८ Utilité Louis XIV. C'est par le moyen de la connoif qu'en tira fance de ce détail qu'en l'année 1669. le Roi mit en vigueur dans le Royaume 34200. métiers ocupez à differentes manufactures de laine; de forte qu'en cette année, il fut fabriqué 670540 pieces, dont la valeur montoit à 19978291 livres, & qui avoient ocupé 60440 perfonnes, fans compter un bien plus grand nombre de Fileurs, de Degrailleurs & Cardeurs de Tondeurs, de Foulons, de Cardonneux, de Tireurs, de Plieurs de Preffeurs & de Voituriers. On trouve auffi que par ce détail, où il plût au Roi d'entrer, il fut reconnu qu'il y avoit 1700 personnes occupées à la façon des points & dentel les; & ainfi de toutes les autres fa'briques, toiles, fers, cuirs, bois, dont le nombre des ouvriers furpaffe infiniment ceux des autres manufactures. Il femble qu'on ait voulu ébaucher le travail par les Memoires des Generalitez commencées en 1698. mais il ne paroît pas qu'ils foient entrez dans le véritable deffein ou parce qu'ils n'en ont pas bien été inftruits, ou parce qu'ils s'en font écartez, pour fuivre leurs vûës particulieres. Dans le fait, on trouve prefque generalement qu'ils ont omis le plus effentiel; mais il feroit aifé d'en reparer le défaut, si l'on étoit persuadé, comme il eft trop vrai, que la connoiffance détaillée de l'emploi du tems des Sujets découvre les moyens. de les tenir en union, en vigueur & en aifance. Il n'y auroit qu'à avoir tous les ans un état certain qui expliquât les mêtiers de chaque efpece, fans exception; le nombre de ceux qui y font employez; leur âge, leur fexe, les échantillons des ouvrages, l'explication des qualitez, quantitez, prix ordinaire & confommation. Il faudroit commettre des gens capables de perfectionner ces mêmes ou vrages, faire un dépôt public des échantillons annuels de chaque ouvrage, confiez à la garde des Députez de chaque profeffion; enfin, foutenir le commerce qui fert d'aliment à ces Connoiffance des for procureroit. ouvrage, & au peuple nombreux qui en fubfifte Cette connoiffance rendroit certaices de l'Etat ne à quiconque voudroit s'en affurer que ce détail la force précise de l'Etat ; car ce n'est pas affez de confiderer un Royaume riche, peuplé & docile. Par tout où le travail eft fterile, on ne trouve qu'impuiffance, longueur & defert. Par tout au contraire où le tems & l'induftrie font payez, on ne voit Il faut avouer que la science de ce détail, & de tous les autres né ceffaires à un bon Gouvernement, ne doit point être l'objet d'un feul genie. Il faut néceffairement divifer l'infpection; mais celui qui eft à la tête du Miniftere, doit au moins en avoir une connoiffance generale: ce qu'il ne peut manquer d'aquerir en peu de tems tems, s'il donne une aplication convenable à fon emploi, & s'il ne s'en raporte pas tellement à l'ufage & à la coûtume, qu'il foit engagé dans une erreur habituelle de prévention, de laquelle il eft difficile de revenir, quoique l'intention foit pure & nette. ceux qu'on dans les Mais ce que le Miniftre fuperieur Qualitez de ne peut pas lui-même, parce que le doit mettre nombre des affaires excede fon tems, emplois. & l'attention dont un homme eft capable, il le fait faire aifément par autrui, pourvû qu'il faffe occuper les places par des Sujets propres à les remplir, & qu'il en exclut également l'ignorant, l'inapliqué & le nonchalant, fans autre égard que le bien du fervice: car d'ailleurs, l'infidele,ou celui qui pêche dans l'intention, ne doit jamais être toleré. Mais fi l'adminiftrateur d'une af. faire publique n'y eft point invité s'il n'est point capable d'un détail general; s'il eft engourdi; s'il eft trop vif, trop volage, trop dur, trop méprifant; s'il ignore fon engage Tome 11. L Défauts effentiels d'un › Ministre, ter, ; au ment, & le compte qu'il s'en doit donner à lui-même s'il néglige de fe donner un bon ordre, à l'aide duquel les faits fe prefentent à lui ; fi par orgueil il foûtient une faute, lieu de la reparer; s'il compte les voix, & non pas les actions" & les raifons; s'il confulte par raport aux poftes, & non pas au fçavoir; s'il fonge plus à fon interêt qu'à ce dont il eft chargé; s'il ne fait point écou& s'il fe contente de la fuperficie; fi pour la facilité il fe contente de petits fecours journaliers, fans aprofondir à quel prix l'Etat le paye; s'il oublie que le Public a pour ennemis implacables les Courtifans en faveur, les parens, & les Domeftiques des Miniftres, & ceux qui fe chargent de la recette de l'Etat : enfin, s'il eft inferieur à la place qui lui a été confiée, ou qu'il ne fçache pas fe décharger de ce qui excede fa portée, l'affaire dont il eft chargé perit neceffairement entre fes mains, parce que le poids surpasse la force à quoi il faut ajoûter que, quand plufieurs |