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gent de l'impôt autant qu'il leur eft poffible, & le rejettent fur les foibles & les malheureux. Le credit s'eft employé, & les privilegiez nouveaux, feuls en état de foutenir les charges, s'en font liberez aux dépens du reste de la Parroiffe.

cheufes de

Si on reflechiffoit fur les fuites de Suites fa cette injustice, on en auroit horreur. cette injufti Ceux d'entre ces contribuables, qui ce. ont la force de demander raifon de l'opreffion qu'on leur fait, fe ruinent en procez. Les haines deviennent implacables, & tout ce que la plus noire vengeance peut infpirer, fe met generalement en pratique. Cependant, ce n'eft encore que le moindre mal puifque les maisons tombent en ruine de tous côtez, & qu'une grande partie des terres demeure fans culture, les Particuliers n'ayant plus la force de foutenir leurs propres habitations, ni de faire valoir leurs ter

res.

D'ailleurs on ne confidere les maux Comment que comme les effets d'un malheur

on devroit punir les

paffager & particulier, ou ceux d'un coupables,

Exemples de la facilité

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crime qui fe peut reprimer par la pu nition de ceux qui font coupables de cette violence. Mais cela même est un autre mal plus dangereux que tous les autres, parce que c'eft errer dans le principe du Gouvernement, qui veut que l'on aplique à l'Etat en corps le dommage de fes Membres. En effet, un voleur un affaffin trouve de l'opofition à fon entreprise outre le rifque de la punition; mais la défolation des Provinces fe fait fans nulle opofition : & l'experience fait voir qu'elle eft rarement punie. Or la voye de la Taille réelle n'étant pas fujette aux mêmes inconveniens; on croit qu'il eft de l'interêt commun, & de celui de la Religion, d'en ordonner l'ufage general dans le Royau

me.

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Pour donner une idée de la facilité d'établir la qu'il y auroit à l'établir auroit à l'établir, l'Auteur Taille réel- obferve, que dans les Generalitez de Toulouse, de Montpellier, de Moritauban, ďAx, & de Grenoble, on fait des regiftres, ou papiers terriers, qui contiennent tous les biens réels de

ces

exempts

de

ces Provinces. On distingue ces biens en deux claffes, biens de Nobles & biens de Roturiers. Les premiers font Biens nobles exempts, à qui que ce foit qu'ils Tailles. apartiennent; les feconds font fujets à toutes les charges, qui que ce foit qui les poffède. Ainfi le privilége eft attaché au bien, & non à la perfonne.

riers tailla

De tous les biens roturiers on fait Biens rotuề une fomme totale que l'on divife en bles & comfeux, ou actions, ou partitions. Su- ment taxez. pofant, par exemple, que tous les biens de la Generalité de Montauban produifent 10000000 de livres de revenu, & que ces biens foient divifez en 5000 actions, fi l'impofition est de 4000000 de livres, il n'y a qu'à les divifer par sooo livres, & l'on voit tout d'un coup que chaque portion doit porter 800 livres d'impôt. Mais comme cette Generalité eft compofée de quatorze Elections, & que les biens de ces Elections ne font ni de pareille valeur, ni de pareille étendue, chacune de ces Elections eft eftimée à certain nombre de feux, ou partitions, qui font partie de so00 Tome II.

N

de toute la Generalité. Ce donc fupofé, que l'Election particuliere de Montauban foit évaluée à 3.57 .ac-. 3-57%.actions, & que l'impofition totale foit des mêmes 4000000 de livres, il est vifible qu'elle portera en total 285600 livres pour fa part de l'impôt total; & ainfi des autres. Mais comme ce n'est pas affez de connoître ce qu'une Election doit porter, & que la répetition fe doit faire en chacune, la même fubdivifion ne fe fait pas à leur égard, & telle Paroiffe porte dix actions, pendant qu'une autre n'en porte que deux, ou toute autre partie : & pa• reillement les actions de chaque Paraiffe fe fubdivifent entre les Particuliers, comme la livre numeraire en 20. fols, & le fol en douze deniers, chaque denier en deux oboles & cha que obole en deux pites, afin de gar der une proportion arithmétique à l'égard de tous les biens contribuables.

Taille impo

fée à propor

Mais comme les fonds de terre ne tin de l'in. donnent pas feuls les facultez, & que duftrie, des l'induftrie, les beftiaux, harnois, outils, & métiers, contribuent à la

beftiaux: mé

tiers, &c.

richeffe des Particuliers, on fait an-
nuellement une eftimation de ces dif-
ferens avantages, que l'on réduit en
actions, feux, ou partitions; fuivant
quoi les Particuliers qui n'ont point
de terres, ne laiffent pas de contri-
buer fur le pied d'une ou plufieurs
actions ,
ou plufieurs parties d'une
action. Les Ecclesiastiques nobles &
privilégiez, font exempts de cette
feconde taxe, avec cette feule pré-
caution que dans les lieux où il y a
des paturages communs, le nombre
de leurs beftiaux eft fixe, afin qu'un
trop grand nombre, mis de leur part,
n'affame point ceux des contribuables,
Par ces deux moyens fi faciles, on
voit qu'aucun Membre de la Genera-
lité ne peut être foulé, fans
propor
tion avec tous les autres, quoique le
Prince foit également maître d'aug-
menter l'impôt, comme dans les lieux
arbitraires.

Il eft vrai, qu'il peut y avoir des Combien cetdéfauts dans l'une & l'autre de ces te méthode eft preferable méthodes, & particulierement dans aux autres. l'évaluation des biens réels, & des

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