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glorienses journées, pour nous procurer les libertés publiques et les prospérités dont nous avons joui depuis cette époque : cela ne s'élève qu'à douze millions et quelques centaines de mille francs. Pour avoir maintenant la balance des pertes et profits, il ne faudroit plus que savoir combien les propriétaires de maisons, les marchands, les ouvriers, et en général tous les contribuables, ont gagné de plus pendant les deux années qui ont suivi la révolution de juillet, que pendant les deux années qui l'ont précédée. Par ce moyen, on auroit un tableau comparatif qui serviroit à régler les calculs, et à former ce que les commerçans appellent leur inventaire. Sans cela, nous ne pouvons rien dire, sinon que la révolution de juillet a payé ses hommes de guerre beaucoup plus cher que Bonaparte ne payoit les siens; car, s'il ne les avoit pas eus à meilleur marché qu'elle, il lui en auroit coûté par an à peu près quatre milliards pour sa chair à canon ; et il est probable que, si cette dépense ne l'eût pas ennuyé, elle auroit fort ennuyé les contribuables. Soit dit sans vouloir offenser la révolution de juillet, avec laquelle d'ailleurs on ne doit pas compter, puisqu'elle nous a payés en gloire, et qu'elle nous en a donné pour notre argent.

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— La Gazette de l'Ouest raconte de la manière la plus touchante les derniers momens de Secondi, exécuté à Parthenay au commencement de ce mois. Secondi étoit né en Corse, et étoit entré au service à 17 ans. Il étoit d'un caractère ferme et décidé. A l'époque de la révolution de 1830, il étoit sergent au 1' léger. Dévoué aux Bourbons, il ne put se décider à servir le nouveau gouvernement, et passa chez les Vendéens : il y étoit sous les ordres de Diot. Blessé à l'affaire de L'Aumônerie, la dénonciatiou d'une femme le fit arrêter. Il subit avec courage l'amputation d'une jambe, et refusa la liberté qu'on lui offroit pour prix d'une lâcheté. Il n'apprit que le a octobre le rejet de son pourvoi; cette nouvelle ne l'abattit point. Il encourageoit ses camarades: Il falloit du sang, disoit-il; il vaut mieux que ce soit le mien que celui de braves pères de famille. Je ne suis qu'un soldat, j'étois destiné à mourir; au moins, je meurs pour une belle et sainte cause. Il demanda pardon au geôlier, s'il l'avoit offensé, et voulut que ses effets fussent distribués aux plus pauvres Vendéens. Il partit de Niort, escorté de l'aumônier, et fit ses adieux à ses amis avec courage et même avec fermeté. Il parloit mal le français; mais ses paroles dans cette circonstance étoient aussi claires qu'éloquentes. L'aumônier de la prison l'accompagna jusqu'à SaintMaixent. On arriva à Parthenay; Secondi lisoit un livres de prières. En entrant dans la prison, il demanda un prêtre. L'aumônier étoit absent; le curé de St-Laurent vint assister le Vendéen. Quand on voulut lui lier les mains, Secondi objecta qu'il ne pourroit donc plus faire le signe de la croix : c'étoit l'ordre; il s'y résigne, fait le signe du chrétien, et se place sur la charrette. Alors l'aumônier de l'hospice, M. Bourier, qui avoit déjà assisté Secondi lors de l'amputation faite à Parthenay, le rejoint. Le soldat le remercie. Secondi baisoit de temps en temps le crucifix, mais sans être effrayé à l'approche du moment fatal. Il vit sans émotion l'instrument du supplice. M. Bourier lui ayant demandé s'il pardonnoit à ses ennemis: Oui, dit-il, je leur pardonne à tous; mes juges ont cru remplir u`

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devoir, les autres ne font qu'obéir à la loi qui les commande. Il demanda à l'aumônier une messe pour le repos de son ame, adressa quelques paroles au peuple, dit, entre autres, qu'il mouroit victime de sa fidélité, et, après avoir baisé une dernière fois le crucifix, reçut le coup terrible.

M. Courborieu, juge d'instruction à Bordeaux, est nommé conseiller à la cour royale de cette ville, et est remplacé par M. Venencie, procureur du Roi à Libourne. Celui-ci a pour successeur M. Lacaze, substitut à Bordeaux.

M. d'Entraigues, préfet d'Indre-et-Loire, est nommé maître des requêtes en service extraordinaire.

— M. Didier, ex-secrétaire-général du ministère de l'intérieur, est appelé par le ministre du commerce et des travaux publics à la place de directeur du personnel et de la garde nationale. M. Imbert étoit chargé de cette dernière bra nche de service.

M. Boilleau, colonel, directeur d'artillerie, est nommé président du premier conseil de guerre de Paris en remplacement de M. Gusler, colonel du 2° régiment de carabiniers, promu au grade de maréchal de camp.

Le nouveau ministre de l'instruction publique paroît protéger encore plus que ses prédécesseurs les écoles d'enseignement mutuel. Une grande partie des allocations pour encouragemens à l'instruction primaire passe pour établir de ces écoles.

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- M. Guizot a terminé par les mots serviteur et sujet son rapport tendant à faire publier un manuel d'instruction primaire.

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Un nouveau service de police est établi à l'état-major de la garde nationale, place du Carrousel, sous les ordres du duc d'Otrante. Ce service, à la tête duquel se trouvent les officiers de paix Hébert et Bouroux, a pour principale attribution d'exécuter les mandats d'amener lancés par le conseil de discipline de la garde nationale envers les gardes nationaux qui auroient manqué à leur service.

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La cour de cassation, sur le réquisitoire du procureur - général dressé par ordre du ministre de la justice, a renvoyé, pour cause de suspicion légitime, de la cour d'assises de Poitiers à celle de Chartres, neuf affaires de chouannerie, dont la plus remarquable est celle de M. le général Clouet.

M. Audry de Puyraveau a interjeté appel du jugement qui le condamne à 3000 fr. d'amende, pour loterie illicite et frauduleuse. De son côté, M. le procureur du Roi a appelé à minimá.

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Le nommé Hanin avoit été arrêté le 5 juin dans une bande qui pilloit des boutiques d'armuriers. Traduit le 22 devant la cour d'assises, il a avoué les faits ; mais, sa déclaration s'élevant seule contre lui, son défenseur est parvenu sans peine à le faire acquitter.

- Vingt jeunes gens, arrêtés lé 6 juin au fameux retranchement de la rue St-Méry, ont comparu le 23 devant la cour d'assises : ce sont la plupart des ouvriers. Il s'y trouve aussi un soldat du 62, un décoré de juillet, un Polonais et le sieur Fournier, propriétaire du café établi sur ce point. La première audience a été presque entièrement consacrée à l'interrogatoire. Plusieurs accusés se sont

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Un parti dans le dernier siècle a affecté de rabaisser Fénelon comme théologien, mais c'étoit un parti dont Fénelon avoit combattu les erreurs, et qui avoit par conséquent intérêt à déprécier un adversaire redoutable. Assurément ce n'étoit point un théologien vulgaire que celui qui a soutenu si longtemps la lutte avec Bossuet. Fénelon réunissoit les qualités les plus nécessaires à un théologien, une rare pénétration, une grande connoissance de l'antiquité, une heureuse facilité d'élocution. Il en a fait preuve dans la controverse du quiétisme et dans les nombreux écrits qu'il a publiés contre le jansénisme. L'auteur de la Revue montre que, sur le quiétisme, Bossuet et Fénelon n'étoient pas, à beaucoup près, aussi opposés qu'on le croit communément. S'il est question du jansénisme, les deux prélats étoient d'accord sur tous les points décidés par le saint Siège, et l'auteur de la Revue remarque que Bossuet, qui ne s'étoit pas d'abord expliqué sur quelques points, l'a fait ensuite aussi expressément que Fénelon même. Cet auteur répond aussi aux autres reproches qu'on a faits à l'archevêque de Cambrai comme théologien, et qui ne sont que des chicanes de l'esprit de parti.

On s'est cru plus fondé encore à mettre Bossuet et Fénelon en opposition sur la controverse relative à l'autorité du souverain pontife, et nous avons vu de nos jours Fénelon rabaissé, à cette occasion, dans le Supplément aux Histoires de Bossuet et de Fénelon, par Tabaraud, et ensuite Bossuet fort maltraité dans le livre publié en 1825 par M. de La Mennais De la Religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique. D'abord l'opposition entre les deux prélats n'avoit point pour objet le dogme catholique, mais de pures opinions; tous les deux en parloient dans ce sens. Ensuite sur ces opinions mêmes, l'opposition des deux prélats se réduit à bien peu de chose. On sait avec quel éclat a été renouvelé dans ces derniers temps le système qui attribue à l'Eglise un pouvoir de juridiction au moins indirect sur les princes. Fénelon a été cité à l'appui de ce sentiment; mais l'auteur de la Revue montre que l'archevêque de Cambrai étoit loin de penser ainsi, comme on le voit par la Dissertation sur l'autorité du souverain pontife, publiée pour la première fois en 1820. Il n'admettoit point dans l'Eglise un pouvoir civil et juridique, mais un pouvoir de direction qu'il explique, en disant que ce

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e nouvelle. Le sieur Panheleux, tenant un bureau de tabac à Saint-Nicolas-deRédon, prévenu d'enrôlemens, a été condamné à trois ans d'emprisonnement. Le ieur Aillet, épicier, prévenu d'excitation à la désertion, a été acquitté. La sesion s'est close le 20 par la condamnation du sieur Aumont à 20 ans de détenion, du sieur Rochard à 10 ans de réclusion, et par l'acquittement du sieur Simonet.

'M. Berryer, en quittant Blois, a pris la route de Genève. Il reviendra à Paris pour défendre la Gazette de France, sitôt que cette feuille sera traduite devant les assises.

Soixante-treize des accusés de chouannerie, qui devoient être jugés aux prochaines assises du Loiret, sont attendus à Orléans les 23 et 27 de ce mois. On exécute des dispositions dans l'intérieur des prisons de cette ville pour les re

cevoir.

Un engagement a tu lieu le 19 auprès de Locminé, entre un détachement de troupes de ligne et de gendarmerie, et quelques chouans réfugiés au Bourgneuf, au Monstoir et à Romingol, auxquels s'étoient réunis des paysans de ces communes. La gendarmerie assaillie par le nombre avoit d'abord battu en retraite; mais, ayant reçu du renfort, elle a mis en fuite les insurgés.

Mademoiselle Queret, de Rennes, qui avoit, au moyen d'un déguisement, favorisé l'évasion de M. le commandant Guillemot, a été condamnée le 20 par le tribunal correctionnel de cette ville à cinq ans d'emprisonnement.

-La veuve Joubert, âgée de 63 ans, a été traduite au tribunal correctionnel de Bressuire, pour avoir favorisé l'évasion d'une bande de réfractaires. Les juges, prenant en considération l'âge de cette femme, et la détention qu'elle a subie depuis son arrestation, ne l'ont condamnée qu'à un an d'emprisonnement.

- M. Réal père, ancien député à la Convention, président honoraire de la cour royale de Grenoble, est mort le 19 dans cette ville.

Quatre voltigeurs du 54° régiment, qui tient garnison dans l'Ouest, ont été condamnés à la peine de mort par le conseil de guerre de Nantes pour iusubordination.

Le tribunal correctionnel d'Orléans a condamné à 50 fr. d'amende et à l'affiche du jugement un serrurier de cette ville, le sieur Fournier-Conscience, qui avoit mis sa maison en loterie.

Un incendie a détruit le 16 sept maisons, des récoltes et des bestiaux, à Villeneuve-le-Chatelot (Aube). Le feu a été mis par un enfant de 7 ans, qui a déclaré qu'il l'avoit fait pour s'amuser.

Un employé de la poste aux lettres de Valenciennes a été envoyé en Belgique pour y organiser un service de dépêches pour l'armée française.

Des contrebandiers français et espagnols avoient formé une retraite sur la montagne de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), dans des lieux hors de toute fréquentation, presque inaccessibles et à la portée de la mer. On a découvert cet établissement, et il vient d'être détruit à la suite d'une attaqué de la gendarmerie et de la garde nationale. Les contrebandiers se sont enfuis en Espague.

rendus l'autorité pontificale pendant l'anarchie du moyen âge. M. Ancillon s'exprime aussi très-convenablement sur ce sujet ; et le savant Eichorn, qui est aujourd'hui une si grande autorité en Allemagne, expliquant le droit public de ce pays dans le re moyen âge, parle des droits du pape sur le temporel comme d'une chose universellement reconnue. On saura gré à l'auteur de de la Revue d'avoir éclairci dans sa digression un point d'histoire si étrangement défiguré par des préventions de plus d'une sorte.

Quoique Bossuet et Fénélon ne fussent pas entièrement d'accord sur l'autorité spirituelle du pape, leur opposition se réduisoit au fond à peu de chose, surtout dans la pratique. Fénelon admettoit l'infaillibilité du pape dans une définition de foi adressée à toute l'Eglise, et il croyoit que cette infaillibilité étoit implicitement admise par les théologiens français. Bossuet ne s'en éloignoit pas beaucoup dans la spéculation, puisqu'il attribuoit au saint Siége l'indéfectibilité; l'Eglise romaine ne connoit point d'hérésie, dit-il dans le Discours sur l'Unité. Si les deux sentimens se rapprochent si fort dans la spéculation, on peut dire qu'ils se confondent dans la pratique, c'est-à-dire, quant à la soumission aux décrets du saint Siége. En effet, dans toute l'affaire du jansénisme, on vit les évêques de France se soumettre aux bulles des papes, avant l'acceptation de l'Eglise dispersée. Fénelon se soumit au bref d'Innocent XII, dès que ce bref lui fut connu, et Bossuet parla de cette soumission comme de l'effet naturel de la subordination ecclésiastique, tant il étoit loin de penser qu'on dût attendre l'acceptation de l'Eglise universelle pour se soumettre à un jugement pontifical!

Sur les 2 et 5 articles de 1682, dit la Revue, Bossuet et Fénelon sont encore moins opposés que sur le 4. Dans le sentiment de l'évêque de Meaux, comme dans celui de tous les théologiens catholiques, on ne peut généralement regarder comme écuménique un concile séparé du pape. La supériorité du concile sur le pape se réduit à un petit nombre de cas si rares, dit Bossuet, qu'à peine en peut-on trouver de vrais exemples en plusieurs siècles. Les deux évêques sont aussi d'accord que la puissance apostolique doit être réglée par les canons; et sur la seconde partie du 3o article qui regarde les libertés gallicanes, quoiqu'elles n'y soient pas nommées, ils

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