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distribué 8000 pains et 8000 pièces de demi-franc. Cette distribution a remplacé les jeux publics, qui auroient pu nuire à la santé pendant le choléra.

— Un brigadier de l'armée du général portugais Povoas a attaqué le les avant-postes constitutionnels à Villa da Nova, à quelques lieues de Porto. Les troupes de don Pédro, qui s'y trouvoient, se sont réfugiées dans cette dernière ville, où don Pédro, ayant rallié ses forces et une partie des habitans, est parvenu à repousser les troupes de don Miguel. Il n'y a eu de part et d'autre que peu de tués et blessés. Don Pédro se tient toujours confiné à Oporto, en attendant le retour de Londres du marquis de Palmella.

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- Plusieurs journaux parlent de la retraite de lord Grey. Ce bruit ne paroît pas bien fondé; le ministère anglais attendra probablement le résultat des nouvelles élections.

Un Anglais, nommé James Cook, vient de donner une grande preuve de scćlératesse, et ensuite de l'empire du remords. Il étoit accusé d'avoir tué un nommé Pass à qui il devoit, de l'avoir coupé en morceaux et d'avoir brûlé ces horribles débris. Surpris dans cette épouvantable opération, il a été traduit le 8 août aux assises de Middlesex. Pendant la lecture de l'acte d'accusation, il a tiré de sa poche un Nouveau Testament et l'a lu. Interrogé par le juge, il s'est nettement déclaré coupable. On lui a demandé s'il connoissoit les conséquences de cette déclaration; il a dit qu'oui. Il a persisté dans ses aveux, et a été déclaré coupable par le jury. Le juge a ordonné qu'il seroit pendu et étranglé, et que son corps demeureroit suspendu avec des chaînes à un gibet, jusqu'à son entière dissolution. Cook a été exécuté le vendredi 10 à Lincester. Il a passé les deux jours depuis le jugement en prières et en lectures sur des sujets de religion, et a demandé à n'être pas détourné de ses graves méditations. Il a cependant dicté le récit de son crime pour l'instruction des autres, et a recommencé à prier jusqu'à sa mort.

Le gouvernement de Hanôvre vient de déclarer, dans une circulaire adressée aux autorités du royaume, que les résolutions de la diète germanique ne portent aucune aucune atteinte à la loi fondamentale du pays.

Un bâtiment arrivé récemment du Groenland rapporte que deux baleiniers danois ont rencontré, dans le détroit de Davis, un baleinier anglais naufragé, qui, sept jours auparavant, avoit été presque entièrement brisé par une montague de glace. Sur 48 hommes dont se composoit l'équipage, 27 étoient encore en vie. Vingt seulement ont survécu aux souffrances qu'ils avoient supportées.

- On vient de recevoir la nouvelle qu'un incendie considérable avoit éclaté au Port-au-Prince, capitale de la république d'Haïti : 400 maisons ont été brûlées par suite de l'imprudence d'une servante.

- Le choléra s'est mauifesté à la Nouvelle-Hollande, dans la colonie de SwanRiver. Cette maladie a reparu à Alep, en Syrie, et y recommence ses ravages. On a établi d'Alexandrie à Saint-Jean-d'Acre, de 6 heures en 6 heures, postes de dromadaires. On a aussi établi une ligne de télégraphes d'Alexandrie au Caire. Méhémet-Ali s'occupe autant de la célérité des communications que

des

de la sûreté des routes.

Une presse lithographique a été établie à Schiraz, en Perse, par un habitant du pays. Elle a déjà servi à l'impression du koran et de quelques livres pour les écoles.

Essai sur la vie de Jean Gerson, par M. l'abbé L'Ecuy (1).

Gerson, un des docteurs les plus distingués de son temps, jouit d'une grande réputation, composa beaucoup d'ouvrages et prit part aux affaires les plus importantes de l'Eglise. Il joua un grand rôle dans le concile de Constance, et finit ses jours dans la retraite, s'occupant d'exercices et d'ouvrages de piété. Il mourut à Lyon le 12 juillet 1429, âgé de 66 ans. Il étoit étonnant qu'on n'eût pas songé à écrire avec quelque étendue la vie d'un homme qui avoit acquis tant de célébrité. M. l'abbé L'Ecuy a entrepris de remplir cette lacune; cet homme vénérable étoit avant la révolution abbé général de Prémontré. Nourri dans le goût des études solides, auteur lui-même de plusieurs ouvrages estimables, il ne s'est point effrayé d'une tâche qui demandoit beaucoup de lecture, de recherches et de critique. Au moment où il publie cet ouvrage, il a terminé sa 92° année. C'est assurément un phénomène dans l'histoire de la littérature qu'un livre composé à un åge où très-peu d'hommes parviennent, et où ceux qui y sont parvenus ont besoin de repos. A ce titre, le modeste auteur réclame l'indulgence de ses lecteurs, et c'est par suite du même sentiment de modestie qu'il a donné à son ouvrage le titre d'Essai.

Nous n'essaierons pas actuellement de donner une idée de son travail, n'ayanı pu nous-mêmes en prendre qu'un aperçu fort rapide. Nous voyons que l'auteur commence par une introduction sur l'Histoire de l'Eglise au 15° siècle. Cette introduction est un long morceau, qui méritera peut-être de notre part un examen particulier. La vie de Gerson paroît encore mêlée de beaucoup de détails sur le schisme de ce temps-là, de sorte qu'elle devient à peu près toute l'histoire contemporaine. Ainsi le laborieux auteur, loin de chercher à abréger sa tâche, l'a étendue, au contraire, en y ramenant beaucoup des évènemens de l'époque. Nous espérons pouvoir revenir sur cette production d'un homme estimable à tant de titres.

(1) Deux vol. in-8°, prix, 8 fr. 50 cent. et 11 fr. franc de port. A Paris, chez Chaudé, rue du Foin-Saint-Jacques, et au bureau de ce journal.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

Bourse du 22 août 1832.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 69 fr. 20 c. et fermé à 69 fr. 10 c. Cinq pour 100, ouissance du 22 mars, ouvert à 99 fr. 15 c. et fermé à 99 fr. 05 c. Actions de la Banque.

1655 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AU, LE CLERE ET COMP".

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SAMEDI 25 AOUT 1832.

Sur un Mémoire de M. Lienhart.

L'affaire de M. l'abbé Lienhart au conseil d'État n'a été jugée que le 9 juillet dernier; il a été débouté de sa demande, et tout le bruit qu'il a fait a été en pure perte. On sait que M. Lienhart, alors supérieur du petit séminaire de La Chapelle, diocèse de Strasbourg, fut privé de cette place par M. l'évêque, à cause des plaintes qui s'élevoient sur sa gestion. Nous avons donné, à cet égard, quelques détails, no 1811. M. Lienhart avoit voulu se maintenir dans la maison, malgré son évêque; il avoit porté ses prétentions devant les tribunaux, et avoit échoué à Béfort et à Colinar. Il avoit appelé au conseil d'Etat de l'interdit prononcé contre lui par M. Févêque de Strasbourg, et avoit publié un Mémoire contre le prélat. Depuis, il avoit encore fait paroitre un pamphlet, sous le titre d'Intrigue dévoilée; nous en avons rendu compte, n° 1906: mais, malgré ses écrits et ses démarches, malgré la protection des libéraux du pays, malgré les recommandations des fonctionnaires et des députés, on a vu du dépit, de l'aigreur et de la passion dans cette affaire, et l'appel de M. Lienhart n'a pas été reçu. La lecture de son Mémoire n'a pas sans doute disposé les esprits de ses juges en sa faveur. Ce Mémoire, en 21 pages in-4°, est daté de Colmar le 1er mai 1831. L'auteur ne se contentoit pas d'attaquer M. l'évêque actuel de Strasbourg, it critiquoit l'administration de son prédécesseur, et soupçonnoit le prélat d'avoir voulu faire tomber le petit séminaire pour le livrer aux Jésuites. M. Lienhart a trop de zèle pour ne pas saisir un moment aussi opportun que celui où nous sommes, pour satisfaire son antipathie contre des religieux, en butte aujourd'hui à tant de haines; il parle des vues ambitieuses de la société et de son invasion flagrante en Alsace, où il n'y avoit point de Jésuites. Il plaisante sur l'héritier du trône du droit divin. Il y a beaucoup de grâce et d'à-propos dans ces saillies, qui prouvent sans doute la bonté de la cause de M. Lienhart, et qu'il a jugées propres à faire impression sur le conseil d'Etat. M. l'évêque actuel est traité avec moins de

Tome LXXIII. L'Ami de la Religion.

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ménagement encore; on tourne en ridicule ses mandemens, on lui reproche d'avoir fait l'éloge du ministère Polignac, comme si cela pouvoit avoir quelque rapport avec l'affaire en question. On peint M. de Trévern comme un prélat audacieux sous un ministère theocratique; le Courrier et le Constitutionnel n'auroient pas mieux dit.

M. Lienhart veut faire croire qu'il n'a été révoqué de sa place de supérieur que parce qu'il fit la déclaration exigée par l'ordonnance du 16 juin 1828; mais la cause véritable de cette résolution est l'état de délabrement des finances du petit séminaire. Il résista aux injonctions de son évêque, le tribunal de Béfort le condamna à évacuer les lieux. Appel à la cour de Colmar, qui le rejeta par un arrêt du 26 janvier 1831; nous l'avons cité, no 1755. L'auteur, dans son Memoire, dissimule prudemment cette décision solennelle de la justice, décision d'autant plus remarquable, que la cour de Colmar étoit, suivant un journal, une de celles qui ont le plus combattu la tendance envahissante du clergé. Il se vante de n'avoir point plié lâchement le genou devant une tyrannie mitrée; ce style et ce ton font sans contredit un honneur infini à son bon goût, à sa modération et à sa sagesse. Il ne se contenta pas d'écrire des lettres arrogantes à son évêque; il fit insérer, le 15 octobre, dans le journal du Bas-Rhin, une lettre où il annonçoit une vigoureuse résistance. Cette lettre dut mécontenter le prélat. Me brûler eût été sans doute, dit M. Lienhart, une œuvre sage et méritoire ; M. l'évêque se consola en me frappant d'un interdit. Le brûler! quelle horrible et absurde supposition! et que penser d'un ecclésiastique qui cherche à flétrir son supérieur par de si atroces soupçons? L'interdit que M. Lienhart publie lui-même dans son Mémoire est daté du 19 octobre, et allègue, pour cause: Ob publicum nostræ auctoritatis contemptum et scandalosam characteris sacerdotalis prostitutionem. Le prélat instruisit les curés de canton de la mesure qu'il avoit prise, mais il leur marquoit seulement que des motifs graves l'y avoient forcé. M. Lienhart se plaignit dans une lettre amère, qu'il adressa le 7 janvier 1831 au secrétaire de l'évêché.

Après avoir ainsi rapporté les faits sous le jour qu'il a cru le plus favorable à sa cause, l'auteur arrive à la discussion du point de droit, et prétend prouver que l'interdit est invalide

et injuste. Il se plaint de l'abus du droit exhorbitant et dangereux des censures, et de la nécessité d'opposer une barrière au fanatisme et à l'emportement. Mais n'est-il pas nécessaire aussi d'opposer une barrière à l'esprit de résistance, d'insubordination et de révolte des inférieurs? L'auteur prétend que toute censure doit être précédée des trois monitions, et que, sans ces formalités tutélaires, point d'interdit possible. Nous osons dire que ces formalités sont souvent impossibles, et que, quand même elles seroient possibles, elles ne sont pas toujours convenables. M. Lienhart avoit reçu certainement assez d'avis, s'il avoit voulu les entendre; il savoit' assez que le clergé du diocèse blâmoit sa conduite; il s'étoit assez affiché par ses lettres et par sa résistance prolongée aux ordres de son évêque. Sa maxime, que l'interdit est nul sans les trois monitions, seroit assurément très-agréable aux mauvais prêtres, et à tous ceux qui donnent un scandale qu'il seroit impossible et dangereux d'établir devant les tribunaux; mais elle rendroit plus difficile encore le gouvernement ecclésiastique, déjà entouré de tant d'entraves; elle paralyseroit l'action de l'épiscopat, déjà si fort affoiblie par les circonstances, par le peu de bienveillance de l'autorité, par la licence de la presse, et par tous les efforts que l'on fait pour exciter un esprit d'indépendance dans le clergé. M. Lienhart dit que l'interdit est une peine anti-évangélique qui transforme l'ecclésiastique en une espèce de paria. Comment se fait-il que cette peine anti-évangélique se trouve consacrée dans tous les conciles, notamment dans le concile de Trente? M. Lienhart connoit-il mieux l'esprit de Evangile que l'Eglise elle-même assemblée en concile général ?

Nous le plaignons sincèrement, et de s'être attiré un interdit, et d'avoir publié son Mémoire. Le ton qu'il prend dans cet écrit, les maximes qu'il y professe, le libéralisme qu'il· affecte, les reproches pleins d'aigreur qu'il adresse à son évêque, les plaisanteries hautaines et amères qu'il se permet, tout cela ne pouvoit que nuire à sa cause, loin de la servir. Le conseil d'Etat lui-même a rejeté une plainte où la passion se trahit en tant d'endroits; et dans le diocèse, il y a parmi le clergé une parfaite unanimité d'opinions sur le blame que méritent les procédés et le langage de l'auteur du Mémoire.

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