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le fallait, les actions chez elle répondraient bientôt aux paroles. La majorité des grands conseils s'empressa de seconder les intentions de la Diète, et cette démonstration d'énergie nationale, qui fit sensation en Europe, força l'Autriche à rompre le silence sur le but de ses armements, et à désavouer tout projet d'intervention dans les affaires intérieures de la Confédération.

Pendant que la Suisse donnait ainsi tous ses soins à sa şûreté au dehors, ses troubles, au dedans, étaient sur le point de trouver un nouvel et plus actif aliment dans une conspiration tramée à Berne, et qui vraisemblablement s'étendait à d'autres cantons. Il s'agissait de rétablir par la violence les anciennes institutions oligarchiques. Des enrôlements avaient lieu parmi les soldats revenus du service étranger et parmi les gens que la misère ou leurs sentiments politiques y entraînaient. Des dépôts d'armes et de munitions étaient préparés. Des fonds étaient fournis, dit-on, par Neufchâtel; des hommes qui appartenaient personnellement ou par leurs relations au gouvernement déchu dirigeaient ces machinations. Mais ils étaient surveillés, et leurs projets, découverts à la fin du mois d'août, avant d'avoir pu recevoir un commencement d'exécution publique, ne servirent qu'à faire éclater avec plus d'ardeur l'attachement du peuple bernois pour son nouveau gou

vernement.

En même temps la Diète essayait encore une fois de mettre fin aux dissensions de Bâle et de Schwytz. Mais, malgré ses efforts pour arriver à un arrangement définitif sur les affaires de Schwytz, il s'en fallut d'une demi-voix que la séparation qui existait de fait dans ce canton ne fût aussi reconnue en droit. Les affaires de Bâle, au contraire, furent enfin l'objet d'un décret devenu exécutoire le 14 septembre, et dont voici les principales dispositions :

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Le canton de Bâle formera, comme jusqu'ici, un seul État dans ses rapports avec la Confédération; mais pour l'administration publique, il sera partagé en deux États distincts, soug

la réserve formelle d'une réunion postérieure. La ville et ses vingt-une communes fidèles composeront une des parties; la se conde comprendra les quarante-six communes insurgées dont Liestall est le chef-lieu. Douze autres communes déclarées douteuses décideront à quelle section elles veulent appartenis. Les deux parties du canton seront représentées, chacune, par une demi voix dans la Diète.

D'autres résolutions importantes, mais qu'il suffit de mentionner ici, ont encore occupé la Diète et signalé ses dernières séances telles furent la révision du règlement militaire, et celle du Code pénal militaire votée à une majorité de 17 voix après une discussion qui a établi les imperfections graves et les lacunes de ce Code entaché d'une rigueur excessive dans ses dispositions; telles furent aussi les instructions laissées au vorort ou directoire fédéral et qui complétèrent dignement le conclusum du 31 juillet sur l'armement de la Suisse.

Ce fut là le dernier ouvrage de cette Diète, la plus remarquable de toutes celles qui ont eu lieu depuis 1814. Elle fut close le 9 octobre, après avoir tenu 54 séances dout quelquesunes n'ont pas laissé que d'offrir un véritable intérêt historique, et où se sont déployés de beaux talents et de nobles caractères.

Malheureusement trop de passions, d'intérêts, d'opinions, divisaient la Suisse pour que la concorde et la tranquillité se rétablissent aussitôt à la voix dé ses représentants. Le décret de séparation pour Båle, qu'il eût été difficile de fonder sur des bases plus justes et plus sages, ne contenta pourtant ni la ville ni les campagnes qui protestèrent également contre lui. Les deux conseils de Bâle le déclarèrent non obligatoire comme violant les droits de leur État souverain. Le gouvernement bâlois fit plus il proposa une ligue offensive et défensive contre les décisions de la Diète aux cinq cantons d'Uri, de Schwytz, d'Unterwalden, de Valais et de Neufchâtel, qui se distinguent à la tète du parti stationnaire en Suisse. Cette ligue, à laquelle le Valais seul s'abstint de prendre une part directe,

fut fondée le 15 novembre à Sarnen, bourg du canton d'Unterwalden, dont elle retint le nom. C'était là, sans contredit, le plus grave symptôme de désunion fédérale qui se fût manifesté jusqu'alors, et il ne pouvait manquer d'avoir pour la Suisse de déplorables résultats.

CHAPITRE VII.

PIEMONT. Troubles en Savoie. Mariage d'une princesse de Sardaigne

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PARME. Tranquillité. — Voyage de l'archiduchesse à Vienne.
TOSCANE. Mort de la grande-duchesse.

Mécontentement.

d'insurrection. Renvoi du ministre de la police.

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- Tentative

MODÈNE. Tremblements de terre.-Proclamation du duc à cette occasion.

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Nouvelles rigueurs contre les libéraux. Conspiration. Édit de proscription.

ÉTATS-ROMAINS. Résistance des gardes civiques à l'entrée des troupes pontificales dans les légations. Affaire de Césène. Intervention des Graves désordres. - Tremblements de terre. Осси

Autrichiens.

--

pation d'Ancône par une expédition française. Protestation du pape contre cette occupation. Troubles à Bologne. Le pape consent au séjour des Français dans Ancône. Il excommunie les Anconitains.Organisation d'une armée permanente. Nouvel emprunt. -- Promul gation d'un code pénal. - Session des États provinciaux.

DEUX-SICILES. Tremblements de terre. - Troubles à Naples.---Finances. -Difficultés avec Maroc. Mariage du roi avec une princesse de Sar

daigne.

PIEMONT.

L'année commença sous dés auspices menaçants pour ce pays. Des troubles éclatèrent le 6 janvier à Chambéry, à l'occasion de la mission qu'y fit l'abbé Guyon, et des processions qui eurent lieu malgré les habitans, dont la coutume est de consacrer cette époque de l'année à des fêtes, aux relations sociales et non à des exercices religieux. Des sifflets, des huées, les cris à bas les jésuites! à bas les missionnaires! se firent entendre. Des jeunes gens voulurent détruire une baraque construite près de l'église, et dans laquelle s'étaient installés des vendeurs de chapelets, de reliques et d'images. Les missionnaires appelèrent la force armée à leur secours. Plusieurs jeunes gens ayant été arrêtés, la foule se porta' à l'hôtel đú gouvernement, pour réclamer leur élargissement, ce qui fut accordé par le gouverneur, après avoir pris connaissance de

l'affaire et s'être assuré que les soupçons qui pesaient sur les prisonniers n'avaient que peu de gravité.

Mais le gouvernement sarde, effrayé de l'exaspération qu'avait montrée la population de Chambéry pendant la mission, craignait que cette effervescence ne devînt d'un caractère plus sérieux et n'aboutit à un soulèvement de toute la Savoie, qui regrette toujours le temps de sa réunion à la France. Des forces considérables arrivèrent en toute hâte sur Chambéry. La plupart des autorités furent destituées, y compris le gouverneur général du duché de Savoie, M. d'Oncieų, dont le crime était de n'avoir soutenu les missionnaires qu'avec mollesse. Les jeunes gens qu'il avait fait relâcher se virent de nouveau arrêtés. Toutes les écoles furent fermées et les étudiants renvoyés chez eux.

Ces actes de rigueur, qui révélaient la toute-puissance du clergé à la cour, furent loin de calmer le mécontentement des Savoyards; mais le gouvernement était désormais en mesure d'en réprimer l'explosion, et la tranquillité ne fut plus troublée.

Quant aux affaires extérieures, la politique du cabinet de Turin ne s'est signalée que par la conclusion des négociations relatives au mariage de la princesse Marie-Christine de Savoie, avec le roi de Naples (voyez plus loin; Deux-Siciles ).

A cet événement se rattachèrent des bruits au sujet d'une amnistie en faveur de tous les Piémontais exilés pour avoir pris part à la révolution de 1821, dont on sait que le roi aujourd'hui régnant s'était en quelque sorte déclaré le chef. Cette mesure de justice, plus encore que de clémence, était depuis long-temps attendue; cependant les espérances que ces bruits avaient fait naître ne se sont que très-imparfaitement réalisées; tout s'est réduit à une commutation en un exil per pétuel, avec restitution des biens confisqués, de la peine de mort prononcée pour cause politique en 1821 contre quatre officiers réfugiés en France,

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