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ment? Telles sont les réflexions que fait naître d'abord cette profession de foi; nous nous bornons à en offrir ce court aperçu. Nous n'en aurions même pas parlé, s'il n'étoit probable que l'église constitutionnelle, qui a échoué à Paris, essaiera de s'établir en province. Elle avoit déjà fait une tentative dans le diocèse de Sens; elle va peut-être porter d'un autre côté sa profession de foi et son ministère d'erreur et d'impiété, et on assure qu'elle cherche en ce moment à s'établir dans un village auprès de Paris. Puisse-t-on partout être en garde contre l'enseignement de ces prétendus apôtres, et de ce patriarche, qui n'est même pas prêtre!

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M. Léon Biré, vicaire de Guérande, au diocèse de Nantes, a comparu, le 19 octobre, devant la cour d'assises à Blois; il étoit accusé d'excitation à la désertion, parce qu'en se rendant dans un hôpital pour les fonctions de son ministère, il auroit dit, en passant, à des soldats qu'il avoit rencontrés, que les chouans étoient des bons enfans, qu'ils étoient mieux payés que les patriotes, que Henri Valloit revenir, que le drapeau blanc flotteroit bientôt partout. Les soldats le dénoncèrent, et M. le vicaire fut arrêté. A l'audience, il a répondu avec beaucoup d'aisance et de présence d'esprit; il a dit qu'en effet il peut avoir tenu ces propos, mais par forme de conversation, qu'il n'a répété que ce que les journaux disent tous les jours, qu'il ne songeoit pas à engager les militaires à déserter. Trois soldats assignés comme témoins n'ont pu assurer que M. l'abbé Biré leur eût proposé de déserter. M. Debedeau, capitaine de la garde nationale de Guérande, autre témoin, déposé que dans une conversation particulière qu'il avoit eue avec M. l'abbé Biré, celui-ci lui avoit dit qu'avec son crucifix et un drapeau blanc il réuniroit assez de monde pour mettre toute la garde nationale en déroute. Le capitaine rapporta ce propos maire, et il a ajouté à l'audience qu'il ne l'auroit pas fait, s'il eût cru qu'on dût y attacher tant d'importance, le vicaire ayant pu dire cela en plaisantant. M. de Rougeaux, procureur du Roi, a soutenu foiblement l'accusation, et s'en est remis à la sagesse du jury. M. Larclose, avocat de Nantes, a défendu M. l'abbé Biré, qui, après quelques minutes de délibération du jury, a été déclaré non coupable. Le président a prononcé l'arrêt qui l'a acquitté; le procureur du Roi a néanmoins donné l'ordre de le reconduire en prison, ce qui a étonné tout l'auditoire. Mais M. l'abbé Biré a remarqué que c'étoit apparemment par prudence qu'on prenoit cette mesure à son égard, et qu'on vouloit le soustraire à quelque tentative de la part des malintentionnés, s'il y en avoit. En effet, il a été mis en liberté le soir, et on dit qu'il est en ce moment à Paris.

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— M. de Lorois, préfet du Morbihan, a recommandé aux maires, dans une circulaire, de tenir la main à ce que le Domine sal

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vum... fût chanté dans les églises, vu que son intention est de ne point délivrer de mandats aux curés qui contreviendroient à cet ordre. M. le préfet en parle fort à son aise; mais que veut-il que fasse un curé, quand personne ne veut chanter la suite du verset? Faut-il que le curé chante seul à l'autel la formule que des chantres mêmes ne veulent pas chanter? Faut-il qu'il se mette en opposition avec toute sa paroisse qui a de l'antipathie pour l'addition exigée? Ne seroit-il pas temps de laisser tomber ce moyen de vexation? M. Casimir Périer lui-même avoit blâmé la circulaire ministérielle à ce sujet, et avoit trouvé qu'il étoit fort impolitique et fort imprudent d'avoir suscité ainsi de nouveaux embarras pour le gouvernement.

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M. Jaulain, curé de Brillac, a répondu, dans la Gazette de l'Ouest, à la lettre du maire dont nous avons fait mention n° 2009. Le maire reprochoit au curé d'avoir annoncé les fêtes supprimées, mais il avoit soin de ne pas dire que le curé les avoit annoncées comme de dévotion; le Manuel des maires même convient qu'on peut les annoncer ainsi. Le maire de Brillac ajoute que c'est pour cette annonce seulement qu'on a retenu le mandat du curé. Comment se fait-il donc que le ministre des cultes, en demandant des renseignemens, ait dit qu'on accusoit le curé de Brillac, d'avoir fait des processions non-autorisées et à des heures indues, pour occasioner des troubles et exciter de l'exaltation? Qui a pu fournir de tels renseignemens au ministre? Le maire doit en savoir quelque chose. Au surplus, le conseil municipal même a donné un démenti à son allégation. M. le curé de Brillac n'a point fait de procession nocturne; celle de la Saint-Jean sortit de l'église à sept heures trois quarts, et tout étoit terminé à huit heures un quart. Il ne fait pas nuit à huit heures un quart, le 24 juin, dans les plus longs jours de l'année. M. le curé de Brillac déclare d'ailleurs qu'il cst étranger à l'article contre lequel le maire a réclamé. Sa lettre est bien faite, et rédigée avec sagesse et d'un ton très-modéré.

-Pendant quelques jours les ravages du choléra sembloient prets à diminuer à Arles; on comptoit sur le mistral pour assainir l'air. Cet espoir a été trompé; le 12 octobre, il y a eu 12 cas et 13 décès; le 13, 12 cas et 6 décès; le 14, 20 cas et 16 décès. Les rechutes sont fréquentes et les guérisons lentes et difficiles. Cependant la population revient de sa terreur et se montre plus résignée. Le dimanche 14, une procession générale a eu lieu; on y portoit l'image et les reliques de saint Roch. Le peuple étoit fort recueilli, l'autorité n'a point paru.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. M. le ministre du commerce a publié l'état des sommes que nous ont coûté les 500 hommes de guerre civile qui ont bien voulu se sacrifier aux

recourir pour procurer à leurs enfans une instruction rassurante et conforme à leurs vues. Justement effrayées de l'émancipation et de l'espèce d'anarchie qui règnent partout, qui attendent l'enfance au sortir de la maison paternelle, pour s'en emparer et lui apprendre à secouer tous les jougs, beaucoup de parens se décident à priver leurs enfans des avantages de l'instruction publique, pour sauver ce qu'ils considèrent avec raison comme plus important et plus essentiel.

C'est venir au secours de ces familles que de leur indiquer le peu de refuges sûrs que le malheur des temps permet d'ouvrir pour la jeunesse. Quelques ecclésiastiques, qui ont gardé les saines traditions de l'éducation chrétienne, conservent heureusement encore assez de zèle et d'espoir pour entreprendre de lutter contre la corruption des idées et l'invasion du mal. Que Dieu veuille en multiplier le nombre et bénir leurs œuvres! Ce ne sera pas seulement un devoir pour nous, mais un bonheur, que de pouvoir nous associer à leurs efforts, au moins pour les faire connoître et les signaler.

C'est donc dans l'intérêt de la religion et des familles que nous annonçons aux parens chrétiens, dont nous venons de parler, que M. l'abbé Poiloup (1) leur a rendu le précieux service de former à la campagne un établissement où l'on ne reçoit que des enfans en bas âge, et qui n'ont point encore quitté leurs parens. Cette maison, très agréablement située, à une demi-lieue de Paris, au milieu d'un jardin de dix arpens, est dirigée par de pieux ecclésiastiques. Des femmes respectables, et animées de l'amour du bien, se font un bonheur, encore plus qu'un devoir, de donner aux enfans qui la composent tous les soins qu'ils pourroient recevoir de leurs propres mères. Les études y sont très-fortes et variées. On y enseigne, comme dans les autres colléges, le grec, le latin, l'histoire, la géographie, les mathématiques, le dessin, la musique et un peu d'histoire naturelle. Mais ce qui rend surtout cet établissement recommandable, et digne de la confiance entière des parens, c'est le zèle et la tendre sollicitude avec lesquels on s'y occupe de conserver dans les jeunes cœurs le précieux trésor de l'innocence, à leur rendre la piété aimable, et à charmer les petits dégoûts de cet âge par la douceur du régime, par l'esprit de famille qu'on sait faire régner au milieu d'eux, et par la diversité des plaisirs innocens qui peuvent être accordés à l'enfance.

(1) Chef d'institution, rue du Regard, no 20.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 22 octobre 1832.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 67 fr. 70 c. et fermé à 67 fr. 40 c. Cinq pour 100, jouissance du 22 sept., ouvert à 96 fr. 25 c. et fermé à 96 fr. 00 c. Actions de la Banque.

. 0000 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE ET COMP.

Sur la famille royale exilée.

Quelques journaux à Paris et dans les provinces ont donné de temps en temps des détails et des anecdotes sur Holy-Rood et ses habitans. Nous n'avons point reproduit ces articles, parce que nous avions des doutes très-légitimes sur l'exactitude de plusieurs des faits qui y étoient rapportés. Les auteurs de ces articles, gens de beaucoup d'esprit sans doute et dévoués à la légitimité, croyoient servir cette cause par des fictions plus ou moins ingénieuses dont ils ornoient leurs tableaux. C'est un moyen peut-être de plaire à beaucoup de lecteurs, qui adoptent facilement comme vrais des récits qui les intéressent. Toutefois, avec un peu d'attention et d'examen, on apprend à se défier de ces récits si bien arrangés et de ces anecdotes filées avec art, où l'enthousiasme et l'exagération se font sentir parfois. Nous ne concevons pas trop cette manière de défendre une cause honorable. Il nous semble qu'il faut être vrai avant tout, et que le meilleur moyen d'intéresser est de ne dire que ce qui est. Nous ne nous permettrons donc d'ajouter aucune broderie aux détails suivans que nous tenons d'une source très-authentique et très-sûre. Ce sont des documens historiques que toute fiction gâteroit, et qui plairont par leur simplicité même.

C'est à regret que Charles X et sa famille ont quitté Edimbourg, où ils recevoient de toutes les classes des marques d'intérêt et de respect. Les manières franches, polies et aimables du vieux roi, démentent victorieusement l'idée qu'on a voulu donner de son caractère; le singulier tyran que celuilà, disoient en sortant de son audience ceux auxquels il avoit fait un accueil plein de bonté, il n'y a rien en lui qui ressemble à un despote et à un parjure. Tous ceux qui vivent dans son intérieur savent quelles sont sa douceur et son affabilité. Le peuple d'Edimbourg, qui le voyoit sortir pour la promenade, admiroit cette figure calme et vénérable. On remarquoit que, chaque dimanche, le roi se rendoit deux fois par jour à la chapelle catholique, et y assistoit, ainsi que sa famille, aux offices, avec ce maintien recueilli et ces marques de foi dont

Tome LXXIII. L'Ami de la Religion.

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nous avons été si souvent témoins en France. Sa piété et celle du Dauphin et de la Dauphine ont semblé prendre un nouvel accroissement depuis leurs derniers malheurs. Il n'y a dans ces nobles ames ni ressentiment, ni aigreur, encore moins de désir de vengeance. Ils parlent de leurs ennemis les plus déclarés sans passion et sans amertume. Leur vie retirée est l'image de la paix. Leur journée se partage entre des exercices de piété, des entretiens, des lectures et des promenades. Mais qui croiroit que ces princes, qui avoient en France des bibliothèques si bien fournies, auxquels on faisoit hommage de tant de livres, en manquent aujourd'hui, et sont obligés d'en emprunter à ceux qui les entourent? Ils vont se trouver dans un dénuement plus grand encore sous ce rapport à Austerlitz, où ils n'auront pas la ressource des bibliothèques publiques et particulières d'une ville telle qu'Edimbourg. Le manque de livres n'est même pas la seule gène qui leur soit imposée. Leur générosité n'a pu s'empêcher d'accueillir d'anciens serviteurs qui les ont suivis dans leur exil. Ces fidèles compagnons du malheur étoient nourris à Holy-Rood, et la plupart recevoient un traitement. De là une dépense excessive pour des princes qui n'avoient rien emporté de la France, et qui, dans l'état présent des choses, n'avoient rien à attendre des puissances étrangères. On dit que de riches Français leur ont fait des offres généreuses, et que l'un d'eux a mis dernièrement toute sa fortune à la disposition du roi. Mais la délicatesse du prince répugnoit à accepter de tels sacrifices. Depuis quelque temps, sa société particulière s'est augmentée par la présence d'un homme estimable et dévoué, M. le marquis de Foresta, ancien préfet, dont les principes comme les sentimens sont en parfaite harmonie avec ceux de la famille royale. Du reste, le roi n'est point changé, et sa santé se soutient au milieu des rigueurs de l'exil. M. Ye Dauphin et madame la Dauphine ont, à proportion, plus souffert que leur père. La princesse surtout porte les traces des chagrins dont elle est abreuvée depuis sa première jeunesse. Elle a ressenti douloureusement une catastrophe qui lui rappelle tous ses anciens malheurs. On espère pour elle d'heureux effets d'un climat plus doux; Austerlitz, en Moravie, à peu de distance de Brunn, est à peu près à la même latitude que Paris.

M. le duc de Bordeaux, qui commence sa 13° année, fait le charme de cette famille par son heureux caractère, et par

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