ne doit donc pas être furpris de voir Mais s'il fe commet des abus dans pas les recettes Abus dans les dépenses du revenu du Roi. Inutilité de l'argent, s'il ne circule. mettent haut prix, il ne faut pas s'étonner fi temens. L'on convient que la richeffe d'un Etat confifte dans l'or & l'argent qui s'y trouvent; mais cette richeffe devient inutile, fi elle n'eft en mouvement. Comparable aux eaux qui fertilifent les prairies, il faut qu'elle fe re, répande, finon en pareille quantité par tout, du moins à certaine fuffifance. Ainfi il n'eft pas vrai de diqu'il eft indifferent en quelles bourses se trouvent l'or & l'argent du Royaume; car s'il n'eft pas à propos que tous en poffedent égale quantité, il faut du moins prévenir la langueur & l'inaction de celui qui manque, lequel ne pouvant s'aider d'aucune façon, devient à charge à lui-même & inutile à l'Etat. Ainfi rien n'eft fi important que d'empêcher l'accumulation des richeffes dans les coffres des Financiers, pour y demeurer fans mouvement, & fans la circulation qui donne le reffort à toutes les parties du Royaume. ceflives des Il eft vrai que la cupidité fait fou- Dépenfes ex vent l'effet que la charité devroit ope- Financiers rer. Le luxe & la dépenfe de plu- à Puris. fieurs de ces riches Financiers renvoyant au peuple une partie de ce qu'ils en ont tiré, le mal eft que c'eft toûjours fait, fans raport aux lieux où ils ont commis ce défordre, celui qui a pillé & désolé une Pro vince à l'extrémité du Royaume, faifant cette dépense à Paris. On fera peut-être étonné d'entendre dire, que la dépense annuelle, qui fe fait dans Paris, monte à 16000000o de livres, & que les feuls loyers de maifons aillent par an à 1800000 livres. Cependant il eft certain que s'il y a dans cette ville 720000 confommateurs, & qu'on réduife tous fes dépens à vingtiéme par jour, depuis le Duc & Pair jufqu'au porteur d'eau, il fera aifé de voir que le total est de 262800000 livres. Cette fomme qui fait peut-être la moitié de tout l'or & l'argent du Royaume, l'écu à 60 fols, & le louis d'or à 11 livres, vient des Provinces ; & il eft certain que comme ce font les Financiers qui en tirent le plus du peuple c'eft eux auffi qui en répandent le plus dans cette ville. D'autre part, cette même ville ne produit rien de fon fonds, & renvoye une partie de cer argent dans les Provinces, pour en tirer fa fubfiftance. Ainfi elle fait la fonction du cœur dans l'Etat, com , me me les efpeces y font celle du fang. Ainfi il n'y a rien à craindre, finon que ce fang n'en refforte pas avec continuité & fuffifance, pour l'aliment des Provinces, puifque s'il eft retenu dans ce dépôt, ou qu'il en forte trop lentement, il eft impoffible qu'elles n'en reffentent un affoibliffement très-préjudiciable à elles & au total. commun aux Auteurs res pour réparer les in conveniens des finances Les gens bien intentionnez ont de- Principe puis plufieurs années fourni divers Memoires, pour procurer aux Mi- des Memoiniftres des moyens de remedier aux inconveniens des Finances, & de partager tellement la charge des impôts, que le Roi puiffe être autant ou plus puiffant que par le paffé, & que le peuple les paye avec proportion, & à fon pouvoir. Mais tous font convenus du principe, qu'il est aussi dangereux que le peuple foit trop à fon aife, qu'il eft trifte de le voir accablé. Ce fut la premiere reflexion que Mr. le Prince de Conti fit fur le projet de l'établiffement d'une dixme Royale par le Maréchal de Vauban; Tome 11. M feu |