composent l'ouvrage; dans la première, il s'agit de la direction des ames qui s'appliquent à la vie spirituelle ; dans la seconde, de l'assistance des mourans ; dans la troisième, de l'examen des ordinands, et dans la quatrième, de plusieurs avis nécessaires pour les confesseurs et les curés. Dans ce plan, dit Liguori, à à la fin de sa préface, on trouve, quoique en abrégé, tout ce que contient la grande théologie, et on y a même ajouté des choses qui ne se rencontrent pas dans le premier ouvrage. A la fin, l'éditeur a joint la liste des questions sur lesquelles le bienheureux évêque a changé de sentiment après un plus mûr examen. Dans le préambule, Liguori dit qu'il n'a pas rougi de se rétracter, qu'il a suivi en cela l'exemple de saint Augustin et de saint Thomas, qui ont modifié plus d'une fois leurs premières opinions. Son grand objet a été de rencontrer la vérité; il n'a point suivi en aveugle les traces des auteurs précédens, il a pesé leur autorité, leurs raisons et leurs preuves. Il ne veut pas que, parce qu'il cite plus souvent les écrivains d'opinions plus indulgentes, on le croie entièrement voué à ce système; car il a consulté aussi les théologiens plus rigides, et il ne s'est pas fait moins de scrupule d'admettre comme probables des opinions favorables à la liberté et peu fondées en raisons, que de condamner comme improbables celles qui reposent sur des motifs solides. J'ai toujours craint, dit-il, que Dieu ne me demandât également compte, si j'approuvois comme probables des opinions relâchées, et si je condamnois comme relâchées des opinions probables. Tout ce préambule doit être lu, pour bien connoître la sagesse et la pureté des motifs avec lesquelles le bienheureux procédoit dans ses décisions. Les questions sur lesquelles il a changé d'avis sont ici au nombre de 125; l'auteur les expose très-brièvement, en indiquant les auteurs d'après lesquels il s'est décidé. Cette édition a été revue avec soin; on nous a communiqué une liste nombreuse de corrections faites par l'éditeur. Plusieurs de ces corrections sont importantes, et font disparoître des contresens ou des obscurités inexplicables. Il est à désirer que, dans les éditions suivantes, on se conforme à ces corrections. Il y en a en tout environ 300, qui rendront l'usage de ce livre plus facile et plus profitable. La table qui, dans les éditions précédentes, étoit partagée entre les trois volumes, se trouve ici à la fin du troisième et est commune à tous. On in dique les citations par le traité et le chapitre, et non point par la page, ce qui rend plus aisées les recherches pour toutes les autres éditions. En tête du premier volume, l'éditeur a placé une réponse de la pénitencerie romaine à des demandes qui lui avoient été faites. Cette réponse a déjà été rendue publique, et elle se trouve, entre autres, à la fin du Rituel publié l'année dernière par M. l'évêque de Belley. Comme elle est relative aux ouvrages de Liguori, elle trouvera tout naturellement sa place ici. Voici ce qui a donné lieu à cette réponse : M. le cardinalarchevêque de Besançon désirant entretenir la sagesse et l'unité de doctrine parmi ceux qui sont chargés du soin des ames dans son diocèse, et voyant que quelques-uns d'entre eux condamnent et interdisent la Théologie morale du B. Liguori, comme trop relâchée, dangereuse au salut et contraire à la saine morale, sollicita une décision de la pénitencerie romaine, et lui proposa à résoudre les doutes suivans d'un professeur de théologie. La supplique étoit adressée à M. le cardinal de Gregorio, préfet de la pénitencerie. Nous donnons la traduction du texte des doutes et de la réponse : « 1° Un professeur de théologic peut-il sûrement suivre et enseigner les opinions professées par le B. Alph. de Liguori dans sa Théologie morale? » 2o Doit-on inquiéter un confesseur qui, dans la pratique du tribunal de la pénitence, suit toutes les opinions du B. Alph. de Liguori, , par cette seule raison que le saint Siége n'a rien trouvé dans ses ouvrages qui fût digne de censure? Le confesseur en question ne lit les ouvrages du bienheureux auteur que pour connoître exactement sa doctrine, sans peser les argumens et les raisons sur lesquels reposent les diverses opinions; mais il que sa conduite est sûre, par cela seul qu'une doctrine qui ne contient rien qui soit digne de censure, il peut avec prudence la juger saine, sûre, et nullement contraire à la sainteté évangélique. pense » La sacrée pénitencerie ayant examiné cet exposé, a été d'avis qu'il falloit répondre au cardinal-archevêque : à la première question, affirmativement, sans entendre cependant blâmer ceux qui suivent les opinions enseignées par d'autres auteurs approuvés ; à la seconde question, négativement, en tenant compte de l'intention du saint Siége dans l'approbation des écrits des serviteurs de Dieu, pour arriver à la canonisation. Donné à Rome, à la sacrée pénitencerie, le 5 juillet 1831, et signé A. F. DE RETZ, régent de la pénitencerie, et F. TRICA, Secrétaire. NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. PARIS. Le dimanche 7 octobre, M. l'archevêque a visité l'hospice des Enfans-Trouvés, rue d'Enfer. Le prélat s'y est rendu le matin, et a été reçu par M. l'abbé Etienne, procureur-général des Lazaristes, par M. l'abbé Seignier, aumônier de la maison, et par M. l'abbé Petit, du collège Stanislas. Il a célébré une messe basse à la chapelle, et a donné la communion aux Sœurs qui desservent la maison, et à celles de deux établissemens voisins, M. l'archevêque a administré le baptême à plusieurs enfans nouvellement arrivés dans la maison, et a permis que quelques-uns reçussent son nom. Il a visité ensuite l'établissement dans tous ses détails, et a admiré l'ordre et la propreté qui y règnent. La soeur supérieure est une femme d'un vrai mérite, et l'aumônier, M. l'abbé Seignier, est un ecclésiastique recommandable par sa piété, par sa modestie, et par son application aux devoirs de sa place. L'Eglise prétendue constitutionnelle a encore ouvert dimanche. On avoit annoncé une grand'messe en musique, et un discours par l'apótre sur sa mission. La grand'messe et le discours n'ont pu être terminés. L'apótre Mérigot a commencé à parler contre l'Eglise romaine, contre les papes et les évêques; mais bientôt le bruit et le tumulte sont devenus tels qu'il n'a pu parvenir à se faire entendre. Le désordre des dimanches précédens s'est renouvelé avec un nouveau degré d'intensité. Une lutte s'est établie entre des partisans et des adversaires du patriarche; on se menaçoit et on s'attaquoit réciproquement. Enfin un commissaire de police et le maire même, dit-on, sont arrivés, et assistés d'un détachement de soldats, ont fait évacuer la salle avec peine. Les groupes et les disputes ont continué sur la place publique. Mais on a pris enfin un parti que l'on auroit pu prendre plus tôt. L'autorité ellemême a, dit-on, fait disparoître de la salle tous les attributs religieux, et il y a lieu d'espérer qu'on ne rouvrira plus ce club, qui pouvoit être et qui a été un foyer de troubles et de désordres. Le diocèse de Châlons a perdu cet été un prêtre aussi distingué par son mérite que par ses vertus, M. l'abbé Rollin, grandvicaire et supérieur du séminaire. M. Jean-Charles Rollin étoit né à Paris le 7 avril 1794, et fut élevé dans des principes de religion. Admis aux catéchismes de Saint-Sulpice, il s'y fit remarquer par son intelligence, par sa mémoire, et par ses heureuses dispositions pour la piété. Madame la comtesse de Grimaldi, à qui on le recommanda, voulut se charger des frais de son éducation. Une petite pension venoit d'être établie à Montmirail, sous la direction de trois ecclésiastiques, entre autres de M. Féry, alors curé de Montmirail, et depuis supérieur du grand séminaire de Meaux. Le jeune Rollin y fut envoyé pour commencer ses études, et la viva cité de son esprit et son application le mirent bientôt à la tête de ses condisciples. L'excellent et saint prêtre dont le nom se trouve mêlé à toutes les bonnes œuvres de ce temps-là, M. Legris-Duval, habitoit à cette époque le château de Montmirail; il y avoit établi de petits exercices littéraires pour les jeunes gens. Il distingua le jeune Rollin, et lui témoigna quelque prédilection. L'établissement de M. l'abbé Liautard, à Paris, étoit alors dans toute sa célébrité. Rollin y fut admis, et ses progrès furent encore plus marqués dans cette maison. Sa modestie, sa candeur, son goût pour les exercices de religion, le portoient naturellement dans l'état ecclésiastique; il y entra dans les vues les plus pures, et son zèle et ses talens le rendirent bientôt utile. Choisi par M. Liautard, en 1819, pour diriger le petit séminaire de Châlons-sur-Marne, il fut à la tête de cet établissement jusqu'en 1824, et le laissa dans un état florissant. On venoit de rétablir l'évêché de Châlons; M. de Prilly en prit possession en 1823, et apprécia bientôt l'abbé Rollin. Il lui donna des lettres de grand-vicaire, et le mit à la tête de son grand séminaire. On sait dans tout le diocèse avec quel succès M. Rollin répondit à cette preuve de confiance du prélat. Il dirigeoit ses jeunes élèves avec autant de sagesse que de douceur, et savoit, au milieu de ses occupations, trouver encore du temps pour l'étude. A la mort de M. Becquey, M. l'évêque le nomma grand-vicaire en titre, 'ce qui lui imposa un surcroît de travail. Cependant, il suffisoit à tout, et allioit le soin des affaires du diocèse avec la direction du séminaire. L'espèce d'assaut que le séminaire eut à soutenir dans la soirée du 1er août 1830 fit sur lui une vive impression, à cause du tendre intérêt qu'il portoit aux élèves, et des craintes qu'il conçut pour eux. La rentrée qui s'opéra au mois de novembre suivant le réjouit extrêmement, et il reprit ses fonctions avec courage. A l'approche d'un fléau terrible, M. l'évêque de Châlons avoit ordonné que les élèves du grand séminaire qui offroient leurs services pour l'ambulance seroient autorisés à y aller exercer leur zèle. M. Rollin seconda les intentions du prélat; mais l'état de sa santé ne lui permit pas de donner l'exemple du dévoûment. Il étoit déjà retenu au lit par une sorte de langueur. La mort d'un des directeurs et d'un des élèves qui périrent victimes de leur zèle, fut pour lui un grand sujet de chagrin; la fièvre lente qui le consumoit prit tout-à-coup un caractère alarmant. Le 14 juillet, le malade reçut les derniers sacremens, et fit sa profession de foi avec beaucoup de présence d'esprit. Beaucoup de ses confrères et ses élèves ne pouvoient retenir leurs larmes. Le pieux supérieur expira le lendemain 15 juillet, à sept heures et demie du matin. Sa mort a été une grande perte pour le séminaire. Il excelloit à diriger les jeunes gens. Ses conférences ecclésiastiques étoient parfaites. Esprit doux et conciliant, il savoit néanmoins user de fermeté dans l'occasion. Sa charité lui faisoit tout sacrifier en bonnes œuvres; il ne Jui restoit à sa mort que sa bibliothèque, qu'il a léguée au grand séminaire. -Le Moniteur lui-même a annoncé, d'après le Journal de la Corse, qu'il y avoit eu à la fin d'août à Ajaccio et à Bastia une distribution de prix chez les frères des écoles chrétiennes. L'école d'Ajaccio avoit 450 élèves. Les autorités locales ont assisté à ces distributions, et ont été frappées des progrès des élèves. A Orléans, le conseil municipal, dans sa séance du 26 septembre, a maintenu l'allocation de 9,000 fr. aux frères. Un membre insistoit vivement pour qu'elle fût réduite à 6,000 fr., et pour que les 3,000 fr. retranchés fussent donnés aux maîtres de l'enseignement mutuel. La discussion a été longue et vive, mais le retranchement a été rejeté à la majorité de 14 contre 10. Le conseil municipal d'Arbois, en Franche-Comté, n'a la même déférence pour pas eu les besoins et les voeux de la population; il a supprimé sans pitié l'allocation des frères. Aussitôt une souscription a été ouverte dans la ville, et dès la première journée les fonds ont été faits. Ainsi le bienfait de cette école sera conservé malgré M. Clerc de Landresse. A la distribution des prix qui a eu lieu, il y a eu une réunion nombreuse de personnes honorables et de pères de famille qui savent également apprécier les avantages d'une si bonne institution. M. Rey, évêque d'Annecy et précédemment de Pignerol, a adressé de cette dernière ville à son nouveau troupeau une lettre pastorale datée du 8 septembre, pour annoncer sa prochaine arrivée dans le diocèse. Le nom de ce prélat est trop connu en France, où il a long-temps exercé avec honneur et succès un laborieux ministère, pour qu'on n'y prenne pas un vif intérêt à son nouvel apostolat et à ses éloquentes paroles. Après un éloge bien senti de son vénérable prédécesseur (M. de Thiollaz, auquel nous avons aussi payé notre tribut d'hommages), M. l'évêque d'Annecy parle avec modestie de lui-même et de la grande tâche qui lui est réservée. Il expose ensuite ses motifs de confiance; O François de Sales! ô père et protecteur de notre peuple! fidèle imitateur des apôtres, modèle incomparable des pasteurs! c'est votre souvenir, c'est l'espérance de votre protection qui a vaincu nos répugnances et triomphe de nos craintes, lorsque nous avons accepté le fardeau que vous avez porté vous-même avec tant de gloire. Oui, c'est vous qui avez déterminé notre volonté et facilité notre obéissance; vous êtes donc engagé à soutenir votre ouvrage, et c'est au pied des autels, sur lesquels l'Eglise et vos vertus vous ont placé, que nous irous constamment vous sommer, pour ainsi dire, de dégager votre parole, en nous accordant votre assistance. Vous entendrez nos soupirs, vous verrez nos larmes ; ah! surtout, vous contemplerez nos besoins, nos angoisses; vous écouterez nos prières, vous justifierez notre confiance, et nous ne nous retirerons jamais d'au |