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FRANÇAISE,

Mai ob nendes & Freno Q

PAR MM. AIGNAN, de l'Académie française;

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Benja-
Evariste DUMOULIN ; ETIENNE

E. Joux, de l'Académie française
LACRETELLE ainé, de l'Académie française;
TISSOT, professeur de poésie latine au collége royal
de France, etc. b beebs 9 siob noutqinoanos

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AU BUREAU DE LA MINERVE FRANÇAISE,
Rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, n° 18;

Et chez Alex. EYMERY, libraire de la Minerve française,
rue Mazarine, n°. 30.

Mai 1818.

AVIS.

On souscrit à Paris, au bureau de la MINERVE FRANÇAISE, rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, no 18.Le prix de cet ouvrage est : pour un volume, 14 fr.; pour deux, 27 fr. ; et pour quatre, 50 fr. - Chaque volume sera divisé en treize livraisons, qui paraîtront successivement, à des époques indéterminées. Le montant de la souscription doit être adressé d'avance, et franc de port, ainsi que la correspondance, aux auteurs de la Minerve française.

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LA MINERVE

FRANÇAISE.

LITTÉRATURE.

POÉSIE.

LE VERGER DE NORMANDIE.

FABLE.

Dans un verger de Normandie,
Ou dominait maître hibou,

Où l'on voyait le merle, le coucou,
Plus bavards encor que la pie,

On dit qu'un rossignol voulut entrer un jour;
Et, pour être admis à son tour,

Il présenta sa très-humble requête.

Sur ses mœurs on fit une enquête,
Et même, en consultant ses plus grands ennemis,
On sut, par leur rapport, qu'il était doux, sincère,
Que tous les malheureux devenaient ses amis
Qu'il partageait le grain avec son jeune frère (1),
Qu'il avait en tout temps chanté pour son pays.
Mais, par malheur, à ce panégyrique

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(1) Le rossignol privé ne se nourrit pas de grains, mais celui qui jouit de sa liberté en mange quelquefois.

On ajouta ce trait qu'on croyait excellent,
Chacun rendait hommage à son talent.

Nos chanteurs, à ce mot, déguisant leur critique,
Trouvent au rossignol mille et mille défauts.
L'un dit qu'il chante mal, l'autre qu'il chante faux,
Que le public a tort d'écouter sa musique,

Que l'oiseleur, par ses chants averti,
Pourrait leur faire un jour un très-mauvais parti;
Que si du rossignol on souffrait les roulades,
Le parterre pourrait siffler leurs camarades.
La caille avec aigreur appuyait là-dessus,
En Turquie autrefois elle avait été juge:
Et même l'hirondelle approuvait ses refus,
Chacun parlait en vrai transfuge;
Toutefois, quelques moineaux francs
Du rossignol défendaient le ramage,
Et se faisaient honneur de venger des talens
Que sans envie on admire au jeune âge.
L'équité, le bon sens, doivent être suivis,
Disaient-ils, du public la voix est la première.
Si le hibou n'est pas de cet avis,
Devons-nous confiance entière

A l'ennemi de la lumière?

Sur ce, maître hibou prenant l'air magistral,
Conclut ainsi : Chassons un dangereux rival,
Le moyen le plus sûr d'avoir la préférence,"
C'est de nous emparer pour jamais du verger,
D'en bannir un hôte étranger:
Condamnons en dernière instance
Tous les rossignols au silence.

Au théâtre, au barreau,"

Trop de talens parfois font rayer du tableau. :

Par M. GOSSE ̈(1).

(1) Le recueil des fables de M. Gosse paraîtra à la fin du mois,

shez Chaumerot, galerie du Palais-Royal.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

De l'état des protestans en France, depuis le seizième siècle jusqu'à nos jours, avec des notes et éclaircissemens historiques, par M. Aignan, de l'académie française (1).

Les abus intolérables qui s'étaient introduits dans l'église romaine, l'ambition des papes, le relâchement de la discipline ecclésiastique, l'ignorance superstitieuse des moines, la corruption presque générale du clergé, produisirent, dans le seizième siècle, une révolution dont les conséquences ne sont peut-être pas encore épuisées. Cette grande révolution ne fut point une révolte subite, des esprits; les premiers indices de la liberté des opinions datent du quatorzième siècle (2); les écrivains dont les travaux contribuèrent le plus glorieusement à la renaissance des lettres, furent aussi les premiers qui accusèrent le faste, la mollesse et la cupidité des princes de l'église. Le Dante et Pétrarquè se signalèrent dans ces premières luttes de la raison contre l'autorité. Ces deux poëtes étaient cependant convaincus de la sainteté du christianisme; mais plus ils avaient d'attachement pour la religion, plus ils déploraient des abus qu'elle condamne avec sévérité, et qui malheureusement affaiblissent son empire. Le Dante imagina une vengeance toute poétique; il précipita plusieurs papes dans son enfer (3), et représenta l'état de l'église sous des couleurs si sombres, que l'imagination exaltée

(1) A Paris, chez Eymery, libraire de la Minerve française, rue Mazarine, n°. 30; brochure de 132 pages. Prix: 2 ft. (2) Vie et pontificat de Léon x, par William Roscoé (3) Infern. Cant. xj, v. 6, etc.

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