Page images
PDF
EPUB

Dans ce cas, on peut facilement juger des assertions du libelliste , par les sources impures où il a puisé.

[ocr errors]
[ocr errors]

(Bien que vers la fin du règne de Napoléon, les Catholiques alarmassent les Protestans (1) sur l'avenir, au moyen de menaces, d'injures et de calom>nies secrètes, comme ils n'avoient aucun reproche à » se faire, qu'ils avoient, avec le reste de la France, gémi sous sa tyrannie, et que, d'ailleurs, ils n'avoient » obtenu sous lui que très-peu de places lucratives et » de confiance, ils regardèrent la chute du despote » comme une délivrance.) »

[ocr errors]

Bonaparte, le plus despote des hommes, connoissoit très-bien les éternels principes républicains et le constant système fédéraliste d'une partie des Calvinistes du Gard. Aussi ne les aimoit-il pas, et ceux-ci ne l'aimoient pas davantage. Mais au moins avoit-il une générale et méprisable indifférence pour toutes les religions et tous les cultes, indifférence dont les Calvinistes n'ont senti tout le prix, que quand ils ont vu remonter sur le Trône de France des Princes éminemment Catholiques. Ils le haïssoient, quand il falloit plier et servir sous un maître absolu. Ils l'ont adoré, quand les Français n'ont plus eu qu'à vivre heureux sous un Roi légitime et paternel. Parmi les nombreuses déclarations des chefs de la population Calviniste dans le Gard, en voici une assez curieuse, quoique des moins exagérées.

(1) L'auroient-ils pu ou osé à cette époque ?

[ocr errors]

« Le président du Consistoire de l'église réfor» mée de ***, à M. le Préfet du Gard. (Baron Rug

D

gieri.)

MONSIEUR,

***, 6 juin 1815.

[ocr errors]
[ocr errors]

« Un responsable doit rendre compte de sa » conduite à celui envers lequel il s'est engagé. » C'est le motif qui me détermine à vous écrire. » Dans ma lettre du 12 du mois dernier, après » vous avoir prouvé que j'étois dans l'impossibi»lité de me rendre en qualité d'électeur, au champ de mai, je vous parle des dispositions » des fidèles de l'église consistoriale de ***, et je » vous promis d'obtenir d'eux tous les sacrifices » que les besoins de l'Etat et les circonstances. impérieuses pouvoient exiger. J'ai depuis lors » parcouru à différentes reprises les vingt-quatre » communes des cantons de et qui compo» sent notre église consistoriale. Par tout, j'ai trouvé le plus grand dévouement pour S. M.I.et R. » Tous les réformés sont persuadés que leur desti» née est liée avec celle du grand Napoléon.

[ocr errors]

***

***

>> MM. les percepteurs m'ont dit que l'impôt se » payoit, sans qu'ils eussent besoin d'user de con» trainte, envers les contribuables.

[ocr errors]

» MM, les maires m'ont assuré que tous les an»ciens militaires qui avoient été appelés, étoient partis, et qu'aucun d'eux n'avoit déserté. (Je parle des reformés. Ceux-ci forment les quatre cinquièmes de la population des deux cantons.

[ocr errors]
[ocr errors]

» Je n'ai aucune inspection sur les autres.) Que les citoyens qui étoient appelés pour former » les bataillons de la garde nationale active, mon> troient autant de bonne volonté que les pre> miers. Vous voyez, M. le Préfet, que c'est par » nos actions que nous prouvons nos sentimens. Je » vous déclare que vous nous trouverez toujours › animés du même esprit, etc. etc. »

[ocr errors]

Signé, P. ***, Pasteur, Président

du Consistoire de l'église de ***.

(Ils virent le retour de la famille royale avec d'au» tant plus de joie, que, dans ses malheurs, cette fa› mille avoit trouvé son plus sûr asile parmi les Protestans. Cette circonstance leur paroissoit ménagée par > la Providence pour inspirer aux Réformés de la confiance dans leur gouvernement. Leur retour fut célébré avec enthousiasme dans tous les Temples protestans, à Nismes, à Montpellier, à Montauban, à Castelmoron, etc. Cet heureux événement provoqua de » la part du consistoire de Nismes une lettre pastorale. Il fit également imprimer et répandre dans le public ⚫ un discours analogue à cette circonstance. »

[ocr errors]
[ocr errors]

On prétendra, peut-être, que la persécution n'a commencé qu'après le second retour du Roi (1), et qu'elle fut la punition de l'empressement avec lequel les Protestans reçurent Napoléon, ainsi que du,secours qu'ils

(1) On ne le prétendra pas, on le prouve avec la dernière

évidence.

prêtèrent pour le renversement de l'autorité royale (1). Un Catholique romain de Nismes, homme infiniment respectable, répond à cette objection: « que le débarquement de Napoléon fut annoncé dans cette ville au » moment où on s'y attendoit le moins que son gou> vernement fut proclamé par les militaires; et les magistrats, changés par la même autorité. »)

Ah! nous voilà encore dans ces Catholiques romains infiniment respectables et toujours anonymes, et qui par une fatalité attachée sans doute au malheureux papisme, n'ouvrent jamais la bouche avec le sieur Perrot, que pour proférer des absurdités inintelligibles et insignifiantes. Vous allez en juger.

(Les Protestans se sont montrés entièrement passifs; autant que j'ai pu en juger, nuls motifs politiques ne les portoient à pencher envers le gouvernement impérial. Ils ne sentoient pour lui aucun attachement particulier. Il est bien vrai qu'ils se livrèrent à la joie; mais cette joie étoit produite, non par des motifs politiques, mais par l'espoir de la tranquillité et de la paix religieuse.)

Je prie le lecteur de comparer les quatre phrases soulignées dans le paragraphe, et d'expliquer, s'il se peut, de pareilles contradictions. Ah! qu'il est difficile de parler conséquemment en mentant à sa consience!

(1) C'est cela même. Voilà la vérité, toute simple, toute entière.

DU DEPARTEMENT DU GARD.

27

(Lors du retour du Roi, les Protestans n'opposèrent aucune résistance au rétablissement de son autorité.)

Les contrées protestantes du département du Gard, depuis le 1er juin jusqu'au 22 août 1815, ont marché et se sont réunies trois fois contre les troupes, et les autorités royales. Leur dernière réunion fut, à l'époque des 24 et 25 août 1815, l'occasion d'un long et sanglant combat entre eux, et les troupes royales et autrichiennes. Toujours d'un côté de cette discussion, des assertions absolues et fausses; toujours de l'autre, des faits contraires à ces assertions, mais publics et authentiques.

Une ordonnance royale de 1816, contenant, comme tous les actes de notre légitime Souverain, bienfait et justice, accorde des secours à la veuve et au jeune fils du sieur Nicolas, qui a péri, dit l'ordonnance, victime de son dévouement et de sa fidélité, de la main des révoltés de la Gardonnenque.

(Un membre du consistoire de Nismes s'exprime ainsi : « Les Protestans du Midi ont été traités de rebelles, » bien qu'ils se soient laissé désarmer sans résistance, piller, rançonner, outrager, assassiner, chasser de > leurs temples, emprisonner, lapider, sans oser même » se plaindre. »

ע

J'affirmerai, en même temps, sans crainte d'être démenti, qu'ils avoient des moyens de résistance au pouvoir des Bourbons; ils étoient en nombre; ils avoient des armes et des ressources de toute espèce.

« PreviousContinue »