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Au milieu de tant d'ordonnances pour supprimer et détruire des établissemens religieux, il y en a pourtant une du 17 septembre, pour autoriser les Ursulines de Tartas, et pour approuver la cession que la ville leur a faite d'un local. Le conseil municipal, par délibération des 18 mars et 29 novembre 1830, avoit provoqué ces mesures, et M. l'évêque d'Aire avoit approuvé l'établissement. Ces Ursulines suivent les statuts des Ursulines d'Amiens.

Une autre ordonnance du 26 octobre autorise la communauté des Sœurs de l'instruction chrétienne, dites de la Providence, établies à Sellières, diocèse de St-Claude, et approuve les actes du conseil municipal qui affectent un local à cet établissement. Le préfet du Jura avoit donné un avis favorable, et le maire et le conseil municipal de Sellières avoient pris, même depuis la révolution, des délibérations dans ce sens. M. l'évêque de St-Claude approuvoit l'établissement; ces religieuses dépendent de la congrégation dont le chef-lieu est à Portieux.

Une ordonnance du 27 octobre accorde des pensions à trois ecclésiastiques qui y avoient droit, d'après les décrets de l'Assemblée constituante, quoiqu'ils eussent encouru la prescription, n'ayant pas réclamé depuis 30 ans. On ne nomme point ces ecclésiastiques.

Une circulaire ministérielle, du 19 novembre, demande aux préfets la situation de toutes les communautés religieuses de femmes; on assure dans la circulaire que ces renseignemens sont demandés dans des intentions bienveillantes.

Deux arrêtés du ministre des cultes révoquent les conseils de fabrique de Varennes, diocèse d'Angers, et d'Echebrune, diocèse de La Rochelle; on ne dit point pour quels motifs.

Une ordonnance du 23 décembre dernier porte que le culte catholique sera exercé à Alger sous la surveillance d'un préfet apostolique. M. l'abbé Colin, aumônier de brigade, est nommé préfet apostolique à Alger pendant la durée de l'occupation par les troupes françaises. Il recevra une indemnité de 3000 fr., indépendamment de son traitement d'aumônier.

Sur le rapport du ministre de la guerre, une ordonnance du 31 décembre porte que le château de Vincennes est mis au nombre des places et forteresses, où il sera entretenu une chapelle militaire desservie par un aumônier.

Un arrêté du ministre des cultes autorise l'érection d'un mo

nument dans l'église Saint-Michel de Dijon, en l'honneur de M. Deschamps, qui étoit curé de cette paroisse depuis 30 ans, et qui est mort l'année dernière. M. l'évêque de Dijon et le préfet de la Côte-d'Or ont donné un avis favorable. L'inscription à placer sur le monument sera approuvée par M. l'évêque. Nous ne parlons point d'autres actes assez minutieux pour accorder des congés à des évêques, pour nommer des trésoriers des séminaires, pour autoriser des chapelles, etc.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. La fête de l'Assomption a été célébrée avec une pompe particulière dans toutes les églises de cette capitale qui sont dédiées à la sainte Vierge, et dans la basilique de St-Jean-de-Latran, qui lui fut aussi consacrée dans l'origine. Le saint Père y a assisté ce jour à la messe solennelle, célébrée par M. le cardinal de Gregorio. Après la messe, Sa Sainteté s'est rendue à la galerie au-dessus du portail, et y a donné la bénédiction apostolique au peuple rassemblé.

PARIS. L'Encyclique de Grégoire XVI aux évêques, dont nous avous donné la traduction la semaine dernière, paroîtra, en latin et en français, jeudi prochain, au bureau de ce journal. In-8°, prix, 1 fr. 25 cent.

On paroît revenir sur la mesure si illégale et si arbitraire des suppressions de traitement des curés. Des évêques ont réclamé courageusement contre ces suppressions et contre la manière dont elles se prononçoient. On sait que ces suppressions avoient lieu principalement dans l'Ouest, et, au train dont y alloient quelques préfets, bientôt la moitié des curés eussent été mis à l'aumône. A la moindre plainte, sur la moindre dénonciation, on provoquoit la suppression du traitement. M. l'évêque de Poitiers, M. l'évêque d'Angers, M. l'évêque du Mans, M. l'évêque de Séez, M. l'évêque de SaintBrieuc, sont ceux qui ont été dans le cas de s'élever avec plus de force contre cette violation de la loi. M. l'évêque du Mans a, diton, demandé dans une lettre qu'on voulût bien lui citer en vertu de quel article de la loi on procédoit ainsi. M. l'évêque de SaintBrieuc a annoncé qu'il indemniseroit à ses frais les ecclésiastiques privés ainsi de leur traitement, et qu'il se mettroit à leur lieu et place pour poursuivre devant les tribunaux ceux qui auroient ordonné arbitrairement la suppression. Il paroît que ces justes réclamations ont enfin fait impression; on aura eu peur de se compromettre par des mesures dont la légalité étoit difficile à prouver, et qui pouvoient donner lieu, soit à une action devant les tribunaux, soit à des pétitions aux chambres. On aura craint peut-être de vigoureuses protestations de la part des organes de la presse; c'étoit un texte

dont l'opposition pouvoit s'emparer, et qui lui auroit fourni le sujet de pages énergiques. Quant à nous, qui avions des premiers traité la question, nous nous félicitons d'avoir du moins joint notre foible voix aux puissantes réclamations des évêques, et, si le bruit dont nous venons de parler se confirme, nous nous réjouirions de voir tarir une source de vexations qui menaçoit d'envelopper une nombreuse portion du clergé. Cependant nous trouvons dans la Gazette de l'Ouest un fait inquiétant, s'il étoit vrai. Elle annonce que quatre ou cinq ecclésiastiques du diocèse de Nantes, ayant été compromis dans les derniers troubles, on a suspendu depuis le 1er avril le paiement de tous les traitemens ecclésiastiques dans le diocèse. Nous avons peine à croire à un acte d'un si monstrueux arbitraire.

M. Auzou avoit fait annoncer dans les journaux qu'il célébreroit le jeudi 23 un service pour le duc de Reichstadt, et qu'il prononceroit son oraison funèbre, et puis il a fait annoncer que le service avoit eu lieu. Quel si grand intérêt avoit-on, à Clichy, à faire un service pour le jeune prince? aucun. Il est assez évident que c'est là un acte d'opposition et une manière de protester contre le gouvernement actuel. Un de ces derniers dimanches, le curé de Clichy par élection du peuple a prêché sur le pardon des injures; si c'est pour expier toutes les injures qu'il a adressées au clergé, aux évêques et aux papes, Dieu soit loué; car il a sur ce point bien des torts à faire oublier. Nous voudrions croire qu'il songe à faire amende honorable de toutes ses déclamations de ce genre; malheureusement, il fait vendre en ce moment son Discours sur les usurpations sacerdotales, qui n'est qu'un tissu d'outrages, de calomnies et même d'impiétés; et dimanche dernier, il a prêché sur le mariage des prêtres. Qu'attendre de gens qui affichent ainsi le scandale? Dans la rue St-Martin, Châtel continue aussi ses exercices soi-disant religieux; le 2 septembre, il a fait un discours sur l'insuffisance des religions existantes pour le bonheur des peuples, dans l'état actuel de la civilisation. Vous verrez que la religion de Châtel étoit destinée de Dieu à faire refleurir la civilisation et à assurer le bonheur des peuples! Cette fanfaronnade n'est que ridicule. On dit qu'un des associés de Châtel vient encore de l'abandonner. En revanche, il auroit acquis un nouveau renfort dans le diocèse de Limoges. Le sieur Papon, ancien curé de St-HilaireLastours, interdit par son évêque, s'est fait intrus, et est revenu dans sa paroisse pour y exercer à la manière de Châtel. Bien reçu dans un village, il étoit honni au chef-lieu. La gendarmerie, requise par le maire, l'a empêché d'officier dans un pré, comme il se le proposoit. On craignoit que les tentatives de ce schismatique ne fussent une occasion de troubles et de désordres dans ces campagnes.

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Les journaux ont parlé d'un prêtre, M. Terson, qui habitoit Ménil-Montant avec les saint-simoniens, et qu'on a désigné tantôt comme un missionnaire, tantôt comme un curé. Il est vrai qu'un ecclésiastique du diocèse de Carcassonne, nommé Jean Terson, a fait la folie de s'affilier aux saint-simoniens. Cet ecclésiastique s'étoit d'abord destiné aux missions étrangères, et avoit fait ses études en conséquence. Au séminaire, on fut content de sa capacité et de sa conduite; il montroit de la piété : seulement, on remarqua que tous les ans, au printemps, il avoit une maladie qui paroissoit affecter sa tête. On ne crut donc pas devoir l'exposer si loin et dans un ministère sujet à tant de difficultés, et on l'engagea à retourner dans son diocèse, où une vie plus calme pouvoit être plus favorable à sa santé. Il a été quelque temps curé dans une campagne. Mais ce qu'on avoit craint pour lui est arrivé; car on regarde sa démarche comme le résultat d'une maladie véritable. Aussi ne voit-on pas que les saint-simoniens fassent beaucoup trophée de leur conquête, ni qu'ils aient produit M. Terson, soit comme orateur, soit pour les occasions d'apparat, où ils aiment à donner en spectacle leurs sujets les plus distingués.

Le dimanche 26 août, une procession solennelle a eu lieu à Chartres, la châsse de la sainte Vierge y étoit portée. M l'évêque officioit, assisté du chapitre de la cathédrale et du clergé des trois paroisses. La marche dura près de trois heures. On parcourut tous les quartiers, se dirigeant de préférence vers les plus attaqués et les plus pauvres. Pendant les jours qui ont suivi, les cas ont été moins nombreux et moins graves, tandis que dans la semaine précédente les ravages étoient désolans. Dans la seule journée du vendredi, il y avoit eu dix-neuf enterremens de cholériques. La procession a produit un grand effet moral; le recueillement, l'air de foi et la piété étoient admirables. Il y a cent ans les choses ne se seroient pas mieux passées. Non-seulement pas une irrévérence, mais pas la moindre contrariété. Le concours dans les rues étoit consi-dérable. Plus cinq cents hommes environ marchant sur deux de front étoient en tête de la procession, et derrière il y ayoit bien autant de personnes qui accompagnoient. Ce dimanche a été un beau jour à Chartres. Le clergé et les fidèles étoient également ravis. Les ecclésiastiques, à la vue d'un spectacle si consolant, ont oublié les fatigues qu'ils ont essuyées et les dangers qu'ils ont courus.

— Le 25 juin, M. Bonneville, procureur du Roi à Nogentle-Rotrou, écrivit à M. l'évêque de Chartres pour se plaindre des ecclésiastiques de l'arrondissement qu'il soupçonnoit d'intelligence avec les mécontens de l'Ouest. Ces soupçons ne paroissoient reposer sur rien de bien solide et n'avoient peut-être d'autre fondement que la situation du pays, qui touche au Maine et au théâtre des derniers troubles. Toutefois, M. l'évêque de Chartres dut prendre

des renseignemens avant de répondre au procureur du Roi. Celuici s'ennuya d'attendre, et publia sa lettre du 25 juin. Le prélat, justement sensible à ce procédé, s'en est plaint avec dignité dans une lettre à la fois ferme et mesurée qu'il a adressée le 18 juillet au magistrat :

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-Chartres, 18 juillet 1832. M. le procureur du Roi, vous avez trouvé dans le silence momentané que j'ai gardé sur votre lettre du 25 juin une raison pour livrer cette lettre à la publicité; j'aurois cru que vous eussiez attribué ce retard apparent à la nécessité de ne répondre à une accusation vague et générale que par des faits précis qui ne pouvoient résulter que de renseignemens exacts, pour lesquels un délai de treize à quatorze jours n'étoit pas, ce me semble, trop considérable. Falloit-il moins de temps pour répondre à des généralités exprimées dans des termes tels que ceux de chouanerie ecclésiastique, intrigues criminelles, bandes de curés; état qui ne peut durer, etc.? Après avoir recueilli tous les détails nécessaires pour fixer vos idées, j'allois vous les transmettre, lorsque votre lettre a paru dans les journaux du département. Aujourd'hui, la démarche que vous avez cru devoir faire, et dont les relations entre les administrations diverses offrent bien peu d'exemples, a dú modifier essentiellement la manière dont il convient, Monsieur, que je vous réponde. Je me borne donc à vous déclarer que les rapports qu'on vous a faits sont de toute fansseté, et que le clergé de l'arrondissement de Nogent ne mérite aucun des reproches que vous accumulez contre lui dans votre lettre. Voilà pour le passé.

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Quant à l'avenir, trouvez bon que je vous fasse connoître mes dispositions une fois pour toutes ou les faits qu'on vous rapportera à la charge du clergé de Nogent tomberont sous le domaine de la loi, ou ils y seront étrangers. Dans ce dernier cas, vous conviendrez sans peine, Monsieur, que vous n'aurez pas à vous occuper de MM. les ecclésiastiques, ni de leurs démarches. Dans le premier, sûr de leur conduite, je suis loin de vous demander grâce pour eux; ils seroient euxmêmes choqués d'une sollicitation pareille, qui sembleroit les accuser indirectement. Tout ce que je désire, c'est que vous leur rendiez exacte justice. Mais je croirois vous faire injure en vous engageant à prendre pour règle un sentiment qui est, je n'en doute pas, dans votre inclination comme dans vos devoirs. » J'ai l'honneur d'être, etc. -La religion est partout la même, et l'incrédulité aussi. Parler philanthropie, écrire quelques pages à la glace sur les souffrances de l'humanité, voilà tout ce que peuvent les grands hommes du jour. Mais pour ces innombrables prodiges de charité qui ont brillé sur tous les points du globe, la foi chrétienne a pu scule les faire éclore. S'il en falloit une preuve nouvelle, la ville des Sablesd'Olonne (Vendée) la fourniroit. Le choléra s'y manifeste vers la mi-juillet, d'abord assez foible, mais bientôt fort et terrible. L'effroi devient tel à la vue des nombreux cadavres qu'on porte en terre,

CLAUD. HIP., évêque de Chartres. >>

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