qui les a refusés avec la conviction que ses propres ressources suffisoient à la défense de la nouvelle constitution. Il n'y a rien de nouveau en Portugal. Don Pédro ne bouge pas à Porto. Don Miguel a visité sa flotte, et son armée va se resserrer sur Porto. Sir Robert Wilson, à qui l'on avoit offert le commandement des troupes constitutionnelles, a refusé. Une expérience déjà exécutée dans plusieurs villes, pour prouver que le choléra n'est point contagieux, vient d'être répétée en Belgique avec succès. Un médecin attaché à l'hôpital d'Alost avoit proposé à un infirmier de se mettre dans le lit encore chaud où venoit d'expirer un cholérique. L'infirmier ne voulut y consentir qu'autant que le médecin s'y coucheroit d'abord : ni l'un ni l'autre n'ont été atteint de la maladie. La chambre du commerce de Bruxelles vient encore de présenter au roi Léopold une adresse énergique, pour qu'il obtienne sans aucune restriction la navigation de l'Escaut. On s'occupe à Munich de l'habillement et de l'armement des troupes qui doivent se rendre en Grèce. On a renoncé au casque, pour donner aux soldats un schako léger, qui leur conviendra mieux dans le climat qu'ils habiteront. L'ambassadeur français a quitté Constantinople le 9 août. A son audience de congé, il a reçu du sultan une tabatière en or, ornée de brillans, avec son portrait. C'est la première fois que le sultan fait cadeau de son portrait. La flotte égyptienne, composée de 4 vaisseaux de ligne, 7 frégates, etc., a quitté le port d'Alexandrie le 19 juillet, et est allée vers Rhodes à la rencontre de la flotte turque. Le pacha a mis sur ses bâtimens des troupes de débarquement, ce qui suppose un projet d'invasion sur les possessions ottomans. L'armée égyptienne de terre continue ses progrès en Syrie. Sur un élogé de Prieur, de la Côte-d'Or. On travaille avec une incroyable et audacieuse opiniâtreté à corrompre toute l'histoire, et à tromper la postérité sur les hommes et sur les choses de notre temps. Rien n'est si effronté en ce genre qu'une notice sur Prieur, de la Côted'Or, qui a paru dans le Constitutionnel du mardi 4. Le rédacteur épuise toutes les formes de l'admiration pour le conventionnel. Nous ne pouvons, dit-il, garder un silence indifférent sur une perte qui touche à tant de souvenirs intéressans pour la liberté et pour les sciences; rappelons quelques-uns des titres qui justifient les regrets de tout ce qui porte un cœur français. Prieur, né à Auxonne en 1763, fut officier de génie comme Carnot, dont il devoit être plus tard le glorieux coopérateur; la modestie, qui étoit sa nature, ne put empêcher d'apercevoir ses talens et son caractère ; le patriotisme le plus pur et le plus ferme, en même temps que le plus sage dicta tous ses votes..... Et la preuve en est qu'à la Convention, lors du procès de Louis XVI, Prieur, sans faste de popularité ni de colère, vota avec la majorité qui condamna le frère aîné de Charles X. Quoi de plus pur et de plus sage! Le rédacteur de la notice parle avec beaucoup d'égards de la Convention qui cumula tous les pouvoirs. Terrible cumulation sans doute, dit-il, mais qui devoit frapper les ennemis de stupeur, et que l'on put croire nécessaire pour sauver la France des entreprises de la conjuration aristocra tique. Le panégyriste jette de même un voile officieux sur les atrocités du comité de salut public, dont Prieur fut membre: il ne parle que de ses travaux militaires, et dissimule la honte d'avoir dicté tant de crimes, fait verser tant de sang, et d'avoir partagé avec Robespierre, Couthon et Saint-Just, tout le poids des iniquités d'un gouvernement abominable. Il n'y a pas dans la notice le moindre mot sur tout cela ; on ne parle que du modeste ingénieur et de son talent pour organiser la victoire. Après le 9 thermidor, on le retira du comité de salut public, où il avoit été si utile et si nécessaire, tant les réactions savent peu garder le discernement qui fait la part exacte de la justice. Impassible au milieu des agitations, et ne voyant jamais que le grand but de la révolution, le progrès de l'esprit humain, Prieur conçut l'idée de l'Ecole polytechnique, dont d'autres font honneur à Carnot et d'autres à Fourcroy. C'est à lui aussi qu'est dû le premier établissement de l'Institut. Il sortit du conseil des Cinq-Cents et 1798, sans être épuisé par tant de services publics qui satisfont toujours la conscience du citoyen. Dégoûté des places, il vécut dans la retraite, et établit une manufacture de papiers peints : c'est dans cette vie morale, si simple et si exemplaire, que s'est éteint cet homme de bien à Dijon; il avoit cette philosophie qui espère toujours. Prieur étoit de ces hommes dont La Fontaine a dit : La mort ne surprend point le sage, il est toujours pret à partir. C'est dans les bras de l'amitié que l'homme de bien a exhalé son dernier soupir. La notice de cet honorable citoyen peut être couronnée par un trait qui lui est · commun avec Carnot : c'est qu'au milieu du plus grand pouvoir ils sont restés chacun dans leur grade. Hommes vraiment antiques, hommes vraiment modèles, Prieur et Carnot, aurez-vous long-temps encore plus d'admirateurs que d'émules et d'imitateurs? Puisse la France ne pas produire de long-temps de ces hommes antiques et de ces hommes modèles qui ont attaché leurs noms à un régime fameux par tant de crimes, de désastres, et de cruautés! COURS DES EFFETS PUBLICS. Le Gérant, Adrien Le Clere. Bourse du 10 septembre 1832. 40 c. et fermé à 96 'r. 90 e. Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 69 fr. 75 c. et fermé à 69 'r. 60 c. 97 fr. 1660 fr. 00 c. IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP. JEUDI 13 SEPTEMBRE 1832. (N° 1997) OEuvres de M. l'abbé Bertin, chanoine d'Amiens; avec son portrait (1). Pierre-Joseph Bertin étoit né à Amiens le 25 février 1748; il commença ses études dans le collége des Jésuites de cette ville, mais son éducation n'étoit pas encore terminée quand les Jésuites furent supprimés en France par arrêt des parlemens. Des professeurs de l'Université vinrent les remplacer à Amiens, et le jeune Bertin acheva ses études sous l'abbé Gossart. Au sortir du collége, il fut précepteur à Picquigny, puis répétiteur à Abbeville, et plus tard il fut promu au sacerdoce. Au commencement de 1779, on le nomma principal du college d'Abbeville, place qu'il occupa 12 ans, et en 1787, il devint chanoine de la collégiale de Saint-Vulfran, dans la même ville. La révolution vint bientôt l'arracher à ces doubles fonctions; il se retira en Angleterre, où il avoit déjà quelques relations. A son arrivée à Londres, il publia ses Tableaux historiques, qui eurent du succès, et qui ont, dit-on, servi de modèle à ceux de Las-Cases. Il donna des leçons, et obtint une chaire de langue française à l'université d'Oxford. Là, plusieurs hommes distingués, aujourd'hui en Angleterre, furent ses disciples. L'abbé Bertin reçut à Oxford Louis XVIII et sa famille, qui vinrent d'Hartwell visiter l'université. Après la bataille de Waterloo, le désir de revoir sa patrie et sa famille le rappela en France; il donna sa démission de sa chaire, et l'université d'Oxford lui accorda un témoignage d'estime en lui conférant le titre de docteur. C'étoit une nouveauté qu'un pareil titre conféré à un prêtre catholique par une université anglicane; M. de Montblanc, aujourd'hui archevêque de Tours, est le seul qui ait partagé cette distinction avec l'abbé Bertin: car nous ne mettons pas au nombre des catholiques le Père Le Courayer, qui obtint le même titre cent ans auparavant. De retour en France, l'abbé Bertin vécut dans la retraite ; il se fixa, à ce qu'il paroit, à Abbeville, (1) Deux vol. in 12, prix, 5 fr. et 6 fr. 50 cent. franc de port. A Paris, chez Gaume, rue du Pot-de-Fer, et au bureau de ce journal. Tome LXXIII. L'Ami de la Religion. T et y accepta les modestes fonctions d'administrateur du collége et de président du comité d'instruction primaire. Il prit part à l'établissement des Frères des écoles chrétiennes et à plusieurs autres bonnes œuvres. Le fruit de ses économies lui permettoit de suivre le penchant de son cœur à l'égard des pauvres. M. l'évêque d'Amiens le nomma à un canonicat de sa cathédrale : c'étoit lui donner le moyen de faire plus d'aumônes. M. Bertin étoit parvenu à un âge avancé; il mourut le 28 avril 1830, âgé de plus de 82 ans. Le clergé, les fonctionnaires et le college assistèrent à ses obsèques, et toute la ville lui donna des regrets. La notice que nous suivons loue sa piété, sa prudence, sa douceur et sa charité. Les OEuvres de l'abbé Bertin se composent de discours; le premier volume est consacré aux discours religieux, et le second aux discours littéraires. Dans le premier volume, il Y a sept discours un discours sur l'aumône, prêché dans une assemblée de charité en 1787; un panégyrique de saint Vincent de Paul, prononcé en 1783, pour la fête du saint, dans l'église de St-Lazare; un panégyrique de saint Bernard, prononcé en 1778 dans l'abbaye de filles de Willencourt, un panégyrique de saint Louis, prêché à Amiens en 1787, lors des assemblées provinciales, un panégyrique de saint Vulfran, patron de la collégiale d'Abbeville, prononcé dans cette église en 1781, un discours pour une profession religieuse, et une courte exhortation pour un mariage. De ces discours, les plus remarquables peut-être sont les panégyriques de saint Vincent de Paul et de saint Bernard, ces deux hommes également étonnans, et qui eurent l'un et l'autre une prodigieuse influence sur leur siècle. Dans le premier de ces panégyriques, l'orateur raconte rapidement ce que Vincent a fait pour le salut de ses frères et ce qu'il a fait pour leur soulagement. Un passage de ce discours nous a paru propre à donner une idée avantageuse de la composition de l'abbé Bertin : « L'Eglise alors avoit à combatre deux erreurs qu'un même siècle sembloit n'avoir rapprochées que pour justifier cette vérité : l'une plus ancienne, plus répandue, affermie par des succès et par le temps; l'autre plus récente, plus foible encore dans ses ressources, mais se fortifiant dans l'ombre et le mystère : l'une, malgré ses revers et ses défaites, comptoit parmi le peuple et la noblesse de nombreux partisans, et jouissoit d'une existence légale, fruit de ses révoltes et de la nécessité; l'autre aspiroit à une consistance qu'elle n'avoit point encore. Souple, adroite, insinuante, elle attaquoit les esprits par la séduction et suppléoit par l'adresse à ce qui lui manquoit du côté de la force : l'une déjà plus d'une fois condannée, frappée de tous les foudres de l'anathême, n'en étoit que plus audacieuse dans sa rebellion, et se vengeoit, en l'anéantissant, du pouvoir qui l'avoit proscrite; l'autre, moins hardie, parloit en apparence le langage de la soumission, éludoit en temporisant, et ne cédoit que pour résister avec avantage : l'une enfin, dominant avec orgueil sur des provinces entières, se faisoit gloire de sa séparation; elle avoit ses temples, ses ministres, sa discipline. Au contraire, réduite à un petit nombre de novateurs, l'autre conservoit par intérêt l'unité qu'elle détruisoit par système, et fuyoit l'éclat du schisme dont elle avoit déjà l'esprit : toutes deux, au reste, également ennemics de la foi, également redoutables à l'Eglise, l'une par les conquêtes qu'elle avoit déjà faites, l'autre par celles qu'elle méditoit de faire encore. Mais Vincent veille à la défense de la vérité. Dans le panégyrique de saint Bernard, l'orateur peint le caractère, le courage, l'activité, l'ascendant de ce pieux et fervent solitaire, qui savoit, avec une égale sagesse, diriger un monastère et donner des conseils aux rois : A peine Bernard paroît que, comme un torrent, la force de son éloquence entraîne tout; jusque là que si quelquefois on fuit son empire, plus souvent on accourt pour l'entendre, pour admirer ce nonveau prodige que le ciel fait briller aux yeux des nations. Un charme secret réside sur ses lèvres. Ses discours portent avec eux une force impérieuse, soit qu'il tonne contre le vice, ou que, d'une voix insinuante, il persuade la vertu. Les cœurs sont dans ses mains; le pécheur obscure tremble dans sa retraite, comme le riche prévaricateur sous ses lambris. La charité de Bernard embrasse sous les états, tous les lieux. Qui pourroit compter ses succès? L'évêque de Paris l'appelle pour l'opposer à un débordement qui n'a plus de mesure. Il monte dans la tribune sacrée, et le peuple fond en larmes. Les cleres dissipés s'humilient, les grands déposent leur orgueil, tous reviennent en frappant leur poitrine. C'est un prophète qui annonce les vengeances du Seigneur. L'esprit ennemi a soufflé la discorde entre le peuple de Rheims et son pasteur. L'amitié parle au cœur de Bernard; il y vole porté par son zèle. La persuasion l'accompagne, la paix le suit; c'est l'ange de la réconciliation envoyé du ciel : son éloquence a tous les tons, parce que son zèle s'étend à tous les besoins; tantôt ferme et généreuse, elle oppose à la puissance injuste la noble hardiesse d'une censure méritée, elle fait rougir l'archevêque de Sens: tantôt vive et menacante, elle va troubler dans le cœur du coupable la funeste sécurité des passions; elle fait tomber le fer des mains d'un prince qui alloit |