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plus pernicieuses. En même temps, on expulsoit les Frères des écoles chrétiennes à Mons, à Namur, à Dinant, et on les faisoit conduire par la maréchaussée jusqu'à la frontière française. Cette même maréchaussée avoit ordre d'exercer une surveillance sévère sur les prêtres qui voyageoient, et d'empêcher surtout les Jésuites et les missionnaires de pénétrer dans le royaume. Plusieurs ecclésiastiques furent, sous ce prétexte, arrêtés et conduits à la frontière. Il ne faut point oublier que nos libéraux admiroient tout cela, et que leurs journaux alors retentissoient d'acclamations envers un gouvernement si philosophique et si tolérant.

Ce système vexatoire ne suffit pas encore à l'ardeur du zèle du parti irréligieux. On imagina de frapper d'un seul coup toutes les écoles ecclésiastiques, et d'établir à leur place un college dit philosophique, où on seroit tenu d'étudier pendant deux ans avant d'entrer dans le grand séminaire; ce fut l'objet de deux arrêtés du 14 juin 1825. Il s'éleva des réclamations unanimes de tous les chefs du clergé; on n'y eut aucun égard. Tous les petits séminaires furent fermés à la fois ; d'autres colléges où la religion avoit conservé quelque influence furent également supprimés. Des arrêtés du 11 juillet et du 14 août ajoutèrent à la rigueur des premiers, et l'exécution fut encore au-dessus de ce qu'annonçoient les arrêtés. Il fallut employer les gendarmes pour fermer les établissemens, et les élèves furent renvoyés impitoyablement dans leurs familles. La désolation fut générale en Belgique, et le peuple ressentit ce coup presque aussi vivement que le clergé. Partout on se refusa à entrer au collége philosophique, et, comme on ne pouvoit être admis dans les grands séminaires sans avoir passé par ce collége, il s'ensuivit qu'au bout de deux ans il n'y avoit plus personne dans les grands séminaires, et qu'on pouvoit prévoir l'extinction totale du sacerdoce. C'est là une des mesures qui, dans un pays religieux, ont le plus contribué à exaspérer les esprits.

Nous n'étendrons pas davantage cet exposé du système de gouvernement suivi par le roi Guillaume pendant qu'il a régné sur la Belgique. Il seroit facile de multiplier les faits de ce genre, et nous en avons recueilli un grand nombre dans notre journal pendant les quinze années du règne de ce prince. Voyez la Table générale des quarante premiers volumes,

article Pays-Bas, et les tables particulières des volumes suivans. Mais le présent précis, quelque court qu'il soit, suffit pour faire juger si, soit les royalistes, soit les catholiques, doivent s'intéresser vivement au sort d'un prince qui a suivi avec tant d'opiniâtreté la politique la plus fausse et la plus pernicieuse pour la religion.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le jeudi 4, il y a encore eu réunion de la prétendue église constitutionnelle dans le local de la place Sorbonne. A l'occasion de quelle solennité? nous n'en savons rien. L'affiche promettoit une grand'messe en musique et la profession de foi démandée précédemment au sieur Roch. Il n'y a eu ni l'un ni l'autre. Un piano se trouvoit à côté de l'autel, mais il n'a fait entendre aucun son. La messe a été dite en français par celui qui prend le nom de Roch et qui ensuite a voulu parler. Il avoit à exposer sa profession de foi, ce qui n'eût pas été difficile pour un orateur qui auroit eu des idées nettes et des principes arrêtés. Mais celui-ci n'en est pas là; il s'est jeté dans le vague, il a déclamé contre l'Eglise romaine, il a répété des phrases de journaux. Son église constitutionnelle doit étre l'expression de toute la société. Cet amphigouri n'a pas satisfait l'auditoire, on interrompoit le patriarche, on le tournoit en ridicule. Il a prétendu que les railleurs étoient salariés par l'Eglise romaine, et à lu une lettre où on l'avertissoit de ce complot. Les véritables auteurs du complot, ce sont les fondateurs mêmes de l'église constitutionnelle avec leurs folles prétentions, leur jactance ridicule et leur manie de faire une religion. Dimanche, Plumet a dit la messe au milieu d'un tumulte effroyable; Merigot, qui a voulu parler, n'a pu se faire entendre. Les cris, les huées, les trépignemens de pieds lui ont imposé silence. La plupart des assistans avoient le chapeau sur la tête. On dit qu'un saint-simonien a voulu prendre la parole et n'a pu se faire écouter. Il est bien certain aujourd'hui que Roch est un être de raison; c'est Mérigot, Brunet et Plumet qui sont à la tête de l'entreprise, et le patriarche n'est autre que le sieur Mérigot.

MM. de La Mennais, Gerbet et Lacordaire, après avoir passé environ quinze jours à Paris, en sont partis le jeudi 27 septembre pour la Bretagne..Ils se proposent de passer l'hiver à La Chenaie et de s'y occuper de différens travaux. On assure qu'ils ont manifesté l'intention de ne point traiter les sujets sur lesquels l'Eucyclique a prononcé. L'Union, de Bruxelles, annonce que M. de La Mennais achevera un ouvrage de métaphysique commencé depuis quelque temps, et qui n'aura pas moins de 3 vol. in-8°.

M. l'évêque de Périgueux a passé plusieurs jours à Nontron, où il avoit fait une première visite il y a cinq ans. Toute la popu

symbole a été néanmoins adopté dans les offices de l'Eglise, et exprime bien la pureté de la foi.

L'éditeur donne la liste des éditions de saint Athanase. La plus estimée est celle des Bénédictins D. Loppin, de Montfaucon et Pouget; elle est en grec et en latin, en 3 vol. in-folio, et vit le jour à Paris en 1698; mais il faut y joindre la Bibliothèque des Pères, publiée par Montfaucon, Paris, 1706, 2 vol. in-fol., dont le second se compose en grande partie d'écrits du saint docteur. L'édition des Bénédictins a été réimprimée à Padoue, en 1777, 4 vol. in-fol.

Nous ne parlerons point aujourd'hui du tome XXXIV, qui commence les OEuvres de saint Ephrem; nous remarquerons seulement que, dans un Avis (Monitum) qui ouvre le volume, l'éditeur rend compte de ses soins pour la continuation de l'entreprise. M. l'abbé Glaire, professeur d'hébreu à la Faculté de théologie, a revu le texte de saint Ephrem, et a mis plus d'ordre dans le classement des ouvrages. On fera la même chose pour saint Grégoire de Nazianze et pour saint Jérôme. On annonce une table des 25 premiers volumes, à laquelle travaille en ce moment un ecclésiastique exercé. Cette table sera faite sur un plan assez étendu, et offrira en même temps une concordance des saints Pères, et l'indication des passages de l'Ecriture cités par les Pères. Cet Avis est signé par M. l'abbé Caillau, qui dirige la collection depuis l'origine, et qui est éminemment propre à en assurer le succès par son zèle, son savoir et sa constante application au travail.

Nous annoncerons par la même occasion deux volumes nouveaux de la 5o édition de la Bible de Vence, qui sortent de la même librairie. Ces volumes sont le XVIIe et le XXVI. Le premier renferme les petits Prophètes, avec les dissertations et préfaces qui y sont relatives, et le second, les livres apocryphes du nouveau Testament. Ces livres apocryphes ne sont point ceux qui sont faux ou remplis d'erreurs, et qui ont été corrompus par les hérétiques, mais ceux qui n'ont point été mis au rang des divines Ecritures, et ne contiennent néanmoins rien que d'édifiant. Ces volumes terminent sans doute l'entreprise, sauf un volume de tables. Ainsi cette édition aura 27 volumes, au lieu que la précédente, publiée il y a dix ans, n'en contenoit que 25. Les deux volumes de surplus contiennent les livres apocryphes, tant de l'ancien que du nouveau Testament.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 22 septembre, M. Pierre Ostini, archevêque de Tarse, et nommé nonce apostolique à Vienne, est parti pour se rendre à sa destination.

Le 26 août, Nicolas Krog, protestant, né à Langeland, en Danemark, et âgé de 27 ans, a fait abjuration de l'hérésie à Naples, dans l'église de Ste-Marie-des-Sept-Douleurs, dite communément Ste-Marie-tout-bien. Il a embrassé la foi catholique, après avoir été instruit et préparé par M. Michel Fosig, prêtre et chapelain de cette paroisse. Un grand nombre de fidèles assistoient à la cérémonie, qui a été fort édifiante.

Dix religieux des Mineurs de l'Observance sont partis de Palerme pour aller s'unir à leurs confrères, qui sont chargés de la garde des Lieux-Saints dans les 24 couvens de l'ordre de saint François, qui existent en Palestine. Ils portent avec eux beaucoup d'objets necessaires à leur subsistance au milieu des infidèles, et parmi les périls et les besoins d'une situation aussi difficile. Ils en ont été pourvus par les soins du gouvernement, et par ceux du commissaire-général de l'ordre. Ils se rendent à Jérusalem en passant par Malte, Alexandrie et St-Jean-d'Acre, et portent à leurs confrères les aumônes recueillies par eux en Sicile, pour les couvens de la Terre-Sainte.

PARIS. Ce qui rend plus singulière encore la prétention de ressusciter l'église constitutionnelle au bout de plus de 30 ans, c'est que ceux qui ont formé ce projet n'appartenoient point à l'église constitutionnelle. Ils sont tous par leur âge postérieurs à l'époque où cette église existoit, et n'ont pu la connoît que parce qu'ils en ont ouï dire. Ce n'est donc point d'elle qu'ils tiennent leur mission, mission qui seroit fort peu imposante et fort peu sûre. Mais ils n'ont pas même cette ressource, et n'ont voulu par ce titre que jeter, comme on dit, de la poudre aux yeux. Ils ne suivent d'ailleurs en rien les traditions de l'église constitutionnelle. Les prêtres, dans cette église, ne disoient point la messe en français. Le concile dit national de 1797 avoit statué, dans son décret sur la liturgie, que les formes essentielles du sacrifice de la messe et de l'administration des sacremens ne pouvoient subir aucun changement, et une tentative ayant été faite en 1798 pour célébrer les offices en français, plusieurs évêques constitutionnels se prononcèrent publiquement contre cette innovation. Leur déclaration et les adhésions qui y furent données se trouvent dans le journal de ce parti. Le concile de 1797 avoit aussi reconnu des empêchemens dirimans au mariage, et les évêques, dans leurs mandemens sur le carême, recommandoient l'observation de l'abstinence et du jeûne. Ainsi, les nouveaux constitutionnels ne suivent point les traditions des anciens,

ils ne respectent ni leurs leçons ni leurs exemples. Ils n'ont que le titre de constitutionnels, ce sont de faux héritiers qui réclament une succession qui ne leur appartient pas. Les constitutionnels ne prenoient point les noms fastueux d'apotres et de patriarches. Qui a pu conférer ces titres brillans aux gens de la place Sorbonne? Ce ne sont point des constitutionnels, puisqu'il n'y en a plus. Seroientce les Templiers ou quelque autre coterie? Seroit-ce le patriarche qui se seroit lui-même créé tel? Dans l'une et l'autre supposition, sa mission est également absurde et son titre ridicule. Et puis quel est ce M. Roch, ce docteur, cet apôtre, ce patriarche? on ne connoît aucun prêtre de ce nom. On avoit d'abord cru que ce pouvoit être un ecclésiastique d'un nom très-approchant de celui-là, et qui a été quelque temps avec Châtel; mais nous savons que cet ecclésiastique a abandonné ce parti et s'est réconcilié avec ses supérieurs. Il n'habite plus Paris et il continue à se bien conduire dans la province où il est retiré. Le nom de Roch n'est donc qu'un masque sous lequel s'est caché un autre personnage, qui avoit ses raisons pour ne pas être en nom. Qui auroit imaginé que M. Mérigot cumuleroit les titres de docteur, d'apótre et de patriarche ? d'où lui seroient venues tout à coup tant de dignités à la fois? M. Mérigot, si nous sommes bien informé, n'étoit que diacre; il l'étoit à la vérité depuis douze ou quinze ans, mais il paroissoit l'avoir oublié. Il avoit pris d'autres occupations et d'autres habitudes. Est-ce par les soins de la famille qu'il s'est préparé à ceux de l'apostolat? Comment est-il devenu prêtre à la sourdine? qui lui a conféré les ordres? Les uns disent que c'est Châtel, les autres soutiennent que ce sont les Templiers. Quelle respectable origine, de quelque côté qu'elle vienne! quel imposant sacerdoce! et c'est ce prêtre d'hier qu'on a décoré ou qui s'est décoré lui-même des titres d'apótre et de patriarche! C'est lui qui aspire à ressusciter l'église constitutionnelle ! quelle entreprise pour un tel homme! quel homme pour une telle entreprise!

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- Châtel a espéré réveiller l'attention publique dans son église en annonçant une cérémonie solennelle pour la prospérité de l'industrie. Cela devoit se faire avec beaucoup de pompe, M. l'évêque devoit officier avec la mître et la crosse, on annonçoit de la musique, on ne pouvoit entrer que par billets: ce qui, par parenthèse, n'est guère populaire. Malgré ces brillantes annonces, la salle n'étoit pas pleine, il s'en falloit beaucoup. Beaucoup de gens ne vouloient pas s'asseoir, pour ne pas payer leurs chaises. M. l'évêque n'avoit ni mître ni crosse, et de mauvais plaisans prétendent qu'il y avoit de bonnes raisons pour cela; et que, depuis que les Templiers sont venus reprendre la mître qu'ils avoient prêtée à Châtel, celui-ci n'en a plus. Aussi ce n'est pas lui qui a dit la messe vendredi pour la cérémonie, c'est le sieur Normant. Cette messe étoit annoncée pour deux heures, et n'a pas

même été

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