C'EST avec quelque confiance que nous présentons aujourd'hui au public la seconde livraison des Mémoires de M. de Bourrienne, tant nous sommes sûrs que cette livraison contient des documens précieux pour l'histoire des temps modernes, et des révélations du plus haut intérêt. Cependant, comme ce n'est pas à l'éditeur qu'il convient de faire l'éloge des ouvrages qu'il publie, nous nous bornerons à de simples énonciations de faits, tant sur la seconde livraison que sur la troisième, qui la suivra promptement.

Dans les deux premiers volumes, on a vu Bonaparte enfant, général en chef à vingtsept ans, conquérant de l'Italie et de l'Égypte, mais presque toujours sur les

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champs de bataille : aujourd'hui la scène s'est bien agrandie, et si l'homme est resté le même, avec ses grandeurs et ses faiblesses, sa figure, qui domine toujours dans les Mémoires de M. de Bourrienne, reçoit, de la variété des circonstances et de l'incroyable rapidité des événemens, une physionomie pour ainsi dire nouvelle.

Les deux volumes qui composent la seconde livraison, contiennent à peine l'histoire de deux années; et que de choses dans un si court espace de temps! Le retour d'Égypte, les acclamations populaires, l'abaissement du Directoire, les scènes dramatiques qui précèdent, accompagnent et suivent la révolution du 18 brumaire; une foule d'institutions fondées comme par enchantement; les premières bases de l'empire posées sous le consulat ; les Alpes franchies, Marengo; une nouvelle guerre en Allemagne ; la paix ; la religion restaurée en France, et au milieu de tout cela, Bonaparte les yeux toujours fixés sur la couronne, marchant au trône, en écartant par la ruse les obstacles dont il

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craint de ne pouvoir triompher par la force.. Telles sont les sommités des événemens dont M. de Bourrienne déroule le tableau aux yeux des lecteurs. Mais ce qui surtout est digne de fixer l'attention des hommes qui aiment à réfléchir, ce sont les causes de ces événemens, leur conception, leur préparation dans la tête de Bonaparte; enfin un premier accomplissement de ses projets, une pose forcée entre la république et l'empire.

C'est sur les limites de ces deux gouvernemens que le lecteur trouvera Napoléon au commencement de la troisième livraison ; il le verra alors consul à vie, ne cachant plus ses desseins; il assistera aux grands procès de Moreau, de Georges, de Pichegru, saura la vérité sur les causes les plus secrètes qui ont préparé et dirigé ces grands épisodes, placés pour ainsi dire sous le péristyle de l'empire, et apprendra enfin à qui l'histoire devra reprocher le sang répandu du dernier des Condé. Ces grandes affaires de la politique ne remplissent pas remplissent pas seules les

pages tracées

par

M. de Bourrienne. On se

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plaira sans doute à le suivre dans l'exploration de ses souvenirs, quand il rappelle les tribulations de Joséphine, dont l'imagination était frappée par de funestes de funestes pressentimens; quand il dévoile les ressorts d'une foule d'intrigues, met à nu les ambitions secondaires qui bourdonnaient autour de Bonaparte, et indique, avec une conscience sévère, les rôles que joua, dans le grand drame de la fondation de l'empire, la famille de Napoléon, et le jugement que luimême portait de ses frères.

Tels sont les principaux objets sur lesquels la curiosité des lecteurs sera satisfaite dans la troisième livraison, où l'on verra enfin Bonaparte se séparer d'un ami de collége, au moment de ceindre la couronne impériale.

Paris, ce 5 mai 1829.

LADVOCAT.