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vendange. On m'a rapporté aussi que, dans d'autres localités, les enfans qui veulent se préparer à la première communion ne sont admis au catéchisme que moyennant une rétribution en argent, en chanvre, etc. Sous quelque nom que ces prélèvemens s'effectuassent et quelle qu'en fût d'ailleurs la nature, la loi ne permettroit d'y voir autre chose qu'une concussion, et les maires qui les toléreroient devroient savoir qu'ils encourroient une grande responsabilité envers leurs administrés. Quant à la rétribution pour l'instruction religieuse, elle ne seroit pas seulement illégale, elle me paroîtroit encore impolitique.

Comme administrateur, la question religieuse est hors de mes attributions; je n'ai donc à m'occuper, dans l'intérêt de mes concitoyens, que de celle de savoir si les curés et desservaus sont fondés à exiger, hors les cas prescrits par la loi, une redevance des habitans de la campagne. Cette question ne pouvant être résolue que négativement, il est de mon devoir de rappeler à MM. les maires qu'ils ne doivent souffrir de la part des ecclésiastiques aucun prélèvement en nature, et que, quant aux rétributions en argent, leurs administrés ne doivent que celles qui constituent le casuel, et dont le montant est fixé par le tarif du diocèse. J'invite MM. les maires à faire donner lecture de la présente à leurs administrés, à l'issue de la messe paroissiale du dimanche qui suivra sa réception, et de lui donner toute publicité possible. MM. les souspréfets sont également priés de tenir la main à cette publicité, et de veiller à ce que ceux des abus signalés qui auroient pu s'introduire dans leur arrondissement cessent immédiatement.

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Voilà assurément beaucoup de bruit pour bien peu de chose; car il faut remarquer que M. Badouix n'est pas bien sûr de son fait. S'il faut en croire divers rapports, dit-il ; mais n'auroit

il pas été de la prudence d'un sage administrateur de prendre des renseignemens avant de lancer définitivement sa circulaire? Pourquoi tant de recommandations pour publier partout ce qui ne s'applique qu'à quelques localités? M. le préfet avoue que les plaintes ne tombent que sur un petit nombre d'ecclésiastiques; pourquoi donc les mortifier tous par cette publication faite à leur porte et sous leurs yeux? pourquoi inspirer des défiances contre eux, s'ils n'y donnent point sujet? pourquoi exciter des maires déjà passablement ardens contre des abus qui n'existent pas dans leurs communes? M. le préfet ne pouvoit-il se contenter d'écrire aux maires des communes où les abus auroient eu lieu? ou mieux encore, ne pouvoit-il réclamer l'intervention épiscopale pour faire cesser l'abus qu'on lui avoit dénoncé? C'étoit la marche que prescrivoient les convenances

et l'équité, puisqu'encore une fois on avoue que les reproches ne portent que sur un petit nombre de prêtres, et puisqu'il n'est pas sûr même que ces reproches soient mérités.

Il est probable, en effet, que M. le préfet de la Nièvre a été trompé au moins sur une partie des rapports qui lui ont été faits. Les curés, dans le diocèse de Nevers comme ailleurs, n'ont jamais rien réclamé pour admettre les enfans au catéchisme, ni pour les préparer à la première communion. Ils ne lèvent point de contributions sur les chefs de famille, ils ne font point de prélèvemens, et c'est abuser des termes que de voir une concussion là où n'y auroit au plus que des offrandes volontaires, des usages établis, des témoignages de reconnoissance. Quand on demande des prières particulières à un curé, il est assez naturel de lui offrir quelques dons; c'est une exagération ridicule que de voir là une contribution. Tout cela se fait très-librement, et alors il n'y avoit rien là qui dût exciter si fort la sollicitude de M. le préfet, ni l'engager à sonner en quelque sorte le tocsin par la publicité de sa circulaire. Les résultats n'en peuvent être que fâcheux dans les campagnes. Elle augmentera les préventions et les défiances contre les prêtres, qu'on semble présenter comme des hommes exigeans et avides. Elle autorisera les chicanes et les vexations de maires ignorans et malveillans, qui, tout fiers du pouvoir qu'on leur donne, l'appliqueront à tort et à travers. Čet abus-là auroit bien autant mérité la vigilance et la sévérité du préfet de la Nièvre, que ceux qu'il signale et qu'il poursuit dans son imprudente et hostile circulaire.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. L'église de France vient de faire uue grande perte; M. l'évêque de Versailles a succombé samedi matin à une longue et douloureuse maladie. M. Etienne-Jean-François Borderies étoit né le 24 janvier 1764; il n'a occupé le siége de Versailles que cinq ans, ayant été sacré le 29 juillet 1827. Nous consacrerons un article nécrologique à ce prélat, que son mérite, ses rares vertus, son éloquence, son zèle et ses services plaçoient si haut dans l'estime publique. Sa perte plonge dans le deuil non-seulement son diocèse, mais de nombreux amis, auxquels ses heureuses qualités l'avoient rendu cher, et tant de personnes de tout rang, à Paris, qui étoient depuis long-temps sous sa direction, et qu'il n'avoit pu résoudre à prendre un autre confesseur, même depuis son épiscopat. Aujourd'hui, nous nous bornerons à citer la circulaire que M. l'arche

vêque de Paris vient d'adresser à MM. les curés sur la mort d'un collègue et d'un ami :

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Paris, le 4 août 1832.

M. le enré, il y a encore place dans mon ame à de cuisantes douleurs. Le clergé du diocèse partagera, je n'en doute pas, celle qui vient de percer mon cœur. J'apprends à l'instant la mort de M. l'évêque de Versailles (Etienne-Jean-François Borderies). L'amitié qui nous unissoit, les services qu'il avoit rendus au diocèse de Paris, où il avoit exercé l'office de vicaire-général archidiacre, le vide qu'il y laissera parmi le nombre des personnes si distinguées par leur piété auprès desquelles il jouissoit d'une juste confiance, le deuil de son propre diocèse, livré à des regrets si profonds et si légitimes, tout concourt à nous rendre cette perte plus sensible et plus accablante.

>> Toutefois, M. le curé, nous n'oublierons pas, au sein de l'affliction, le premier devoir imposé dans ces tristes circonstances à la tendresse chrétienne et sacerdotale, celui d'environner l'ame d'un ami des prières et des suffrages de l'Eglise, en même temps que nous arroserons sa tombe de nos larmes. Soutenus par le souvenir de ses vertus, comme nous l'avons été long-temps par la sagesse de ses conseils, notre reconnoissance s'empressera de lui rendre plus facile la possession du rafraîchissement, de la lumière et de la paix, si l'étendue des obligations de l'épiscopat avoit pu donuer lieu à quelques-unes de ces légères omissions qui ne permettent pas au serviteur méme fidèle d'entrer dans la joie du maître avant d'avoir subi l'épreuve du purgatoire.

» Je crois donc deviner la pensée du clergé et des fidèles du diocèse, en ordonnant que le dimanche 5 du mois d'août, ou le dimanche 12 du même mois, il soit chanté ou récité à l'issue de la messe paroissiale ou de communauté, le psaume De profundis avec les versets et oraison Deus qui inter apostolicos sacerdotes, pour le repos de M. l'évêque de Versailles.

» Le lundi 6 août, ou bien le lundi 13 du même mois, on dira à toutes les messes les oraisons pro Pontifice defuncto, sans préjudice des autres services qui pourroient être demandés, suivant la dévotion et la reconnoissance des fidèles. » Je vous donne avis qu'il sera célébré à la même intention, dans l'église métropolitaine, un service solennel le mercredi 8 août, à dix heures.

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Nous recevons à l'instant des détails touchans sur les derniers momens du vénérable prélat. Sa fin, quoique prévue depuis deux ans surtout, a été presque soudaine par le caractère fatal qu'a pris tout-à-coup la maladic. Priez que je souffre et que je meure en évéque, disoit dans ses derniers jours le vertueux prélat. Quiconque l'a vu dans ces tristes instans pourroit dire si ce vou, exprimé avec une foi toute apostolique, a été accompli. Jamais évêque ne fit en-tendre à ce terrible moment des paroles plus douces et plus péné trantes. Quelle humilité! Quels adieux! Quels regards pleins d'affection pour tout ce qu'il alloit quitter! Quels regards ineffables vers le ciel! Ce souvenir ne s'effacera pas de la mémoire du digne

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clergé qui l'entouroit au moment où les derniers sacremens lui furent administrés. Quel panégyrique que les regrets universels cause cette perte! Le clergé et les fidèles, les ames pieuses et les gens du monde ont ici le même langage. On attend avec impatience l'autorisation pour que le corps du digne évêque soit déposé dans le caveau de la cathédrale. Une chapelle ardente, où le corps est exposé, est ouverte à la piété publique. Les obsèques auront lieu mercredi M. l'archevêque de Paris y doit officier. M. Borderies a disposé du peu qu'il laisse pour des legs charitables; il donne au chapitre sa bibliothèque choisie avec tant de goût. Le légataire universel est M. l'abbé Blanquart de Bailleul, son fidèle disciple, son tendre ami, son grand-vicaire, qui n'avoit pas quitté le prélat depuis son arrivée à Versailles, qui, nommé il y a deux ans à l'évêché de Beauvais, refusa pour ne pas se séparer de son vénérable évêque, qui, formé à une si excellente école, a conquis à Versailles l'estime générale par sa prudence et par sa piété, et qui seroit bien digne de consoler le diocèse d'une perte douloureuse.

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Les personnes qui sont dans l'intention d'assister aux funérailles de M. l'évêque de Versailles étant trop nombreuses pour être invitées individuellement, sont prévenues que cette cérémonie aura lieu mercredi prochain 8 août, à 10 heures précises du matin, dans l'église cathédrale de Saint-Louis, à Versailles.

Plusieurs journaux ont reproduit ce que nous avons dit, n° 1977, d'une censure épiscopale contre les doctrines de MM. de La Mennais et de l'Avenir. Notre article n'avoit rien d'amor; il rappeloit des faits, il offroit un aperçu très-court et une sorte de notice de la censure des évêques. Nous ne savons pourquoi un journal qui a aussi cité en grande partie notre article a cru devoir à cette occasion nous donner un avis dont nous ne voyons pas l'àpropos: Le Courrier Lorrain reçu aujourd'hui à Paris, dit le Courrier de l'Europe, contient sur cette affaire un article rempli de sages réflexions que nous engageons l'Ami de la Religion à méditer et à suivre. D'abord les réflexions du Courrier Lorrain ne sauroient se rapporter à notre article, puisqu'il ne pouvoit encore en avoir connoissance. Il parloit de la soumission future de M. de La Mennais au jugement du Pape, de son bumble docilité, de sa patience. Comme nous n'avions rien dit à cet égard, et que nous n'avions rien préjugé sur la soumission future de M. de La Mennais au jugement du saint Siége, les réflexions du Courrier Lorrain ne peuvent s'adresser à nous, et nous sommes dispensé de les méditer et de les suivre. Mais peut-être les deux journaux feroient-ils bien de méditer un peu la censure épiscopale. Le Courrier Lorrain admire la patience de M. de L. M., qui a fait taire le journal où combattoient pour lui ses amis; l'exemple n'est pas bien choisi, les amis ne se taisent guères en France, témoin quelques journaux, où on ne manque

aucune occasion de louer ou d'exalter le grand hommé, témoin le Courrier lui-même, qui prend si chaudement sa défense. Ils se taisent encore moins en Belgique, où d'anciens rédacteurs de l'Avenir se sont réunis et rédigent un journal. Le Courrier est sûr que M. de La Mennais se soumettra au jugement de Rome: tant mieux, assurément ! Cependant, en attendant le jugement de Rome, qui peutêtre tardera un peu, il seroit bon de se soumettre au jugement des évêques de son propre pays. Chaque évêque dans son diocèse est juge naturel et en première instance de ses ecclésiastiques et des écrits qu'ils publient. Que l'écrivain se croie un génie, qu'il le soit même, cela ne fait rien à l'affaire, cela ne le dispense pas des règles de l'Eglise. Il n'est pas pour cela hors du droit commun, et il n'est pas plus excusable s'il écrit une lettre arrogante à un archevêque et si son journal prétend diriger l'épiscopat. Un auteur, un catholique, un prêtre, donneroit un bien plus bel exemple en pratiquant dès aujourd'hui l'humilité et la soumission vis-à-vis des évêques, qu'en promettant de la pratiquer un jour, et celui dont le Courrier Lorrain admire la docilité et la modestie nous paroîtroit plus admirable encore en n'attendant pas pour déployer ces vertus un jugement qui, surtout dans l'état actuel de l'Eglise, peut être traversé par bien des obstacles.

L'ordonnance qui chasse le séminaire de Meaux des bâtimens qu'il occupoit a-t-elle été sollicitée par la ville? La ville avoit-elle besoin de ces bâtimeus? Peut-elle en faire usage? A toutes ces questions, non. Le conseil municipal n'a point réclamé récemment les bâtimens du séminaire. La ville n'est point en état d'y transférer l'Hôtel-Dieu; ce seroit une dépense trop au-dessus de ses forces. Il y a plus, c'est que cette translation n'auroit aucun motif, puisque le local actuel de l'Hôtel-Dieu suffit aux besoins, et la preuve que ce local suffit et suffira long-temps, c'est qu'il a suffi pendant les ravages de la maladie qui vient d'affliger la ville. Assurément, si on n'a pas eu besoin d'établir un autre hospice lorsque le nombre des malades s'étoit si prodigieusement accru, on n'aura pas besoin à plus forte raison d'un plus grand local lorsque tout est rentré dans l'état ordinaire, et que le nombre des malades n'est que ce qu'il peut être dans une population de 8000 ames. Mais sur quel motif donc a pu être fondée l'ordonnance? On n'a pas pris la peine d'en alléguer aucun. Cela s'est fait à la sourdine, par quelque intrigue secrète. Que sait-on? C'est peut-être un secrétaire tout seul qui a rédigé l'ordonnance. Il l'aura présentée au ministre avec beaucoup d'autres papiers, ainsi que cela se pratique, et le ministre, M. d'Argout, aura signé de confiance. Mais comme on n'aime point avouer qu'on a été surpris, M. le ministre du commerce et des travaux publics soutient ce qu'on lui a fait faire. Ainsi il enlève un séminaire à un diocèse sans en conférer seulement avec celui de sés collègues qui auroit dû être consulté pour une telle mesure, avec

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