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loin derrière elle les petites contrariétés attachées à la carrière où nous marchons ! Déjà nous savions que le saint Père daignoit lire notre journal, mais combien cette nouvelle marque d'intérêt et de bonté ajoute à notre reconnoissance! Nous nous flattons que nos amis voudront bien prendre part à notre joie, et que ceux même qui croiroient avoir quelque reproche à nous faire, seront disposés à un peu d'indulgence à notre égard, en voyant le souverain pontife sourire à nos travaux du haut de la chaire apostolique, et parler de nous dans des termes si propres à nous confondre.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La circulaire du 20 septembre, que nous avons fait connoître la semaine dernière, invitoit les ecclésiastiques du diocèse à suppléer à la retraite générale par des retraites partielles dans les différentes paroisses. Ces retraites ont eu lieu, en effet, dans la plupart des paroisses de la capitale pendant la semaine qui finit en ce moment. Elles se sont faites, tantôt dans la sacristie, tantôt au presbytère, suivant les localités. M. l'archevêque lui-même a passé ces jours en retraite, donnant en ce point, comme en tout le reste, l'exemple à son clergé. Dans quelques paroisses, des raisons particulières ont engagé à différer ces pieux exercices; peut-être a-t-on dessein de les faire concourir avec les retraites qui vont s'ouvrir dans divers séminaires. Dans plusieurs diocèses de provinces, les retraites ecclésiastiques ont eu lieu comme autrefois. A Lyon, M. l'archevêque a présidé une réunion de 400 prêtres; un prêtre exercé dans ce genre de ministère étoit chargé des instructions. A Toulouse, au Puy, à Viviers, les retraites ont été données successivement par un autre ecclésiastique, qui s'étoit aussi consacré depuis plusieurs années à diriger ces salutaires exercices.

Le dimanche 30 septembre a eu lieu la réconciliation de l'église Notre-Dame de Pontoise, interdite après la profanation que nous avons fait connoître. M. le curé avoit reçu des supérieurs ecclésiastiques l'ordre de donner à cette cérémonie toute la solennité possible, entre autres, d'inviter les deux paroisses de SaintMaclou et de St-Ouen à venir processionnellement à Notre-Dame. Il devoit aussi prévenir les autorités, ce qu'il a fait. On a demandé un jour pour réfléchir, tant on a trouvé la chose grave et la décision délicate. On a vu, à ce qu'il paroît, beaucoup d'inconvéniens dans une procession à la suite et en expiation d'un grand attentat. Il se fait tous les ans à Pontoise plusieurs processions qui n'occasionent aucun trouble, et celle-ci étoit plus naturelle encore, après le sacrilége qui venoit d'avoir lieu. Mais ni la demande du curé, ni le vœu des habitans n'ont été pris en considération. La procession n'a

plus pernicieuses. En même temps, on expulsoit les Frères des écoles chrétiennes à Mons, à Namur, à Dinant, et on les faisoit conduire par la maréchaussée jusqu'à la frontière française. Cette même maréchaussée avoit ordre d'exercer une surveillance sévère sur les prêtres qui voyageoient, et d'empêcher surtout les Jésuites et les missionnaires de pénétrer dans le royaume. Plusieurs ecclésiastiques furent, sous ce prétexte, arrêtés et conduits à la frontière. Il ne faut point oublier que nos libéraux admiroient tout cela, et que leurs journaux alors retentissoient d'acclamations envers un gouvernement si philosophique et si tolérant.

Ce système vexatoire ne suffit pas encore à l'ardeur du zèle du parti irréligieux. On imagina de frapper d'un seul coup toutes les écoles ecclésiastiques, et d'établir à leur place un college dit philosophique, où on seroit tenu d'étudier pendant deux ans avant d'entrer dans le grand séminaire; ce fut l'objet de deux arrêtés du 14 juin 1825. Il s'éleva des réclamations unanimes de tous les chefs du clergé; on n'y eut aucun égard. Tous les petits séminaires furent fermés à la fois ; d'autres colléges où la religion avoit conservé quelque influence furent également supprimés. Des arrêtés du 11 juillet et du 14 août ajoutèrent à la rigueur des premiers, et l'exécution fut encore au-dessus de ce qu'annonçoient les arrêtés. Il fallut employer les gendarmes pour fermer les établissemens, et les élèves furént renvoyés impitoyablement dans leurs familles. La désolation fut générale en Belgique, et le peuple ressentit ce coup presque aussi vivement que le clergé. Partout on se refusa à entrer au collége philosophique, et, comme on ne pouvoit être admis dans les grands séminaires sans avoir passé par ce college, il s'ensuivit qu'au bout de deux ans il n'y avoit plus personne dans les grands séminaires, et qu'on pouvoit prévoir l'extinction totale du sacerdoce. C'est là une des mesures qui, dans un pays religieux, ont le plus contribué à exaspérer les esprits.

Nous n'étendrons pas davantage cet exposé du système de gouvernement suivi par le roi Guillaume pendant qu'il a régné sur la Belgique. Il seroit facile de multiplier les faits de ce genre, et nous en avons recueilli un grand nombre dans notre journal pendant les quinze années du règne de ce prince. Voyez la Table générale des quarante premiers volumes,

qui a partagé il y a quarante ans les honneurs de la persécution et de l'exil.

- Il existoit il y a déjà plusieurs années à Dinan un collége qui étoit tombé peu à peu et qui en étoit venu à n'avoir plus d'écoliers. Ce collége étoit établi dans un ancien couvent d'Ursulines, dont la nation s'étoit emparée il y a quarante ans, et qui avoit été donné à cet effet à la ville par un décret de Buonaparte rendu en 1804. Quand on vit la chûte de cet établissement, des personnes zélées pour les intérêts de la ville songèrent à tirer parti du bâtiment pour y former une maison d'éducation pour les jeunes personnes. Elles proposèrent de rappeler les Ursulines et de les mettre en possession de leur ancien couvent. Il y eut là-dessus de grands débats à Dinan; une partie du conseil municipal approuvoit le projet, une autre le repoussoit. Il y eut des délibérations pour et contre, une en 1819 pour rejeter la demande, une en 1822 pour y faire droit. En vertu de cette dernière délibération, une ordonnance royale du 17 septembre 1823 autorisa la concession faite aux Ur-sulines. par la ville, et une autre ordonnance du 22 août 1826 autorisa la communauté. Les Ursulines entrèrent en possession et firent aux bâtimens des réparations et augmentations, elles rendirent à la ville des services qui furent appréciés par tous les bons esprits. Mais vint la révolution de juillet, alors tout changea. Le parti opposé aux Ursulines prévalut, et songea à profiter de la victoire. Dès le 31 décembre 1830, le conseil municipal prit une délibération contraire à celle de 1822 et réclama les bâtimens. On allégua que la délibération de 1822 n'avoit été prise que par quatre membres du conseil, et qu'elle étoit par conséquent nulle de plein droit. Mais pourquoi n'avoit-on donc pas réclamé depuis huit ans? Le 30 mars 1831, nouvelle délibération dans le même sens. A force de sollicitations on a obtenu une ordonnance du 30 août de l'année dernière, qui rapporte celle de 1823 et réintègre la ville de Dinan dans la jouissance des bâtimens; il est dit que la ville paiera une indemnité aux Ursulines pour les travaux qu'elles ont faits. Ainsi voilà des religieuses que l'on a fait venir de loin, qui ont monté un établissement, qui ont fait des dépenses, le tout pour se rendre utiles à la ville; et on les expulse sans forme de procès, on les dépouille sans avoir égard à leur bonne foi et à leurs services, et en leur promettant une indemnité qui ne sera jamais proportionnée à leurs dépenses, et que d'ailleurs on ne leur paiera peut-être pas. Il faut ajouter qu'une bonne partie de la population réclame en faveur des Ursulines. L'année dernière, M. l'évêque de Saint-Brieuc, dans le voyage qu'il fit à Paris, représenta le tort qui résultoit de l'ordonnance dans l'intérêt de la ville elle-même. Le prélat demandoit au moins que l'on suspendît l'exécution de l'ordonnance. Nous ne savons où en est actuellement cette affaire, mais il y a tout lieu de craindre, avec l'esprit actuel, que les libé

lation s'étoit portée au-devant du prélat, qui a été reçu avec des témoignages éclatans de respect et de joie. Cette ville est le chef-lieu d'un des arrondissemens de la Dordogne. Chaque jour les fidèles d'une des paroisses environnantes ont été confirmés. L'affluence étoit grande dans l'église, et cependant le recueillement n'y a point été troublé. Chaque paroisse arrivoit en procession, et la ville a retenti pendant huit jours du chant des cantiques et des prières de l'Eglise. Le samedi 22, qui étoit le samedi des Quatre-Temps, le prélat a fait une ordination; c'étoit probablement la première que l'on eût vue à Nontron : aussi, l'église étoit pleine. M. l'évêque a dû être consolé par les sentimens de religion qu'il a vu éclater dans cette visite.

Nous avons raconté, no 1989, les tracasseries suscitées à M. Auzuech, curé de Saint-Cyprien, diocèse de Cahors. On étoit allé jusqu'à le traduire en cour d'assises pour un fait que nous avons raconté et que le jury n'a pas trouvé fort grave. Le curé fut acquitté, et l'auditoire même applaudit à cette décision. Mais M. le préfet du Lot, mécontent, retient le traitement du pasteur. Il y a ici double arbitraire et double illégalité, puisque le préfet punit celui que la justice a renvoyé absous. C'est comme s'il annulloit, par sa toute-puissance, les décisions d'un jury et les arrêts d'une

cour.

Il a paru dans l'Audomaroise, feuille qui se publie à SaintOmer, une réclamation en faveur des Frères des écoles chrétiennes. Les Frères étoient établis dans la ville depuis plus de cent ans. Ils y avoient été attirés par M. de Valbelle, évêque de Saint-Omer, qui avoit donné 6000 francs pour leur acheter une maison, et la ville leur avoit assuré 800 livres de rente. Aujourd'hui on chasse les Frères de cette même maison donnée par M. de Valbelle ou construite avec ses deniers, et on les relègue dans un bâtiment élevé à leurs frais sur le derrière de la maison. Par là, les habitaus se trouveroient privés d'une chapelle consacrée au culte en vertu d'un décret du 31 mai 1808. Ainsi la fondation de M. de Valbelle seroit envahie et ses intentions dénaturées. On a d'autant plus lieu de s'étonner du nouveau projet, que des rapports faits l'année dernière à l'autorité municipale donnoient lieu d'espérer. D'après ces rapports, le nombre des élèves qui suivoient les écoles des Frères s'élevoit, il y a un an, a 833, et celui des élèves de l'école mutuelle n'étoit que de 120. On proposoit donc d'affecter à l'enseignement mutuei l'école des Frères de la paroisse du Saint-Sépulcre. On trouvoit là une économie, puisque les réparations à faire à cette école n'alloient qu'à 1000 francs, tandis qu'à SainteMarguerite, il auroit fallu dépenser près de 4000 francs. Mais les partisans de l'enseignement mutuel vouloient cette même maison de Ste-Marguerite, qui est le siége principal de l'établissement des

que je vins ici de Baltimore, je n'avois rien qu'une petite maison, pouvant à peine loger six personnes, avec une assez grande étendue de terres incultes. Tout étoit à faire, et nous n'avions aucun moyen; mais quand la Providence a un but, les obstacles même lui servent à l'atteindre. Le clergé de ce pays, qui est trèszélé, et qui nous porte un grand intérêt, ayant fait connoître notre position dans les paroisses du voisinage, un esprit de généreuse émulation s'empara simultanément de tous les cœurs; chacun s'animoit à venir aider les pauvres Trapistes. Il y a à peu près six semaines, nous fûmes agréablement surpris en voyant arriver le vicaire d'une paroisse à deux lieues de nous; il étoit à la tête de 300 ouvriers, précédés d'une compagnie de musiciens. Ils se mirent à faire l'enclos de notre jardin, et, après avoir travaillé toute la journée, ils fermèrent la haie qui entoure l'endroit où sera un jour le nouveau monastère et le jardin. Tout cela fut fait gratuitement, et l'ecclésiastique resta sur les lieux toute la journée, animant et encourageant son monde. La journée finie, ils retournèrent chez eux dans le même ordre, accompagnés de la musique qui jouoit des airs nationaux, et surtout celui qui a pour titre: Patreck's Clay. Ils rencontrèrent notre bienfaiteur, sir Richard Keane, qui venoit avec sa femme les visiter. Ils l'accueillirent avec de grandes acclamations; eux-mêmes furent reçus à la ville avec des marques de joie, et on les félicitoit de leur généreux dévoûment.

» Cela s'est renouvelé plusieurs fois; la semaine passée, toute la paroisse où nous sommes s'étant réunie, on prit la résolution de venir travailler un jour avec nous. Le jour ayant été fixé, un des fils de sir Richard disposa une croix que sa mère orna de fleurs et de rubans. Sur les huit heures du matin, nous entendîmes la musique, et vîmes la croix qui précéduit le cortége. Le curé et son vicaire étoient à cheval; puis venoient un grand nombre d'ouvriers, chacun portant son instrument de travail. Ils étoient environ 11 à 1200, et étoient suivis de femmes, de jeunes gens, de chevaux et de charrettes chargées de provisions pour le dîner des ouvriers. Tout ce monde étoit à peine arrivé au lieu du travail, lorsqu'arriva d'un autre côté une troupe d'environ 300 hommes. Les femmes préparèrent le dîner; douze tonneaux de porter étoient là pour la boisson. On alluma du feu sur divers points de la terre inculte, et à deux heures les ouvriers s'assirent sur la lande pour leur repas. La journée finie, tout le monde se remit en route dans le même ordre que le matin, la croix et la musique en tête. A l'entrée de la ville, on avoit allumé un feu de joie; on fit faire au cortège le tour de la chapelle catholique, au milieu des acclamations des habitans et de leurs vœux pour le succès du nouvel établissement.

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de pau

Quand on compare cet accueil de ces bons Irlandais, ce zèle, et cet intérêt généreux, ces marques d'estime et de respect pour vres religieux; quand on le compare, dis-je, au traitement qu'ils ont subi en France, à ces avanies, ces brutalités, cet exil, cette proscription, par lesquels on a troublé leur pieuse solitude, il n'y a pas trop de quoi être fier de notre civilisation ni enthousiaste de notre dose de liberté.

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