 heures, dans les quartiers qu'elles ont enlevés. Aussitôt les rues s'illuminent, les habitants, débarrassés des émeutiers et de la terreur qu'ils

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