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42°. VOITURE.

Essieux tournans, de l'invention de feu M. ARTHUR, horloger anglais et fabricant de papier de tenture à Paris.

Une longue expérience a fait connaître que les essieux les plus convenables au service de l'artillerie sont ceux de fer; mais il le faut de la meilleure qualité, et forgé avec beaucoup de soin; c'est pourquoi leur admission est soumise à des épreuves rigoureuses. Il est à présumer que c'est l'effet même de la violence de ces épreuves qui fait naître des crevasses, lesquelles, s'agrandissant par le roulage, finissent par occasionner la rupture de l'essieu.

Il serait donc à désirer qu'on pût remplacer les essieux ordinaires par d'autres plus solides, qui n'exigeassent ni du fer d'une qualité supérieure, ni une extrême surveillance dans leur fabrication, ni des épreuves violentes, capables de produire le mal qu'on veut éviter.

Les essieux tournans de M. Arthur, que M. le comte d'Aboville emploie avec succès à ses voitures depuis plusieurs années, paraissent remplir toutes ces conditions.

La supériorité de résistance des essieux tournans est prouvée; car, si on les compare aux essieux ordinaires, on remarquera que la réaction du terrain contre le poids de la voiture qui, dans les cahots, agit si violemment, s'exerce dans les essieux

tournans, constamment très-près du point sur lequel pèse la charge, conséquemment à l'extrémité d'un levier très-court; tandis que dans les essieux ordinaires cette puissance agit le plus souvent sous le petit bout de la fusée, c'est-à-dire, à l'extrémité d'un levier trois à quatre fois plus long que celui qu'a cette même puissance dans les essieux tournans. Ajoutez à cela que la vitesse dont cette force se compose est d'un cinquième ou d'un sixième plus grand dans l'essieu ordinaire que dans l'autre ; d'où il résulte que la force qui tend à rompre l'essieu, considérée relativement à l'ancien et au tournant, se trouve à peu près dans le rapport de 18 à 5.

D'après ces observations et les avantages reconnus des esssieux tournans, l'ancien gouvernement ordonna qu'il serait fait des expériences comparatives, en les soumettant à l'effort de la poudre dans le recul des bouches à feu.

Des épreuves antérieures, quoique ayant un autre objet, furent faites à Vincennes au mois de frimaire an IX, pour savoir le service que l'on pourrait tirer des pièces de 8 forées au calibre de 12, et de celles de 4 forées à celui de 6.

Les mille trente-sept coups tirés par les pièces de 8 firent rompre cinq essieux ordinaires, dont la durée moyenne a été de soixante-neuf coups.

Les quatre cent onze coups tirés par la pièce de 4 firent rompre six essieux, dont la durée moyenne a été de cinquante-deux coups.

L'insuffisance des essieux ordinaires

pour résister

au recul s'étant trouvée plus marquée dans le calibre de 4 que dans celui de 8, il devait aussi offrir plus de chances à la rupture des essieux tournans; c'est ce qui l'avait fait proposer de préférence pour les épreuves.

En conséquence, on prépara à Vincennes, pour cette épreuve, deux pièces de 4 forées au calibre de 6, et montées sur des affûts de 4 à essieux tournans. Tout fut exactement conforme à ce qui se pratiqua en l'an Ix. Les pièces furent tirées avec des boulets de 6, à la charge de 2 livres de poudre, et pointées à 16 lignes de hausse, répondant à 4 degrés au-dessus de la ligne horizontale. Les essieux tournans soutinrent plus de trois cents coups, tandis que les essieux ordinaires rompirent tous après un petit nombre de coups, à l'exception d'un seul qui en a soutenu cent vingt-cinq avant de se rompre.

Ainsi la supériorité des essieux tournans paraît suffisamment démontrée pour le service de l'artillerie, les épreuves ayant été faites avec beaucoup de soin; mais il s'agissait de savoir s'ils étaient également applicables aux voitures de roulage.

Le Comité consultatif des manufactures près le ministère de l'Intérieur a considéré cette question sous tous les rapports. Il a été d'avis de faire monter de grosses voitures avec des essieux ordinaires et des essieux tournans, et de s'en servir comparativement. S'ils offrent tous les avantages annoncés par M. le comte d'Aboville, il n'y a pas de doute qu'ils ne soient

adoptés par les messageries, et successivement par toutes les classes civiles.

Les derniers événemens ont empêché l'exécution' de cette mesure du Comité il serait bien à désirer' qu'on s'occupât de nouveau d'un objet aussi impor tant pour le service public. (Bulletin de la Société d'Encouragement. Septembre 1814.)

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INDUSTRIE NATIONALE

DE L'AN 1815.

I.

SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT

POUR L'INDUSTRIE NATIONALE,

SÉANTE A PARIS.

Séance du 10 mai 1815.

DANS cette séance, le Conseil d'administration a rendu compte de ses travaux et des recettes et dépenses de l'année 1814.

M. de La Borde a lu un rapport sur les moyens de perfectionner l'instruction primaire en France, principalement pour les pauvres.

Les objets qui ont le plus fixé l'attention de l'assemblée sont:

1o. Des impressions sur étoffes, imitant la broderie, de M. Bonvallet.

L'auteur a fait hommage à la Société d'un trèsbeau fauteuil recouvert en drap écarlate, avec des ornemens exécutés par ce procédé.

ARCH. DES Découv. de 1815.

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