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de la pauvreté du sol en phosphates. Cependant, en broyant les cannes à sucre et en faisant cuire le suc jusqu'à ce qu'il ait pris une certaine consistance, les indigènes retirent un sucre assez grossier, il est vrai, mais que l'on préfère néanmoins dans le pays aux produits similaires de la Chine ou d'ailleurs.

Les Cambodgiens extraient encore du sucre d'une variété de palmiers appelés palmiers dom-tenot.

Ils obtiennent par des incisions faites au fruit, un sirop qu'ils font bouillir dans des tubes en bambou. Le produit de cette cuisson est un sucre noir assez agréable au goût.

Le sucre de palme se vend au Cambodge en tablettes rondes superposées.

Le caoutchouc.

L'exploitation du caoutchouc a dans le pays un avenir assuré. Le caoutchouc est recueilli des lianes qui atteignent quelquefois des longueurs démesurées et dont la tige mesure jusqu'à 40 centimètres de circonférence.

Le fruit de ces lianes est acide et comestible; la feuille rappelle celle de l'oranger, l'écorce est rugueuse. On recueille le suc de ces lianes dans des godets en bambou que l'on place ensuite sur un brasier; la sève s'évapore et la substance caoutchouteuse reste au fond et se solidifie.

Les Cambodgiens négligent d'exploiter activement ce produit, parce qu'on ne leur en offre pas des prix suffisants.

La gomme-gutte.

La gomme-gutte est produite par le dom-rong. Les indigènes la recueillent au moyen d'incisions d'où la liqueur découle dans des tiges de bambou.

Le tronc du palmier qui produit ce suc est lisse; aussi les Cambodgiens, pour atteindre la tige, font autour de l'arbre une série d'anneaux avec une corde ou bien encore ils plantent

dans l'arbre des coins de bois dur sur lesquels ils grimpent comme sur une échelle.

Distilleries.

Les Cambodgiens n'ont aucune aptitude pour la distillerie ; du reste, ils aiment peu l'alcool.

Aussi pendant longtemps, les Chinois ont été au Cambodge les seuls propriétaires de distilleries. Mais depuis quelques années la plupart de leurs établissements n'ont pas pu continuer la lutte contre la distillerie de MM. Vandelet et Farant, à PnomPenh et ont été obligés de cesser de fonctionner.

Le rapport de M. le Gouverneur-général de l'Indo-Chine qui signale cette victoire française constate que l'industrie chinoise perd du terrain au Cambodge et souhaite que cet exemple ne soit ni seul ni perdu.

ALCOOL DE RIZ. Les Chinois distillent un alcool de riz qui reste assez impur et chargé de matières grasses, à cause de l'imperfection de sa fabrication, mais qui, rectifié, serait l'objet de fructueuses spéculations, car on le considère en Europe comme le meilleur après l'alcool de vin.

Orfévreries.

Les orfévres Cambodgiens sont très habiles, mais leur outillage est imparfait et leur principal défaut est l'uniformité. Tous leurs bijoux sont fabriqués selon des types qui remontent à la plus haute antiquité et qui n'ont jamais varié.

Ils ont pourtant un goût incontestable pour l'ornementation; les orfèvres royaux font souvent des œuvres remarquables dont le cachet artistique rappelle les œuvres des anciens Khmers et et qui content des prix fabuleux.

L'or des orfèvres cambodgiens est d'un rouge spécial et l'argent d'un mat particulier dùs à l'emploi de procédés traditionnels dans le pays.

Céramique.

Le Cambodge fabrique des briques et des tuiles qui sont de bonne qualité, mais mal cuites.

Il existe à Kompong-Chnang, à l'entrée du Tonlé-Sap, une fabrique de pots de fleurs, vases, terrines et fourneaux.

Tous ces objets sont fabriqués à la main, car le tour n'est pas encore très connu dans le pays.

Ressources minières.

Le Cambodge est riche en minerais de fer ainsi qu'en gisements de chaux, de kaolin et de craie.

Mais ces richesses sont très peu exploitées.

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MINERAI DE FER. Les minerais de fer de la province de Kampong-Soaï sont très réputés. On les désigne dans le pays sous le nom de pierre lourde et de pierre légère. Cette dernière est moins riche que la première, mais elle donne un fer très apprécié dont les indigènes se servent pour la fabrication des armes, outils et instruments tranchants.

M. Fuchs, ingénieur en chef des mines, a visité, en 1882, les mines de fer du Cambodge et en a été émerveillé.

Ces minerais ont été analysés en France par nos premiers établissements métallurgiques; ils sont très purs et donneraient d'excellents aciers dont l'écoulement en Chine et en Indo-Chine serait assuré. (P. Bonnetain).

Les capitalistes européens qui engageraient quelque argent dans ces exploitations obtiendraient sûrement des résultats inespérés.

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CHAUX. La chaux du Pnom-Kanlang est employée à Saïgon dans tous les ouvrages de construction. Les Cambodgiens l'exploitent avec profit.

KAOLIN. On trouve des carrières de kaolin dans les territoires du Haut-Mékong et plus particulièrement près de Kratié. SALPETRE. Le salpêtre est recueilli au Cambodge dans des cavernes et des mines qui produisent des revenus très importants. On trouve des gisements considérables de salpêtre

dans la province de Kampot, mais il paraît que certains industriels, comme autrefois le fisc royal, fabriquent du salpêtre avec le guano de chéiroptères, établis dans les ruines des monuments khmers.

ARDOISES ET CALCAIRES. Il faut enfin signaler, pour clore cette énumération, qu'on trouve au Cambodge des tourbières, des schistes ardoisiers et des carrières assez importantes de calcaire (Kampot), de marbres (Pursat) et de grés (Cheung-Prey).

Les montagnes renferment plusieurs mines exploitables, celles de Kompong-Soaï, entre autres, dont le rendement paraît devoir être très rémunérateur. Malheureusement, le mauvais état des voies de communication et la cherté du combustible ont empêché jusqu'ici des exploitations sérieuses.

Les Kouys, tribus sauvages vivant au Nord de KompongSoaï, à proximité des gisements les plus riches, ont été jusqu'ici les seuls à en profiter.

Comme on a pu s'en rendre compte par cette rapide étude, l'industrie cambodgienne a un champ très vaste d'exploitation, mais elle est loin d'être florissante.

A cela rien d'étonnant, car les indigènes n'ont pas les moyens dont disposent les peuples qui veulent réussir.

Cependant on n'est pas éloigné de croire que le Cambodge pourrait, dans l'avenir, obtenir là encore une prospérité considérable, et il n'est pas inutile de signaler aux particuliers les bénéfices que l'on pourrait retirer du développement raisonné de l'industrie dans ce pays.

D'ailleurs, d'importantes maisons de la place de Saïgon ont ouvert des succursales à Pnom-Penh. Une industrie nouvelle, celle de l'égrenage du coton, a été créée dans une des îles du Grand-Fleuve, l'ile de Khsach-Kandal. Une huilerie pour le traitement des graines de coton est venue s'ajouter à l'entreprise première et ses débuts ont été couronnés de succès.

LE

PROTECTORAT FRANÇAIS

I.

Établissement du Protectorat Français.

Le Cambodge luttait depuis longtemps contre l'Annam et le Siam, lorsque peu après la guerre de Crimée, le roi Ang-Duong, père du souverain actuel, pensa que la France, qui avait une si grande influence dans le monde, pouvait seule le délivrer de ses ennemis et l'appela à son secours.

Il envoya un mandarin au Consul de France de Singapoure avec mission de lui déclarer que le roi du Cambodge désirait se placer sous le protectorat français.

Le gouvernement désigna aussitôt M. de Montigny pour cette mission. Mais, au lieu d'aller directement auprès du roi du Cambodge, ce singulier diplomate s'arrêta à Bangkok, fut invité à un festin par la cour de Siam, et là, oubliant que la discrétion est une qualité fondamentale en tout, laissa échapper le but de sa mission.

Le roi de Siam, beaucoup plus habile, ne fit rien paraître ; mais lorsque notre Ambassadeur partit, il embarqua à son bord un mandarin qui porta au roi du Cambodge une lettre de

menaces.

Ang-Duong, se croyant trahi par notre gouvernement, refusa de signer le traité qu'il proposait à Napoléon III, et qui était extrêmement avantageux pour nous.

A la mort de Ang-Duong, le prince Norodom, âgé de 24 ans, monta sur le trône. Son frère Votha, irrité du choix des ministres, prit les armes et souleva le royaume. Au cours de cette sédition, plusieurs chrétiens furent massacrés.

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