l'Auteur croit qu'en ufant d'abord
de cet expédient, il feroit aifé d'é-
pargner tout ce que le Fermier, ou
Traitant, s'attribue pour fa peine,
n'y ayant aucun recouvrement qui ne
fe puiffe faire par les Receveurs des
Tailles ordinaires. Que fi, nonob-
ftant ces deux précautions, on avoit
befoin de fecours preffans
le Roi
peut s'ouvrir un crédit avec un in-
terêt tolerable, en affurant le fonds.
du prêt & de l'interêt, par des affi-
gnations à terme, fur les Receveurs
publics, acceptées par eux.. Et ci-
mentant ce crédit par une inviolable
fidelité, il fe porteroit certainement
auffi loin que tous les befoins pref-
fans. Ainfi, par exemple, les re-
venus annuels de tous les biens du
Royaume monteroient à cinq cens:
millions.

Qu'on en veuille lever dix ou Utilité de ce quinze pour cent, on aura 75 mil- projet. lions plus aifément que l'on n'en a tiré 32 ou 33 par la Taille arbitraire, parce que la charge eft plus également diftribuée, en l'affignant fur les

I

Tort que les

guerres & les

biens fonds, qu'en l'affignant fur les perfonnes, dont au moins la feiziéme partie eft exempte par des Offices ou priviléges de très médiocre fi

nance.

On croit qu'il y a de l'erreur à gens chargez penfer qu'un Edit d'impofition soit des Finances de l'argent réel. On n'en tire que ont fait à la de qui en a; mais cette raison même

France.

&

fait voir la néceffité de proportion-
ner les impôts. La Taille eft au-
jourd'hui de 6000000 de livres;
la capitation de trente, & le dixiéme
va à 5o.. Que l'on voye au bout de
l'année ce que le Roi a touché de
ces trois espèces d'impositions
on reconnoîtra ce qui peut être re-
couvré fans l'aide des Traitans, Au
refte, il eft certain que les deux der-
nieres guerres ont été extrêmement
ruineufes; que les armées ont été
plus nombreuses que l'on n'auroit pu
même l'imaginer mais la dépense
qu'elles ont exigées, n'eft pas le feul
mal. Cette dépenfe a paffé par des
mains infiniment fufpectes, & contre
lefquelles la voix publique fe porte

au trône de Dieu, & du Roi. Il eft donc impoffible que l'on ne fonge quelque jour à foulager le malheur general, par la recherche des abus. Mais pour le faire utilement, il faut prendre de fi juftes mesures que l'artifice & la faveur ne l'emportent point fur l'équité, & fe fouvenir de l'experience faite depuis l'an 1661. jufqu'en 1665. où la forme bien menagée dans la défenfe, l'a emporté fur le fonds de la demande

étoit.

toute jufte qu'elle

veurs & Pa

Sur l'article des Receveurs & Reflexions Payeurs des deniers publics, l'Auteur fur les Rece. dit , que cette claffe de Financiers yeurs des deétablit fon favoir-faire à preffer la niers publics. recette & à reculer les Payemens,

afin de faire valoir l'argent pendant l'intervale. C'eft pour cela qu'ils retardent la reddition de leurs comptes & que dans l'état fommaire, qui s'eft fourni au Confeil, on évite de donner aux quitances leurs veritables dates: ce qui leur donne prétexte de feindre des avances, dont

ils favent fe faire accorder des interêts, pour des fommes qui n'ont jamais été payées dans le tems fupofé. Et fi l'on apercevoit quelque jour les mifteres de ce négoce, on verroit clairement par quels moyens ceux qui poffèdent ces emplois, fe font fitôt élevez & rendus riches on verroit des payemens reculez, faits par lambeaux, des remifes forcées des billers de monnoye, ou autres effets de nulle valeur, ou de débit difficile, donnez pour argent comptant. Cependant les Treforiers ont des remifes au delà des gages attribuez à leurs Offices: le Treforier de l'Extraordinaire des guerres a trois deniers, ce qui produit 100coop de livres de profit fur 800:0000 de livres : celui de la Marine a 6 deniers, qui donnent 550000 livres fur 22000000 de livres. Il y a quarante Offices de même nature fur quoi l'on peut juger de quelle utilité il feroit d'aporter quelque ordre & quelque économie en cette matiere. On avoit érigé des Charges de Contrôleurs,

pour

pour veiller à la conduite des Treforiers; mais ceux-ci, qui en ont connu l'importance les ont réünies à leurs Offices & ils ont, par ce moyen, évité les inconveniens.

,

fait au Roi

Mais le plus grand de tous les Tort que le abus, & le plus préjudiciable au Roi billonnage a & au Public, a été le billonnage, & au Public. pratiqué par tous les Treforiers & Receveurs; car I. ils ont publiquement & de notorieté connue, acheté des billets de monnoye à 20, 30, 40, 50, & 55 de benefice, les ont donnez pour leur valeur to

tale.

&

I I.

Ils ont acru,

dans les

payemens

qu'ils ont faits, l'interêt des billets de monnoye au capital. Ce font là les moyens communs, employez par les grands & les petits Partifans, Receveurs, Payeurs, Treforiers, &c.