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glant.

C'est pourquoi Wrède, à Hanau, le 30 octobre 1813,

se plaça résolument sur le passage de Napoléon.

Le 2 novembre, le roi Frédéric de Würtemberg imita l'exemple du roi de Bavière en signant avec l'Autriche le traité de Fulda : comme Maximilien, il stipulait sa souveraineté pleine et entière; mais il n'avait aucune restitution à faire et il eut soin de stipuler que les 12 000 Würtembergeois qu'il mettait à la disposition de l'Autriche resteraient groupés en un seul corps, commandé par un général würtembergeois. Bignon a rendu ce témoignage au dur et hautain roi : « Après sa défection forcée, il est resté indépendant et ferme; il n'a armé que lentement; il a chàtié les soldats qui avaient fait défection à Leipzig; il a conservé aussi longtemps que possible la fidélité à la cause française.» Les historiens allemands ajoutent qu'il apprit avec une certaine satisfaction l'écrasement des Bavarois à Hanau.

Le 2 novembre, au surlendemain de Hanau, le grand-duc de Hesse-Darmstadt signa un traité analogue, mais après une longue résistance aux conseils de ses ministres; le 20, ce fut le tour du grand-duc de Bade, mais après avoir fait exprimer à l'Empereur son « très vif et très sincère regret »; le 23, de Nassau; le 24, de Saxe-Cobourg. De la Confédération du Rhin il ne restait plus debout une seule pierre.

BIBLIOGRAPHIE

On trouvera aux chapitres et III v de ce volume l'indication des principaux documents et ouvrages généraux relatifs à l'histoire de toute l'époque impériale. On pourra consulter spécialement pour la campagne d'Allemagne : Documents inédits : AUX ARCHIVES NATIONALES, les procès-verbaux des conseils des ministres ; les rapports journaliers de Pasquier; les rapports analytiques du comte François; les correspondances des préfets relatives à la conscription de 1813. AUX ARCHIVES DE LA GUERRE, les correspondances des principaux chefs de corps et surtout celle de Berthier. - AUX ARCHIVES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, la correspondance de nos agents à l'étranger et principalement la communication de Caulaincourt, de Narbonne, d'Otto, de Reinhardt, de Beugnot, de Bignon.

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Documents imprimés : les mémoires de Metternich, les dépêches de Gentz, les correspondances de lord Castlereagh, les mémoires du comte de Langeron, le journal de Barclay de Tolly, les souvenirs d'Arndt,

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Müffling, Varnhagen v. Ense, Clausewitz, Wolzogen, Ompteda, etc.
La plupart des mémoires français, russes, allemands, etc., cités pour
l'année 1812, ci-dessus, p. 809.
Ouvrages spéciaux.

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- Denis, L'Allemagne de 4810

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Hans Schlitter,

L. Häusser, Deutsche Geschichte, t. IV. A. Rambaud, L'Allemagne sous Napoléon Ier. à 1848 (collection de la Biblioth. d'histoire illustrée). Kaiser Franz und die Napoleoniden, Vienne, 1888. W. Oncken, Esterreich und Preussen im Befreiungskriege, Berlin, 1876-1879. Le prince Metternich Vinneburg et le baron Klinkowström, OEsterreichs Theilnahme, etc., Vienne, 1887. - W. Ad. Schmidt, Gesch. der Verfassungsfrage (1812-1815), Stuttgart, 1890. - Beitzke, Gesch. der deutschen Freiheitskriege (1813-1814),

nombreuses éditions.

Zeitalter, Leipzig, 1855.

Prussia, 3 vol., 1878.

Pertz, Stein's Leben, Sig. Stern, Stein und sein
Seeley, Life und times of Stein, or Germany and

Baron Fain, Manuscrit sur la

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Boutour

Colonel Vial, Les campagnes modernes. campagne de 1813. Victoires et Conquêtes, t. XXII. Vaudoncourt, Camp. de 1813. G. Bertin, La campagne de 1813, Paris, 1895. (Extraits de mémoires de contemporains.) Général de Campredon, Documents militaires sur la défense de Dantzig en 1813, Paris, 1888. - Ch. Auriol, La défense de Dantzig en 1813, Paris, 1892. Comte Van Hogendorp, Mémoires du général Dirk van Hogendorp, Paris, 1887, in-8. line, La campagne d'automne, 1813. — Von Frieden, Napoléon Ier à Dresde, 8 mai 1813 (dans la Revue Historique, vol. XVIII). Paul Müller, L'espionnage militaire sous Napoléon Ier, Paris, 1896. L. Dieffenbach, K. Lud. Schulmeister, der Hauptspion, Parteigænger, etc., Napoleons, Leipzig, 1879. — J. G. Droysen, Das Leben d. Feldm. Grafen York v. Wartenburg, Leipzig, H. Delbrück, Das Leben d. Feldm. Gneisenau, Berlin, 1882. E. V. Colomb, Blücher in Briefen aus den Feldzügen 1813-1815, Stuttgart, 1880. - A. Kleinschmidt, Die letzten Tage des Konigreichs Wesphalien, dans Zeitsch. für Hessische Gesch., 1891. Du Casse, Journal et Corr. de la reine de Westphalie, dans Revue Historique, 1892 et 1893. - W. Bernays, Schicksale des Grossherzogthum Frankfurt und seiner Truppen, Berlin, 1882.-R. Goecke, Das Grossherzogthum Berg (1806-1815), Cologne, 1877. A. v. Schlossbuger, Polit. und diplom. Corresp. Kanig Friedrichs v. Würtemberg mit Napoléon (1805-1813), Stuttgart, 1889. - J.-M. v. Sœltl, Biographie des Königs Max. Jos. I v. Bayern, 1837. V. Lerchenfeld, Gesch. Bayerns unter Konig Max. Jos. I, Berlin, 1854. Flathe, Gesch. d. Kurstaates u. Kanigreichs Sachsen, Gotha (Coll. Heeren et Ukert), t. III, 1806-1866.

1871.

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CHAPITRE XXVI

LA CAMPAGNE DE FRANCE
ET LA CHUTE DE L'EMPIRE

1814

1.

L'invasion et les premières batailles.

La déclaration de Francfort. Au mois d'octobre 1813, un diplomate français, M. de Saint-Aignan, fait prisonnier, se réclama de sa qualité et fut conduit à Francfort, quartier général des souverains. Les ministres alliés le chargèrent de transmettre à l'Empereur les conditions auxquelles ils se disaient prêts à traiter la France renfermée dans ses limites naturelles, le Rhin, les Alpes, les Pyrénées: l'Allemagne, la Hollande et l'Italie indépendantes; l'Espagne rendue aux Bourbons. Saint-Aignan arriva à Paris le 14 novembre. Le 16, Napoléon fit répondre par Bassano que Caulaincourt était prêt à se rendre à Manheim pour négocier avec les plénipotentiaires aussitôt que Metternich lui aurait fait connaître le jour fixé pour le congrès. Metternich adressa le 25 novembre à Bassano une lettre lui demandant de s'expliquer catégoriquement sur les bases générales et sommaires ». Dans l'intervalle, Caulaincourt, l'homme de la paix », avait remplacé Bassano,« l'homme de la guerre », au ministère des relations extérieures. Il répondit le 2 décembre à Metternich:

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« J'annonce à Votre Excellence avec une vive satisfaction que Sa Majesté adhère aux bases générales et sommaires. » Mais les alliés étaient déterminés à continuer la guerre. La Correspondance de Metternich, la Correspondance de Castlereagh, les Dépêches de Gentz, prouvent que les propositions de Francfort n'étaient qu'une duperie, imaginée pour abuser et l'Europe et la France. Les coalisés n'attendirent pas la réponse demandée par Metternich au gouvernement français. Dès le 1er décembre, ils publièrent la déclaration de Francfort, où ils dirent implicitement que leurs propositions pacifiques avaient été repoussées. Le manifeste se résumait en ces deux termes paix à la France, guerre à Napoléon.

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La France au commencement de 1814. Le Blocus continental, les champs en friche, les fabriques fermées, l'arrêt complet des affaires et des travaux publics, la retenue de 25 pour 100 sur tous les traitements et pensions non militaires, l'énorme augmentation des impôts avaient amené la gêne chez les riches, la misère chez les pauvres. La rente était tombée de 87 francs à 50 francs 50; les actions de la Banque, cotées jadis 1430 francs, valaient 715 francs; le change sur les billets était de 12 pour 1000 en argent, de 50 pour 1000 en or. Le numéraire était si rare qu'on avait dû suspendre jusqu'au 1er janvier 1815 la loi qui fixait l'intérêt à 5 et 6 pour 100. A Paris, sauf les denrées alimentaires et quelques bonbons, le premier de l'an, rien ne se vendait. En province, les armateurs avaient leurs bâtiments au port, les manufacturiers leurs magasins pleins, les vignerons leurs celliers remplis. Ces derniers possédaient, il est vrai, des créances sur l'Allemagne quand seraient-ils payés? En attendant, on portait au Mont-de-Piété son argenterie, ses meubles, son linge. Partout les faillites étaient nombreuses. Des colonnes mobiles fouillaient les bois à la recherche des réfractaires, les garnisaires s'installaient au foyer de la mère de l'insoumis; dans certaines contrées, c'étaient les femmes et les enfants qui labouraient.

Ainsi ruinée et décimée, la population française tout entière n'avait qu'une seule pensée, ne vivait que dans une seule espérance, ne formait qu'un seul vœu la paix. Des villes, des 54

HISTOIRE GÉNÉRALE. IX.

campagnes, des états-majors même, cette prière unanime arrivait, résignée et tremblante, au pied du trône impérial. La France était lasse de la guerre. Les désastres de la Bérézina et de Leipzig, la marche de l'ennemi vers les frontières l'avaient fait revenir de ses rêves de gloire, comme quinze ans plus tôt les hécatombes de la Terreur et les désordres du Directoire l'avaient désabusée de ses rêves de liberté. Après vingt-cinq années de révolutions et de guerres, la France voulait du repos. Mais la France, et nous entendons par là l'immense majorité du pays, les quatre cinquièmes de la population, ne désirait point la chute de Napoléon. Elle n'y pensait même pas !

A la vérité, l'ancienne noblesse et la bourgeoisie libérale voyaient les choses d'une autre façon. Les nobles, encore qu'une infinité d'entre eux se fût ralliée à l'Empire, n'avaient jamais désarmé complètement. Douze années de gouvernement absolu et de silence à la tribune et dans la presse n'avaient point, cela va de soi, comquis les libéraux. La prorogation du Corps législatif (31 décembre 1813) et les paroles courroucées de l'Empereur aux députés dans leur audience de congé (1er janvier 1814) augmentèrent le mécontentement de la bourgeoisie éclairée, tandis que la nouvelle du passage du Rhin et les proclamations des Alliés enhardirent les royalistes. Le manifeste de Schwartzenberg, conçu dans le même esprit que la DÉCLARATION de Francfort, portait aussi en substance paix à la France, guerre à Napoléon. Les mécontents ne tardèrent pas à exploiter la distinction établie par les Alliés entre le pays et le souverain. Ils rapprochaient cette déclaration du fait de l'ajournement du Corps législatif. A les entendre, l'Empereur, en congédiant les représentants de la nation, avait lui-même prononcé son divorce avec la France.

Dans cette ligue tacite entre les libéraux et les royalistes, ceux-là, encore sans dessein arrêté, ne mettaient que leurs rancunes; ceux-ci, parfaitement fixés sur le but à atteindre, apportaient leurs espérances. Pour eux, les Alliés n'étaient pas des ennemis, c'étaient des libérateurs. Ils s'employèrent d'abord à rappeler aux Français le nom oublié des Bourbons. Chaque jour, dans quelque ville, on affichait des placards ou l'on col

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