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de maux, et qui s'est signalée par le pillage, par une suite d'émeutes, de violences et d'excès de tout genre? L'orateur n'a pas vu qu'il s'étoit mis en opposition avec ce qu'il avoit dit lui-même plus haut de la loi còmmune des révolutions. Si c'est la loi des révolutions d'avoir soif du sang dès qu'on a commencé à en verser, comment ne pas craindre pour la nôtre, qui est entrée déjà dans cette funeste carrière?

Quoi qu'il en soit, cette plaidoierie de M. Janvier a produit un grand effet. Le 12 octobre, l'habile avocat a encore réfuté l'accusation sur l'article des sauf-conduits. Le ministère public ne vouloit pas qu'on eût égard à un sauf-conduit accordé à Sortant. M. Janvier a fait sentir éloquemment tout ce que ce manque de foi auroit d'humiliant :

. On a traité de la paix avec Sortant, et on vous propose d'en violer les conditions, de faire mentir un militaire français, un officier supérieur, à une promesse scellée avec son épée ! Les magistrats sont esclaves des règles écrites de la procédure, mais les jurés ne sont enchaînés par d'autres liens que ceux d'honneur et de probité. La probité et l'honneur leur font également un devoir de ne pas condamner Sortant. Le capitaine Galleran l'a dit, l'arrestation de Sortant, au mépris du sauf-conduit, a produit un déplorable effet parmi la population. Sa condamnation en feroit un plus déplorable encore; ce seroit une grande faute de briser entre les mains du gouvernement ce moyen pacificateur des amnisties; si vous violez envers un seul Vendéen les promesses données, pas un seul Vendéen ne croira désormais à vos promesses. La Vendée regarderoit comme une trahison, comme un guet-apens toutes les propositions de paix qui lui seroient adressées; elle persévéreroit dans sa rebellion, et elle feroit bien; car il vaut mieux mourir en combattant, que de mourir sur un échafaud, ou de traîner sa vie dans les lères.

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Messieurs les jurés, la clémence peut seule réconcilier la Vendée avec la révolution. Les violences redoubleront si elle voit que l'on condamne sans pitié ses enfans, que l'on viole à leur égard la foi promise, que l'on cherche à flétrir ceux qui sont purs à ses yeux. La Vendée ne pourra jamais se résigner à être traitée ainsi; elle pourra paroître pacifiée par la terreur, mais une telle paix ne sera point durable. Les ressentimens comprimés éclateront avec plus de force. Ce n'est point notre victoire qui nous inquiète, mais l'usage que nous nous accoutumerons à en faire; ce sera toujours à recommencer; nos fils et les fils de nos fils n'en verront pas la fin. Nous leur aurons légué un funeste héritage, et ils seront réduits à gouverner aussi la Vendée par des défaites et des supplices.

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On connoissoit déjà le talent de M. Janvier, mais ce plaidoyer prouve encore plus en sa faveur. Il montre une ame élevée et une horreur profonde de toute violence et de toute injustice. Si tous les libéraux pensoient comme lui, on aimeroit leur système. Malheureusement il en est peu qui professent ces principes de modération et d'équité. Ceux-là luttent en vain contre le torrent qui emporte le pouvoir dans les temps de crise; la loi commune des révolutions prévaut malgré leurs efforts, dont il faut cependant leur tenir compte.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 1er octobre, après midi, le saint Père est parti de Rome pour se rendre à la Villegiature pontificale de Castel-Gandolfo. PARIS. M. l'abbé Valayer, chanoine de la Métropole et grandvicaire du diocèse, et précédemment curé de Saint-Thomas d'Aquin, avoit été nommé à l'évêché de Verdun dès le mois dernier; mais comme il étoit absent de Paris, et qu'on ne savoit pas s'il accepteroit, l'ordonnance de nomination étoit restée dans les cartons. M. Valayer est arrivé depuis quelques jours, et on lui a remis l'ordonnance qui le nomme au siége de Verduu. Il a accepté. Ainsi il ne reste plus de sièges à nommer qu'Ajaccio.

les vertus

L'église de la rue Saint-Martin a eu dimanche dernier deux discours, l'un le matin par M. Journiac sur ce sujet, que évangéliques sont autres que les vertus sociales; l'autre, l'après-midi, par M. Noireaut, pour montrer que la vraie religion n'impose rien de plus que la loi naturelle. Alors la révélation étoit donc inutile, et il n'étoit pas nécessaire que Jésus-Christ vînt au monde. Si la vraie religion n'impose rien de plus que la loi naturelle, adieu toutes les pratiques du christianisme; il n'y a plus d'obligation d'entendre la messe, il n'y a plus de sacremens, il n'y a plus de mystères. Dans la loi naturelle, il n'y a ni évêque, ni baptême, ni première communion des enfans. C'est donc une comédie que de parler de tout cela dans l'église de la rue Saint-Martin, car c'est sans doute de l'assentiment, du chef que M. Noireaut. est venu proclamer publiquement cette doctrine. Quel est ce M. Noireaut qui est venu faire faire ce grand pas à l'église française? Nous l'ignorons. C'est la première fois que l'on a remarqué son nom sur l'affiche. Un autre prêtre qui y figure depuis quelque temps est M. Chauvisé, ancien curé de Pont-sur-Yonne, diocèse de Sens. Ceux qui voudront le connoître peuvent prendre des renseignemens à Pont-sur-Yonne. On leur dira pourquoi M. Chauvisé a quitté cette cure, et ils jugeront à quel point il mérite l'estime et la confiance. Mais les gens qui fréquentent l'église Châtel ne sont difficiles là-dessus.

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Nous nous sommes plaint l'année dernière des petits livres que le gouvernement fait distribuer dans les écoles, et qui ne parTent de la religion que si brièvement et si sèchement qu'il n'en pourra rien rester dans l'esprit des enfans. Dans l'Alphabet, on a placé le décalogue, mais en latin, de peur apparemment que les enfans ne l'entendissent. On y a mis aussi le Pater et le Credo et on n'a pas oublié la Charte. On ne pourra pas dire qu'il n'y est pas parlé de Dieu, car il est nommé une fois et sous des titres vagues. Le nom du Sauveur se trouve aussi à la fin. L'Instruction du peuple, que l'on distribue aussi, se compose de maximes, les unes froides, les autres emphatiques, celles-ci fausses, celles-là dangereuses. Voilà ce que nous disions il y a près d'un an, no 1884, tome LXX. Le Journal de la Normandie vient aussi de réclamer contre la distribution de ces petits livres, qui ne seroient propres qu'à introduire parmi le peuple une entière indifférence pour la religion, et un journal religieux de la capitale a reproduit cette réclamation. Tous les amis de la jeunesse et de la saine morale devroient joindre leurs efforts pour signaler ces erreurs du pouvoir, qui conspire contre lui-même en affoiblissant le ressort de la religion et en ôtant à la génération naissante le seul frein qui puisse la retenir au milieu des orages et des passions de ce monde.

- M. Frémine, curé de Carquebut, canton de Sainte-MèreEglise, diocèse de Coutances, avoit refusé d'inhumer deux enfans jumeaux morts sans avoir reçu le baptême; il n'avoit fait en cela que se conformer aux règles de l'Eglise tracées dans les Rituels. Le maire fit l'enterrement. Le curé bénit le cimetière comme ayant été profané par la présence du corps d'un individu mort dans l'état d'infidélité, et il expliqua ses raisons à ses paroissiens et leur fit connoître ce que les canons prescrivent sur le respect dû aux cimetières et sur les peines portées contre les profanateurs. Il y eut plainte rendue contre lui, et il fut traduit devant la cour d'assises de la Manche. La cause fut appelée le 19 septembre, et, après le plaidoyer de M. Hervieu, les jurés délibérèrent pendant un quart d'heure et acquittèrent M. Frémine. Ce fut, dit-on, un désapointement pour bien des gens qui s'étoient flattés de l'espoir de voir condamner un prêtre; spectacle réjouissant pour ces esprits tolérans et impartiaux.

- Un sieur Mantelin, ancien officier d'artillerie, a succombé dernièrement à Strasbourg, à la suite d'une longue maladie. Le vicaire et le curé de la Madeleine sont allés successivement le visiter sur son lit de douleurs et l'ont engagé à se réconcilier avec Dieu. Le malade, dont la conscience, dit un journal, étoit sans reproche, a répondu qu'il ne craignoit pas de paroitre devant Dieu, que son ame étoit tranquille. Il refusa le ministère des deux ecclésiastiques. M. le curé, en se retirant, annonça qu'il ne pourroit, après ce qui

rêt pour entrer en campagne, si les services des vivres, de santé et des transports, ›nt en bon état, l'ordre pouvant survenir d'un moment à l'autre de faire un mouement en avant.

L'ouverture des deux chambres de la Belgique est fixée au 10 novembre. ' Lord Durham, qui est allé remplir une mission auprès de l'empereur e Russie, est de retour à Londres.

Le vaisseau de la compagnie des Indes, le duc de Wellington, jaugeant 200 tonneaux, et qui a été acheté ou plutôt loué pour le compte de don Pédro, st parti de Londres pour Oporto. C'est à bord de ce bâtiment que l'amiral Sarorius arborera son pavillon.

Le choléra a presque entièrement disparu de Vienne.

Le gouvernement badois vient de lever la quarantaine à laquelle étoient bligées les personnes qui se rendoient en Allemagne par Strasbourg et Kehl. Le roi de Prusse est arrivé à Toeplitz le 29 septembre.

Le gouverneur du jeune empereur du Brésil s'étant rendu suspect aux libéaux du pays, le ministre de la justice demanda aux chambres sa destitution. La chambre des députés avoit pris l'initiative de cette mesure; mais le sénat l'ayant' ejeté, tous les ministres ont donné leur démission. La régence a tenté de former un nouveau ministère; mais n'ayant pu y réussir, ses membres se démirent de eurs fonctions. La chambre des députés a invité la régence à reprendre provisoirement la direction des affaires.

- Il y a eu des troubles à Bombay, par suite de la superstition des naturels. Le gouvernement avoit ordonné la destruction des chiens dés parias; les habitans du pays ayant une espèce de culte pour ces animaux, se sont soulevés. L'ordre a été rétabli promptement.

La Vérité catholique démontrée, ou Lettres de M. l'évêque de Bayonne, actuellement archevêque de Toulouse, aux protestans d'Orthez.

Cet ouvrage consiste en trois lettres. La première fut adressée aux protestans d'Orthez, à l'époque d'une mission donnée dans cette ville. C'est une simple exhortation à rentrer dans le sein de l'Eglise catholique: on y touche cependant, comme il étoit inévitable de le faire, certains points de doctrine, en particulier l'article fondamental de la règle de foi. Cette lettre est fort courte. Les ministres se hâtèrent d'y répondre. M. de Bayonne répliqua : c'est le sujet de la seconde lettre, qui ne finit pas la controverse.

Il parut une seconde réponse des ministres, mieux écrite que la première, mais remplie encore de plus de sophismes, de fausses allégations, d'imputations calomnieuses contre l'Eglise catholique. M. l'évêque de Bayonne, sans renoncer à réfuter cette seconde réponse, résolut de ne donner absolument à ce travail que les momens que lui laisseroient de libres les soins de sa charge pastorale; il se proposa en même temps d'y traiter plus à fond les points de doctrine qu'il avoit à défendre, de manière que sa réplique ne fût pas un simple ouvrage de circon

soupçonner

de car

pourroit croire atteint de folie. Ce prêtre s'est engagé dans un régiment de ligne; il porte la moustache et affecte toutes les habitudes militaires. Depuis, dit-on, il se livra au plus violent dépit quand il apprit qu'il ne faisoit pas partie des bataillons de guerre. Enfin il tint en dernier lieu des propos qui le firent lisme. On voulut croire qu'il ne s'étoit engagé que pour embaucher les soldats de son régiment. On l'a donc traduit devant un conseil de guerre à Lille, et il y a comparu le 2 octobre. Son interrogatoire et les dépositions des témoins n'ont fourni contre lui aucune charge, et, quoique le capitaine-rapporteur ait soutenu la prévention, le sieur Chédeville a été acquitté et renvoyé à son corps. Les gens de bien, à Lille, déplorent les écarts de cet ecclésiastique, et nous n'en aurions pas parlé, si son nom n'avoit pas retenti dans les tribunaux et dans les feuilles publiques.

Quand nous faisons des sottises en France, il y a toujours chez nos voisins des gens tout prêts à les imiter. Des insolens donnèrent, il y a quelques mois, un charivari à un de nos plus respectables prélats; la même insulte vient de se répéter à Liége. Le 11 de ce mois, des groupes se formèrent à l'issue du spectacle et on donna une sérénade au gouverneur, M. Tielmans. Ensuite, on se porta devant la maison qu'occupoit à Liége M. Raikem, aujourd'hui ministre, devant celles de M. de Theux et de M. Libeau; on témoigna par des cris, des huées et des sifflets que l'on n'approuvoit pas leur conduite politique. La foule, s'augmentant toujours, se porta vers l'évêché. M. l'évêque, M. Van Bommel, prélat sage et éclairé, n'a d'autre tort que d'être d'origine hollandaise. Les cris de à bas la calotte! à bas les Jésuites! etc., se firent entendre. On secoua violemment la sonnette de la porte, on jeta dans le jardin des tuyaux de gouttières. La multitude répondit dignement au signal qu'avoit donné le matin même un journal de Liége qui avoit poursuivi M. l'évêque de ses invectives. Il faut dire pourtant que coup de curieux témoignoient leur mécontentement de ces insultes brutales. Enfin les groupes s'arrêtèrent devant le bureau du Courrier de la Meuse, et des cris injurieux furent proférés contre l'éḍiteur, M. Stas, et contre M. Kersten, à qui on paroissoit reprocher leur attachement à la religion. Ces grossières facéties n'ont pas du moins recommencé le lendemain.

NOUVELLES POLITIQUES.

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PARIS. Les journaux de M. Thiers sont chargés d'annoncer à ceux qui ont peur des doctrinaires, que le ministère du 11 octobre ne fera ni plus ni moins de bien que celui du 13 mars, et que nous allons revoir les beaux jours de M. Casimir Périer. La stricte justice, la guerre aux chouans, aux carlistes, au parti-prêtre et à Madame la duchesse de Berry; tel est le programe qu'on nous promet de suivre de point en pont. Enfin, il suffit de se rappeler le bon temps que nous avons passé

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