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affaires ont une liaison naturelle, &
qu'elles font en differentes mains, fi
ceux qui les adminiftrent, font fans
liaifon & fans concert,
il faut qu'el-
les fe ruinent l'une ou l'autre, l'Etat
devant être manié en general dans une
vûë uniforme, & s'il fe pouvoit, fans
paffion.

mauvais ef

La récompenfe & la punition font Injuftice & les principaux mobiles des Etats ; fets de la mais il arrive d'ordinaire que la ré- lenteur à récompenfe ne paroît pas fi prochaine compenfer. que la punition: ce qui eft un principe de corruption, pour ceux qui se flatent de pouvoir éviter la derniere; & c'eft une raifon pour laquelle tout Superieur doit être auffi prompt à récompenfer que prompt à punir, & que la récompenfe doit exceder le falaire convenu en faveur de celui qui remplit fa fonction avec plus de zele & de fruit, que le fimple mercenaire. Mais tout Sujet employé doit être garanti de fon ouvrage autrement le maître eft toûjours la dupe des mafques que l'adreffe & la fubtilité lui prefen

tent,

Rois de

un foin ex

trême ceux qu'ils employent.

que

Obligation Au refte, on fçait bien les impolee aux Rois ne font pas tenus de n'employer choifir avec à l'adminiftration de leur Erat, que de pures intelligences. Ils font dans la neceffité de fe fervir de ceux qu'ils connoiffent; mais on ne croit pas trop exiger de ces hommes prefe rez, de defirer en eux les qualitez que le fimple Particulier cherche dans ceux qu'il charge des affaires les plus viles, & les plus méchaniques. En effet, fi tout homme attentif fe defait d'un Domestique incorrigible pourquoi les Princes feroient-ils difpenfez du devoir de rejetter de leur fervice ceux qui s'en aquitent à leur perte, & au dommage du Public? La corruption des peuples, & l'inatention du Roi, viennent tous deux du même principe; fçavoir le mauvais usage de la raison & leur effet eft pareil dans les fleaux du Ciel qu'elles attirent fur les Royaumes, quelque chofe que les libertins puiffent opofer à ces raifon

Mauvaise

nemens.

Il n'y a point d'Etat dans la Chréconduite des tienté, où la Religion foit mieux

Ecclefiafti

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France.

pratiquée qu'en France, du moins ques en
quant à l'exterieur : mais ceux qui
font chargez d'en affermir le témoig-
nage par leurs exemples, s'en aquitent
moins bien qu'on ne penfe. Les uns
s'excufent fur la mifere, & les au-
tres fur l'abondance. Un trop pau-
vre Curé, & un trop riche Evêque
alleguent tous deux de bonnes rai-
fons.

Si l'on entroit dans ce détail de la Pauvreté ex

trême des

des richeffes

pauvreté du quart des Curez du us, & mau-
Royaume, il fe trouveroit qu'il n'y vais ufage
en a pas un qui ne foit mercenaire des autres,
for lide, & qui n'ait une fubfiftance
incomparablement moindre que les
plus vils Domeftiques ne l'ont à Pa-
ris. Et d'autre part, fi l'on confide-
roit les revenus abondans des Evê-
ques, Abbez & autres grands Benefi-
ciers, on feroit furpris de l'usage qui
s'en fait, Ce font pourtant les titu-
laires de ceux-ci qui fe plaignent le
plus, & qui font le mieux écoutez;
de forte qu'ils font toûjours en droit
de s'indemnifer fur le bas étage du
Clergé, des taxes où ils fe trouvent

4

Moyens de

compris. Le fervice divin fe fait à la campagne, felon le Rituel du Diocefe. Cela eft toûjours bien reglé; mais de ce grand nombre de Prêtres & de Monafteres, qui rempliffent les villes, prefque rien ne se répand à la campagne. On n'y entend parler d'eux, quoiqu'elle les nourriffe qu'à l'occafion des procez qu'ils y fufcitent, & rarement pour l'édification & la charité, puifque l'on ne fçauroit compter combien il meurt de pauvres païfans à la porte des plus riches Beneficiers, fans fecours fpirituel ni temporel, faute d'une foible nourriture, ou du plus fimple remede.

On ne peut néanmoins remedier à remedier à tout ce défordre. Le Roi donne le ce defordte,

& fes mau- Capital, par conféquent il en peut vais effets. faire un jufte partage, pour l'entretien des Miniftres inferieurs, defquels dépendent l'inftruction, l'exemple & le fecours effectif. Si ceci eft contredit par quelqu'un, ce ne peut être que par des perfonnes qui ne feront point leur point capital de la Relis

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gion, prise non dans l'efprit de parti,
mais dans ce culte effectif de la Di-
vinité, & dans la charité envers les
hommes. Toutefois l'on ne fçauroit
nier que c'est la négligence de ces
deux devoirs, qui nous attirent des
châtimens très-réels, que nous reffen.
tons, entre lefquels la guerre eft le
plus commun, & le plus fenfible, par-
'ce qu'il eft le principe neceffaire de
tous les autres. On en fent les apro-
ches; mais l'on n'en penetre ni la du-
rée, ni les effets. Quand on pourroit
fe précautionner fur les moyens de la
foûtenir plufieurs années, ce ne feroit
que par des regles de fupofition fur le
nombre des hommes, & fur une esti-
mation de dépense. Le moindre con-
tretems, la moindre traverse dérange
le plan le mieux concerté ; & quel-
que habile, ou quelque riche que foit
un Prince, il ne fçauroit prendre de
juftes mefures pour une guerre, dont

la durée & les évenemens font incer-
tains.

revenus or

L'experience justifie qu'aucun Etat Pourquoi les n'a pû foutenir une guerre de durée dinaires fuf

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