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partie hier 31 mai pour Paris, Londres et Pétersbourg. Cependant, il y a des réserves, entre autres que l'Autriche n'entrera en conférence que sous condition de ne pas entrer dans la question de la cession de la Vénétie.

Si, malgré cette réserve, la Conférence avait lieu, Mensdorff s'y rendrait. Mais il pourrait y avoir des longueurs, parce qu'on prétend que le prince Gortschakoff ne partira pas avant le 9.

Le comte de Bismarck demande par télégraphe :

Est-ce que l'Italie, sous cette réserve de l'Autriche, paraîtra néanmoins à la Conférence ?

Signé USEDOM.

N° 176

LE COMTE D'USEDOM AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Florence, le 2 juin 1866.

Le comte de Bismarck me télégraphie les notices suivantes : Prince Gortschakoff ayant appris que l'Autriche ne veut entrer au Congrès qu'à la condition expresse que la cession d'une province autrichienne n'y entre point, même sous la forme la plus déguisée, a télégraphié à Paris et à Londres pour savoir si la Conférence, aux yeux de ces gouvernements, peut encore avoir un but quelconque.

On dit de Saint-Pétersbourg :

. Que l'Italie attaquerait le 10 juin.

Le comte de Bismarck demande :

Quelle peut-être l'origine de ce bruit; et s'il y a quelque terme posé?

Signé: USEDOM.

No 177

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA A PARIS

Florence, le 2 juin 1866.

Usedom me dit que Werther annonce que réponse autrichienne à

invitation Congrès fait réserve entre autre que l'Autriche n'entrera en conférence que sous condition de ne pas aborder question de la cession de la Vénétie.

Si malgré cette réserve, continue Werther, Conférence a lieu, Mensdorff s'y rendra.

Là-dessus, Bismarck demande par télégraphe à Usedom si l'Italie, malgré cette réserve de l'Autriche, paraîtra à la Conférence.

Je vous prie de poser la question du congrès franchement à l'Empereur. Il comprendra combien ma position devient difficile, ayant inoi-même la direction de l'armée.

Signé: LA MARMORA.

No 178

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU CHEVALIER NIGRA, A PARIS

Florence, le 2 juin 1866.

Launay me télégraphie qu'ensuite de déclaration du cabinet autrichien de n'accepter la Conférence qu'à la condition qu'il ne serait pas question, même sous la forme plus déguisée d'aucune cession de possession autrichienne, Gortschakoff a fait demander à Paris et à Londres si l'on considère encore la Conférence comme ayant un but pratique.

Ce serait d'autant plus grave que Benedetti, après un entretien trèsanimé avec Bismarck, est persuadé que Bismarck va à Paris avec l'intention bien arrêtée de mettre le feu aux poudres.

Signé LA MARMORA.

N° 179

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU COMTE DE BARRAL, A BERLIN

Florence, le 2 juin 1866.

Nous ne prendrons point initiative des hostilités.

Les volontaires sont sous la main du gouvernement, et nous en

répondons.

Si quelques-uns tentaient une équipée, ils seraient abandonnés à

leur sort.

Dites-le bien à Benedetti.

No 180

Signé LA MARMORA.

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU COMTE DE BARRAL, A BERLIN

Florence, le 3 juin 1866.

Le comte d'Usedom me demande au nom du comte de Bismarck s'il est vrai que l'Italie ait l'intention d'attaquer le 10 juin.

Dites au comte de Bismarck que l'Italie n'a jamais pensé à attaquer; d'autant moins que nous avons accepté le Congrès.

Certes, que si l'Autriche maintient ses prétentions, je ne vois pas trop quel but peut avoir le Congrès.

Mais en tout cas, après avoir accepté, il faut avant tout persuader les puissances neutres que tout le tort est du côté de l'Autriche.

Signé LA MARMORA.

No 181

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 3 juin 1866.

Bismarck sait parfaitement que nous n'attaquerons pas les premiers, ni le 10, ni plus tard. Mais il cherche à nous pousser en avant dans l'espoir d'entraîner à notre suite le Roi, toujours indécis, et qui, à son insu, avait encore, ces jours derniers, entamé avec l'empereur d'Autriche des négociations secrètes, qui ont avorté.

Je verrai ce soir Bismarck, et je lui ferai la communication prescrite que nous n'avons pas l'intention d'attaquer.

La réponse autrichienne au sujet du Congrès n'est pas encore parfaitement connue, mais si elle contient la moindre réserve Bismarck fera que les puissances neutres la regarderont comme un refus, et ne prolongeront pas les négociations à l'avantage de l'Autriche.

La proposition de l'Autriche à Francfort est considérée comme le gage du concours armé des Etats secondaires. Mais le Roi a été tellement blessé de cette violation du traité de Gastein, qu'il serait trèspossible que la Prusse y répondit par l'occupation du Holstein: ce qui amènerait infailliblement la guerre.

Lå garde part aujourd'hui pour Görlitz, où se fait la grande concentration de l'armée.

No 182

Signé BARRAL.

LE GÉNÉRAL GOVONE AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 3 juin 1866.

Excellence, dans la matinée du 3 juin, je suis allé prendre congé du général de Moltke, chef de l'état-major désigné pour la guerre probable. Il m'a donné les derniers renseignements sur les armements autrichiens.

Les transports de troupes autrichiennes qui ont eu lieu dans les dix derniers jours du mois de mai portent de trois à six les corps d'armée en Bohême, en Moravie et en Gallicie; mais ces transports n'étaient pas encore terminés au 1er du mois de juin, et ils ne le seront que dans quelques jours. Ces corps d'armée sont formés de quatre brigades chacune et d'un effectif de 30,000 combattants. En comptant la cavalerie, on arrive pour les six corps d'armée à un effectif de 200 mille hommes.

Mais les nouvelles de l'état-major prussien, confirmées par différentes dépêches des agents militaires à Vienne, portent que le corps de Laybach, compté pour l'armée du Sud et d'une force égale à ceux qui sont en Bohême (en admettant que ce sera un corps d'armée formé de régiments à quatre bataillons), sera transporté par chemins de fer à l'armée du Nord aussitôt que les voies ferrées seront débarrassées des transports précédents, c'est-à-dire peut-être dans la première moitié du mois courant. Ainsi, les forces autrichiennes unies au corps

saxon, fort de 24,000 hommes, seront presque égales aux forces prussiennes, qui montent à 300,000 hommes en ligne sur la frontière.

Le général de Moltke a une grande confiance dans le résultat de la première rencontre. Le ministre de la guerre m'a dit que les troupes avaient été fortement concentrées.

J'ai demandé si le Roi se déciderait à l'offensive dans le cas où la Conférence serait dissoute ou ne se réunirait pas. Le général croit qu'une fois que le Roi sera en campagne, il se rendra à l'évidence des raisons qui lui seront développées par ses généraux sur la nécessité d'une action rapide. Dans ce moment, l'armée autrichienne est dispersée en Bohême et en Moravie, et ne semble pas vouloir prendre l'offensive. Le Roi, qui m'a reçu en audience ce matin, m'a parlé avec indignation de la conduite et de la déloyauté de l'Autriche au sujet du traité de Gastein. J'ai demandé au Roi si la guerre serait immédiate dans le cas où la Conférence n'aboutirait pas.

Le Roi m'a parlé des hostilités prochaines, mais il les faisait dépendre de ceci qu'il croyait que l'Autriche attaquerait avant d'être attaquée par la Prusse. Et, à se sujet, il me raconta que..... aurait dit que pour le 20 juin, la guerre éclaterait; peut-être, ajouta le Roi, parce que l'Autriche veut nous attaquer. Il y a quelque chose de singulier dans la coïncidence de cette date avec celle dont il est question dans la dépêche de Votre Excellence de ce matin, adressée au comte de Barral. En effet, Votre Excellence dit que le comte d'Usedom lui a demandé, de la part du comte de Bismarck, s'il était vrai que l'Italie avait l'intention d'attaquer l'Autriche le 10.

Sa Majesté ne m'a d'ailleurs chargé de rien de spécial pour Florence; seulement, Elle m'a parlé de la réponse de l'Autriche à la proposition de conférence, comme devant faire probablement manquer cette réunion. Mais, a ajouté le Roi, la Prusse n'a encore pris aucune décision sur ce sujet; elle attend des nouvelles de Paris, de Londres et de Saint-Pétersbourg.

Signé GOVONE.

N 185

LE GÉNÉRAL GOVONE AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 3 juin 1866.

Excellence, comme j'avais demandé au comte de Bismarck une

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