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tout ce qui se passe dans leur intérieur, et ils ont fait connoître dernièrement, à son de trompe, leurs noms et le genre d'occupations auxquelles ils se livrent.

(La fin à un numéro prochain.)

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Un journal qui ne manque aucune occasion de témoigner sa bienveillance pour le clergé et surtout pour un de nos plus vénérables prélats, a publié ce qui suit :

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Quelque peu d'attention que l'on prête aujourd'hui aux affaires du clergé, il est bon cependant de divulguer certaines circonstances susceptibles d'éclairer l'opinion publiqne, Le fait qui nous est signalé nous semble d'ailleurs assez important pour n'avoir pas besoin de commentaires. Il paroîtroit que la cure de NotreDame étaut vacante, M. de Quélen y a nommé dernièrement M. l'abbé Busson, ancien secrétaire de M. l'abbé Frayssinous, et que ses fonctions auprès de Henri V a retenu à Holy-Rood jusqu'au moment où M. de Rohan est venu reprendre son siège à Besançon. Jusque-là rien de plus naturel. On connoît assez les sympathies de M. l'archevêque, pour que les antécédens de M. Busson lui aient semblé un titre suffisant pour l'élever à ces hautes fonctions. Mais comment concevoir que M. Girod (de l'Ain) ait pu se prêter à de telles intrigues, eu accordant une autorisation que le concordat lui donne le droit de refuser à une nomination qui ne lui sembleroit pas convenable. En vérité, on a peine à s'expliquer la condescen-, dance du ministre des cultes à un pareil acte, surtout après la révolution de juillet. »

Celui qui a fourni cette note au Constitutionnel est bien mal informé. M. l'abbé Busson n'a jamais été secrétaire de M. Frayssinous; il a été secrétaire général du ministère des affaires ecclésiastiques, mais après la retraite de M. Frayssinous et sous M. Feutrier, évêque de Beauvais. Première fausseté. M. Busson n'a jamais eu de fonctions auprès du duc de Bordeaux, et ses fonctions ne l'ont point retenu à Holy-Rood. S'il y a fait un voyage, comme on le dit, ce voyage n'avoit aucun rapport à M. le duc de Bordeaux ni à la politique. Ainsi deuxième fausseté. C'est beaucoup de deux faussetés dans un article de quelques lignes. L'auteur de cet article dit que le fait qu'il signale n'a pas besoin de commentaires. En effet il n'y a pas besoin de commentaire sur de fausses allégations, si ce n'est que celui qui avance des faits et qui accuse devroit prendre des informations avant de lancer son accusation devant le public. Je croirois surtout que quand on a été si souvent pris en faute, on devroit être bien plus sur ses gardes, pour ne pas accueillir trop légèrement des calomnies. Avis à l'honnête et consciencieux correspondant du journal.

La ville de Meaux a été désolée par une affreuse épidémie pendant laquelle M. l'évêque, le chapitre et tout le clergé ont donné l'exemple d'une admirable charité. Le séminaire surtout s'est montré de manière à mériter l'éloge des plus indifférens; les jeunes gens alloient visiter et soigner les cholériques à domicile, et ils ont continué ce pénible ministère jusqu'à la fin, sans se laisser abattre ni effrayer par des craintes pusillanimes. Un grand nombre d'entre eux ont été atteints plus ou moins grièvement de la maladie, et, quand ils étoient rétablis, ils recommençoient leurs visites auprès des malades. Aussi il n'y a qu'une voix dans la ville pour célébrer leur généreux courage. Eh bien! c'est ce moment qu'on a choisi pour envahir le séminaire. Une ordonnance rendue sur le rapport de M. d'Argout et insérée au Moniteur du 29 juillet, donne les bâtimens du séminaire à la ville de Meaux. On invoque je ne sais quel titre qui date de 500 ans. Mais que peut faire la ville de ces bâtimens? Elle n'a pas le moyen de les appliquer à un autre usage. D'ailleurs si la ville avoit quelque droit sur ce local, au moins devroit-on donner un autre local pour le séminaire. Non, on s'est emparé de l'ancien séminaire, on s'empare aussi du nouveau sans indemnité, sans raison, et même sans prétexte. C'est ainsi qu'on témoigne à M. l'évêque, au clergé et au séminaire la reconnoissance pour leur dévoûment et leurs services. On met à la porte ces mêmes jeunes gens qui alloient si généreusement assiéger les lits des malades. Aussi, il faut le dire, cette mesure brutale a révolté dans la ville, et toutes les familles se sont senties blessées par ce trait d'ingratitude. Ce coup va retentir par toute la France; il produira une impression douloureuse dans tous les diocèses. On pourra donc ainsi envahir partout les séminaires et ôter au clergé les moyens de se perpétuer. Les ennemis du gouvernement ne pouvoient pas prendre un meilleur moyen pour rendre ses intentions suspectes aux amis de la religion, et pour augmenter des inquiétudes et des alarmes déjà trop légitimes. Nous reviendrons sur ce triste sujet. Dernièrement, dans les Vosges, un maire dénonça son curé; ce pas là malheureusement une chose rare. Cette dénonciation n'eut pas de succès, et les sujets de plainte furent reconnus frivoles et destitués de fondement. Le maire, homme tenace, ne se découragea point; il alla trouver le procureur du Roi et essaya de tous les moyens pour l'engager à poursuivre son curé. Ne pouvant réussir par son éloquence, il eut recours à un autre argument, et proposa adroitement au magistrat de lui donner de l'argent, s'il consentoit à favoriser sa soif de vengeance. Cette révoltante proposition fut accueillie avec mépris; mais est-assez ? Le magistrat ne devoit-il pas prendre quelques mesures contre cet indigne et lâche maire? Laissera-t-on en place un homme dont l'horrible procédé seroit une flétrissure pour l'administration qui le toléreroit? Je sais bien qu'il faut ménager les ennemis des prêtres, et qu'on doit des égards à

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ceux qui dénoncent leurs curés; mais il seroit bon pour l'honneur du gouvernement de les engager du moins à n'être pas odieux et vils dans leurs moyens de tourmenter les pauvres curés qui sont sous leur joug.

- Le duc régnant de Saxe-Cobourg, frère aîné du roi des Belges, est arrivé le 27 juillet à Liége avec ses deux fils. Le lendemain, il a visité la cathédrale où il a été reçu par M. l'évêque qui lui a adressé un compliment. Le prélat lui a prétenté son grand-vicaire, M. Barrett, qui a gouverné le diocèse pendant la longue vacance du siége, et qui y a maintenu l'ordre et la paix (1). Il a ensuite accompagné le prince à l'église Saint-Jacques et à celle du séminaire. Le même jour au soir, le roi Léopold est arrivé dans la même ville; il a logé chez M. le baron Van den Steen, et y a reçu les autorités, entr'autres M. l'évêque. Le dimanche, le prince est allé à la cathédrale où le prélat l'a reçu et complimenté. Après avoir examiné en détail la belle église de Saint-Paul et le magnifique buste de saint Lambert, le roi s'est rendu à Saint-Jacques où M. l'évêque l'avoit précédé. Le prince a été frappé de la beauté de l'architecture de ce monument gothique, l'un des plus remarquables de la Belgique; il a écouté avec intérêt ce que le prélat et le curé lui ont dit de l'état de délabrement de cette église, et a recommandé au gouverneur et au bourgmestre de prendre des mesures pour restaurer ce bel édifice.

Un prélat célèbre en Allemagne par de nombreuses productions est mort le 30 mai dernier, dans un âge avancé; ce prélat est M. Jean-Michel Sailer, évêque de Ratisbonne. Il étoit né à Aresing le 17 novembre 1751, et fut reçu docteur et professeur à l'université de Landshut. Il devint ensuite chanoine de Ratisbonne. M. de Mastiaux, dans son Journal littéraire à Landshut, disoit en 1821 qu'on devoit à M. Sailer 135 ouvrages, opuscules ou brochures; nous pouvons à peine en indiquer deux ou trois. Nous savons que M. Sailer a publié un écrit sur l'esprit et la force de la liturgie catholique. Il se rendit éditeur, en 1821, des Sermons sur divers sujets de Winkelhofer, se proposant, comme il le dit, de répondre aux désirs des paroissiens de ce pasteur. En décembre précé› dent, il avoit fait paroître une brochure sous ce titre : J. M. Sailer de se ipso. Le Catholique de Mayence proposoit son exemple à M. de Wessemberg. Il sembleroit que M. Sailer avoit donné prise sur lui par quelques ouvrages, et qu'il fit une ample et humble réparation. En 1822, il fut nommé coadjuteur de Ratisbonne, et fut préconisé évêque de Germanicopolis dans le consistoire du 27 septembre de cette année. Il succéda depuis à M. de Wolf, évêque de Ratisbonne; mais il a peu occupé ce siége, étant mort lui-même à

(1) On dit que cet estimable ecclésiastique est destiné à occuper le siége de Namur.

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l'âge de 80 ans et demi. Nous lui avons un peu reproché dans ce journal, no 1109, une circulaire écrite à l'occasion du jubilé en 1825, mais elle pourroit être interprétée favorablement. La Tri bune catholique a cité dernièrement de longs extraits d'une Lettre pastorale adressée par le prélat à son clergé le 15 avril dernier six semaines avant sa mort. Le prélat y déploroit les progrès de l'incrédulité, les égaremens de la jeunesse, la dépravation croissante des mœurs. Il indiquoit à son clergé les moyens de combattre ces funestes dispositions, la retraite, l'étude, l'assiduité aux fonctions pastorales, l'instruction de la jeunesse, la prière, le bo exemple, etc. Cette Lettre pastorale annonce un prélat rempli de l'esprit sacerdotal, et chez qui la sagesse se joignoit au zèle et les lumières s'allioient à la piété. Un journal allemand, en annonçant sa mort, ajoute: Hunc virum nominasse, sat est; ave, sancta anima.

NOUVELLES POLITIQUES.

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PARIS. Le nombre des décès du choléra a été, le 31 juillet, de 21, dont 13 à domicile et 8 dans les hôpitaux, et le 1 août, de 29, dont 21 à domicile et 8 dans les hôpitaux. La différence, sur la veille, a été le premier jour de 6 en moins, et le second jour de 8 en plus. Les admissions de cholériques aux hôpitaux ont été, pendant ces deux jours, de 32 et 25, et les sorties de 19 et 29. La mortalité par d'autres maladies a été de 42 et 40.

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Déjà nous avons eu bien des occasions de remarquer que l'ordre légal ne sera jamais qu'un pot de terre contre le pouvoir qui voudra largement user de sa force. Chaque jour vient apporter un nouvel exemple à l'appui de notre opinion là-dessus. L'auteur des Cancans, M. Bérard, étant en prison pour un grand nombre d'années, et probablement pour toute la durée de l'ordre de choses actuel, on ne sait plus comment s'y prendre pour aggraver sa peine et avoir raison de lui. Dans cette position, on est obligé de se rabattre sur M. Dentu, son imprimeur; et faute par celui-ci de se trouver sous la main qui le cherche, son prote est pris pour remplaçant. Un cri de surprise s'élève à ce sujet, et c'est à qui citera le plus de textes de lois ponr faire ressortir ce qu'il y a de bizarre dans ce nouvel ordre légal. Sans doute, Messieurs, tout cela est fort singulier, fort contraire au marché que vous avez cru faire avec la révolution de juillet; mais, criez tant que vous voudrez, elle vous tient dans ses serres, et vous n'en sortirez que quand il lui plaira : il ne falloit pas vous y mettre. Vous deviez bien prévoir qu'avec ses armées, ses budgets et ses pensionnaires, elle deviendroit plus forte que vous, et que toutes les questions finiroient par se réduire à ce point de fait. Vous avez le point de droit pour vous, cela est vrai; mais à qui, s'il vous plaît, pouvez-vous maintenant vous adresser pour le faire valoir? Au pouvoir, apparemment; car il n'y a que lui et vous. Eh bien! s'il est le plus fort, et s'il ne veut pas vous écouter, à qui vous adresserez-vous après ?... Allez, bons Messieurs de juillet, vous êtes très-exactement dans la position où vous méritez d'être; et si tant de malheureux qui ne

&point cherchée ne s'y trouvoient pas entraînés de force avec vous, il n'y aben vérité qu'à se consoler de vous y voir.

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Le fils de Napoléon vient de mourir à la fleur de l'âge. Ainsi, il ne reste een de celui qui, il y a 20 ans, remplissoit le monde de sa renommée, étenHerin in sceptre sur la moitié de l'Europe, et ébranloit l'autre. Lui, sa puissance, tout a disparu. Sa puissance a croulé par ses propres fautes; lui est mort rocher à 2000 lienes de son pays, et le fils, qui avoit à peine connu son s'est éteint dans les langueurs d'une maladie incurable. On ne connoissoit ce jeune homme, qui avoit néanmoins en France des admirateurs aveugles li prôneurs ardens. Sous la restauration, c'étoit un drapeau que la haine de et įtimité faisoit briller de temps en temps pour taquiner les Bourbons. Il y nça même, dit-on, encore aujourd'hui des gens qui comptoient sur ce foible reand pour recommencer les douceurs de l'empire et reprendre les places qu'ils it alors. Voilà leurs espérances tombées. Ce parti se ralliera-t-il aux vœux

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intérêts de la France, on bien cherchera-t-il un autre fantôme, sous lequel isse retrouver quelque influence? c'est ce que la suite nous apprendra. En å didant, un journal s'amusoit, il y a deux jours, à nous parler de la désolation darale qu'a produite en France la nouvelle de la mort du jeune duc. Le deuil inpeuple, disoit-il, sera profond et sincère. Il est probable que cela n'est pas cère; du moins le peuple a bien su dissimuler sa douleur, car on ne l'a point rçue ces jours-ci sur les figures.

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On ne sait sur quel fondement plusieurs journaux avoient annoncé une amAie pour l'anniversaire des glorieuses journées. Ii nous semble que, jusqu'à préest, la révolution de juillet ne s'est pas montrée assez tendre pour qu'il soit

sonnable de se promettre avec elle de ces choses-là. Pendant ses deux premières bremées, elle a produit à peu près tout ce qui étoit dans sa nature : des impôts et nes dettes, de l'anarchie et des émeutes, des arrestations, des mises en état de ége et autres douceurs semblables. Que les journaux se bornent donc à nous anile oncer d'avance des choses de cette espèce tant qu'ils voudront, elles seront touburs croyables. Mais des amnisties!

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Une ordonnance du 26 juillet accorde 40 croix d'honneur à des gardes nafionaux qui se sont distingués les 5 et 6-juin. La 3o et la 6a légions figurent pour le plus grand nombre; la 11° légion et 3 légions de la banlieue, qui avoient pris part aux principales actions, ne sont portées pour aucune décoration; cela provient de ce que dans beaucoup de bataillons on a refusé expressément toute décoration qui seroit donnée pour un engagement qui avoit tout le caractère de guerre civile ou de démêlé entre deux partis.

Une ordonnance du 10 juillet, dont on vient seulement d'avoir connoissance par le Bulletin des lois, autorise le préfet du Finistère à convoquer le conseil-général et les conseils d'arrondissement de ce département, aux époques et dans les villes où il le jugera convenable, et à réduire à huit jours la durée de la session du conseil-général.

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