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Le gouvernement russe a défendu de porter l'uniforme de l'ancienne armée ìonaise à tous les officiers et militaires qui avoient passé à l'insurrection.

Les noirs de la terre de Van-Diemen, dans la Nouvelle-Hollande, s'étoient fevés au mois de décembre dernier contre l'autorité anglaise. On a reçu depuis nouvelle que l'insurrection étoit comprimée. Les insulaires de Big-River et Oyster Bay, qui sont les plus sanguinaires et les plus cruels du pays, ont fait Ir soumission au colonel Robinson, envoyé pour les pacifier.

Depuis un an, des révoltes sérieuses éclatent en divers endroits des possesdons anglaises de l'Asie et de l'Australasie.

Les journaux ont annoncé qu'on avoit retrouvé sous le pont de la Tournelle ne partie des objets précieux volés à la Bibliothèque royale. On a trouvé d'aord, le 28 juillet, une partie de la suite des médailles de Louis XIII et de puis XIV, le sceau de Louis XII, les belles médailles de la façade du Louvre et u Val-de-Grâce. Le 29, on trouva une masse considérable d'objets de toute esèce, des médailles antiques et modernes de divers modules, des bijoux, notamient la patère antique dite de Rennes ; des bijoux égyptiens d'un charmant traail, des fragmens de bracelets et de chaînes. Dans le nombre, il y avoit une cinquantaine de monnaies romaines du Haut-Empire, le stratère d'or de Phocée, pièce capitale; des médailles de la suite des rois de France, de celle des papes, de elle de Napoléon, etc. Le 30, on découvrit un assez grand nombre de médailles intiques, dont environ 500 médailles, la plupart du Haut Empire. Parmi ces mélailles se sont retrouvés une quarantaine de quinaires, des têtes rares, notamment la Didia Clara, les Marcus Junius Brutus, plusieurs Othon, deux ou trois Marc-Antoine, mais non pas celle qui offre au revers la figure d'Octavie, et qui est si rare. Au milieu de cette masse de médailles mêlées et retirées une à une du limon, étoient trois monnaies grecques d'un graud prix, l'Antiochus II, le Neoptolème d'Epire, et le Pyrrhus. Aucune des médailles d'or de Syracuse n'a reparu encore. Les médailles romaines du Haut et du Bas-Empire manquent aussi. Le 31, on retrouva une médaille de Louis XV et le pied du beau ciboire d'or, garni de pierres précieuses; on espère recouvrer la ainsi que coupe, celle composée de pièces de rapport en verre, montées en or, monument du premier âge de la monarchie. La découverte récente d'un certain nombre de médailles antiques, dont on n'a pu prendre encore connoissance, laisse espérer qu'on retrouvera les médailles et médaillons les plus précieux. Toutefois, la valeur des lingots d'or saisis au domicile des voleurs, et provenant de la fonte des médailles, offre une somme presque équivalente à l'estimation des pertes, ce qui feroit craindre pour le succès des nouvelles fouilles. Quoi qu'il en soit, le Musée est rentré en possession de 1500 objets de toute valeur, et les lingots retrouvés pourront servir à réparer les lacunes de la suite impériale d'or, quand il se présentera des occasions favorables.

Tous les hommes sont sujets à se tromper et à être trompés, et les journalistes y sont encore plus sujets que les autres. Nous avons reçu de Laval une réclamation sur ce qui est dit dans notre no 1979, à l'occasion d'un procès entre un sieur Hoisnard et les héritiers de madame de Moloré, et non Moleré, comme nous l'avions appelée dans l'article. Nous avions eu, à ce qu'il paroît, des rensignemens inexacts sur cette affaire. On nous envoie l'arrêt de la cour royale d'Angers, du 28 mai 1831, qui admet les héritiers Moloré à la preuve des faits par eux articulés; cet arrêt est suivi de l'enquête faite en conséquence. Trente témoins ont été entendus, tous ayant connu madame de Moloré, et ayant été témoins de ses relations avec M. Hoisnard. Leurs dépositions ont révélé dés faits graves d'obsession et de captation; elles ont prouvé, de plus, que madame de Moloré étoit tombée dans un état de foiblesse d'esprit qui l'asservissoit à une influence étrangère. Parmi les dépositions, nous remarquons surtout celle de Nicolas Mézières, cordonnier, propriétaire de la maison où logeoit le sieur Hoisnard. Sa déposition a d'autant plus de force, qu'il étoit tout-à-fait désintéressé dans l'affaire, qu'il avoit eu luimême de fréquentes relations avec Hoisnard, et qu'il auroit dû lui être plutôt favorable que contraire. Ce témoin paroît un homme probe et droit, et il déclare qu'il lui est pénible de déposer contre son locataire. La femme Mézières a fait une déposition semblable, qu'on n'a pu obtenir qu'à force de questions et d'interpellations: elle éprouvoit aussi une grande répugnance à charger le sieur Hoisnard. Les autres témoins sont des propriétaires, des notaires, des marchands, des ouvriers, des domestiques, tous demeurant à Laval. C'est sur leurs dépositions unanimes qu'a été rendu le dernier arrêt de la cour royale d'Angers, arrêt fondé sur les plus graves motifs, et qui n'a fait que confirmer le jugement que l'opinion publique avoit déjà porté sur cette affaire. Les héritiers de madame de Moloré sont des personnes fort estimables, qui auroient voulu éviter l'éclat d'un procès, et qui ont regretté que l'obstination de leur adversaire les ait forcés de révéler certains faits qu'ils auroient voulu pouvoir passer sous silence. Leur délicatesse contraste fortement avec le rôle peu honorable qu'a joué dans cette affaire celui qui a eu le malheur de couvrir du manteau de la religion d'indignes et odieuses

manœuvres.

Le Gérant, Adrien Le Clerc,

COURS DES EFFETS PUBLICS.

· Bourse du 10 août 1832.

05

C.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 68 fr. 85 c., et fermé à 69 fr.
Cinq pour 100, jouissance du 22 mars, ouvert à 98 fr. 80 c., et fermé à 98 fr. 80 c.
Actions de la Banque.

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1660 fr. oo c.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP.

MARDI 44 AOUT 1832.

TI

49

La Haute Police sous le régime constitutionne application aux départemens de l'Ouest et du Midi et à la nouvelle possession d'Alger; par M. d'Aubignosc, ex-directeur général de la police à Hambourg; in-8".

On ne sait trop pourquoi le régime constitutionnel se trouve mêlé au titre de cette brochure; il n'a certainement rien à faire là; c'est une question qui ne le regarde pas. La nouvelle possession d'Alger, à la bonne heure; il paroit plus naturel de la voir accolée aux départemens de l'Ouest et du Midi. L'auteur a senti que tout cela pouvoit aller ensemble, et que le régime constitutionnel, tel qu'il est appliqué à une partie de nos provinces, étoit de nature à convenir parfaitement aussi à la colonie d'Alger. Ainsi, point de difficulté là-dessus; le gouvernement d'Alger a très-bien pu s'associer dans ses idées à celui des départemens de l'Ouest et du Midi. Seulement, il y a peut-être de sa part un peu trop d'ingénuité à en faire l'aveu.

Mais il falloit s'en tenir là, et retrancher du titre de cet écrit le régime constitutionnel; car, du moment où l'on vient nous parler d'une haute police applicable par exception à huit ou dix millions de Français, ainsi qu'aux Bédouins de la côte d'Afrique, il est clair qu'il n'y a plus moyen de mêler à un pareil état de choses ni les idées de l'ordre légal, ni les promesses de la Charte-Vérité, et qu'on ne peut sans une révoltante hypocrisie entreprendre de faire passer tout cela pour des institutions régulières, pour un régime de droit commun.

De la haute police donc, ou de la basse police, tant que vous voudrez, puisqu'il est vrai de dire que la révolution de juillet ne peut marcher qu'à force de rames et d'arbitraire. Mais du moins donnez-nous ces choses-là pour ce qu'elles sont, et appelez-les de leur vrai nom. Tenez-vous-en à faire valoir contre nous votre cahier des charges, et en mettant les hors la loi, ayez du moins la franchise de leur dire que vous ne pouvez pas faire autrement; au lieu de les endormir avec,

Tome LXXIII. L'Ami de la Religion.

F

gens

votre régime constitutionnel, avertissez-les que vous tenez en réserve de quoi les réduire à la condition des Algériens.

Au surplus, il ne faut pas trop s'effrayer du code de police dont M. d'Aubignose a eu l'idée d'enrichir notre législation révolutionnaire. Il paroit que la nécessité ne lui en est pas démontrée à lui-même, puisqu'il n'a entrepris son travail (180 pages d'impression, ni plus, ni moins) que pour sa propre utilité. Le fait est qu'il lui manquoit dix-huit mois de fonctions administratives pour compléter ses trente années de service et avoir droit à la pension de retraite. N'ayant pu trouver moyen, pendant la restauration, de remplir ce malheureux vide de dix-huit mois, qui l'arrête si près du terme de sa carrière, il a cru pouvoir faire redresser à son égard les torts du gouvernement de la branche aînée par le gouvernement de la branche cadette. Mais la révolution de juillet ne se fie pas à tout le monde: il lui faut de l'or pur; et après avoir pesé M. d'Aubignosc dans sa balance, elle l'a trouvé trop léger pour elle. Tout ce qu'elle a pu faire a été de le prendre à l'essai, en lui accordant deux missions, l'une à Lyon, l'autre dans les provinces de l'Ouest. Mais il ne s'en est point acquitté de manière à effacer complètement la tache dont il s'étoit précédemment noirci en acceptant une place de M. de Bourmont dans l'expédition d'Afrique.

C'est ici qu'il importe de bien assurer le pavillon de M. d'Aubignosc, afin de faire voir à ceux que la chose concerne jusqu'à quel point il faut être pur pour mériter de faire partie de la glorieuse famille de juillet. N'oubliez pas qu'il s'agit dans cette affaire d'un homme à qui l'on reproche de n'être point à la hauteur des principes qui nous régissent, et de n'avoir pas suffisamment détruit les méfiances attachées au carlisme. Or, voici ce que cet homme publie comme extrait des rapports adressés par lui pendant ses missions à M. le prési

dent du conseil :

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Faire intercepter les correspondances des carlistes, quand elles circulent par des voies clandestines... (Dieu merci, nous n'avons pas besoin de conseils là-dessus, et nous sommes plus avancés que cela.) Le but seroit, ajoute M. d'Aubignosc, d'arriver à la connoissance de leurs projets, pour ne frapper ensuite que des coups sûrs.... Diminuer d'abord, supprimer ensuite les écoles des Frères de la doctrine chrétienne. Supprimer l'évêché de Luçon, et par suite

les séminaires qui en relèvent. Procéder à une épuration dans les fonctionnaires publics; quelques-uns sont foibles, d'autres servent à contre-cœur la révolution de juillet... Quelques tribunaux comptent parmi leurs membres des carlistes avoués.... Le clergé possède encore à Bellefontaine un établissement de Trappistes; c'est là que s'ourdissent, dit-on, les trames qui agitent plusieurs arrondissemens...*

Voilà donc les conseils doux et modérés que donne M. d'Aubignosc. Supprimer des écoles de Frères, supprimer des séminaires, supprimer un évêché! Ne faut-il pas être bien persuadé de la foiblesse du gouvernement, pour redouter pour lui l'influence de quelques Frères ignorantins, de quelques maisons d'études et de prières? Buonaparte a rappelé les Frères des écoles chrétiennes, et a favorisé le rétablissement des séminaires jusqu'à leur accorder des bourses; mais le pouvoir actuel s'alarme de tout. Les préfets et les commissaires de police demandent que l'on ferme les séminaires, et quelquefois, en effet, on les ferme sans autre forme de procès; on donne les bâtimens aux villes qui ne les demandoient pas, comme il vient d'arriver à Meaux. M. d'Aubignosc propose de supprimer l'évêché de Luçon; mais, Monsieur, on voit bien que vous êtes agent de police, et que vous n'êtes pas très-familier avec ce qui tient à l'ordre légal. On ne supprime point ainsi un évêché qui est établi par une loi. Et d'ailleurs, en quoi un évêché peut-il nuire à tel ou tel pouvoir? Buonaparte a rétabli des évêchés, et vous, vous proposez d'en détruire! Avoir peur d'un évêché, de la chose la plus inoffensive! Avoir peur de quelques écoles et d'une maison de Trappistes! En vérité, c'est pousser loin la défiance et la poltronnerie.

Passant de l'Ouest à Lyon, M. d'Aubignosc y porte sa marotte contre les prêtres et les carlistes; il ne sort pas de là, et son imagination lui montre encore les choses plus en noir de ce côté-ci que de l'autre. « Ce ne sont plus ici, dit-il, sept à huit cents perturbateurs à surveiller; ce sont 60,000 ouvriers que le même malaise peut entraîner simultanément à la révolte..... Ce sont des prêtres plus audacieux que dans l'Ouest, parce qu'ils puisent sans cesse de nouvelles excitations au foyer de l'ultramontanisme. Ce sont enfin des propriétaires fanatiques de religion et de carlisme, altérés de vengeance, etc. >>

Et la révolution de juillet ne trouve pas M. d'Aubignosc

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