Page images
PDF
EPUB

geoient pas de donner à boire à leurs maris des infufions de la première ; mais elles avoient une horreur extrême & très - jufte pour la feconde.

Les expériences de MM. Jallabert, Nollet, Menon, Mainbray, avoient annoncé déjà que les plantes électrifées pouffoient avec plus de vigueur, lorfque l'Académie de Lyon, pour confirmer cette théorie, propofa pour le fujet d'un prix cette question: L'électricité de l'atmosphère a-t-elle quelque influence fur les végétaux? & quels font les effets de cette influence? M. Gardini Médecin à Saint- Damiens près d'Afti en Piémont, a remporté ce prix en 1782; il a favamment établi la puissance du fluide électrique pour accélérer la végétation. Dèslors, il n'eft pas douteux que le magnétisme, dont l'identité paroît constante avec le principe de l'électricité, ne doive hâter la réproduction & la germination des plantes. Ce dernier agent même peut ne porter en elles que les particules magnétiques qu'il renferme, & qui leur procurent une extenfion plus prompte, un développement plus facile, & une fécondité constante.

C'est parce que ce fluide abonde dans les

eaux, que les arbres plantés fur les bords des ruiffeaux, penchent leurs branches le long de leur cours. C'eft encore par un procédé magnétique, que dans la tranfplantation d'un arbre déjà fort, il faut lui donner la direction qu'il a eue, le placer dans la même fituation, expofer au midi & au nord les mêmes branches. Sans ces précautions, le cours de la féve eft changé; l'arbre ne reçoit plus ces émanations ordinaires, fource de fa vigueur; fes fibres s'endurciffent; fon feuillage tombe pour ne plus renaître ; il périt. Le fluide bienfaifant qui l'avoit jufqu'alors foutenu & embelli, qui l'avoit chaque printemps revêtu de verdure, qui en avoit fait l'honneur des vergers ou des forêts, n'a plus trouvé la même iffue, les mêmes pôles d'attraction & de répulfion; il s'eft détourné ; il va porter à des plantes plus heureufes, & les germes de la vie, & ceux de la fécondité.

CHAPITRE XV I.

Effets de la fympathie & de l'antipathie

LES

dans les animaux.

ES animaux qui, comme nous, s'émeuvent à l'afpect du plaifir, fuient à celui de la douleur; êtres fenfibles qui paroiffent jouir d'une volonté propre à déterminer leurs mouvemens divers, & avoir même quelquefois les fentimens, les vices & les paffions de l'homme, éprouvent auffi des penchans & des haines qui varient rarement dans leurs objets. D'où vient cet amour conftant que les animaux ont pour certaines espèces, tandis que la plus violente antipathie les éloigne des autres? N'eft-ce pas des émiffions corpufculaires qui les affectent diverfement fuivant les genres, mais qui font à peu-près les mêmes, lorfqu'elles effluent des mêmes espèces? Dès-lors, l'une devient continuellement l'objet de l'averfion de l'autre. Alors, l'animal né vit que pour détruire & dévorer; & lui-même sert bientôt, par sa perte, à la conservation d'un anifa mal plus fort. Ainfi, la nature s'entretient

4

[ocr errors]

par fes deftructions fucceffives; les décompofitions opérées dans fon fein, forment des combinaisons nouvelles. Elle eft le phényx qui ne meurt que pour renaître, & fortir brillant de fes cendres (1).

Sans croire avec les Anciens que la corde faite de boyau de loup, & celle de boyau de brebis, ne peuvent jamais s'accorder; que fi l'on fait deux tambours de leurs peaux, & fi l'on frappe celui de peau de loup, il ôtera tout fon à celui fait de peau de brebis; on ne peut nier les effets de l'antipathie entre certaines efpèces. C'est un moyen même qui leur a été accordé pour connoître leur proie, ou pour fuir des ennemis féroces. Ainfi, le loup pourfuit l'agneau; ainfi, la tourterelle craint le faucon; le roitelet, l'aigle; le chardonneret, le crapaud; la poule, le renard; le plongeon, la cicogne; la cigale, l'hirondelle; le merle, l'épervier; le roffignol, la pie-grièche; la grenouille, l'anguille; le limaçon, la pèr

(1) Kircher, dans fon Monde fouterrein, a rapporté une foule d'exemples de la sympathie & de l'antipathie qui paroît régner entre les minéraux mêmes & les corps les plus infenfibles. Voyez Tom. 1, Lib. 4, Sect. 2, Cap. 5, Prop. 7. Tom. 2, Lib. 9, 4, Cap. 6 & 10. Lib. 12,

Sect. 1, Cap. 5 & 6.

[ocr errors]

Sect. 2, Cap. 6, & 20.

Lib. 10,

Se&t.

10

[ocr errors]
[ocr errors]

drix; l'huître, le cancre; la tanche, le brochet; la mouche, l'araignée; & l'araignée, le fcorpion. Le lion fuit le coq; le finge, la tortue; le cheval, le chameau; le lézard, le ferpent; l'ours, le veau marin; l'émérillon, le vautour; le chat-huant, la corneille; le thon, le dauphin ; & le congre, la murène.

L'odeur des écreviffes a femblé chaffer les abeilles. Le hibou détruit les œufs de la corneille; la cicogne, ceux de la chauvefouris; & la belette, ceux de la poule. Le héron & l'allouette fe font une guerre réciproque en détruifant leurs petits. Si l'aigle dévore le ferpent, celui-ci gravit fur les rochers, & fe venge en fuçant les œufs de fon ennemi.

L'affreux crapaud tapi fous le gazon, dardant par fes pores des jets de fluide magnétique, attire fa proie. C'eft en vain que la belette veut lui échapper; elle faute d'un endroit à l'autre ; & fes forces fe confument en de vains efforts. Forcée de s'approcher de fon ennemi, elle jette un cri plaintif; & violemment attirée dans la gueule du reptile, elle s'y précipite & y va trouver fon tombeau.

« PreviousContinue »