Page images
PDF
EPUB

l'âge de 80 ans et demi. Nous lui avons un peu reproché dans ce journal, no 1109, une circulaire écrite à l'occasion du jubilé en 1825, mais elle pourroit être interprétée favorablement. La Tribune catholique à cité dernièrement de longs extraits d'une Lettre pastorale adressée par le prélat à son clergé le 15 avril dernier, six semaines avant sa mort. Le prélat y déploroit les progrès de l'incrédulité, les égaremens de la jeunesse, la dépravation croissante des mœurs. Il indiquoit à son clergé les moyens de combattre ces funestes dispositions, la retraite, l'étude, l'assiduité aux fonctions pastorales, l'instruction de la jeunesse, la prière, le bon exemple, etc. Cette Lettre pastorale annonce un prélat rempli de l'esprit sacerdotal, et chez qui la sagesse se joignoit au zèle et les lumières s'allioient à la piété. Un journal allemand, en annonçant sa mort, ajoute: Hunc virum nominasse, sat est; ave, sancta

anima.

NOUVELLES POLITIQUES.

er

1

PARIS. Le nombre des décès du choléra a été, le 31 juillet, de 21, dont 13 à domicile et 8 dans les hôpitaux, et le 1 août, de 29, dont 21 à domicile et 8 dans les hôpitaux. La différence, sur la veille, a été le premier jour de 6 en moins, et le second jour de 8 en plus. Les admissions de cholériques aux hôpitaux ont été, pendant ces deux jours, de 32 et 25, el les sorties de 19 et 29. La mortalité par d'autres maladies a été de 42 et 40.

Déjà nous avons eu bien des occasions de remarquer que l'ordre légał ne sera jamais qu'un pot de terre contre le pouvoir qui voudra largement user de sa force. Chaque jour vient apporter un nouvel exemple à l'appui de notre opinion là-dessus. L'auteur des Cancans, M. Bérard, étant en prison pour un grand nombre d'années, et probablement pour toute la durée de l'ordre de choses actuel, on ne sait plus comment s'y prendre pour aggraver sa peine et avoir raison de lui. Dans cette position, on est obligé de se rabattre sur M. Dentu, son imprimeur; et faute par celui-ci de se trouver sous la main qui le cherche, son prote est pris pour remplaçant. Un cri de surprise s'élève à ce sujet, et c'est à qui citera le plus de textes de lois ponr faire ressortir ce qu'il y a de bizarre dans ce nouvel ordre légal. Sans doute, Messieurs, tout cela est fort singulier, fort contraire au marché que vous avez cru faire avec la révolution de juilllet; mais, criez tant que vous voudrez, elle vous tient dans ses serres, et vous n'en sortirez que quand il lui plaira : il ne falloit pas vous y mettre. Vous deviez bien prévoir qu'avec ses armées, ses budgets et ses pensionnaires, elle deviendroit plus forte que vous, et que toutes les questions finiroient par se réduire à ce point de fait. Vous avez le point de droit pour vous, cela est vrai; mais à qui, s'il vous plaît, pouvez-vous maintenant vous adresser pour le faire valoir? Au pouvoir, apparemment ; car il n'y a que lui et vous. Eh bien! s'il est le plus fort, et s'il ne veut pas vous écouter, à qui vous adresserez-vous après ?....... Allez, bons Messieurs de juillet, vous êtes très-exactement dans la position où vous méritez d'être; et si tant de malheureux qui ne

[ocr errors]

"'ont point cherchée ne s'y trouvoient pas entraînés de force avec vous, auroit en vérité qu'à se consoler de vous y voir.

[ocr errors]

il n'y

Le fils de Napoléon vient de mourir à la fleur de l'âge. Ainsi, il ne reste plus rien de celui qui, il y a 20 ans, remplissoit le monde de sa renommée, étendoit son sceptre sur la moitié de l'Europe, et ébranloit l'autre. Lui, sa puissance, son fils, tout a disparu. Sa puissauce a croulé par ses propres fautes; lui est mort sur un rocher à 2000 lienes de son pays, et le fils, qui avoit à peine conuu son père, s'est éteint dans les langueurs d'une maladie incurable. On ne connoissoit rien de ce jeune homme, qui avoit néanmoins en France des admirateurs aveugles et des prôneurs ardens. Sous la restauration, c'étoit un drapeau que la haine de la légitimité faisoit briller de temps en temps pour taquiner les Bourbons. Il y avoit même, dit-on, encore aujourd'hui des gens qui comptoient sur ce foible rejeton, pour recommencer les douceurs de l'empire et reprendre les places qu'ils avoient alors. Voilà leurs espérances tombées. Ce parti se ralliera-t-il aux vœux et aux intérêts de la France, on bien cherchera-t-il un autre fantôme, sous lequel il puisse retrouver quelque jufluence? c'est ce que la suite nous apprendra. En attendant, un journal s'amusoit, il y a deux jours, à nous parler de la désolation générale qu'a produite en France la nouvelle de la mort du jeune duc. Le deuil du peuple, disoit-il, sera profond et sincère. Il est probable que cela n'est pas sincère; du moins le peuple a bien su dissimuler sa douleur, car on ne l'a point aperçue ces jours-ci sur les figures.

On ne sait sur quel fondement plusieurs journaux avoient annoncé une amnistie pour l'anniversaire des glorieuses journées. Ii nous semble que, jusqu'à présent, la révolution de juillet ne s'est pas montrée assez tendre pour qu'il soit raisonnable de se promettre avec elle de ces choses-là. Pendant ses deux premières années, elle a produit à peu près tout ce qui étoit dans sa nature: des impôts et des dettes, de l'anarchie et des émeutes, des arrestations, des mises en état de siége et autres douceurs semblables. Que les journaux se bornent donc à nous annoncer d'avance des choses de cette espèce tant qu'ils voudront, elles seront toujours croyables. Mais des amnisties!

Une ordonnance du 26 juillet accorde 40 croix d'honneur à des gardes nationaux qui se sont distingués les 5 et 6-juin. La 3o et la 6o légions figurent pour le plus grand nombre; la 11° légion et 3 légions de la banlieue, qui avoient pris part aux principales actions, ne sont portées pour aucune décoration; cela provient de ce que dans beaucoup de bataillons on a refusé expressément toute décoration qui seroit donnée pour un engagement qui avoit tout le caractère de guerre civile ou de démêlé entre deux partis.

[ocr errors]

Une ordonnance du ro juillet, dont on vient seulement d'avoir connoissance par le Bulletin des lois, autorise le préfet du Finistère à convoquer le conseil-général et les conseils d'arrondissement de ce département, aux époques et dans les villes où il le jugera convenable, et à réduire à huit jours la durée de la session du conseil-général.

[ocr errors]

M. Varenard, procureur du Roi à Lyon, est nommé conseiller à la conr royale de cette ville. Il a pour successeur M. Chégáray, substitut du procureurgénéral.

[ocr errors]
[ocr errors]

Plusieurs feuilles étoient remplies, depuis quelques jours, de détails et de réflexions sur la scène déplorable qui s'est passée au pont d'Arcole dans la nuit du 28 au 29 juillet. Le préfet de police a adressé aux journaux une note où il déclare qu'il est faux qu'aucun individu ait été jeté dans la Seine ou s'y soit jeté, pour échapper à la poursuite des sergens de ville et gardes municipaux: Voici à quoi M. Gisquet réduit le fait : Le 28 juillet à dix heures du soir, un rassemblement d'environ 300 individus qui avoit parcouru la rue St-Denis et le marché des Innocens, en faisant entendre des chants et des cris républicains, se présenta au Louvre devant la tombe des blessés de juillet, escalada la grille sans respect pour le lieu, et renouvela sur ce point ses clameurs. De là, ces individus se rendirent au pont d'Arcole, d'où ils devoient se, porter au Panthéon ou à la prison de Ste-Pélagie. Ils passèrent le pont sans payer, maltraitèrent même le gardiem; et, ayant rencontré un détachement de garde municipale et des sergens do ville envoyés pour les dissiper, ils frappèrent à coups de bâtons plusieurs de ces derniers, qui, pour se défendre, durent repousser la force par la force. Dans cette lutte qui eut lieu sur le quai de la Cité, deux ou trois des assaillans seulement ont été blessés.

Dans une plainte adressée au procureur du Roi, M. Coste, gérant du journal le Temps, soutenoit que six fonctionnaires de la préfecture de police, dont l'un armé, et d'autres ayant les insignes de leurs fonctions, avoit violé son domicile, l'avoit injurié, menacé, et qu'un coup de poing violent lui avoit été asséné sur la tête, MM. Malleval, secrétaire-général de la préfecture de police; Nay, secrétaire intime du préfet; Primoriu-Hartmann, Benoît, Marut de Lombre et Haymonet, ont publié dans les journaux une note, dans laquelle ils affirment qu'ils se sout présentés honnètement chez ce journaliste, pour le prier de rectifier ce qu'il avoit dit contre eux dans un article relatif aux nouvelles décorations; que M. Coste répondit avec vivacité, et traita même d'insolent l'un des réclamans; qu'alors on lui fit un geste menaçant, mais qu'il n'y a pas eu de coup de poing, de porte forcée, et que tous avoient quitté leurs insignes.

Le 1er août, une rencontre à eu lieu entre M. Coste, et M. Benoit, commissaire de police, l'un des magistrats qui ont pris part à la scène du 29 juillet. Les témoins pour M. Benoit étoient M. Nay, secrétaire intime du préfet de police, et M. Haymonet, commissaire de police. Ceux du journaliste. étoient M. le docteur Pasquier, et M. Schoelcher, homme de lettres. D'après les conventions des témoins, les adversaires, armés chacun de deux pistolets, avoient été placés à cinquante pas, avec condition d'avancer l'un ́sur l'autre jusqu'à une distance de vingt pas. M. Coste, partie offensée, n'ayant pas voulu tirer le prentier, les deux coups de feu ont eu lien à la fois de part et d'autre. Le commissaire Benoit a été atteint au côté droit d'une balle qui est ressortie par le côté gauche. Il a été transporté sur-le-champ à l'infirmeric de la maison du Roi. La blessure

étoit dangereuse. M. Benoit est mort au bout de dix heures. Il laisse orphelins plusieurs enfans. M. Coste avoit retiré sa plainte aussitôt après le combat.

[ocr errors]

Un commissaire de police s'est présenté le 31 juillet à six heures du matin à l'imprimerie de M. Dentu, pour saisir une nouvelle livraison des Cancans. En l'absence de M. Dentu, qui est à la campagne auprès de son épouse attaquée du choléra, le commissaire n'ayant trouvé à l'imprimerie que le prote, M. Thorin, ce dernier, au dire de quelques journaux, a alors été arrêté et conduit en prison à la place de l'imprimeur.

[ocr errors]

Lorsque le peintre Geoffroy fut déclaré par le jury coupable de tentative d'homicide sur les gardes nationaux, et que l'on eut admis des circonstances atlé

nuantes, M. Moulin, son défenseur, demanda, que, ainsi l'on avoit fait pour

que

Poncelet, déclaré coupable de meurtre sur un sergent de ville, la peine des travaux forcés se trouvât absorbée dans celle de la déportation, M. l'avocat-général, Delapalme s'y opposa, et la cour se trouvant obligée de se renfermer dans l'article , du Code pénal, relatif à l'assassinat, modifié par le nouvel art. 463, déclara ne pouvoir transformer la peine en celle de la dépoftation, et condamna le jeune pein-, tre aux travaux forcés modifiés à 10 ans.

-

Le sieur Hassenfratz, l'un des accusés du complot du 5 juin, qui avoit été condamné à mort par le conseil de guerre, et dont le jugement a été annullé pour, incompétence par la cour de cassation. s'étoit pourvu depuis devant cette cour contre l'arrêt de la cour royale, qui le renvoie en cour d'assises, sous la prévention de deux délits pour lesquels il avoit été déclaré non coupable au conseil de guerre; la cour de cassation a rejeté ce pourvoi, ainsi que celui du sieur Colombat, l'un des co-accusés, et qui étoit fondé sur des motifs à peu près semblabies.

Par ordre du garde-des-sceaux, le procureur-général près la cour de cassation a formé devant cette conr une demande en renvoi, pour cause de sûreté publique, contre plusieurs arrêts de la cour royale d'Angers, des mois de novembre, mars et mai dernier, qui ordonnoient la citation devant la cour d'assises de cette ville des sieurs Caqueray, Blanchard et de vingt autres chouans, accusés de complot contre l'Etat. Le pourvoi étoit fondé sur l'état d'irritation des départemens de l'Ouest, et sur les dangers que pourroient faire courir aux jurés les passions et les haines politiques qui agitent ces contrées. La cour, faisant droit au réquisitoire, a renvoyé les prévenus devant la cour d'assises de Blois.

Dans la soirée du 5 juin, un individu ayant cherché à pénétrer dans la caserne des Célestins, occupée par des dragons, le factionnaire, après l'avoir averti inutilement de se retirer, fit feu sur lui et le tua. On reconnut alors que c'étoit un militaire du régiment, qui, étant sorti malgré la consigne, cherchoit à rentrer. Le factionnaire a été traduit devant le conseil de guerre pour meurtre, et acquitté, après quelques observations de M. Henrion, désigné pour le défendre. Le 31 juillet, à midi, un adepte du saint-simonisme s'avisa de réunir une foule d'individus sur le quai de la Grève, et de feur prêcher cette nouvelle religion. Il a été bientôt obligé de se retirer, par suite des huées et des railleries. M. Barbier, juge d'instruction, assisté de son greffier et du commissaire de

-

er

police de Belleville, s'est transporté, le 1oo août, à la maison des saint-simoniens, pour y interroger le sieur Enfantin. Celui-ci a donné quelques explications sur les habitudes de la maison et sur sa doctrine.

- Les saint-simoniens, ayant à leur tête le Père Enfantin, sont allés à Courtry, pour assister aux obsèques de M. Bazard, leur ancien chef. La veuve ne leur a pas permis de faire les funérailles d'après le nouveau rit saint - simonien. Ils se sont retirés.

- M. de Montalivet, ministre de l'intérieur, est malade d'une attaque de goutte. MM. Colin père, Suzanne, Vuichard et Mauger, condamnés seulement à un an d'emprisonnement dans l'affaire de la rue des Prouvaires, ne se sont point pourvus en cassation.

I

Un journal annonce que, dans la nuit du 1** au 2, on a volé la caisse municipale du 1e arrondissement de Paris. Il ajoute que la police avoit cependannt été prévenue. La somme n'étoit heureusement pas forte.

[ocr errors]

Le choléra a enlevé un écrivain libéral peu connu, mais très - dévoué, Claude-Augustin Vieilh de Boisjolin, ancien officier de génie, qui avoit fait les campagnes d'Espagne et d'Allemagne sous Buonaparte. Il étoit entré ensuite dans l'administration militaire, et fut éliminé au second retour du Roi. Il se jeta, bien entendu, dans l'opposition, et succéda à Alphonse Rabbe dans la direction de la Nouvelle Biographie des contemporains. On pense bien qu'il accueillit avec joie la révolution de 1830 : il est mort le 21 juin dernier.

La chaleur a reparu à Paris : le 2 août, le thermomètre de Réaumur s'est élevé à 24 degrés et demi.

A l'occasion du mariage de la fille de Louis-Philippe, la ville dotera de nouveau seize jeunes filles de décorés de juillet, mais il faudra que leur inctination se porte sur des fils de blessés de juin.

Une rencontre a eu lieu le 1er août entre M. Sédillot, colonel de la 4o légion, et Viguier, adjoint du maire de l'arrondissement, au sujet de la démission du premier, Les témoins sont parvenus a prévenir le combat, en faisant souscrire une déclaration. Ceux-ci étoient MM. de Laborde et Lavocat pour le colonel, Ganneron et Cousin pour l'adjoint du maire,

--

M. de Chateaubriand quitte Paris pour se rendre aux eaux d'Aix, en Savoie. Il doit revenir à Paris dans quelques mois, pour mettre la dernière main à plusieurs ouvrages.

M. le colonel Salleix, du 22° de ligne, en congé à Paris, y est mort le 28 juillet.

[ocr errors]

M. le duc de Choiseul, aide-de-camp de Louis-Philippe, est parti le 2 pour aller recevoir à la frontière le roi des Belges, qui couchera le 5 à Cambrai, et en partira le lendemain pour Compiègne.

Le collège de France a nommé à la chaire de géologie, vacante par la mort de M. Cuvier, M. Elie de Beaumont, connu par ses travaux sur la formation des montagnes.

« PreviousContinue »