Page images
PDF
EPUB

la marche de cet instrument à celle du baromètre, et j'ai vu qu'il n'y avait entre eux aucun rapport.

J'ai exposé plusieurs mois le tube dans un jardin, à l'abri de la pluie, et j'ai observé:

1°. Que la cristallisation augmentait ordinairement vers le milieu du jour ;

2o. Qu'elle portait plus volontiers sur les parois frappées directement par les rayons lumineux, à moins qu'un vent frais ne soufflât du côté opposé;

3°. Que la dendrite était plus belle dans les temps froids que dans les temps chauds.

Cependant j'ai noté beaucoup d'anomalies: j'ai vu la liqueur se troubler pendant des jours sereins; j'ai vu croître les végétations dans un temps chaud, et diminuer dans un temps humide et froid. J'ai observé plusieurs jours de tempête et d'orage sans qu'il se manifestât aucun changement dans le liquide; enfin j'ai électrisé le tube de différentes manières, sans avoir fait varier les phénomènes.

[ocr errors]

On ne peut donc regarder cette composition comme propre à indiquer les changemens de temps, ni se rapportèr aux indications données par ce tube; indications d'autant plus fausses, que l'agitation de la mer s'oppose à la formation des dendrites réguliers, et qu'il est difficile dans un navire de tenir un liquide dans un parfait repos.

Expériences et analyse.

J'ai placé le tube dans une étuve chauffée à trente degrés de Réaumur. La chaleur a fait dissoudre le

tiers environ de la matière solide. J'ai exposé ensuite le tube dans un lieu froid à cinq degrés+o, et, en peu d'heures, la cristallisation a végeté au tiers environ de la hauteur de l'instrument.

Cette expérience, répétée plusieurs fois, prouve que la température influe essentiellement sur la formation de la dendrite. Si le passage du chaud au froid est brusque, alors la liqueur se trouble; si la chaleur est appliquée sur une partie de l'instrument, tandis que le reste est froid, il y a de l'agitation dans la liqueur, et des étoiles cristallines montent et descendent. J'ai couvert la moitié du tube dans sa longueur avec un papier noir, pour intercepter les rayons lumineux, et j'ai remarqué que la dendrite se portait de préférence vers le côté éclairé.

J'ai enfin ouvert le tube. Il contenait trois onces et demie de liquide, marquant treize degrés et demi à l'aréomètre. Ce liquide était aqueux et alcoolique; il sentait fortement le camphre, et rougissait le papier de tournesol. Le précipité recueilli sur un filtre pesait 108 grains. De l'eau distillée, ajoutée au liquide filtré, en a précipité environ 12 grains de camphre. J'ai réuni ce camphre au premier, et j'ai brûlé le tout dans une capsule d'argent. J'ai obtenu, pour résidu, 24 grains environ d'une matière saline; j'ai reconnu que c'était de l'alun.

Ainsi cet instrument me parut formé avec une solution aqueuse de 24 grains de sulfate acide d'alumine, dans laquelle on a versé de l'alcool tenant en dissolution 120 grains de camphre.

[ocr errors]

Pour vérifier cette analyse par la synthèse, j'ai fait, d'après ces données, un mélange de deux dissolutions pareilles, et j'ai obtenu dans le tube un précipité cristallin, qui formait des dendrites, augmentait et diminuait dans les mêmes circonstances que dans l'instrument anglais.

Avant la révolution, j'avais vu dans plusieurs cabinets de physique, et chez un opticien du Palais-Royal, nommé Batally, des instrumens semblables à celui-ci. On les nommait alors pronostics; et quoique les marchands fissent un secret de leur composition, on savait que c'était une préparation de camphre. Il paraît qu'à cette époque les physiciens ne furent point satisfaits de la marche de cet instrument, puisqu'ils l'abandonnèrent. (Journal de Pharmacie. Août 1815.)

[ocr errors]

III. CHIMIE.

Des élémens des substances élémentaires.

Les plus grands chimistes actuels conviennent que

les substances dites élémentaires se composent et se décomposent journellement.

M. Vauquelin ayant nourri une poule, pendant plusieurs jours, avec de l'avoine dans laquelle il y avait beaucoup de silice, ayant ensuite analysé cette poule, ses œufs, etc., y trouva très-peu de silice et beaucoup de chaux. Il en conclut que les terres peuvent être composées et décomposées.

Berzelius et M. H. Davy pensent de même. En continuant ces recherches, il est probable qu'on découvrira quelques nouveaux corps appartenant à cette même classe, mais plus subtils; et peutêtre les différences caractéristiques de ces substances, qui, en apparence, donnent les mêmes produits par l'analyse, dépendent de cette circonstance.

M. H. Davy dit à cette occasion:

« Je n'ai jamais avancé que l'oxigène ou la chlo>>>rine fussent des élémens, mais seulement qu'ils » n'avaient pas été décomposés........ J'essaierai de >> hasarder une conjecture. Le carbone, dans le dia» mant, n'est-il point uni à quelque principe très» léger et très-subtil de cette espèce, lequel jusqu'à » présent a échappé à nos recherches?......... Car il >> est presque impossible qu'il n'y ait pas quelque » différence chimique entre la plus dure et la plus » belle des pierres précieuses et le charbon ».

Plusieurs substances dites élémentaires, telles que le soufre, le phosphore, la potasse, la soude, etc., sont formées par les forces vitales chez les êtres organisés, et décomposées dans la fermentation putride des matières animales et végétales.

M. H. Davy enfin a formé des combinaisons qu'il n'a pu ensuite décomposer, en mélangeant Fammoniaque avec d'autres corps.

On ne peut donc douter que ces prétendus élémens ne se composent et ne se décomposent journellement. L'iode est certainement produit chaque jour dans le varec.......... On dit qu'il est moins

abondant dans les varecs des côtes d'Angleterre.

Ces substances élémentaires sont composées par les combinaisons des gaz, l'air pur, l'air impur, l'air inflammable, l'eau et les grands fluides de l'univers. (Rapport de M. DELAMÉTHERIE, inséré dans lę Journal de Physique. Janvier 1815.)

Des principes des substances végétales et de leurs proportions, par M. Th. DE Saussure.

M. de Saussure a cherché à déterminer les proportions des différentes substances dont sont composés les végétaux.

Cent parties d'amidon séché à la température de l'eau bouillante lui ont donné, abstraction faite des cendres :

[blocks in formation]

Cent parties de sucre de raisin séché à la tempé

rature de l'eau bouillante ont donné :

[blocks in formation]
« PreviousContinue »