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Est-ce que ce seroit l'Encyclique qui auroit causé cet accès de désespoir au rédacteur du Courrier? est-ce que ce seroit elle qui auroit tout perdu, qui auroit renversé toutes les espérances des catholiques, qui seroit cause qu'on ne sait plus où aller, que toute chance de salut disparoît, que l'intelligence humaine est à bout? Est-ce que c'est depuis l'Encyclique qu'il seroit aisé maintenant de croire Dieu aveugle et de céder au désir affreux d'abandonner son service? Tout cela vraiment est flatteur pour le Pape et respectueux pour le saint Siége! Nous ne voulons pas trop insister sur ce point, ni relever d'autres choses assez singulières dans cet article du Courrier lorrain. Le rédacteur se condamne au silence, et cet acte de soumission doit lui obtenir quelque indulgence pour des regrets échappés à son désappointement, quand il voit se dissiper des illusions dont il s'étoit bercé long-temps.

Puisque nous en sommes sur l'Encyclique, on nous permettra de publier ici un fait qui y est relatif et qui nous intéresse trop pour que nous le passions sous silence. On se rappelle que, dans notre n° 1994, nous avions donné une analyse de l'Encyclique, et que nous y faisions quelques réflexions sur cet acte si important. Nos réflexions, quoique générales, appuyées uniquement sur l'Encyclique et exemptes de toute personnalité, n'avoient pas été approuvées d'un journal qui nous les avoit reprochées comme une faute et comme un manque d'égards. Le devoir, disoit-on, la charité, les plus simples convenances, nous ordonnoient de nous en abstenir. Heureusement tout le monde ne nous a pas jugé avec des yeux aussi sévères; une lettre datée de Rome le 20 septembre, que nous venons de recevoir, nous apprend que notre article a été lu, relu, loué, approuvé dans tout son contenu. Bien plus, la lettre ajoute qu'un jeune ecclésiastique français, qui avoit eu la veille une audience du saint Père, a entendu de sa bouche ces paroles: Avez-vous lu l'article de l'Ami de la religion sur l'Encyclique? Il est parfait, il est excellent, il m'a très-bien saisi, et toutes les interprétations qu'il donne à mon Encyclique sont justes et exactes, c'est tout ce que j'ai voulu dire. Quelle a été notre joie en parcourant ces lignes, précieux témoignage d'une auguste bienveillance! Quel heureux dédommagement de nos peines! quel puissant encouragement dans nos humbles efforts! Combien de telles paroles sont douces à l'oreille d'un chrétien! combien une si haute approbation laisse

loin derrière elle les petites contrariétés attachées à la carrière où nous marchons ! Déjà nous savions que le saint Père daignoit lire notre journal, mais combien cette nouvelle marque d'intérêt et de bonté ajoute à notre reconnoissance! Nous nous flattons que nos amis voudront bien prendre part à notre joie, et que ceux même qui croiroient avoir quelque reproche à nous faire, seront disposés à un peu d'indulgence à notre égard, en voyant le souverain pontife sourire à nos travaux du haut de la chaire apostolique, et parler de nous dans des termes si propres à nous confondre.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La circulaire du 20 septembre, que nous avons fait connoître la semaine dernière, invitoit les ecclésiastiques du diocèse à suppléer à la retraite générale par des retraites partielles dans les différentes paroisses. Ces retraites ont eu lieu, en effet, dans la plupart des paroisses de la capitale pendant la semaine qui finit en ce moment. Elles se sont faites, tantôt dans la sacristie, tantôt au presbytère, suivant les localités. M. l'archevêque lui-même a passé ces jours en retraite, donnant en ce point, comme en tout le reste, l'exemple à son clergé. Dans quelques paroisses, des raisons particulières ont engagé à différer ces pieux exercices; peut-être a-t-on dessein de les faire concourir avec les retraites qui vont s'ouvrir dans divers séminaires. Dans plusieurs diocèses de provinces, les retraites ecclésiastiques ont eu lieu comme autrefois. A Lyon, M. l'archevêque a présidé une réunion de 400 prêtres; un prêtre exercé dans ce genre de ministère étoit chargé des instructions. A Toulouse, au Puy, à Viviers, les retraites ont été données successivement par un autre ecclésiastique, qui s'étoit aussi consacré depuis plusieurs années à diriger ces salutaires exercices.

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Le dimanche 30 septembre a eu lieu la réconciliation de l'église Notre-Dame de Pontoise, interdite après la profanation que nous avons fait connoître. M. le curé avoit reçu des supérieurs ecclésiastiques l'ordre de donner à cette cérémonie toute la solennité possible, entre autres, d'inviter les deux paroisses de SaintMaclou et de St-Ouen à venir processionnellement à Notre-Dame. Il devoit aussi prévenir les autorités, ce qu'il a fait. On a demandé un jour pour réfléchir, tant on a trouvé la chose grave et la décision délicate. On a vu, à ce qu'il paroît, beaucoup d'inconvéniens dans une procession à la suite et en expiation d'un grand attentat. Il se fait tous les ans à Pontoise plusieurs processions qui n'occasionent aucun trouble, et celle-ci étoit plus naturelle encore, après le sacrilége qui venoit d'avoir lieu. Mais ni la demande du curé, ni le vœu des habitans n'ont été pris en considération. La procession n'a

réunion. Qui sait si les Frères n'étoient pas venus là pour conspirer? On leur a donc refusé impitoyablement la permission de faire leur retraite annuelle. Qu'est-ce qu'une retraite? a-t-on dit. Les Frères ont cru pouvoir, sans qu'on s'en aperçût, observer sur ce point la règle de leur institut. Ils se sont rendus sans bruit à Marvejols et se sont resserrés dans le local fourni par la ville à trois de leurs confrères. Vous sentez la conséquence d'une telle audace. Heureusement l'autorité veilloit, et le procureur du Roi a été requis de dissoudre de force la réunion. Grâce à cette mesure de prudence, la ville n'a point eu d'émeute et l'esprit de révolte est étouffé dans le département. Il y a eu également une retraite de la congrégation de Frères établie à Saint-Laurent-sur-Sèvre, dans la Vendée; environ 100 Frères y étoient réunis, et un journal remarque avec inquiétude que la correspondance y étoit fort active. Voilà qui est effrayant: des Frères qui reçoivent des lettres! Est-ce que l'on ne devroit pas couper court à un tel abus?

Un journal a donné dernièrement une espèce de statistique assez intéressante sur l'Alsace. Cette province, dit-il, renferme, dans les deux départemens qui la partagent, environ 944,000 habitans, sur lesquels il n'y a guère que 100,000 protestans. Ceux-ci sont répartis ainsi : 40,000 dans le Haut-Rhin, et 60,000 dans le Bas-Rhin. L'arrondissement de Befort ne compte que peu de protestans, qui se trouvent dans les lieux où il y a des manufactures ou des fabriques. Celui d'Altkirk n'en compte qu'à Mulhausen et dans quelques villages environnans. Celui de Colmar en compte le plus; à Colmar même, les protestans sont au nombre de 5,000 sur une population d'environ 16,000 ames. Dans le Bas-Rhin, l'arrondissement de Schelestadt en compte à Barr et dans des villages des environs. A Strasbourg, où il y a 50,000 ames, 30,000 sont catholiques, le reste se compose de protestans et de juifs. Les arrondissemens de Saverne et de Weissembourg renferment aussi des protestans. Mais presque partout la proportion entre les catholiques et les protestans est à l'avantage des premiers. Comment se fait-il donc que, presque partout, les protestans aient les places et les honneurs? Depuis la révolution de juillet, on a destituré presque tous les maires catholiques et on les a remplacés par des protestans. A Strasbourg, on a destitué M. de Kentzinger, dont la ville n'oubliera point la sage administration, et on l'a remplacé par M. de Turkheim, fils de l'ancien président du consistoire protestant. Cette affectation de réserver les places pour les protestans est poussée si loin, que quand il ne se trouvoit que deux ou trois protestans dans une commune, c'étoit encore un d'eux qu'on a nommé maire. La Tribune catholique, à laquelle nous empruntons ces détails, se plaint de l'apathie des catholiques. Ce reproche ne nous paroît guère fondé. Que veut-on que fassent des hommes, objet de pré

qui a partagé il y a quarante ans les honneurs de la persécution et de l'exil.

- Il existoit il y a déjà plusieurs années à Dinan un collége qui étoit tombé peu à peu et qui en étoit venu à n'avoir plus d'écoliers. Ce collége étoit établi dans un ancien couvent d'Ursulines, dont la nation s'étoit emparée il y a quarante ans, et qui avoit été donné à cet effet à la ville par un décret de Buonaparte rendu en 1804. Quand on vit la chûte de cet établissement, des personnes zélées pour les intérêts de la ville songèrent à tirer parti du bâtiment. pour y former une maison d'éducation pour les jeunes personnes. Elles proposèrent de rappeler les Ursulines et de les mettre en possession de leur ancien couvent. Il y eut là-dessus de grands débats à Dinan; une partie du conseil municipal approuvoit le projet, une autre le repoussoit. Il y eut des délibérations pour et contre, une en 1819 pour rejeter la demande, une en 1822 pour y faire droit. En vertu de cette dernière délibération, une ordonnance royale du 17 septembre 1823 autorisa la concession faite aux Ur-sulines, par la ville, et une autre ordonnance du 22 août 1826 autorisa la communauté. Les Ursulines entrèrent en possession et firent aux bâtimens des réparations et augmentations, elles rendirent à la ville des services qui furent appréciés par tous les bons esprits. Mais vint la révolution de juillet, alors tout changea. Le parti opposé aux Ursulines prévalut, et songea à profiter de la victoire. Dès le 31 décembre 1830, le conseil municipal prit une délibération contraire à celle de 1822 et réclama les bâtimens. On allégua que la délibération de 1822 n'avoit été prise que par quatre membres du conseil, et qu'elle étoit par conséquent nulle de plein droit. Mais pourquoi n'avoit-on donc pas réclamé depuis huit ans? Le 30 mars 1831, nouvelle délibération dans le même sens. A force de sollicitations on a obtenu une ordonnance du 30 août de l'année dernière, qui rapporte celle de 1823 et réintègre la ville de Dinan dans la jouissance des bâtimens; il est dit que la ville paiera une indemnité aux Ursulines pour les travaux qu'elles ont faits. Ainsi voilà des religieuses que l'on a fait venir de loin, qui ont monté un établissement, qui ont fait des dépenses, le tout pour se rendre utiles à la ville; et on les expulse sans forme de procès, on les dépouille sans avoir égard à leur bonne foi et à leurs services, et en leur promettant une indemnité qui ne sera jamais proportionnée à leurs dépenses, et que d'ailleurs on ne leur paiera peut-être pas. Il faut ajouter qu'une bonne partie de la population réclame en faveur des Ursulines. L'année dernière, M. l'évêque de Saint-Brieuc, dans le voyage qu'il fit à Paris, représenta le tort qui résultoit de l'ordonnance dans l'intérêt de la ville elle-même. Le prélat demandoit au moins que l'on suspendît l'exécution de l'ordonnance. Nous ne savons où en est actuellement cette affaire, mais il y a tout lieu de craindre, avec l'esprit actuel, que les libé

d'en entendre un seul s'informer d'autre chose que de l'opinion politique des candidats, s'occuper d'un autre soin que de bien assortir les couleurs. Personne ne s'inquiète de savoir s'ils sont honnêtes gens, s'ils ont une réputation de moralité bien établie, si leur vie publique et privée offre de suffisantes garanties à la société, s'ils ont du mérite, de la capacité, de l'instruction, on s'ils n'en out pas; enfin de quelle manière ils ont fait fortune, si leurs affaires sont en bon ordre, ou si, par hasard, elles ne se trouveroient pas dérangées au point de les réduire à mettre leurs immeubles en loterie. Tout cela n'entre pour rien dans l'évaluation des mérites et des qualités qu'on cherche. On veut une opinion qui vous lie, qui vous mette la corde au cou, qui vous force de ramer dans la galèro des révolutions, sans qu'on ait à craindre de vous en voir échapper. Avec cela vous êtes en règle pour être ministre, et vous pouvez hardiment vous présenter.

Il faut qu'on ait découvert dans le télégraphe quelque qualité occulte qui le rende très-précieux; car il paroît qu'on s'en dispute la possession comme s'il y avoit là une mine d'or. On assure que le droit exclusif d'avoir le télégraphe à soi est la condition sur laquelle M. Dupin s'est montré le plus dur dans les négocia tions qui ont eu lieu pour le faire entrer au ministère. La présidence, le choix du portefeuille, la composition arbitraire du cabinet, tout cela auroit encore passé; mais pour le télégraphe, impossible. Toutes les fois qu'on en est venu à toucher cette corde, M. Dupin a rencontré une rigueur inflexible, et il a été. obligé de se renfoncer de plus en plus dans ses bois de la Nièvre : ceci est cause que tout le monde s'est mis à réfléchir sur le télégraphe, et qu'il a fait venir peut-être de mauvaises pensées à beaucoup de gens. Pourquoi M. Dupin tient-il tant au télégraphe ? pourquoi d'autres tiennent-ils tant à ne pas lui céder le télégraphe, et à le garder pour eux ? Pourquoi se dispute-t-on si chaudement le télégraphe, et attache-t-on une si grande importance à le posséder tout seul? est-ce qu'il y auroit là autre chose qu'un objet de curiosité ? Telles sont les ques tions qu'on a entendu fairé toute la semaine, sans que personne ait su les ré soudre d'une manière satisfaisante, et encore moins d'une manière honnête. Ce qui a paru généralement faire le plus de plaisir, c'est l'idée de la mine d'or qu'on dit être cachée dans le télégraphe. Les contribuables prétendent que cela vien droit bien à point pour les soulager un peu de leurs deux premières années de gouvernement à bon marché. Oui, mais l'Espagne ne pourra pas se charger de leur fournir tous les jours la nouvelle de la mort d'un roi.

— M. Féry, chef de la 1re division au ministère des cultes, vient d'obtenir, sur sa demande, la retraite à laquelle lui donnoient droit plus de trente années de service dans l'administration. M. Michel Féry, né dans le département de la Moselle, en 1778, étoit entré dans l'administration en 1801, sous le consulat, et ful d'abord chef de division dans une préfecture jusqu'en 1814. Aussitôt après la res tauration, M. Jourdan, administrateur-général des cultes, l'appela à Paris, et le fit secrétaire-général de son administration, qui ne dura que deux aus M. Féry fut ensuite chef des bureaux des affaires ecclésiastiques, qui étoient dans

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