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CHAPITRE V I.

Influence du Magnétisme fur l'Art de guérir.

L'HOMME

'HOMME eft compofé, comme tous les êtres, de plufieurs fubftances diverses, de foufre, de fel, de particules minérales & attractives. Si les corps les plus durs, tels que les métaux, fi ceux qui ont la plus grande analogie avec fon efpèce, tels que les reptiles & les animaux, sont susceptibles de magnétifme, il ne peut être à l'abri de fon influence. Comment, en effet, un fluide fubtil & immenfe qui circule continuellement dans l'atmosphère, & entraîne même dans fa direction des corps infenfibles, ne prefferoit-il pas un être foible, doué de la plus extrême fenfibilité, & n'agiroit-il pas fur lui? Auffi, tout nous démontre cette action.

Qui jette dans l'homme cette chaleur qui vivifie fes divers fluides, ce principe igné appelé par les uns fluide éthéré, par les autres fouffle vital, par les Chymiftes phlogiftique, & qu'on peut auffi-bien nommer Magnétifme? C'eft cet agent puissant &

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actif qui donne le reffort à fes nerfs, la mobilité à fes muscles, le mouvement à tous fes fibres. « De cette caufe réfultent les fa»cultés que nous nommons fenfibilité,

efprit, imagination, génie, qui donnent » le ton aux paffions, aux volontés. Dans » ce sens, c'est avec jufteffe qu'on se sert » des expreffions de chaleur d'ame, d'ima» gination ardente, de feu de génie. C'est » ce feu répandu en doses différentes dans » les êtres de notre espèce qui leur donne » le mouvement, la chaleur animale, & » qui les rend plus ou moins vivans. Ce feu » fi mobile & fi fubtil, fe diffipe avec fa»cilité, & pour lors il demande à être » rétabli à l'aide des alimens qui le con» tiennent, & qui par-là fe trouvent propres » à remonter notre machine, à réchauffer » le cerveau, à lui rendre l'activité nécef» faire pour remplir les fonctions intellec»tuelles. C'eft le feu contenu dans le vin » & les liqueurs fortes qui donne aux » hommes les plus engourdis une vivacité » dons fans lui ils feroient incapables, & » qui pouffe les lâches mêmes au combat. » C'eft ce feu qui trop abondant en nous » dans certaines maladies, nous jette dans

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» le délire, & qui trop foible dans d'autres, » nous plonge dans l'affaiffement. C'est ce " feu qui diminue dans la vieilleffe, & qui »fe diffipe totalement à la mort. D'où vient » le plus ou le moins de matière ignée » qui décide de nos qualités? C'est de la » mère qui nous a porté dans son sein, » qui nous a communiqué une partie du » feu dont elle fut animée elle-même, & » qui avec son fang circuloit dans ses veines; » c'est des alimens qui nous ont nourris; » c'eft du climat où nous vivons; c'eft fur» tout de l'atmosphère qui nous entoure. » Ces caufes influent fur nos fluides & nos » folides, & décident de nos dispositions "naturelles ».

Qui donne au fang ces principes de vie qui s'évaporent lorfqu'il difparoît, & cette attraction fi bien démontrée par Leuvenhoeck? Les globules qui forment ce fluide font fufceptibles de la plus grande atténuation; ils s'attirent réciproquement; ils tendent à s'unir & à propager dans chaque partie la chaleur & le mouvement.

Qui donne au fang cette couleur rouge & foncée, fi ce n'eft ce qui colore les divers fels, le grenat, les pyrites, l'ochre &

NOLLET,

la terre d'ombre, c'eft-à-dire, le fer abondamment extrait de fa décompofition. Ce métal, conducteur du fluide élémentaire, le porte avec lui & le transmet au fang. Auffi-tôt fon cours devient rapide; de longs ruiffeaux de pourpre circulent de toutes parts; une transpiration douce & falutaire s'établit, & le méchanifme de la vie eft exécuté.

Comme la furface d'une liqueur quelExpér. élect. conque, préfentée à un corps électrique, fe foulève pour laiffer paffage à l'électricité qu'elle recèle; ainfi, le fang & les divers fluides du corps humain se gonflent & prennent plus d'expansion pour laiffer fortir ou pénétrer le magnétifme. L'électricité a befoin de plus grands efforts pour s'infinuer, & le frottement lui fert de véhicule. Le magnétisme, moins compofé, plus fubtil, va, vient, entre par tous les pores, & en fort avec plus de facilité.

CHAPITRE VI I.

Médecine ramenée à un feul principe. Opinion de Grimps & de Van-Helmont.

Le feu moteur de l'homme, qui jette dans fes yeux un éclat constant & des éclairs rapides, fait éclore des roses fur le vifage de la beauté, & colore fes lèvres vermeilles. Sa chaleur eft-elle douce fans être brûlante? excite-t-elle fa vigueur fans la confumer? fe trouve-t-elle dans un jufte équilibre avec les forces de fa constitution? c'est alors le règne de la fanté, don précieux de la jeuneffe, qui rend tout riant autour d'elle; fource de fon activité & de fes défirs; bien réel fans lequel tous les autres difparoiffent, dont la jouiffance ne nous eft accordée que pour un temps, que trop fouvent nous nous efforçons d'abréger encore.

Le fluide vivifiant n'abonde-t-il plus dans nos veines? n'anime-t-il plus que foiblement nos divers refforts? alors les liquides s'épaiffiffent en nous, fermentent, & fe changent en poifons corrofifs & douloureux; bientôt la vigueur s'éteint, l'agrément des formes

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