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dite à deux heures : elle n'a commencé qu'à deux heures et demie. Ce pauvre M. Normant, combien il devoit souffrir! la musique avoit plus l'air d'exciter l'attention que la cérémonie. Il y a eu des duos d'acteurs et d'actrices. M. Châtel a fait un discours qui n'a été que la répétition d'un discours déjà prononcé plus d'une fois dans cette église; ce sont d'éternelles déclamations contre l'Eglise romaine, contre le célibat ecclésiastique, etc.; cela a paru intéresser très-peu l'auditoire; les uns sortoient, les autres n'écoutoient guère. Du reste, à l'air des assistans, il n'y avoit personne qui fût venu là pour prier; pas de livres, aucune apparence de religion. Sans l'autel qui étoit là, on se seroit cru dans une salle de concert.

Le dimanche 30 septembre, on a fait dans la cathédrale de Chartres une procession en actions de grâces de la cessation du choléra. M. l'évêque officioit, et les paroisses s'étoient réunies à la cathédrale, dont l'immense vaisseau étoit rempli par un grand concours. Il sembloit que toute la population de la ville s'étoit réunie là pour remercier le ciel. Il régnoit dans toute cette foule un air de foi et de piété qui avoit de quoi toucher les plus indifférens. On se rappeloit que le fléau avoit cessé immédiatement après la procession du 26 août, et ce bienfait, si éclatant et si récent, étoit gravé profondément dans les coeurs. Les indifférens et les incrédules s'étoient accordés à voir là quelque chose d'extraordinaire, mais les ames religieuses aimoient à considérer dans un changement si subit l'effet de la protection de celle que, comme le dit saint Bernard, l'on n'invoque point en vain..

Quelques journaux ont fait, comme nous l'avons déjà remarqué, des réflexions hostiles contre les évêques, à l'occasion du sacre qui vient d'avoir lieu à Avignon. Le Journal du commerce, le Constitutionnel et d'autres encore, sont tout-à-fait scandalisés que les deux évêques élus aient été obligés de recourir pour leur sacre à un évêque étranger; que le gouvernement, dit l'un d'eux, croie après cela au bon vouloir de certains de nos prêtres, et le souverain Pontife lui-même à la soumission de nos prélats! Le refus fait par quelques évèques ne prouve ni mauvais vouloir de leur part pour le gouvernement, ni défaut de soumission pour le Pape. Il n'y a aucune obligation pour un évêque en particulier de sacrer tel autre évêque. Le Pape ni le Roi ne lui ordonnent de prêter son ministère pour une telle cérémonie, qui ne rentre point dans les attributions ordinaires de sa juridiction. S'il est infirme, s'il a des raisons de ne pas quitter son diocèse, ou même s'il a de la répugnance à coopérer au sacre de tel ecclésiastique, personne ne peut lui en demander compte. Ce sont des actes de complaisance auxquels on est libre de se refuser. Deux de ces journaux ont poussé le zèle jusqu'à faire un crime à M. Raillon de son refus en cette occasion; mais qu'y auroit-il eu

à répliquer à ce prélat, s'il est vrai que, lorsqu'on lui en fit la proposition, il eut répondu : « Puisque je suis nommé archevêque d'Aix, j'ai besoin, pour y faire le bien, de me concilier l'estime de mes diocésains et d'éviter tout ce qui pourroit les offasquer. Dr, à tort ou à raison, celui pour lequel on réclame mon ministère est mal vu dans ce pays, et si je débute dans le diocèse par ce sacre, je risque de partager sa défaveur, et par conséquent de voir mon ministère inutile. Souffrez donc que je me dispense d'un acte qui nuiroit à la religion en me nuisant à moi-même. »

-Le choléra s'étoit déclaré à Paimpol, diocèse de St-Brieuc, comme nous l'avons vu, no 1991. Ses ravages ont été désolans; la 15° partie de la population en a été victime. Le curé de la ville n'a eu aucun repos, ni le jour ni la nuit, pendant 7 semaines; des ecclésiastiques voisins ont passé près d'une quinzaine à l'assister de leur ministère. M. l'évêque de St-Brieuc est resté huit jours sur les lieux, faisant en quelque sorte l'office de vicaire. Cinq religieuses, dont trois de Plérin, étoient venues se joindre à celles de Paimpol, et huit médecins se partageoient entre les hospices et les malades à domicile. Les habitans ont compris cet avertissement du ciel ; on les a vus assiéger les tribunaux de la pénitence, et adresser à Dieu de ferventes prières; elles n'ont pas été sans fruit, et la cessation subite et inattendue du fléau est encore aujourd'hui l'objet de l'étonnement de ceux mêmes qui croient le moins à l'efficacité de la prière.

Le maire de Brillac, diocèse d'Angoulême, a réclamé contre ce qui étoit dit de lui dans la Gazette de l'Ouest. Comme nous avons donné, no 2004, un extrait de l'article de la Gazette, nous ferons mention de la réclamation, M. Peyraud, maire de Brillac, dit donc, dans sa lettre du 29 septembre, que le curé annonçoit les fêtes supprimées, que c'est à cause de cela que son mandat a été retenu et non à cause de la procession, qu'il est faux qu'il ait fait un rapport à l'autorité après la procession, et que tant qu'il sera maire, il fera son possible pour que le curé comme les autres habitans se conforment aux lois du royaume. Puisque M. le maire a tant de respect pour les lois, je voudrois bien qu'il nous citât celle qui autorise à retenir le traitement d'un curé parce qu'il annonce les fêtes supprimées. Cette loi ne se trouve pas dans le Bulletin des lois, y en auroit-il une particulière pour la commune de Brillac?

-Un respectable ecclésiastique est mort au mois d'août dernier à Lille; c'est M. l'abbé Détrez, aumônier de la maison centrale de détention de Los. M. Détrez étoit un prêtre rempli de l'esprit de son état; mais il avoit un attrait particulier pour les bonnes œuvres. Il prenoit part à tout ce qui se faisoit de bien dans ce genre à Lille, et il fut un de ceux qui concoururent avec le plus de zèle à l'établissement de la communauté des sœurs de

M. de Brian, gérant de la Quotidienne, ayant atteint le terme de ses condamnations, est sorti le 7 octobre de Ste-Pélagie: il étoit détenu depuis le 10 janvier 1831.

M. Audry de Puyraveau a formé opposition au jugement du tribunal correctionnel qui l'a condamné à deux mois de prison et 200 francs d'amende pour sa loterie d'immeuble. L'affaire sera jugée de nouveau à la septième chambre. M. Odilon Barot s'est chargé de plaider pour lui.

· Cinq jeunes gens de 15, 17, 18, 20 et 23 ans, arrêtés dans les troubles des 5 et 6 juin, porteurs d'armes et de poudre, et accusés de participation à l'insurrection, ont été acquittés le 5 octobre.

Le nommé Lecouvreur, marchand de sabots rue de Charenton, et tailleur de pierres, a été condamné à mort le 6, pour avoir fourni des armes et des munitions aux révoltés le 6 juin. La fille Scelles, qui vivoit maritalement avec lui, et qui étoit poursuivie pour complicité, a été acquittée.

– Quelques jours après l'assassinat du nommé Ramus, dont le corps a été coupé par morceau, on colporta dans les rues de Paris un récit hasardé de ce crime, et en tête de l'imprimé, on voyoit un dessin représentant le meurtrier mutilant sa victime. Par une bizarre coïncidence, l'écrit a été imprimé et le dessin composé chez un ouvrier qui demeure dans la même maison et sur le même carré que l'assassin.

Le comptoir d'escompte, établi à la fin de 1830 pour venir au secours du petit commerce de Paris, a terminé ses opérations le 30 septembre dernier. Dáns ces a mois, il lui a été présenté à la négociation 59,900 effets, montant à 33 millions; il en a admis 30,700, montant à 17,500,000 fr. Les bénéfices de l'escompte ont été de 162,000 fr. Sur cela, il y a eu pour 52,000 fr. de frais de bureaux. Il y a pour 620,000 fr. d'effets en souffrance, sur lesquels on ne pense perdre que 315,000 fr.; la perte réelle ne sera donc que de 205,000 fr.: on comptoit sur trois fois plus. La ville supportera les trois quarts, et le trésor l'autre quart de cette perte.

On se rappelle que M. Brezin, qui, simple ouvrier fondeur, parvint par son industrie et son activité à acquérir une fortune considérable, a légué à l'administration des hospices de Paris une somme de plus de 4 millions, pour établir un hospice qui doit être appelé Hospice de la Reconnoissance, afin d'y recevoir des ouvriers âgés, ses anciens camarades. Pour éviter les lenteurs et les dépenses d'un hôpital neuf, l'administration des hospices vient de décider que cet établissement seroit placé dans les bâtimens des Bons-Hommes, à la barrière de Passy, qui servoient depuis l'invasion du choléra d'hôpital temporaire. L'adoption du plan permettra de porter à 350 le nombre des vieillards, et l'on annonce que la majeure partie y sera enfin placée à la fin de cette année.

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Le journal la Révolution de 1830 cesse de paroître; il aura pour successeur le Bien public, journal des intéréts populaires. Cc sont, dit cette feuille, un grand nombre d'abonnés qui ont sollicité la suppression du premier nom.

· Il se fait encore`des arrestations et des perquisitions relatifs aux évènemens de juin. Le 6, la police a arrêté le sieur Ch. Jeaune, décoré de juillet, et elle a procédé à une visite domiciliaire chez le docteur Noël d'Alvigny.

La rentrée des classes des colléges royaux a eu lieu le 8 octobre.

On évalue à six millions les travaux que la ville de Paris aura fait exécuter en 1832.

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M. le comte de Vergennes, maréchal - de - camp en retraite, vient de mourir. ' 10**

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M. Henri, curé de Vavincourt, diocèse de Verdun, ayant exposé à la reine l'état de dénûment de son église, a reçu de la princesse 80 fr.sh., come On assure que M. Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie, qui, après avoir passé quelque temps à Saint-Pétersbourg, se trouve en ce moment en Allemagne, arrivera à Paris du 15 au 20.,

M. Rives, ambassadeur des Etats-Unis en France, est parti le 3 octobre pour New-Yorck.

-La diligence dite l'Auxerroise a versé à la descente de Montereau. Personne n'a été grièvement blessé. Cet accident est dû principalement à la surcharge de la voiture, abus dont on se plaint journellement. Avant de remonter dans la diligence, les voyageurs ont exigé que tous les effets et ballots qui ne leur appartenoient pas en fussent retirés.

Le procès des Vendéens continue à Blois. La cour d'assises est présidée par M. Bergevin, président du tribunal de cette ville, attendu l'indisposition de M. Perrot, conseiller à la cour royale d'Orléans, délégué. M. Miron de l'Espinay, procureur-général à cette cour royale, et député, soutient l'accusation. Les accusés sont au nombre de 22; les principaux sont MM. de Cacqueray, fils de l'ancien député, dont la cause est disjointe; Coudé, ancien chef de bataillon; Delaunay, Sortant, Charier, père et fils; Blanchard. On a appelé en témoignage le procureur du Roi à Angers; M. Amprenon, député de la Vendée, et plusieurs officiers de la ligne et de la garde nationale. L'interrogatoire a employé les premières journées de ce mois; plusieurs des accusés sont convenus d'avoir commandé des bandes de chouans. L'audition des témoins n'est pas encore terminée.

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On a arrêté à Noirmoutiers une dame qui a refusé de se faire connoître, et qui s'est dite couturière, bien que ses manières annoncent une autre personne qu'une ouvrière. Ce ne peut être madame la duchesse de Berri, car le Breton, qui annonce cette arrestation, lassé de donner des conjectures sur le lieu où se trouve la princesse, dit, dans le même numéro, qu'il y a définitivement ignorance complète du lieu de sa retraite.

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Le chef de bande Secondi, condamné à mort par la cour d'assises de Niort, et dont le pourvoi en cassation a été rejeté, a été exécuté à Parthenay le 3 octobre.

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- La noble conduite de M. le président Parigot et de M. le conseiller Rogues, qui se sont retirés de la cour royale, pour ne pas participer au jugement par contumace qu'on prétend y faire de madame la duchesse de Berri, ne pouvoit man

quer d'exciter la plus vive sympathie dans les provinces méridionales. Une adresse, signée par plusieurs milliers d'habitans notables, a d'abord été rédigée à Marseille. Aix, Nîmes et Avignon, ont suivi de près. Nous oublions de dire que les deux magistrats démissionnaires avoient reçu, dès le moment de leur retraite, une adresse des Vendéens persécutés.

· Une ordonnance vient de dissoudre le conseil municipal de la ville d'Avignon, composé en grande partie de personnes attachées de cœur au précédent gouvernement. Les électeurs communaux se réuniront du 1er au 15 octobre pour nommer un nouveau conseil municipal. M. Delorme, négociant, est nommé maire provisoire de cette ville, et MM. Roman, négociant, et Teissier, médecin, adjoints. Le préfet de Vaucluse, en installant ces nouveaux magistrats le 27 septembre, a prononcé un discours sur la nécessité de ne confier les fonctions publiques qu'à des hommes dévoués à la révolution de juillet.

Des poursuites sont dirigées contre la Gazette de Normandie, à raison de la souscription qu'elle a ouverte en faveur des victimes de l'arbitraire dans l'Ouest. M. Edouard Walsh, gérant de cette feuille, a subi le 3 un interrogatoire, et sera cité en cour d'assises, comme prévenu d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement et de provocation à la guerre civile.

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La feuille royaliste de Lille, la Boussole, assaillie par les excès des hommes de la révolution, a été obligée de cesser ses publications. Un autre journal, écrit dans le sens de la légitimité, paroît depuis dans cette ville sous le titre de : l'Espérance.

Madame Martin-Touring, femme de l'ancien directeur du théâtre d'Amiens, est morte dans cette ville le 22 septembre, à l'age de 70 ans. Elle a reçu les secours de la religion de M. l'abbé Dauthuille, vicaire de la cathédrale, et chanoine honoraire. Son service a eu lieu à la cathédrale; toutes les personnes attachées au théâtre d'Amiens y assistoient.

Les autorités de Marseille se sont réunies le 30 septembre, à l'effet de délibérer sur les mesures sanitaires, par suite de l'apparition du choléra à Arles. On a rejeté comme trop coûteuse et presque inutile le projet de former un cordon sanitaire autour de cette dernière ville.

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- M. Sauzet, qui a montré tant de talent dans le procès des ministres de Charles X, s'est chargé, devant la cour d'assises de Lyon, de la défense des passagers du Carlo-Alberto.

Des marins américains, qui avoient quitté leur bord le 20 septembre pour se livrer à la débauche dans l'intérieur de la ville de Marseille, s'étant refusés à reprendre leur service, le capitaine fut obligé de les faire ramener sur le bâtiment par la gendarmerie de marine. Dans le trajet, ils tertèrent de faire chavirer le canot; ils déchirèrent leurs uniformes, désarmèrent et maltraitèrent les gendarmes. Plusieurs de ceux-ci étoient déjà grièvement blessés lorsqu'on vint à leur secours. L'autorité est saisie de cette affaire.

Les eaux de la Garonne étant extrêmement basses, par suite de la sécheresse qui se fait ressentir, surtout dans le Midi, on a trouvé et retiré plusieurs

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