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la poudre très-fine de crayon rouge ou sanguine, pour la gravure, et de crayon noir, pour le dessin, du côté du trait.

Apres l'avoir bien essuyé avec un linge très-fin, de manière à ce qu'il ne reste de poudre colorante que dans le trait, on le renverse sur la planche vernie et noircie, et après l'avoir assujetti sur la planche avec de la cire aux deux coins d'en haut, on le passe à un seul tour sous la presse en taille douce, légèrement chargée, ayant soin que les langes soient parfaitement secs et doux, afin de ne pas enlever le vernis.

Quand c'est pour le dessin, il faut que le calque soit renversé sur du papier blanc posé sur une planche de cuivre polie; on le passe alors à un seul tour, mais la presse doit être chargée comme pour imprimer.

A défaut de presse, on obtient un décalque en frottant sur les traits calqués à l'envers avec un corps dur et poli, comme brunissoir ou toute autre chose. Il faut avoir soin de bien assujettir son calque par les quatre coins, soit sur la planche vernie ou le papier qui doit être posé sur une planche polie, une glace ou un marbre, afin qu'il porte partout.

Il faut avoir soin, quand c'est pour la gravure, de ne faire mordre sa pointe que très-légèrement sur le papier-glace, sans cela, les aspérités ou rebarbes enleveraient le vernis; et quand c'est pour le dessin, il faut que le trait soit plus fort sur le papier-glace.

Lorsqu'on veut avoir un décalque du même côté que l'original, il faut calquerd'abord comme à l'ordinaire,

et

mettre de la poudre noire dans les traits, retourner le calque et mettre un second papier-glace dessus, calquer à l'envers; ce sera ce second calque qui donnera le décalque du même côté que l'original.

On peut aussi calquer avec la mine de plomb ou tout autre crayon, mais il faut auparavant frotter le côté luisant du papier-glace en tous sens avec de la poudre très-fine de pierre-ponce tamisée; cela lui donne un peu d'âpreté, et alors le crayon mord dessus. Ondécalque comme avec la pointe, et ensuite on peut effacer avec la gomme élastique.

Il faut éviter d'y laisser tomber de l'eau on peut cependant calquer avec l'encre de la Chine. On se procure aussi un décalque très-pur d'une miniature, sur une plaque d'ivoire, par les mêmes procédés.

La poussière bien fine de mine de plomb est préférable pour les décalques sur le cuivre verni. (Bibliothèque physico-économique. Juin 1815.)

PEINTURE.

Nouvelle méthode de peindre à l'encaustique, par M. CASTEllan.

Cette nouvelle méthode, présentée à l'Institut par M. Castellan, se rapproche beaucoup de celle des anciens. Il commence par imprimer ses fonds avec une couche de cire fondue, en ayant la précaution de sécher et de chauffer préalablement le stuc et le plâtre. Il étend la cire avec une brosse, il en égalise la surface, en promenant le réchaud à main des do>

reurs, ou le disque chaud dont se servaient les anciens; des linges neufs et des brosses rudes passées sur cette surface terminent le travail de l'impression. Toutes les modifications de l'impression sur bois, sur plâtre et sur toile, sont indiquées dans le mémoire de M. Castellan.

On peint sur ces impressions avec des couleurs broyées à l'huile d'olive, et non à l'huile siccative. On sèche la peinture en promenant le réchaud sur le tableau, ou en portant la température de l'atelier à 50 ou 40 degrés de chaleur, ou enfin en exposant le tableau au soleil. La peinture sur toile n'exige pour sa dessiccation qu'une chaleur de 20 à 30 degrés. M. Castellan glace ses tableaux avec un vernis transparent, qui est fait par la dissolution de la cire dans une huile volatile très-décolorée.

Plusieurs peintures exécutées par ce procédé ont été exposées, pendant plusieurs années, à toutes les intempéries de l'air, sans avoir été sensiblement altérées. La laque d'Angleterre même, qui passe si vite au soleil, n'a pas perdu de l'intensité de sa couleur.

Ce procédé de peinture nous paraît avoir plusieurs avantages sur celui qui est maintenant généralement emploié.

1o. Il incorpore, au moyen de la chaleur, la peinture avec les fond de l'impression, de telle manière, qu'on n'a plus qu'un seul corps; tandis que, dans la peinture à l'huile siccative, les couches d'impression et de peinture ne sont point fondues ensemble, mais apposées les unes sur les autres. On s'en est con

vaincu en suivant les opérations de cette espèce de rentoilage qui consiste à séparer la couche de couleur pour la porter sur une toile neuve; et il arrive de là que chaque couche opère sa retraite isolément, se tourmente plus ou moins en raison de son épaisseur et des principes dont elle se compose. Le tableau ne tarde pas à éprouver des altérations notables.

2o. Dans la matière qui sert à l'impression, ou à préparer les fond, de même que dans celles qui servent d'excipient aux couleurs, ou qui en forment le vernis, il n'en est aucune qui soit susceptible d'éprouver de la retraite par le laps du temps, ou par une dessiccation progressive; de sorte que la peinture ne peut ni se gercer, ni se fendiller, ni s'enlever en écailles.

3°. Les couleurs étant fondues dans la cire, et recouvertes par une couche de la même substance, sont à l'abri du contact de l'air et de l'humidité, qui sont leurs plus puissans destructeurs.

Le procédé de peinture de M. Castellan a, sur tous ceux du même genre essayés jusqu'à présent pour imiter l'encaustique des anciens, le très-grand avantage de ne pas contrarier les habitudes prises dans toutes les écoles. Il est dans la peinture un mérite si intimement lié au mode d'exécution, qu'un changement brusque ne peut pas s'obtenir du peintre, dont les idées tiennent plus qu'on ne pense à la manière de les exprimer.

Plusieurs paysages peints par M. Castellan, et deux portraits en grand peints par M. Taunay, ne

présentent aucune différence avec les peintures à l'huile siccative. On y retrouve la même facilité de pinceau, la même franchise de touche, la même netteté d'exécution, la même légèreté de couleur, et une égale transparence de ton. (Annales de Chimie. Mars 1815.)

Imitation de la peinture à l'encaustiqne des anciens, par M. CHAPTAL.

Pour rendre la cire maniable au pinceau, et en procurer la prompte dessiccation sans lui faire perdre ni de sa blancheur, ni de sa consistance, M. Chaptal propose l'emploi des huiles volatiles ou essences trèsdécolorées. Il suffit, pour fondre la cire dans une huile volatile, de l'emploier en rubans, telle qu'on la trouve lorsqu'on la blanchit, et de l'arroser après cela de quelques gouttes d'huile.

Une faib lechaleur suffit alors pour en opérer la dissolution, et l'on obtient ainsi un liquide très-transparent on parvient au même résultat avec une huile fixe. Les huiles fixes bien épurées, ou les huiles volatiles sans couleur, doivent être emploiées dans cette opé

ration.

Cette combinaison peut être appliquée sur la toile, le bois et le marbre, à l'état liquide. Elle adhère alors fortement à ces corps, parce qu'elle les pénètre, et elle forme à leur surface une couche blanche et légèrement transparente. Mais la dissolution de la cire dans l'huile volatile est préférable, parce que, outre qu'elle est plus blanche, il suffit d'une chaleur de 20 à 25

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